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Mains invisibles : Chapitre XX.1 : Comité Libecciu (1/3)

 

Chapitre XX.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Comité Libecciu (1/3)

 

L’opération Serval démarre enfin 11 janvier 2013, à la suite de la mise en œuvre de la résolution 2085 du 20 décembre 2012 du Conseil de sécurité des Nations unies et Paul met en place le commando « Libecciu ».

En fait « Commission spéciale de sécurité Libecciu », ou « CSSL », voire « Comité Libecciu »…

 

Si le « serval » désigne un félin d’Afrique, c’est en définitive la riposte à un conflit armé malien qui date du 17 janvier 2012 opposant dans le nord du Mali l'armée malienne aux rebelles Touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et au mouvement salafiste Ansar Dine, alliés à d'autres mouvements islamistes.

Le MNLA revendique l'auto-détermination et l'indépendance de l'Azawad qui correspond aux trois régions maliennes de Kidal, Tombouctou et Gao.

Le gouvernement malien refuse ces revendications, défendant l'intégrité du territoire malien. Et le mouvement Ansar Dine de l'ancien combattant touareg Iyad ag Ghali défend, lui, l'instauration d'une république islamique avec l'application de la charia.

Des combats qui s'inscrivent dans une série de conflits généralement appelés « conflits Touaregs », ou « rébellion touareg », bien que le MNLA démente tout caractère ethnique. Il engendre des conséquences néfastes pour les populations de ces régions dont une partie se réfugie dans les pays voisins (Mauritanie, Algérie, Niger et Burkina Faso), avec d'autres conséquences pour les habitants déjà confrontés à des difficultés alimentaires.

La branche sahélienne d'Al-Qaïda AQMI joue également un rôle important dans cette dernière insurrection malienne. Leurs intérêts convergents amènent Ansar Dine à rencontrer ses principaux dirigeants en mai 2012 à Tombouctou. Cette alliance stratégique entre groupes islamistes exclut les rebelles Touaregs et octroie aux djihadistes le contrôle des principales villes de l'Azawad, où la loi islamique est instaurée.

 

Or, depuis le 15 novembre 2012 où Francis Landau, président français reçoit le président Nigérien à l'Élysée pour discuter d'une intervention française et de la protection des exploitations française des mines d'uranium, au Niger, à la frontière avec le Mali, il est clair que le conflit va s’internationaliser.

Une bonne façon aussi de calmer les esprits les plus réactionnaires, face aux lois sur le « mariage pour tous » et demain, mais la Présidence y renoncera un temps, la loi nouvelle sur la famille promise dans son programme électorale, où la GPA, l’adoption pour tous voire le clonage thérapeutique et l’euthanasie active, pourraient être encadrés par de nouveaux textes à débattre.

 

Les premières troupes françaises à intervenir sont d’ailleurs celles des forces spéciales du COS pré-positionnées au Sahel dans le cadre du dispositif Sabre qui se déploient dans le secteur de l'aéroport de Mopti-Sévaré soit plus de 200 commandos, appartenant aux trois armées.

Mais on compte aussi un détachement du Commando parachutiste de l'air n° 10, spécialisé dans la saisie de plate-forme aéroportuaire, les avions de transport tactique de l'escadron de transport 3/61 Poitou débarquant hommes et matériels des troupes franco-africaines. Les forces spéciales sont rapidement renforcées par la projection à Bamako par avions C-130 Hercules et C-160 Transall de 200 militaires du 21ème RIMa prélevés sur le dispositif Épervier, basé au Tchad ainsi que d’un peloton de légionnaires du 1er REC d’Orange.

La montée en puissance des effectifs de l'armée de terre se poursuit avec le déploiement d'une compagnie du 2ème RIMa, stationné à Auvours, qui rejoint Bamako au cours du week-end du 12 au 13 janvier.

