Le projet de construction d’un « Clipper pour le Havre » ambitionne de construire et armer un "Clipper extrême" pour les stages en entreprise, la formation maritime et humaine des jeunes, et de moins jeunes, par des navigations, en équipage, à bord d’un grand voilier-école, le long des côtes européennes, en transatlantique et en circumnavigation.
L’extraordinaire succès du rassemblement des grands voiliers « Les Voiles de la Liberté » en 1989, puis les éditions successives, a fait rêver de traversées océaniques, de tours du monde, des millions de personnes.
Pourquoi ne pas passer du rêve à la réalité ?...
Il y a un véritable besoin du public de pouvoir embarquer sur un grand voilier pour retrouver les valeurs essentielles de la vie, de l’aventure, du risque maîtrisé.
La voile nécessite une cohésion d’équipe de tous les instants. Elle stimule les capacités à l’autonomie, l’altruisme, la responsabilité et l’émancipation.
Naviguer à bord d’un grand voilier, c’est, comme le souligne des membres d’équipage de « l’Hermione » qui ont traversé l’Atlantique en 2016 : « la découverte de l’entraide et du partage, de l’esprit d’équipage, de la rigueur et la discipline, du vivre ensemble et du respect des autres, du dépassement et de la connaissance de soi, de l’engagement et de la motivation, de l’esprit de solidarité et de l’autonomie, de la quête de nouveaux savoirs !... ».
Tout un ensemble de paramètres que l’on doit retrouver dans une entreprise.
Ce projet renoue avec notre Histoire car Le Havre a été, pendant les années 1850/1870, le principal port français pour l’armement de "Clippers extrêmes", des navires conçus pour concurrencer les premiers navires de commerce à vapeur.
La principale compagnie havraise était la Compagnie d’armements maritimes qui comptait en 1870 quatre-vingt-un voiliers surnommés les « Pigeons du Cap » pour passer le Cap Horn vers Valparaiso (Chili) et Callao (Pérou). Ces navires étaient appelés les « Clippers blancs » pour leur coque blanche à liston jaune d’or.
La compagnie Union des Chargeurs compta une quarantaine de trois-mâts sur la ligne Le Havre-Rio entre 1844 et 1880. Ces voiliers étaient surnommés les « Hirondelles de Rio » en raison de leur vivacité et des couleurs noires et blanches de leur coque et voilure. Ils transportaient 20 passagers et 400 tonnes de fret.
Le Stad Amsterdam, voilier-école de croisière
Pour réussir un tel projet, il faut s’inspirer de ce qui se fait à l’étranger car nous n’avons pas construit de grand voilier-école à but commercial depuis près d’un siècle.
Et, s’il y a un modèle à suivre, c’est bien le Stad Amsterdam, construit en 2000 à l’initiative du Groupe Randstad et de la Ville d’Amsterdam. Il est destiné aux croisières de luxe, aux séminaires, aux conférences, à la formation maritime et à l’action sociale.
Le Stad Amsterdam a été construit pour le Millenium sur le chantier naval hollandais Damen ;
- Il est d’une longueur de 60 mètres au pont et est équipé d’un grand carré, pour les séminaires et les conférences, ainsi que de 16 cabines de une à quatre personnes ;
Il embarque 28 passagers en croisière et 56 personnes en école de voile;
Coût à la construction : 30 millions d’euros (HT) ;
Coût à la journée, par personne, en école de voile océanique : 96 euros.
Un sister-ship du Stad Amsterdam sera particulièrement adapté à la communication d’une grande entreprise - comme on peut le constater avec la société Randstad - mais sera aussi destiné aux élèves de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM) du Havre, à nos lycées maritimes de Fécamp et de Cherbourg ainsi qu’aux grandes écoles de Normandie et de la Région Île-de-France.
