Le « Fonds de dotation Euroclippers » a pour objet la construction de grands voiliers hauturiers afin de les mettre à disposition d’armateurs en vue d’embarquer, pour des stages, des adolescents et des adultes, dans un but de formation maritime, humaine et culturelle, et de développement de la coopération européenne (statuts).
J’ai déjà développé quelques possibilités du « FDD Euroclippers » qui en soulignent son intérêt général.
Ainsi, il est possible de construire des voiliers-écoles destinés à embarquer des jeunes en crise existentielle, ou marginalisés, pour des navigations thérapeutiques, ou de lancer la construction de voiliers-écoles comme le « Lord Nelson », ou le « Tenacious », qui embarquent des handicapés physiques.
De même, il me semble souhaitable d’envisager la construction d’un ou plusieurs voiliers performants, et d’une taille raisonnable, comme le « Cisne Branco », voilier-école de la Marine brésilienne, pour les élèves de nos douze lycées professionnels maritime, ceux de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM), de l’Ecole Navale, ainsi que pour les élèves des autres écoles de la Marine Nationale, comme l’Ecole des mousses ou l’établissement public d’insertion de la défense (Epide).
Un Erasmus maritime
Mais il est temps de passer à la proposition de construire des grands voiliers-écoles afin de créer un véritable « Erasmus maritime » qui sera destiné à embarquer des jeunes Français, et des jeunes Européens, pour des navigations, en équipage, le long des côtes européennes, dans un but de formation humaine et de découverte de l’Europe.
Cette proposition n’est pas nouvelle.
Elle a déjà été retenue par Valérie Pécresse (26 février 2009), alors qu’elle était ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et par Jose-Manuel Baroso (19 février 2009), président de la Commission européenne.
Précisons que cet « Erasmus maritime » sera destiné à TOUS les jeunes, de toute origine sociale et culturelle, qu’ils soient étudiants d’une grande école, d’une Université, ou bien avec un diplôme de l’enseignement secondaire, ou même sans diplôme, et c’est bien là ce qui caractérise le projet.
Car le programme « Erasmus », dont l’idée revient à Franck Biancheri qui l’a ensuite proposée à François Mitterrand, est avant tout destiné aux étudiants de l’Union européenne, c'est-à-dire à notre future élite.
Et les autres ?...
Et bien les autres, ceux qui ne font pas d’études supérieures, ceux ne bénéficient d’aucun programme d’échange scolaire, municipal ou régional leur permettant de découvrir l’Europe, doivent se contenter de se débrouiller tout seul, sans aide financière ni organisation (cela peut être aussi parfois très enrichissant).
Il est temps de combler cette lacune qui pénalise les moins doués, ou les moins favorisés, et c’est ce que je propose de faire en construisant des grands voiliers-écoles qui permettront aux jeunes Français, et aux jeunes Européens, de naviguer le long des 68.000 kilomètres de côtes de l’Union européenne.
Ainsi, par rapport au programme « Erasmus » que nous connaissons, cet « Erasmus maritime » présentera de nouvelles opportunités éducatives pour les jeunes :
● Embarquement sur un même voilier de jeunes de différentes nationalités pour naviguer en équipage, tout en suivant des cours ;
● Eloignement du milieu familial, de la ville, de la région, de son pays, et même parfois de l’Europe, pour vivre une aventure ;
● Découverte de la puissance des éléments, celle de l’océan et celle du vent dans la voilure ;
● Découverte d’un milieu dépouillé de tous les conditionnements culturels de la vie moderne ;
● Apprentissage du risque maîtrisé et du respect des règles de sécurité ;
● Vaincre sa peur, son appréhension, se dépasser et être courageux ;
● Surmonter les difficultés de la vie en groupe dans un milieu parfois hostile ou enchanteur ;
● Découvrir un endroit où chaque personne a un rôle important à jouer dans la vie collective de tous les jours ;
● Découvrir les chants de marins, c'est-à-dire l’une des principales traditions culturelles de l’humanité qui est de chanter en groupe ;
● Travailler en équipage mais aussi apprendre à déléguer ;
● Être capable de « prendre la barre » et découvrir le sens de la responsabilité ;
● Découvrir l’Europe, sa géographie, son histoire, ses cultures ;
● Découvrir la planète, d’autres continents, et apprendre la « distanciation », c'est-à-dire prendre de la distance avec les valeurs de sa culture et, ainsi, de pouvoir mieux analyser la culture d'autres groupes sans préjugés stéréotypés ;
● Découvrir les conditions météorologiques extrêmes, mais aussi la douceur des Tropiques ;
● Découvrir le Cosmos, la navigation sous un ciel étoilé, et se sentir « citoyen de l’Univers ».