Parallèlement, un renforcement des moyens aéromobiles de l'ALAT est décidé avec l'acheminement à partir du 14 janvier 2013 d'hélicoptères d'attaque Tigre HAP, offrant des capacités de protection supérieures aux Gazelle mises en œuvre par le COS. Les moyens terrestres se voient également renforcés par l’acheminement en partie assuré par des avions C-17 Globemaster III mis à disposition par la Royal Air Force d'engins de type véhicule de l'avant blindé (VAB) et de chars légers de type ERC-90 Sagaie et AMX-10 RC, en provenance du Tchad et de France.

 

Une soixantaine de véhicules blindés prélevés sur le dispositif Licorne déployé en Côte d'Ivoire est acheminée à l'aéroport de Bamako par voie terrestre dans la nuit du 14 au 15 janvier afin de renforcer les moyens français luttant contre les forces djihadistes. Ces engins, notamment des blindés légers de type ERC-90 Sagaie, VBL et VAB, sont dans un premier temps cantonnés dans la capitale malienne avant d'être engagés dans les combats qui opposent l'armée malienne, appuyée par des soldats des forces spéciales et l'aviation française, aux islamistes armés.

Les renforts humains associés se composent d'un sous groupement tactique interarmées (SGTIA) de 200 militaires armés par les 3ème RPIMa, 1er RHP et 17ème RGP, détachés en Côte d'Ivoire.

Ces effectifs au sol sont portés à 1.400 hommes le 17 janvier 2013 puis 1.800 hommes le 18 janvier 2013, selon le ministère de la Défense, faisant de l'opération Serval la première opération extérieure de l'armée française du point de vue des effectifs engagés, devant son engagement en Afghanistan.

Les forces françaises, qui reprennent Diabaly le 21 janvier 2013, sont notamment composées par des marsouins du 21ème RIMa. Le même jour, l’opération Serval mobilise 3.150 militaires français, dont 2.150 sur le territoire malien.

Les éléments du groupement tactique interarmes (GTIA) mené par le 21ème RIMa, partis de Bamako le 25 janvier 2013, prennent le contrôle de l'aéroport international de Tombouctou ainsi que des accès de la ville le 27 janvier 2013.

Ceux-ci sont précédés par le parachutage à 23 h 30 UTC sur Tombouctou d'une compagnie du 2èmeREP par trois Transall et deux Hercules partis d'Abidjan pour 4 h 30 de vol. Cette opération aéroportée, préparée dans le plus grand secret, est la première réalisée par les forces parachutistes conventionnelles de l'armée de terre française depuis 2008 et constitue le plus important parachutage de forces combattantes depuis la bataille de Kolwezi en 1978.

Le lendemain, une nouvelle opération aéroportée aboutit au parachutage de sapeurs du 17ème RGP et de leur matériel afin de procéder au dégagement de la piste et ainsi permettre le rétablissement du trafic aérien sur l’aéroport de la ville.

Début avril, les quatre camions CAESAR et les cinq mortiers de 120 mm seront mis en œuvre par le 11ème RAMa et le 68ème RAA.

 

L'armée de l'air déploie à Niamey deux drones Harfang pour des missions de renseignement, de désignation d'objectifs et de visualisation des combats.

Dès le début de l'opération, l'armée de l'air place en alerte ses moyens aériens basés à l'aéroport international de N'Djaména dans le cadre du dispositif Épervier et décide de les renforcer.

Trois Mirage 2000D et un C-135FR du GRV Bretagne qui devaient rentrer en France restent sur place, s'ajoutant au dispositif identique qui venait les relever. Ce sont donc, en plus des deux Mirage F1 CR, six Mirage 2000D, trois C-135FR, un C-130 Hercules et un C-160 Transall qui arment le groupement air.

Le 13 janvier 2013, le ministère de la Défense annonce qu'une opération de bombardement sur les forces d'AQMI à proximité de Gao a été réalisée le même jour par 3 Rafale B et 1 Rafale C partis de la base de Saint-Dizier. Les avions ont survolé l'Espagne et le Maroc au cours d'une mission en vol de 9 h 35.