Il sera un ambassadeur de la Ville du Havre, de la Normandie, et permettra de développer des relations avec d’autres ports et régions européennes, mais fera aussi escale dans nos collectivités territoriales d’Outre-mer lors de traversées de l’Atlantique et de circumnavigations.
Les chantiers navals CMN de Cherbourg ont les capacités techniques de construire un tel navire et trouveraient un intérêt à acquérir un nouveau savoir-faire.
Il y a de nombreuses opportunités de location du navire pour un tel navire : entreprises, grandes écoles normandes et parisiennes, lycées maritimes, classes de mer, promenade de retraités, etc… Le marché fait 10 millions de personnes, rien que pour notre pays.
Les caractéristiques du Stad Amsterdam sont les suivantes :
longueur au pont : 60,50 m;
largeur max. : 10,50 m;
tirant d'eau : 4,8 m;
tirant d'air max : 46,50 m;
déplacement : 1038 tonnes;
vitesse au moteur : 11 kt;
vitesse sous voile max : 17,5 kt.
Le navire est équipé d’un moteur principal de 1014 CV et d’un propulseur d'étrave de 420 CV.
Conformément à la tradition, toutes les voiles carrées sont rentrées par l'intermédiaire de cargues classiques car les systèmes modernes à rouleau ne sont pas de mise sur le Stad Amsterdam qui reste un voilier authentique.
Les retombées médiatiques d’un grand projet maritime de ce type sont très importantes, notamment lors de régates transatlantiques et de tours du monde : pour le Vendée Globe 2012-2013, la valorisation de l’équivalent publicitaire est estimée à 180 millions d’euros.
Un substitut au modèle de l’armada
Locations de navires, animations, concerts, feux d’animations… L’armada voit grand pour son rassemblement de grands voiliers, mais avec l’argent du contribuable !...
Cette manifestation coûte cher. Le coût s’est élevé à 10 millions d’euros pour l’événement de 2013, financés à 35% par des collectivités locales.
Le 13 mars 2011, la Matmut, principal sponsor financier de l’édition 2008, a annoncé l’abandon du sponsoring de « l’Armada 2013 ».
Une voie d’eau qui s’est soldée par un trou de 400 000 € dans le budget prévisionnel de l’évènement. Le modèle économique de l’Armada est-il encore viable ?...
En période de difficultés financières de l’État et des collectivités territoriales, est-il encore raisonnable d’investir autant d’argent public dans ce projet ?
Réduction des coûts de construction et d’armement
- La construction de deux voiliers-écoles du type Stad Amsterdam permettrait une économie d’environ 15% par rapport au coût de construction d’un seul voilier.
- Un équipage de la Marine marchande navigue environ 220 jours par an, ce qui signifie qu’il faudrait, s’il n’y a qu’un seul voilier de construit, deux équipages qui navigueraient chacun 160 à 170 jours par an.
- Avec deux navires, il serait possible d’employer trois équipages qui navigueront chacun 220 jours par an. Ceci veut dire que, s’il y a deux voiliers-écoles de construits, l’économie sera d’environ 25% sur les charges salariales de l’équipage.
- Quand on fait le total des économies réalisées par la construction de deux voiliers on arrive à une diminution des coûts à la journée d’environ 20%.
Ainsi, il est souhaitable de rechercher un port, une CCI, intéressés par un tel projet afin de construire un deuxième voilier-école.
Par sa façade maritime, et sa proximité avec la nôtre, Dunkerque et la région Hauts-de-France serait un partenaire de qualité.
De plus, il serait possible de construire le second voilier sur le chantier naval Damen de Dunkerque – un bel exemple de ré-industrialisation.
Il y a trois types de financement envisageables :
1/ Mécénat : Le mécénat est adapté pour construire un sister-ship du Cisne Branco, voilier-école de la marine brésilienne et sister-ship du Stad Amsterdam, destiné exclusivement aux lycéens, étudiants et jeunes en difficultés.
