Pour les vacances d’été, je vous propose une reprise des aventures du Capitaine de corvette Paul de Bréveuil.
Elles forment un polar estival, intitulé « Opération Juliette-Siéra », mis en ligne durant tout le mois d’août sur le blog de « l’Ignoble Infreequentable » :
http://infreequentable.over-blog.com/
Bonne lecture.
Jean-Charles Duboc
………….
Vingt-troisième chapitre : Révélations…
Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Le sémaphore, ça n’existe même pas en rêve, vous vous souvenez de votre promesse, Lydia ! Quoiqu’il se soit passé, il ne s’est rien passé, il ne s’est rien dit, vous n’avez d’ailleurs rien vu, vous n’y êtes jamais venu, vous ne savez même pas que ça existe, ok ? »
Trop excitée au souvenir de ce qu’elle vient de vivre, de toute façon elle sera de retour au soir comme promis sans que personne n’en sache rien. Et elle pourra toujours expliquer qu’elle s’est promenée à la recherche de sa « belle-sœur putative » sans succès, où qu’elle a seulement accompagné le commandant de la fondation jusqu’à Rouen pour livrer des légumes frais et biologiques à « La péniche » de Mylène… elle aurait tout acquiescé de toute façon.
Maintenant que Paul sait ce qu’il doit savoir, il n’y a plus qu’à redonner forme décente à la coréenne encore sous le violant choc émotionnel qu’elle vient de subir, se croyant mourante et abandonnée, presque miraculeusement vivante, et la ramener à Fox où doit l’attendre la « Dominiquette ».
Il pourra même lui faire un rapport et tancer la conseillère régionale de la Cour des comptes.
Quelque part, ça tombe bien, il a son RDV avec Lardco à Paris lundi matin, et elle est censée être revenue au siège parisien dans la matinée.
Normalement, elle aura matière à affiner les recherches à suivre.
Sitôt le trio embarqué à bord de l’hydravion le téléphone portable remis en ligne fourmille de messages audios et scripturaux.
À la descente d’avion en pleine nuit, l’équipe en tenue de combat arme au ceinturon des commandos de marine de « Dominiquette » est sur les nerfs.
Où était-il ? Où est la prisonnière ? Qu’est-ce qui s’est passé depuis vendredi dernier ?
« J’ai débriefé la coréenne en la menaçant de la passer par-dessus bord au-dessus de la méditerranée. Il me fallait bien un copilote pour contrôler le pilote automatique, non ? » expliquant ainsi la présence de Lydia dans l’hydravion.
« Elle vous a appris quoi ? »
Un truc étonnant.
« Par on ne sait quel hasard, Miss Lidoire, vous savez ma « hackeuse » que vous avez croisée début août à Paris, nous a fait un coup tordu par inadvertance. »
Lequel ? Peut-être qu’elle va enfin savoir pourquoi on la tourne en bourrique depuis le début de cette mission de protection du bonhomme…
« Juste une bévue informatique. Elle a emprunté un « IP » qui correspond à une adresse informatique chinoise de Pékin ! Pas de chance, n’est-ce pas. Et je pense que je vais avoir d’autres précisions de sa part. Ce qui a déclenché une réaction via le seul agent asiatique pour qui j’aurai pu avoir quelques amitiés d’armes dans le temps, à savoir mon navigateur coréen lors d’un vol « top-secret » pour l’Otan qui a failli mal-tourner il y a quelques années. »
Ce sera en tout cas le contenu de son prochain rapport.
Là-dessus, coups de fil à Paris, confirmations, etc.
L’information circule de bas en haut.
Ordre est donné de rapatrier Mihado dans les locaux de la « Piscine », QG du ministère de l’intérieur qui prend le relais au grand dam de Solre, sans doute, à moins que ce soit lui qui soit « à la manœuvre ». Peu importe, finalement.