Le détachement Rafale à N'Djaména comptera, à partir du 14 janvier 2013, six appareils, dont deux biplaces qui effectuent des missions d'interdiction aérienne, d'appui aérien rapproché mais aussi de reconnaissance, à l'aide de la nacelle Reco NG253. Ce dernier est armé par une quinzaine d'équipages en provenance des escadrons de chasse 1/91 Gascogne, 1/7 Provence et 2/30 Normandie-Niemen, constitués chacun d'un pilote et d'un navigateur officier systèmes d'armes (NOSA), qui effectuent une moyenne de quatre sorties par jour. Sur les 100 militaires que compte le détachement Rafale, 80 techniciens mettant en œuvre un lot technique de 90 tonnes assurent le maintien en condition opérationnelle des aéronefs.

Le 15 janvier 2013, les deux Mirage F1 CR de l'escadron de reconnaissance 2/33 Savoie basés à Ndjamena seront transférés sur l’aéroport international de Bamako-Sénou. Ils seront rejoints le 17 janvier 2013 par trois Mirage 2000D et leur groupe de soutien, également en provenance de Ndjamena.

L'Armée de l'air engagera, à compter du 17 janvier, le plot CSAR de l'opération Serval.

Il sera composé de 2 Puma de l'escadron d'hélicoptères 01.067 Pyrénées.

À partir du 16 janvier 2013, l'armée de l'air déploiera à Niamey, la capitale du Niger, deux drones MALE Harfang mis en œuvre par l'escadron de reconnaissance 1/33 Belfort260 afin d'apporter un soutien en matière de renseignement d'origine image (ROIM).

Réalisant sa première mission opérationnelle au-dessus du Mali dès le 18 janvier 2013, et effectuant aussi des missions de désignation d'objectifs, le Harfang battra, au cours de son engagement sur le théâtre malien, son record d'endurance, réalisant un vol de 26 h 10.

Deux Rafale supplémentaires seront déployés le 25 janvier 2013 et immédiatement engagés pour ces frappes, portant à 12 le nombre d'avions de chasse déployés pour les opérations aériennes.

L'armée de l'air stationne au Sénégal un AWACS Boeing E-3F Sentry de la base aérienne 702 Avord. Cet avion radar est déployé au-dessus du Mali afin de coordonner les opérations aériennes françaises, notamment lors des opérations aéroterrestres aboutissant au parachutage du 2ème REP sur Tombouctou.

 

Au bénéfice des forces spéciales ou conventionnelles, l'armée de l'air déploiera sur le territoire malien une centaine d'éléments de ses trois unités de Commandos parachutistes de l'air, soit 20 % de leur effectif total. Le CPA 20 est opérationnel dès le 12 janvier 2013, puis rejoint par les CPA 10 et 30, remplissant un large spectre de missions parmi lesquelles le guidage d'appui aérien rapproché, voire la saisie de plates-formes aéroportuaires. 

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Mains invisibles : Chapitre XIX.2 : Déjeuner sur lagune (2/5)

Chapitre XIX.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Déjeuner sur lagune (2/5)

 

« Savez-vous qu’il en reste ? »

De quoi ? Des jolies femmes en déshérence ou des terroristes ?

« Des milliards encore à récupérer ! »

Oui, Paul sait : « Je suis pressenti pour m’en occuper, une fois que mon ministre des finances m’aura lâché. »

« Je m’en suis occupé. »

Pas la peine, l’informaticien de la MAPEA a pu activer son virus en temps et en heure !

« Très bien, mais je voulais aussi vous avertir… La dernière fois, vous avez engendré une belle panique sur les marchés financiers ! Espérons que vous serez plus astucieux pour éviter de recommencer. »

Comment ça ?


