Séparation des banques de dépôt et des banques d'investissement
22 mars 2013
Le « Parti de la Mer » se doit d’avoir un programme économique, financier, social, et je commence à aborder différents aspects du fonctionnement de notre pays et des mesures qu’il me semble souhaitable de prendre.
Voici une note humoristique présentant la nécessité de séparer les banques de dépôt et les banques d’investissement afin d’éviter le type d’excès qui a conduit à la crise de 1929, puis à la crise actuelle une fois que les « garde-fous » crées dans mes années 1930, notamment la loi Glass-Steagall, ont été supprimés par les Américains en 1989.
Jean-Charles Duboc
……………
« François III » est un génie !...
Sa lucidité n'a d'égal que son flegme face aux folies financières du système bancaire dont l'ultralibéralisme a permis un transit de 589.524 milliards de dollars depuis le 1er janvier de cette année et jusqu’au 30 juin dernier via les comptes publiés de le BRI (Bureau des Règlements
Internationaux : Suivre le premier lien et aller au tableau 4, page 10) ! Il s’agit des tables du marché des dérivés des OTC comptés au mois de juin dernier…
Une véritable bombe qui provoquera à un moment ou l'autre une création monétaire affolante et une inflation générale au niveau global. Et si c'est loupé, ce sera vraiment la fin d'un monde, avec les peuples qui descendront dans la rue pour demander des explications aux dirigeants.
D'ailleurs, « François III » l'a bien perçu :
« Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance » affirmait François Hollande dans son Discours du Bourget, le 22 janvier 2012.
« La première décision à prendre, c’est de séparer ce qui relève du crédit, du dépôt, bref du service à l’économie, de ce qui appartient aux opérations de spéculation, pour que les dépôts des épargnants ne soient pas utilisés à d’autres fins que le prêt à l’économie, précisait-il à Toulon deux jours plus tard. Ce sera terminé ! Cette séparation sera faite.»
« François III » a aussi dû lire le rapport de la commission parlementaire sur le blanchiment de l'argent par les banques, réalisé par Arnaud Montebourg et Vincent Peillon en 2001:
http://blogs.mediapart.fr/mot-cle/fregates-de-taiwan
Afin de soutenir notre « François III » dans sa lutte contre les banksters-sociopathes, vous pouvez signer l'Appel pour une vraie séparation des banques d'affaires et des banques de dépôt sur :
http://www.monadversairecestlafinance.fr/
Parce qu'il a besoin de soutien « François III » !...
Même qu'il n'a pas été écouté par ses ministres pour la réforme bancaire de décembre 2012, ni même par Incognitoto qui s'est fendu d'une « Tribune de l'action » en reprenant l’initiative d’Olivier Berruyer et de son association DiaCrisis :
Aussi je reprends cette analyse d'Olivier Berruyer :
A la fin 2012, le gouvernement français a fait une réforme de la structure de son système bancaire. C’est en effet un facteur essentiel pour remettre le secteur financier au service du secteur non financier.
Avec 5 banques figurant sur la liste internationale des 29 banques à risque systémique dressée par le G20, la France souffre d’une hypertrophie de ses mégabanques, phénomène amplifié par son choix résolu de promouvoir un modèle de banque soi-disant "universelle", mettant l’ensemble du système bancaire à la merci de pertes spéculatives dans les banques d’investissement.
La solution la plus simple et la plus sûre consisterait à scinder ces banques dans des groupes distincts, pour protéger les comptes bancaires des clients et les finances des contribuables. Ce modèle de banques spécialisées a prévalu en France et dans le monde pendant des décennies, sans aucune crise bancaire sérieuse.
Pourtant, la France, fortement influencée par le lobbying de ses mégabanques, a refusé d’ouvrir un débat sérieux sur ce point, et s’est précipitée sans transparence dans une réforme édulcorée, sans même attendre les résultats des réflexions européennes en cours.
Ce document a été rédigé par l’association DiaCrisis , qui vise, entre autres, à promouvoir plus de prudence dans le domaine financier. Regroupant les déclarations de 130 personnalités internationales, son but est de montrer que le soutien à une scission des banques est en fait la règle, y compris chez les financiers, et que le soutien au modèle de banque soi-disant universelle est l’exception…
Après le choc financier de 2008, les États-Unis puis l’Angleterre ont été les premiers pays à se lancer dans une réforme de leur secteur bancaire.
Malheureusement, comme l’a rappelé Ted Kaufman, le président de l’Autorité parlementaire américaine de contrôle des marchés financiers durant l’élaboration de la réforme financière américaine « 93 % de ceux qui ont visité les [organismes de régulation] à propos de l'amendement Volcker étaient des institutions […] qui représentaient les institutions financières. Le reste, 7 %, représentaient l'intérêt public. »
En effet, si les contribuables (comme la plupart des acteurs) ont un important intérêt à une scission bancaire, il y a très peu de structures pouvant faire prévaloir leurs vues.
Face à un tel lobbying, les réformes proposées ont été très fortement édulcorées. Ainsi, les réformes proposées aux États-Unis ("règle Volcker") ou en Angleterre ("règle Vickers") ont atteint une telle complexité (30 000 pages attendues pour la première, probablement presque autant pour la seconde) qu’il apparaît désormais clairement que leur application sera, au mieux, très imparfaite, et sécurisera mal le système financier.