« De toute façon, je rentre sur la Capitale. J’ai un RDV matinal demain. Je vous offrirai bien de rentrer avec moi, mais il vaut peut-être mieux que vous vous occupiez de la coréenne, non ? » fait-il subrepticement à la Capitaine de corvette Gijou…
Il ne tient pas particulièrement à la garder sur son siège de copilote, l’agent-double ligoté derrière : elle prendrait soin de le cuisiner pour en savoir plus sur cette mission qui la promène à travers tout le pays sans rien y comprendre !
Déception visible dans le regard de « Dominiquette ».
Est-ce de devoir encore courir dans tous les sens, où seulement de se taper le sale boulot de convoyage sur 800 bornes ?
Arrivé au soir au siège social, Paul peut reprendre sa lecture des dossiers sur son ordinateur portable après s’être fait livré un repas du restaurant du coin, comme à son accoutumée.
Pierre Bérégovoy 13ème Premier ministre de la Vème République, du 2 avril 1992 au 28 mars 1993, successeur d’Edith « Lassalade » qui a chauffé la place à Édouard « Bat-la-mou », le mentor de l’actuel Président.
Ancien Ministre de la Défense, en mars 1993, ancien Ministre de l'Économie et des Finances de mai 1988 à mars 1992, Ministre des Affaires sociales et de la Solidarité de juin 1982 à juillet 1984, Secrétaire général de la Présidence de la République de mai 1981 à juin 1982.
Brillant parcours pour un petit bonhomme aux chaussettes tire-bouchonnantes qui ne payait pas de mine, né en décembre 1925, diplômé de la Faculté de droit de l'Université de Strasbourg (formation continue), pour avoir d’abord été « ajusteur-fraiseur » à la SNCF en 1942.
C’est en 1950 qu’il entre à Gaz de France comme agent technico-commercial à Rouen, puis obtient en 1957 sa mutation pour Paris. En 1972, il est promu chargé de mission à GDF pour y terminer sa carrière en 1978 comme directeur adjoint. La « grande secte des gaziers »…
Par ailleurs, il devient secrétaire national chargé des affaires sociales dans son parti politique en 1973 puis, à partir de février 1975, chargé des relations extérieures.
Élu maire de Nevers en septembre 1983 et pendant 10 ans, il en est aussi le député de 1986 à 1993.
Ce qui reste étonnant, une fois arrivé au poste de premier ministre, c’est son discours d’investiture à la Assemblée Nationale le 8 avril 1992 : il se présente d’emblée comme le chantre de la lutte contre la corruption affairiste et politique du moment, juste après la guerre du Koweït, exactement au moment où se situe l’affaire des puits de pétrole en feu.
« [...] Urgence, enfin, dans la lutte contre la corruption. [...] Avec le garde des sceaux […], je veux publiquement apporter mon soutien aux juges qui poursuivent la fraude, sans autre passion que le droit. On soupçonne certains hommes publics de s'être enrichis personnellement de manière illégale. S'ils sont innocents, ils doivent être disculpés ; s'ils sont coupables, ils doivent être châtiés ; dans tous les cas, la justice doit passer.
[...] J'apporte également mon soutien aux policiers qui travaillent consciencieusement sous le contrôle des juges pour traquer les corrupteurs.
[...] Toutes les procédures seront conduites à leur terme, dès lors qu'elles révèleront des actes frauduleux commis à des fins d'enrichissement personnel.
[...] S'il est des dossiers qui traînent, croyez-moi, ils ne traîneront plus.
[...] Croyez-vous que je prendrais la responsabilité de tels propos devant la représentation nationale - que je respecte - et devant l'opinion publique, si je n'avais pas l'intention d'honorer tous les engagements que je prends devant vous ? »
Et curieusement, il répond aux invectives de certains députés, en brandissant alors une feuille de papier et déclare : « Comme je suis un Premier ministre nouveau et un homme politique précautionneux, j'ai ici une liste de personnalités dont je pourrais éventuellement vous parler. Je m'en garderai bien !