« L’idéal serait que vous deveniez banquier. Un banquier, voyez-vous, c’est quelqu’un qui achète et vend des termes, du temps, sur tout ce qui bouge. Des marchandises, des actions, des devises, des dérivés, tout vous dis-je, du moment que le terme est garanti et solvable. Il vit sur des stocks de valeurs à terme, qu’il vend et rachète au fil des évolutions des taux d’intérêt servis sur le temps qui passe. Or, quand vous avez immobilisé pour les restituer seulement plus tard jusqu’à 15 milliards de dollar entre septembre et décembre 2009, vous avez gelé du stock…

Poussant d’ailleurs la Banque d’Angleterre à accélérer ses QE entamés dès mars 2009 et la FED à démarrer les siens par sécurité début 2010.

Parce que, ces devises ont manqué à un moment donné, faisant par conséquent grossir la crise des dettes publiques à ce moment-là, tout simplement parce que plus personne ne savait quand ces fonds allaient redevenir « à être tradés » sur les marchés. »

Comment ça ?

« Très simple ! Vous avez gelé des avoirs en euros et quelques autres devises européennes en les liquidant au comptant, à vue. »

Exact !

Pour avoir la contrepartie en dollar avant la fin de l’année : sa mission !

« Et vous vous êtes positionné à terme semaine 50 sur du dollar, pour les virer sur les comptes de l’Otan. Très bien d’ailleurs la manœuvre de la société civile à capital variable. Ça ne laisse aucune trace dans les banques de compensation !

En revanche, en asséchant les marchés en euro, vous avez fait grimper la contre-valeur des dollars… »

Ah ? Contradictoire…

Serait-ce là l’explication de la dévaluation du dollar sur les marchés ?

Il faut dire que Paul n’avait appris à spéculer sur les options en devise que plus tard, grâce à Joël Baucher, le banquier repenti des affaires des frégates taïwanaises…

 

« Un véritable amateur. La masse des euros et trois à quatre fois moindre que celle des dollars… Et je ne parle pas du circulant. 10 à 15 fois moins ! Résultat, tout le monde s’arrachait l’euro au fil du temps…

Pas bien grave pour le dollar, il y en a tellement et puis ça facilite des exportations de nos industriels. Quant à nos importations, de toute façon elles sont libellées en dollar : aucune incidence.

En revanche, vous avez dès lors plombé l’Europe alors qu’elle entrait en pleine crise de la dette souveraine en euro !

Pas mal l’effet destructeur contre la devise de votre propre pays…

Et je vous assure qu’il a fallu batailler pour que l’Otan remette à disposition des marchés les 15 milliards de dollar rendus, que la FED lance son premier QE et que votre Président se dépêche de réallouer sa part disponible devant les réticences de la BCE à en faire autant. »

Paul n’en revient pas… Lui le fossoyeur de l’économie européenne ?

 

Harry assure qu’il en a aussi connu quelques-uns qui ont attrapé des cheveux blancs durant l’épisode.

« Il n’y a rien de pire pour un banquier qu'on lui retire de la matière première et qu’on le laisse dans l’incertitude, le doute sur les échéances. Heureusement, nous étions une poignée, quelques dizaines à vous surveiller de près, et très vite on a pu se rassurer… Mais quelle angoisse !

J’espère que vous ne nous referez pas ce coup-là sur les quinze milliards à récupérer ! »

Paul en a la gorge sèche : il aurait participé, à son démarrage, à la crise mondiale des dettes publiques, complétement par inadvertance ?

« Mais oui, je vous l’assure. Globalement, à cette époque, il y avait entre 30 et 35.000 milliards de dollar « flottant », générant pour environ 160.000 milliards de dollar de transactions par an. »

Il parle bien de milliards, des billions en anglais ?

« Absolument. À ce moment-là, souvenez-vous, les transactions interbancaires s’étaient gelées la faute à nos emprunts et dérivés toxiques issus des subprimes. Et il a fallu injecter des quantités phénoménales de monnaies par la suite, parfaitement fictives, pour que le système bancaire international n’implose pas en s’écroulant sur lui-même. »

Paul se souvient encore de cet épisode-là.