Tout un ensemble de caractéristiques éducatives qui définissent le terme de « formation humaine » et qu’il est impossible de trouver réunies dans une autre activité.
Enfin, la réalisation d’un « Erasmus maritime » permettra de relancer l’idée européenne pour les jeunes Européens car la crise financière actuelle va créer inévitablement des tensions entre les 27 membres de l’Union.
Et ce projet présente l’avantage très d’être fédérateur pour les régions maritimes européennes.
Le projet-pilote européen « Vasco da Gama »
Précisons que j’ai l’antériorité, au 10 décembre 2008, du concept et de l’expression « Erasmus maritime » sur le web.
Une expression qui peut être reprise par tout dirigeant politique européen s’il trouve ce concept intéressant.
D’ailleurs, après Valérie Pécresse et José-Manuel Baroso, l’idée d’un « Erasmus maritime » a été retenue le 11 février 2011 par Jean-Yves Le Drian, président de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes (CRPM).
Lors de la dernière réunion annuelle à Caen, les représentants de la CRPM ont rappelé l’importance « de doter les jeunes des outils de formation leur permettant de trouver un emploi. Pour cette raison, la mise en place du dispositif « Vasco de Gama », un « Erasmus maritime », pour lequel 10 régions européennes dont la Basse-Normandie et la Bretagne sont pilotes, permettrait de doter les formations maritimes de moyens complémentaires qui favoriseraient la mobilité européenne et internationale des jeunes. »
Je suis vraiment très honoré d’être lu attentivement par le président de la Région Bretagne qui a su promouvoir ce concept auprès des autres présidents de régions !...
Cet « Erasmus Maritime », cher à Jean-Yves Le Drian, et aux représentants de la CRPM, est également salué par la Commission européenne puisque, dès l’installation du nouveau président de la CRPM, la commissaire européenne Maria Damanaki avait salué cette initiative en déclarant : « Ce programme que vous avez baptisé "Vasco de Gama" semble réellement très prometteur et il pourrait jouer un rôle essentiel dans la dimension sociale de la Politique Maritime Intégrée » (source).
Merci de promouvoir mon idée !…
Car, de la même façon que Franck Biancheri a donné à François Mitterrand l’idée de lancer le programme « Erasmus », l’idée d’un « Erasmus maritime » semble avoir été reprise par Jean-Yves Le Drian à qui j’ai envoyé toute ma prose, il y a quelques années, comme aux autres présidents des régions maritimes françaises.
Les grands esprits se rencontrent !...
Je ne peux que me satisfaire de l’initiative de Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, car cela souligne que l’idée d’un « Erasmus maritime » n’est ni de droite, ni de gauche, mais de gauche et de droite, c'est-à-dire que ses objectifs sont partagés par les citoyens quelles que soient leurs opinions politiques.
Un point que je me dois de souligner alors que ma philosophie politique est « libérale maitrisé » !...
Terminons en précisant qu’en vertu de la prochaine période de programmation (2014-2020), le projet-pilote Vasco da Gama devrait devenir un programme européen à part entière, avec une ligne budgétaire dédiée.
Mais, dans ce dispositif qui tente de donner un véritable dynamisme entre les régions maritimes européennes, il n’y a absolument rien concernant un programme de grands voiliers-écoles !...
Une véritable opportunité pour le « FDD Euroclippers » !...
Rescrit Fiscal
Cette idée d’un « Erasmus maritime » relève du domaine de l’intérêt général car ses composantes éducatives, sociales, culturelles, et de diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises, sont indéniables.
Elles sont même conformes aux articles 200 (particuliers) et 238 bis (entreprises) du Code général des impôts et doivent logiquement ouvrir droit à une réduction d’impôt en faveur des donateurs (espèces, chèques, virements…) de la part des entreprises ou des particuliers.