Comme l’a indiqué Andrew Haldane, le Directeur de la Stabilité Financière de la Banque centrale d’Angleterre : « La régulation de la finance moderne est complexe, certainement trop complexe. […] Parce que la complexité génère de l'incertitude, […] il faut une réponse réglementaire fondée sur la simplicité, pas sur la complexité. » et « Le Glass-Steagall était simple dans ses objectifs et son exécution. »
Face à toutes ces difficultés, et à l’aune des nouveaux scandales survenus en 2012 (pertes de JP Morgan, scandale du Libor…), de très nombreuses voix s’élèvent désormais pour exiger une véritable séparation des activités bancaires, à savoir une scission des banques :
http://www.les-crises.fr/documents/2012/1-scinder-les-banques-verbatim-diacrisis.pdf
Des messages d’une telle force, venant de personnalités financières aussi éminentes, devraient nous inciter à réfléchir très sérieusement à une telle option pour notre pays.
Bien au contraire, force est de constater qu’en France, le débat a été préempté non seulement par le secteur bancaire, mais surtout par les seules banques universelles. Leur argument le plus fréquent – et le plus extravagant – étant d’expliquer que leur modèle aurait soi-disant mieux résisté à la crise que les autres, ce qui ne manque pas de sel quand on songe au plan d’urgence de 360 Md€ de garanties annoncé par le gouvernement en octobre 2008, et aux 180 Md€ de prêts à 3 ans accordés par la Banque de France à ces banques en 2011-2012, dans les deux cas pour empêcher leur écroulement quasi certain.
Ainsi les banques « Too big to fail » se targuent-elles désormais cyniquement de leur non-faillite pour tenter de démontrer leur solidité, un peu comme si on avait essayé de démontrer la solidité de la centrale de Fukushima par le fait qu’elle ait bien résisté au séisme de Kobé en 1995…
L’Angleterre a confié la réflexion sur ce sujet majeur à la Commission Vickers, qui était indépendante, comprenait une majorité de membres non issus de la finance, et ne comprenait aucun financier ni aucun régulateur en activité. Elle a travaillé de façon transparente.
La France a choisi, au contraire, de confier, dans la plus totale opacité, la réflexion à son secteur financier via le Conseil de régulation financière et du risque systémique (Coréfris), composé de cinq régulateurs en activité et de trois personnes qualifiées, dont un administrateur de BNP Paribas et un ancien conseiller de BNP Paribas.
Sans surprise, le résultat d’un tel aréopage a été une proposition plus qu’édulcorée, ne tenant aucun compte des échecs déjà vécus à l’étranger. Le tout jouant sur le mot "séparation", alors qu’une seule séparation est simple et sûre à 100 % : une scission dans des groupes différents.
Illustrons par un exemple : si, après la réforme, le groupe BNP Paribas n’est pas scindé en deux, en une banque de dépôt, BNP, et en une banque d’investissement, Paribas, (comme il l’était avant 2000, sans dommage majeur pour l’économie semble-t-il …) il est évident que les activités bancaires n’auront en rien été séparées.
L’absence de débats contradictoires sérieux, avec pragmatisme et sans idéologie, devient préoccupante, et est une des causes des difficultés dans lesquelles nous nous trouvons actuellement.
Outre l’exemple caricatural des financiers du Coréfris cherchant à réguler la finance, on observe fréquemment dans les débats une absence de défenseurs "de poids" de la scission bancaire, hors le recours fréquent à l’ONG Finance Watch pour défendre ce point de vue : par exemple sur France 3, au Sénat ou dans des colloques. À croire qu’il n’existe ni Crédit Mutuel ou Banque Postale, ni Jean Peyrelevade ou Jérôme Cazes…
Finance Watch réalise un remarquable travail, mais cette manière systématique de présenter le débat aboutit à ce que les banques universelles apparaissent comme étant les représentantes de toutes les banques, et que la vision contraire semble être uniquement celle d’une ONG.
La réalité est que :
● la majorité des Français soutient la scission (84 %, sondage Ifop 23/07/2012) ;
● la plupart des financiers soutiennent la scission (63 %, sondage Agefi Hebdo 8/12/2011) ;
● dans le monde, la plupart des banques non universelles soutiennent évidemment la scission, qui serait à leur avantage ;
● de plus en plus d’anciens patrons de banques universelles défendent de façon courageuse la scission ;
● la plupart des économistes soutiennent une telle scission ;
● très peu de voix s’élèvent pour défendre le modèle de banque universelle. Ce sont essentiellement les banquiers universels en activité et une minorité d’économistes, généralement en affaires avec le secteur financier…
Mais peu importe, on continue à écouter religieusement les seuls dirigeants de BNP Paribas et de la Société Générale, alors que nous venons, par exemple, de décider (enfin) l’exclusion des industries pharmaceutiques des commissions de réglementation du médicament...
Le but de ce document est ainsi de rétablir les faits, en recensant les multiples déclarations de 130 personnalités internationales, de tous horizons professionnels et politiques, soutenant une vraie scission du secteur bancaire, afin que ce dernier puisse se concentrer sur son indispensable rôle : le financement de l’économie réelle, sans mettre l’ensemble du système économique et des finances publiques en danger, comme il l’a fait en 2008.
Olivier Berruyer
Président de DiaCrisis