 

Et il explique : « À l’origine, un banquier, vous lui confiez de l’argent à vue plutôt que de le garder dans un coffre ou sous votre matelas. C’est plus sûr et c’est pour financer des achats futurs. Bien.

L’excédent durable de ce qui convient d’appeler une épargne, sur 13, 26 ou 52 semaines ou plus, votre banquier vous le rémunère avec un petit taux d’intérêt : il devient une créance à terme.

Naturellement, pour vous payer cet intérêt, votre banquier re-prête votre argent à un tiers solvable, qui en a besoin immédiatement et lui promet de le rembourser, avec un intérêt supérieur, dans 13, 26 ou 52 semaines, ou plus tard, 2 ans, 5 ans, 10 ans ou plus.

Vous saisissez ? »

Jusque-là, n’importe qui peut comprendre.

« Plus tard encore, le banquier fait beaucoup mieux : il calcule son risque et prête beaucoup plus que ce qu’il n’a en caisse, ce qui est largement possible dans un monde où tout le monde est solvable et fait ses échéances. C’est son métier de « créateur de monnaie » avec un risque de déconfiture s’il ne maîtrise pas le risque d’insolvabilité de ses clients, ou si la conjoncture générale s’effondre.

Pensez donc, avant la crise de 1929, la masse des crédits consentis représentait 100 fois les fonds propres des banquiers !

Avec un dollar, un bon banquier en prêtait 100, qui se retrouvaient dans l’économie, en dépôt ou en investissements, qui eux-mêmes servaient à produire des richesses en quantité suffisante pour rembourser les banquiers.

Même rémunéré à seulement 1 %, c’est 100 % de rendement sur capitaux durables en un an… Et engendre autant d’effets multiplicateurs tous les ans. »

Paul continue de suivre pendant que Florence décroche et commence une bataille insoutenable avec une carcasse de langouste déjà découpée par le bosco du bord.

 

« Ensuite, on a réglementé le système. On est passé à un plancher de réserve en fonds propres de 3 %, puis bientôt de 5 % et demain de 10 %. Autrement dit, pour un dollar, les banquiers ne peuvent plus en prêter que 33, puis demain 20 et finalement peut-être que 10.

Effet immédiat, le tarissement des crédits aux entreprises et aux ménages, donc ralentissement de la demande globale et de l’offre de nos économies, mais également du volant de stock de monnaie générant les marges du banquier… »

Simple…

« C’est alors qu’ils ont eu l’idée de faire appel à des émetteurs centraux, en principe garantis sur les stocks d’or des États, et de déverser des quantités de monnaie sur les marchés pour soutenir les économies.

C’est le New-Deal chez nous, les théories keynésiennes de relance partout dans le monde et subséquemment les politiques d’endettements publics.

Jusqu’au moment où la parité avec l’once d’or, la garantie, n’était techniquement plus possible. D’où son découplage… »

Paul se souvient de ses cours de prépa sur le sujet…

Et dire que les keynésiens pensent encore qu’il s’agissait seulement de provoquer une « demande » pour financer ainsi la croissance des économies …

 

« Faute de carburant, parce que tout a une fin, l’argent facile des banques centrales ça finit par provoquer de l’inflation, et l’inflation, c’est la mort des banquiers et de tout le monde à travers une course de vitesse entre « taux d’intérêt » et taux d’inflation. Il a fallu calmer le jeu et laisser, au moins chez nous, quelques caisses d’épargne déposer leur bilan pour apurer à la marge la masse monétaire.

Mais également, des banquiers eux-mêmes. Passons : le métier de banquiers, d’assureur, de gérant de fonds de pension, de gestionnaire de fortune, devenait de plus en plus dangereux, et les autorités ont remonté le plancher des fonds propres au fil du temps.