Malheureusement, l’expérience du Fonds de dotation Euroclippers, qui n’a pas pu obtenir le rescrit fiscal (60% de réduction d’impôt pour l’entreprise mécène), rend cette possibilité assez hasardeuse tant qu’une évolution de la réglementation fiscale n’aura pas eu lieu.
2/ Public/Privé.
C’est le choix fait par la Ville d’Amsterdam et le groupe Randstadt.
Un armement maritime devrait être créé par une entreprise et une collectivité pour construire et armer un voilier.
Un Groupement d’intérêt public (GIP) est envisageable, mais cela complique sérieusement la réalisation du projet qui peut devenir une véritable « usine à gaz » compte-tenu de la multiplicité des intervenants !...
3/ Actionnariat :
La construction d’un "Clipper extrême" est, d’abord, un investissement rentable comme le prouve la réussite du Stad Amsterdam auprès des entreprises qui le louent pour des séminaires, des conférences, des relations publiques, mais propose aussi le navire au public pour des navigations océaniques.
Le financement peut être assuré par un actionnaire majoritaire, par un groupe d’entreprises, mais il est aussi possible de lancer un actionnariat auprès du public. D’autres types de financement comme BPI-France et les Fonds européens peuvent intervenir compte-tenu de l’aspect européen, économique et éducatif du projet.
L’actionnariat est le financement préférentiel pour construire un sister-ship du Stad Amsterdam.
Il sera nécessaire de créer un armement maritime classique.
Un grand voilier-école adapté au développement de la coopération entre la Normandie et les autres Régions maritimes européennes
Un « Clipper pour le Havre » permettra :
- d’avoir pour le port du Havre et la Normandie un grand voilier-école qui sera notre ambassadeur et le symbole de notre dynamisme ;
- à une grande entreprise de disposer d’un puissant moyen de communication pour des événements publicitaires, des séminaires et des conférences ;
- de développer la construction navale et l’activité portuaire ;
- aux jeunes Normands, et aux jeunes d’autres régions européennes, d’embarquer sur le même navire et de découvrir l’Europe ;
- de développer des liens avec des écoles et des universités d’autres régions ;
- d’établir des lignes saisonnières directes, d’avril à septembre, avec les régions maritimes de l’Europe du nord et de la Méditerranée, comme la Sicile, ancienne terre normande ;
- de créer des liaisons pendant l’hiver avec nos régions ultramarines et d’autres régions en Asie ou en Amérique ;
- de relancer, sous une nouvelle forme, l’idée européenne.
Un projet global pour les régions et les collectivités territoriales
Le projet « Un Clipper pour le Havre » est aussi de définir un projet facilement reproductible dans les ports et les régions maritimes qui le souhaitent : Hauts de France, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Corse, ainsi que par les régions ultramarines.
La France, c’est 11 millions de km2 d’océans et de mers dont 400.000 km² de plateau continental. La zone économique exclusive (ZEE) de notre pays représente la deuxième superficie maritime au monde et nos régions ultramarines pourraient trouver un intérêt tout particulier à armer, chacune, un grand voilier-école pour les jeunes, ou, de toutes façons, à accueillir en escale nos voiliers lors des navigations océaniques et des tours du monde.
Les régions ultramarines concernées sont : St-Pierre-et-Miquelon, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, la Nouvelle Calédonie, la Polynésie Française dont la ZEE représente, avec près de 4,7 millions de km2, la surface de l’Europe !...
Pour les tours du monde, des escales peuvent être prévues aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) qui représentent, sans les Îles Éparses de l’Océan indien, près de 1.750.000 km2.
Notre potentiel maritime est largement inexploité et des grands voiliers-écoles permettraient d’offrir de nouveaux débouchés à ces régions tout en ayant une forte action éducative et sociale pour les jeunes.
Si plusieurs navires sont construits, on peut même envisager, à moyen terme, des régates en tour du monde en "Clipper extrême"…
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