[...] S'il existe encore des élus qui, à quelque niveau que ce soit et à quelque parti qu'ils appartiennent, ne respectent pas les nouvelles règles de financement de l'activité politique, qu'ils le sachent : le gouvernement sera impitoyable. »
Le dernier qui leur avait fait ce coup-là, c’était Danton…
En mars suivant, il est battu aux élections législatives après avoir essuyé quelques scandales en rafale sur son propre compte et ses amitiés douteuses et prolixes. Il est très vite rattrapé par le cas de Samir Tramoulsi, un financier libanais, ami de la famille qui, depuis 1989, se débat avec la justice dans l'affaire Pechiney-Triangle, encore un délit d'initié qui remonte autour de la fameuse compagnie pétrolière aujourd’hui absorbée qui aura servie à bien d’autres choses que de distribuer du pétrole en station-service. Même son directeur de cabinet semble impliqué…
Dans le même temps, éclate l'affaire du prêt Latpel, révélée par « Le Canard déchaîné », en février 1993. Il s'agit d'un prêt d’un million de francs, sans intérêt, que Pierre Bérégovoy avait reçu en 1986 de l’ami intime du Président des gauches-unies, pour l’achat d'un appartement à Paris dans le 16ème arrondissement. Or cet « ami » est lui-même impliqué dans l'affaire Péchiney-triangle, se retrouve au centre d'une autre affaire de corruption, concernant l’entreprise de travaux publics Heulin, au Mans, qui constituera elle-même le point de départ de l'affaire Urba.
Le 1er mai, Bérégovoy se suicide.
En fait, d’après le dossier, il est évacué encore en vie, et il meurt quelques heures plus tard, lors de son transfert héliporté vers l'hôpital militaire du Val-de-Grâce.
Bérégovoy est en effet retrouvé gravement blessé en fin d'après-midi le 1er mai 1993, presqu’un an avant Grossouvre, le long du canal de la Jonction à Nevers, victime d'un traumatisme crânien causé par un tir de revolver : autrement dit, son suicide commence par un long calvaire, incapable de « s’abréger » de lui-même.
Les pompiers de Nevers, prévenus par téléphone à 18 h 18, arrivent sur place vers 18 h 22.
L'enquête de police a conclu, de manière formelle, à son suicide au moyen de l'arme de service de son officier de sécurité…
Tout de suite, c’est le grand « Chabadabada » de la presse qui indique que « ses proches le décrivaient comme dépressif depuis la défaite de la gauche aux législatives de mars 1993 et la polémique à propos de l'achat d'un appartement à Paris grâce à un prêt à 0 % consenti par R-P Latpel ».
La meilleure vient quand même du président de la République d’alors, déclarant lors de ses obsèques : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie, au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous. L'émotion, la tristesse, la douleur qui vont loin dans la conscience populaire depuis l'annonce de ce qui s'est passé samedi [...] lanceront-elles le signal à partir duquel de nouvelles façons de s'affronter – tout en se respectant – donneront un autre sens à la vie politique ? Je le souhaite, je le demande et je rends juges les Français du grave avertissement que porte en elle la mort voulue de Pierre Bérégovoy. »
Voulue par qui ?
En 2002, bien que la hiérarchie des Renseignements généraux déclare officiellement ne pas la tenir pour crédible, le quotidien « Le Parisien » fait état d'une note interne de ce service concluant à l'assassinat.
Signée par Didier Rouch, cette note de 27 pages, intitulée « L'étrange suicide », résume une contre-enquête réalisée sous la responsabilité de l'ex-commissaire des Renseignements généraux de la Nièvre de l'époque.
Ce dernier affirmera avoir travaillé pour le compte du directeur des RG, Y. Bertrand (et ses petits carnets sulfureux), qu’on retrouve dans les démêlés de « Clearstream » aussi, qui lui aurait demandé de creuser la piste du meurtre, en parlant notamment d'un « commando » chargé de surveiller Bérégovoy. Bertrand a catégoriquement nié cette version des faits. Selon ce rapport, Pierre Bérégovoy aurait été abattu par des hommes-grenouilles. L'argument le plus probant concerne le calibre de la balle tueuse qui serait différent de celui de l'arme de service supposée avoir été utilisée par Pierre Bérégovoy, ce qui serait en effet assez peu banal.
En 2003, puis en 2008, deux journalistes, signent chacun un livre dans lequel ils prennent parti pour la thèse de l'assassinat, affirmant que Bérégovoy aurait menacé de révéler des informations explosives.