Ce qui a calmé l’inflation, mais aussi les taux d’intérêt et du coup a diminué les marges sur prêt. »

Ce qu’il ne dit pas, c’est que l’inflation a commencé à être maîtrisée, notamment aux USA, justement quand les ménages sont devenus majoritairement « prêteurs » après avoir remboursé leurs dettes avec de la monnaie de singe dévaluée…

 

« Alors les banquiers ont « titrisé » leur créances à terme pour mobiliser leurs stocks de crédits accordés aux uns et aux autres, et faire des marges en même temps que d’assurer leurs paiements, remboursements, charges, salaires, etc.

Chez vous, sur la bourse de Paris, c’était le « Matif », MArché des Transactions sur Instruments Financiers.

Un moyen commode de « liquéfier » des actifs immobilisés jusqu’à leur « maturation », le terme contractuel.

Avec ça, on a beaucoup avancé dans la haute finance, puisque finalement, on ne s’échangeait plus que des options « hors-bilan ».

L’avantage, du hors-bilan, c’est qu’il n’apparaît jamais ni en fonds propres, ni en trésorerie, c’est du virtuel total, mais assis sur des contrats formatés, normés et solvables et qui se résument à deux lignes, hors du bilan, débit-crédit, donné-reçu, qui doivent s’équilibrer tous les jours.

Pour tous les termes de référence.

Le problème est survenu quand dans ces produits dérivés s’est glissé des créances insolvables, les subprimes, puis des dettes souveraines devenues également suspectes : la Grèce d’abord, d’autres ensuite… »

D’où l’importance des notations des agences Fitch, Moody’s et compagnie chargées d’évaluer la solvabilité de l’emprunteur originel, non ?

 

« Oui, mais ça ne veut rien dire, finalement », poursuit Harry Harrison. « Juste une garantie qu’on ne viole pas à un moment donné les principes de sécurité pour complaire à la réglementation de la SEC. Une cotation peut se dégrader du jour au lendemain d’ailleurs, et il faut alors se défaire de ces actifs-là sur les marchés, les instruments de supports, dérivés et jeter les options d’achat en levant les options de vente, tout ça dans le hors-bilan, ainsi que tous les contrats d’assurances créés en contrepartie du risque d’insolvabilité, etc., si on ne veut pas boire le bouillon. »

Quoiqu’il y a aussi la technique de refaire des échéances nouvelles sur les mêmes instruments, précise-il.

« Un banquier ne perd jamais d’argent sur le long terme… »

Optimiste, le Harry Junior ! 

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Mains invisibles : Chapitre XIX.1 : Déjeuner sur lagune (1/5)

 

Chapitre XIX.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Déjeuner sur lagune (1/5)

 

Ils ne sont que trois sur l’un des quatre ponts du splendide yacht, ouverts sur la mer mais protégés par des baies vitrées, à quelques encablures de l’île du Lido. Et une armée de loufiats pour les servir et desservir.

La pitance sera excellente, le vin de Californie tout autant. Surtout, le tout superbement présenté par le bosco du bord. Un luxe discret mais inouï sous un léger zéphyr hivernal qui balance le grand yacht sur son mouillage.

Après les banalités et remerciements d’usage, Florence se mûre dans un silence qui se veut absolu, comme absente, sans pour autant perdre la moindre miette des informations incroyables étalées à l’adresse de Paul, de l’apéritif au dessert, et jusqu’à leur retour devant le Danieli, en canot.

 

« Mon cher Paul, il faut que je vous donne quelques précisions. Votre frère a été assez vague sur vous pour que nous voulions en savoir plus… »

Et il résume.

L’opération « Megiddo » a été un cuisant échec.

En quoi consistait-elle ?

« Avez-vous lu le livret que je vous ai remis à notre première rencontre ? »

Bien sûr, entre deux séjours entre les cuisses de Florence hier soir, pour tout dire… Mais Paul garde ce détail pour lui !

« Avez-vous compris qu’il s’agit d’un texte millénaire et prophétique, tel qu’il prévoit que l’humanité débouche, après l’an mil qui vient après l’an mil, sur une nouvelle humanité ? »

Il avait lu jusqu’au bout.