Tout un ensemble de considérations qui devraient permettre au « FDD Euroclippers » d’obtenir le « rescrit fiscal ».
Le trois-mâts barque « Statsraad Lehmkuhl »
Après cette présentation d’un « Erasmus maritime », et de ses objectifs, il est temps de rappeler l’objet du « FDD Euroclippers » qui est la construction de grands voiliers-écoles.
Et, compte tenu de la dimension européenne, et de l’importance du projet, il est souhaitable d’avoir des grands voiliers capables d’embarquer quatre classes de lycées en même temps, soit 120 élèves !...
Franchement ambitieux !...
Aussi, je propose de construire des navires du type du « Statsraad Lehmkuhl », voilier-école norvégien, dont nous avons un sister-ship, la « Duchesse-Anne », qu’il est possible de visiter au musée portuaire de Dunkerque.
Vidéo « Statsraad Lehmkuhl »
Le « Statsraad Lehmkuhl » est une superbe réussite car ce navire, construit en 1914, à Bremerhaven-Geestemünde, en tant que voilier-école pour la marine marchande allemande sous le nom de « Grossherzog Friedrich », navigue toujours, depuis Bergen, pour des navigations entre les grands ports européens et américains.
Après la Première Guerre mondiale, le navire a été donné aux Britanniques au titre des dommages de guerre.
En 1921, il est récupéré par l'ancien ministre Kristofer Lehmkuhl et basé à Bergen puis utilisé à partir de 1923 comme navire-école jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
A l’exception des années de guerre de 1940 /1945 - lorsque les Allemands ont repris le navire et l'ont rebaptisé « Westwärts » - le « Statsraad Lehmkuhl » a été armé par le ‘Bergens Skoleskib’ de 1923 à 1966.
En 1967, alors que le voilier devait être vendu à l'extérieur du pays, le magnat du transport maritime Hilmar Reksten l’a racheté puis en a fait don en 1978 à la ‘Stiftelsen Seilskipet Statsraad Lehmkuhl’, une fondation qui arme toujours ce navire.
Le principal objectif de la Fondation est l'entretien et la préservation du navire pour les générations futures, mais avec le souci de créer des emplois, y compris pour la formation maritime.
Cette Fondation est située dans le port de Bergen, et 5 personnes sont employées pour son administration qui gère aussi l'association ‘Statsraad Lehmkuhls Venner’.
Le navire a un complément de 22 personnes pendant la saison de navigation.
La Fondation «Statsraad Lehmkuhl» est aussi soutenue par l'association d’amitiés ‘Statsraad Lehmkuhls Venner’ qui a été créée en 1977 et est l'une des plus importantes de Norvège avec environ 3.000 membres.
Je retiens ce voilier-école, car sa très longue période d’armement, près d’un siècle, pour la formation des équipages et de différents stagiaires, valide le concept de trois-mâts barque choisi dès 1900 par l’association des voiliers-écoles allemands.
Caractéristiques
Construction en 1914 par Johann C. Tecklenborg AG à Bremerhaven-Geestemünde en Allemagne.
Type: trois-mâts barque / voilier-école
Longueur hors tout : 98,00 m ;
Longueur de coque : 84,60 m ;
Longueur à la flottaison : 73,00 m ;
Largeur : 12,60 m ;
Hauteur maximale : 48,00 m ;
Tirant d'eau maximal : 5,20 m ;
Tonnage brut : 1 516 t ;
Nombre de voiles : 22 ;
Surface totale de la voilure : 2.026 m2.
Vitesse maximale de 17 nœuds à la voile et 11 nœuds au moteur.
Nombre maximum de 150 stagiaires pour les croisières-écoles et de 350 passagers pour les navigations dans les fjords.
Le « Boston Teapot Trophy »
Soulignons que le « Statsraad Lehmkuhl » a reçu le « Boston Teapot Trophy » lors de la conférence annuelle de ‘Sail Training International’ qui s’est tenue à Halifax en novembre 2008.
Le « Boston Teapot Trophy » est une récompense accordée depuis 1964, au voilier-école qui établit la meilleure performance en navigation avec des cadets.