Mais lesquelles ? Les fonds de la « division Daguet » ou ceux de l’affaire « Ferrayé » dont les montants ahurissants justifierait en effet « mort d’homme » pour en protéger la destination ?
Paul avait bien essuyé et le tir d’un tueur à gage et celui d’un missile…
En 2008, un documentaire diffusé sur France 2 en avril rejette cette hypothèse en prétendant lever les principales zones d'ombre sur lesquelles elle se fondait.
Le documentaire apporte une explication aux « deux coups » de feu entendus par certains témoins : le premier aurait été un coup d'essai tiré par l’ex-premier ministre (logique… Le « garde-du-corps », possesseur de l’arme, et le chauffeur, ne se sont évidemment pas rendus compte de rien alors qu’ils fumaient à quelques mètres de là en tournant consciencieusement le dos …), de manière à s'assurer du fonctionnement de l'arme dont il n'avait pas l'habitude !
Il révèle également que le directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy à l'époque a subtilisé le répertoire de l'ancien premier ministre, du fait qu'il contenait des informations personnelles qu'il aurait été fâcheux de montrer à sa femme.
En revanche, un journaliste rapporte dans son livre de 2008, les confidences de l'ancien gendre de Pierre Bérégovoy, l'avocat Vincent Sol, concernant deux lettres que Pierre Bérégovoy lui aurait remises en main-propre quelques semaines avant sa mort, dont celle, qui lui était destinée, lui demandant de s’occuper de la famille après sa mort : mort qu’il pressentait ou seulement propos suicidaires ?
Dans la même optique, l’enquête diffusée en mai 2008 sur France Inter, a apporté les précisions de témoins qui n’avaient pas encore parlé : le responsable des pompiers de Nevers, un lieutenant-colonel, le docteur responsable du SAMU de la Nièvre, premiers sur les lieux, confirment le suicide, eux.
Sans apporter de précision sur la deuxième balle… enfin la première !
En mai 2008, un énième documentaire diffusé sur France 3, présente quand même certains éléments perturbants qui laissent persister le doute :
– Rétractation ou refus de parler de certains témoins,
– Déclarations invraisemblables du garde du corps et du chauffeur,
– Impossibilité d'accès aux scanners effectués à l'hôpital,
– Impossibilité d'accès aux résultats de l'autopsie,
– Police scientifique et technique écartée,
– Aveux de gendarmes reconnaissant que l'enquête était de pure forme,
– Cliché photographique semblant démentir la balistique officielle,
– Apparition en 2007 d'un témoin de la scène relatant la présence sur les lieux d’au moins deux personnes, manifestement militaires, bloquant l'accès à la zone au moment même des coups de feu, etc.…
Quand même curieux cette épidémie suicidaire qui s’abat sur ces gens qui ont fait de la résistance active, Grossouvre, Bérégovoy, dès qu’ils approchent « Dieu » en son palais se dit Paul !
Des hommes forts, intègres, aux longues carrières, qui ont essuyé des coups, mais qui meurent abruptement pour être écœurés par « les affaires », se préparant à révéler ou à lutter contre, les corruptions du moment.
« Soyons clairs ! » se précise pour lui-même Paul.
Est-ce l’époque des « grandes truanderies » au plus haut de l’État ?
C’est Taïwan, plus tard les sous-marins pakistanais, les ventes d’armes et de munitions dans les divers pays du Golfe.
Mais ce ne sont que des centaines de millions de francs ou d’euros, pas des milliards de dollars.
Avant, c’est de la gnognotte avec les affaires Urba et Cie, à peine de quoi se payer quelques campagnes électorales, quelques millions de francs.
Les caisses noires s’emplissent et se dissolvent au rythme des « bons coups », des restitutions d’otages, au Liban, au Tchad peut-être, des affaires Gordji, Eurodif, des mirages de Bagdad.
Et puis là, au début des années 90 ce serait le détournement de deux dizaines de milliards de dollars.
Comment ? Par qui ? Pourquoi ? Pour qui ?