« Et tous ces événements, passés se sont bien réalisés, sauf … l’avènement de ce nouveau monde. »

Il doit naître d’une crise apocalyptique, « révélatrice ».

« C’est d’ailleurs ce que nous avons cru voir arriver dès le 11 septembre 2001. Une date marquante et pas seulement due au hasard. Signifiant le changement. Mais choisie très précisément au point qu’elle en était presque prévisible. Pourtant, nous avons tous été surpris. »

Comme quoi, l’interprétation de toutes les prophéties censées prévoir la météo n’est pas encore une science exacte…

« Si ce n’était celle-là, parce qu’Al-Qaïda manquait d’une munition nucléaire, c’était une date autour du 27 juillet 2012. Un « 5 » d’abord, après un « 3 » en totalisant les chiffres composant la numérotation du jour. La prochaine fois, ce sera un « 2 » ou carrément le « 1 », chiffre du renouveau. La suite régressive des nombres premiers. »

Il fait quoi, là ? De la numérologie ?  

« Mais je parie pour un nombre impair, le « 1 ». Et le prochain 1 d’importance, c’est à Paris, le 14 juillet 2014, où seront attendus plus de 70 chefs d’État pour votre fête nationale à l’occasion de l’année du centenaire de la première guerre mondiale… Je voulais vous prévenir. Éventuellement pour que vous soyez sur vos gardes.  »

Rigolo, va ! Et pourquoi pas le prochain 14 juillet ?

Si on fait de la numérologie jusqu’au bout, ce serait plutôt un 14 juillet 2013, un « 9 », également impair et significatif de la fin d’un cycle…

« Mais ce n’est pas un nombre premier ! »

 

Et il va se passer quoi le 14 juillet 2014 ?

Aucune idée. « Plus exactement, une quantité d’hypothèses, toutes plus funestes et farfelues les unes que les autres. Imaginez donc l’état du monde si plus 70 nations étaient privées de leurs chefs d’État à l’occasion d’un attentat terroriste, ce jour-là place de la Concorde…

Tout devient possible, comme en septembre 2001. »

Il y va fort… Surtout si la munition est nucléaire.

« Probablement pas : on surveille ça de très près, désormais… Et ce n’est pas une nécessité, compte tenu de l’endroit. »

D’autant que normalement, la veille, il y a finale de la coupe du monde de foot. Et si l’équipe de France gagne, ce qui reste encore assez aléatoire tout de même, pour une revanche brésilienne ratée de 1998, les champs Élysées risquent d’être bondés bien après le lever du soleil…

Harry n’avait pas pensé à ce « détail » reconnaît-il…

De toute façon, ce sont les brésiliens qui vont gagner cette coupe du monde-là. Les footballeurs tricolores n’ont pas le même talent et se feront éliminer dès le premier tour, pronostique-t-il.

À voir…

 

« Peu importe. Si je vous ai demandé de venir jusqu’ici, c’est pour vous dire qu’avant l’ouverture des jeux olympiques de Londres, nous nous étions tous préparés au pire, ne voyant pas trop comment « changer le cours des choses ». La guerre, qui pouvait être mondiale et nucléaire, était prête, ce coup-ci. »

Florence en reste bouche bée… tétanisée.

Il y aura d’autres situations qui pourraient déboucher sur une guerre « globale », notamment en Iran ou encore en Mer Noire qui commence à s’agiter.

« Pour sûr ! »

Et Paul se souvient effectivement que la liste était longue de tous les préparatifs alliés autour du Golfe Persique : un tiers des moyens militaires mondiaux, y compris nucléaires, y étaient déjà pré-positionnés et opérationnelles dès la mi-juillet 2012 !

« Et puis voilà. Le commando des terroristes vous croise au large du Portugal d’une façon totalement inopinée, invraisemblable même, et malgré les manœuvres du colonel Jackson, grâce à vous l’apocalypse nucléaire est repoussée ! Formidable, non ? »

Un coup de bol, oui !