Les conditions pour obtenir le ‘Boston Teapot Trophy’ sont exigeantes car il est attribué au voilier-école qui couvre la plus grande distance sous voiles pendant une période de 5 jours et 4 heures.
Bien que le « Statsraad Lehmkuhl » n'ait gagné aucune des étapes de la course des grands voiliers 2008, il a reçu le ‘Boston Teapot Trophy’ en tant que voilier-école le plus rapide du monde pour la période qui va du 1er octobre 2007 au 30 septembre 2008.
En effet, en novembre 2007, lors d’une navigation de Baltimore à Belfast, avec des cadets de l'Académie Navale norvégienne, le « Statsraad Lehmkuhl » a parcouru une distance de 1.118 miles nautiques (2.070 km) en 124 heures, c'est-à-dire plus que tout autre voilier pendant cette saison de navigation.
Cela donne une vitesse moyenne de 9.02 nœuds pendant plus de cinq jours, et la plus longue distance parcourue en quatre heures a été de 60 miles nautiques.
La vitesse enregistrée la plus élevée a été de 18 nœuds sur une courte durée.
Le ‘Boston Teapot Trophy’ est une remarquable distinction pour ce navire, qui, malgré ses 97 ans, navigue plus vite que des navires bien plus récents !...
C’est un véritable exploit qui démontre que ce voilier-école a été remarquable conçu et que les choix techniques, tant du modèle de coque que du gréement, constituent une référence.
Les plans ont été réalisés par les architectes navals allemands des années en 1900/1913.
Ils ont bénéficié pour cela de l’expérience irremplaçable des officiers de la Marine marchande allemande de la fin du XIXème siècle et du début du XXèm siècle.
Une référence à ne pas oublier et dont il faut s’inspirer pour construire un navire identique mais bénéficiant des derniers apports technologiques.
Coût de construction d’un « Statsraad Lehmkuhl »
Je rappelle que le « FDD Euroclippers » est uniquement un instrument financier destiné à rassembler les fonds pour la construction de grands voiliers qui seront ensuite mis à la disposition d’un armement.
J’ai été en contact, il y a une dizaine d’années, avec le chantier naval « Blohm & Foss » de Hambourg, et l’estimation du coût de construction d’un « Gorch Fock », voilier-école de la Marine allemande, était estimé à environ 35 millions d’euros (HT).
Compte tenu de l’inflation, le coût d’un « Statsraad Lehmkuhl », un voilier presque identique au « Gorch Fock », peut être estimé à 45 millions d’euros.
Comment trouver un tel financement ?...
Sachant qu’il y a 10 millions de Français et Françaises qui viennent à Rouen tous les 5 ans aux « Voiles de la Liberté », et bien c’est payé si chacun fait un don correspondant à un paquet de cigarettes !...
Association Euroclippers
La deuxième étape du projet Euroclippers consistera à créer une fondation, ou une association, qui sera chargée d’armer les navires, d’organiser les navigations et de trouver les fonds pour aider au financement des embarquements.
Compte tenu du fait que les charges d’armement de grands voiliers sont considérables, il sera aussi nécessaire de faire appel au bénévolat pour le fonctionnement, la constitution d’une partie des équipages, l’entretien des navires.
C’est ce qui est pratiqué au « Jubilee Sailing Trust » pour le « Lord Nelson » et le « Tenacious » mais aussi à la Fondation Statsraad Lehmkuhl de Bergen.
Nous avons en France une structure assez semblable, qui fonctionne depuis très longtemps sur la base du bénévolat, et c’est la Société Nationale de Secours en Mer (SNSM).
Et bien il sera peut-être souhaitable de s’inspirer de la longue expérience de la SNSM pour créer une structure adéquate pour armer les navires qui seront construits par le « FDD Euroclippers », de façon à ce que les navigations pour nos lycéens et étudiants soient d’un coût accessible pour les organismes qui enverront des cadets.
Précisons que la décision de lancer la recherche des fonds pour construire un ou plusieurs « Statsraad Lehmkuhl », ou tout autre grand voilier, sera prise par le Comité scientifique du fonds ainsi que par le Comité d’investissement (voir Statuts).
Et cela sera fait après l’obtention du rescrit fiscal.
Jean-Charles Duboc
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