Paul en apprend nettement plus le lendemain matin, dans le cabinet parisien de l’avocat de Ferrayé.
Est présent un dénommé Bossana, qui se présente comme un ex-expert-comptable.
L’entretien est amical, presque désinvolte et reste sur le mode « confidentiel ».
De Bréveuil se présente et explique qu’il est à la recherche des « milliards volés », mais pas pour rendre justice au client de Lardco : ils ne lui sont pas dus.
Éclats de rire de l’avocat. « Mon client a été victime d’une escroquerie et je compte bien qu’il soit dédommagé, volé par des aigrefins de passage au plus haut niveau de l’État ! Jusque-là, on le lui refuse et je suis moi-même menacé sur ma vie si je vais plus loin.
Votre « entrée » dans le circuit est nouveau et je ne sais pas encore si vous êtes cette « menace »… ».
Paul le rassure partiellement : « Je ne suis pas missionné pour rendre justice, même et surtout de façon expéditive. Je dois juste identifier, non pas les aigrefins, mais les détenteurs de ces sommes. Après, notamment l’usage de ces sommes, ce n’est plus mon travail. »
Les détenteurs ?
Mais ils sont connus des deux types, sûrs de leur fait.
« Ah ? »
« Pour nous c’est clair comme de l’eau de roche. Nous vous avons préparé un dossier avec tous les mouvements de fonds, les comptes et les noms. Je vous le remets : tout y est ! » fait l’avocat en poussant dans la direction de Paul un épais dossier, le seul et unique trônant sur le table.
« Bien sûr, il faut savoir lire. Il n’y a là que les intermédiaires, les commissionnaires. Les ramasse-merdes. Ils en ont gardé partie pour eux-mêmes au titre de leurs honoraires et commissions. L’essentiel est ailleurs. Et pour ça il vous faudra remonter par les fichiers « Clearstream » pour en savoir plus ! »
Les fichiers « Clearstream », les vrais, Paul les a. Non seulement Emily les lui avait procurés, manifestement venant depuis les bureaux de la CIA, mais toutes les affaires pendantes autour des frégates de Taïwan, les avatars et procès entre « balamouriens et rackchiquiens », les « secrètes » et celles qui étaient étalées dans les prétoires et sur la voie publique, au vu et au su de l’opinion publique qui s’en fout pas mal depuis tout ce temps, depuis plus d’une décennie, tournent manifestement et justement autour de ça.
Et Maître Lardco et son acolyte ex-expert-comptable, de raconter le détail de ce qu’ils savaient de comment les choses s’étaient passées.
L’invention, la démarche incongrue et néophyte de l’inventeur. Le pillage de son brevet par le ministre de l’industrie et des finances de l’époque, celui qui fait banquier mondial à Washington, les commissions et rétrocessions. Pas loin de 24 milliards de dollars qui s’évaporent dans la nature.
« J’estime à 20 milliards de dollars le montant détourné, disparu, volé. Au détriment et tout d’abord du Koweït.
Vous verrez, ils n’ont reçu, le 15 novembre 1996, du fait du Conseil d’Administration de la Commission d’indemnisation des Nations Unies dans le cadre du programme humanitaire « Pétrole contre nourriture », qu’une indemnité de 950.715.662 dollars, pour être précis et pour les frais afférents à la maîtrise des éruptions de puits.
Leur coût réel facturé par Red Adair. Vous pouvez vérifier.
Or, les opérations autour du brevet ont généré 23 milliards et 5 millions de dollars de mouvement.
Enlevez 10 % de commissions, frais et honoraires, il en reste 20 milliards. Le compte est bon ! »
Énorme, non ?
« Ce n’est pas tout. Le Ministre du Pétrole koweïtien fait le déplacement jusqu’à Matignon pour rencontrer le Premier ministre de l’époque, un 13 septembre 2000 si mes souvenirs sont exacts : Vous vérifierez dans les coupures de presse de l’époque, ou sur Internet.
Pour lui réclamer au nom de son pays une indemnisation de 22 milliards de dollars pour le coût supplémentaire engendré par l’utilisation de la méthode de mon client. »
L’ex-expert-comptable rajoute aussitôt : « Cette somme correspond très exactement au devis envoyé en juin 1991 par mes soins au Directeur de la National Bank of Kuwait. Soit un peu plus de 19,4 millions par puits ou environ la moitié de la première estimation des opérations de soufflage/forage de puits en feu par la méthode de « Red Adair ».
Le bonhomme gère encore actuellement un fonds d’investissement (TMW Asia Fund) de justement 22 milliards de dollars.
Et, comme par hasard, le 27 septembre 2000, lors de sa 37ème session le Conseil d’Administration de la Commission d’indemnisation des Nations Unies, sur proposition de la France, 15,9 milliards de dollars ont été consentis à une compagnie pétrolière koweïtienne (K.O.C). »
Ca veut dire quoi au juste ?
Je te prends 23,005 milliards d’un côté, je te paye l’extinction des feux de puits pour un peu moins d’1 milliard, et je te restitue via l’accord « pétrole contre nourriture » 16 milliards payés par Bagdad.
« Il en manque, non ? » D’autant qu’on en retrouve bien 22 à l’arrivée (23 moins le coût des équipes de Red Adair) dans le TMW Asia Fund… « Qui qu’a payé les 6 milliards, dont vous me dites qu’il faut compter 2 milliards de commissions et d’intermédiaires ? »
Ça, ils ne savent pas.
Mais en fait, ils récriminent Paul !
« Ce n’est pas tout à fait ça. Vous faites entrer dans une boîte noire 23 milliards… Vous payez 1 à Red Adair, vous payez 2 à vos intermédiaires. Et quand le Koweït réclame ses 23 milliards, les 1 de Red Adair sont payés par l’ONU, 16 également, le tout par la population irakienne, et 5 viennent d’ailleurs, de fonds secrets. Pas très important, puisqu’il vous en reste 15 en caisse noire ! »
Et perfide, l’avocat de rajouter : « Mais je ne suis même pas sûr que ce ne soit pas un tiers qui n’ait pas mis la main à la poche pour combler les trous. À mon avis, il se peut que les 5 + 16 aient été avancé par les caisses noires des USA pour calmer son allié koweïti. »
Ce qui expliquerait le déluge d’informations venant d’Emily : ils veulent récupérer leur argent, pense Paul. Et mettent la pression sur le gouvernement français.
« Où est tout cet argent ? »
« Cher ami. Si le gouvernement français vous charge de le retrouver en son nom, c’est qu’il ne l’a pas et ne l’a jamais eu. Donc, c’est quelqu’un d’autre, qui avait forcément pouvoir sur tous les autres. Je suppose que vous avez moyens de le vérifier. Si tel est le cas, qui reste probable, il vous faut aller voir du côté de deux supports juridiques de l’ancien chef d’État… Sa fondation et, ou, son trust anglais.
Le premier est une vitrine officielle dédiée à « sa mémoire », ici en France. Le second s’appelle « Solutré-Jarnac Trust » et a son siège à Londres. »
« SJ », une nouvelle fois, « Sierra-Juliet », le verlan de « Juliet-Sierra », « SJ – Trust », mention déjà vu dans les listings d’Emily et de la conseillère de la Cour des comptes…
Solutré et sa roche. Solutré et son « pèlerinage ».
Jarnac, nom d’une petite ville dans le cimetière duquel repose la dépouille d’un Président de la République dans le caveau familial ?
Ou le « coup de Jarnac »…
Tout désigne donc bien, le même homme.
Mais pourquoi aurait-il fait une pareille horreur ?
Ce n’est évidement pas possible, quelqu’un s’est servi de lui, de son autorité, de son aura. Lui n’aurait jamais commis une pareille arnaque.
« Arsouille » peut-être, pour reprendre le mot d’un de ses prédécesseurs et réentendu à Malaga dans la bouche du « capitaine Haddock », à la plus haute magistrature du pays, ses proches et amis peut-être, ce qui expliquerait les « suicides » dans son entourage, mais pas lui !
Proprement impossible, pense Paul, bien évidement…
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