« Ce qui vous vaut les bonnes grâces de tout le monde, y compris du Vatican… Mais il n’y a pas que ça. »

On y vient.

 

« Un an avant, vous mettez fin aux activités criminelles du professeur Risle. Un peu brutalement et du coup, en détruisant quantité de dollars finançant plusieurs années de recherches prometteuses dans lesquelles nous mettions bien de nos espoirs de voir naître un « homme nouveau », tel que prédit par la prophétie de « Jean-de-Jérusalem ».

Souvenez-vous : « Et l’homme voudra les pouvoirs de Dieu … Que sera devenu l'homme qui aura changés les lois de la vie ? Sera-t-il l'égal de Dieu ou l'enfant du Diable ?... L'homme se croira Dieu alors qu'il ne sera rien de plus qu'à sa naissance… Mais son bras sera armé de la puissance dont il se sera emparé ; et Prométhée aveuglé il pourra tout détruire autour de lui. Il restera un nain de l'âme et il aura la force d'un géant… Sa tête sera lourde de savoir. Mais il ne saura pas pourquoi il vit et il meurt », déclame-t-il avec emphase.

« Vous vous souvenez ? »

Paul a lu : « On y parle de notre monde actuel. Mais Monsieur Harrison, vous savez aussi les dernières strophes : quand le plein de l’an mil qui vient après l’an mil… Or, nous n’y sommes pas !

Pas la peine de précipiter les choses. »

Si justement !

« Plus tôt la suite surviendra, plus tôt l’Homme et l’humanité auront accompli son destin.

Nous y étions et ce n’est que partie remise. C’est pour cette raison que je veux vous mettre en garde. »

Il menacerait Paul, là ?

« Non pas du tout ! Vous êtes de ces « distingués », touché par la grâce divine ou guidé par quelques « mains invisibles » pour faire suivre à nos destinées d’humain le chemin de la sagesse. »

Mains invisibles, Paul a déjà entendu ou lu cette expression-là quelle qua part.

Et pas seulement dans ses cours d’économie parlant d’Adam Smith.

Dans Platon, Le Critias ou un autre ouvrage ?

« Oui, parfois les dieux antiques guidaient les hommes pour les conduire là où ils le voulaient. Et ces hommes accomplissaient des choses inattendues, parfois spectaculaires, extravagantes même, sans se rendre compte qu’ils contentaient alors seulement les dieux dans leurs desseins.

Il est probable que vous êtes de ceux-là. Votre destin vous dépasse, j’imagine que jamais vous n’auriez pu penser abattre « Ahmed-le-diabolique » au-dessus de la Manche. Personne d’autre ne l’a d’ailleurs fait, alors que ça aurait pu être possible, ici ou ailleurs, avant ou après. »

La main invisible, c’était Sœur-Sarah… Celle qui a guidé « Ahmed-le-diabolique » depuis le Nigéria jusque sur la route de Paul.

« Ah oui, la stigmatisée… » fait Harry qui manifestement sait beaucoup de choses.

« Encore fallait-il qu’elle naisse, qu’Ahmed fasse escale au Nigéria et qu’elle décide d’aller à sa rencontre malgré sa protection rapprochée. »

Un curé et Matilda, sa garde du corps en manque de sensualité détachée par le Vatican.

« Si je me rappelle bien, le pape Jean-Paul II avait fait le déplacement pour la visiter sur place… Comme quoi, les desseins du divin restent vraiment impénétrables, même quand ils sont clairs ! »

 

Et Harry reprend. « Vous êtes un personnage tout-à-fait extraordinaire, Monsieur de Bréveuil. Un « intouchable », pour nous. Et croyez-moi, c’est vraiment un immense privilège pour moi que de partager la même table que vous en ce moment.

Vous êtes d’abord « Charlotte », qui sauve un de nos pilotes abattu dans les montagnes afghanes. Plus tard tout un équipage. Vous êtes celui qui revient de toutes les missions impossibles, en Corée, comme partout où il faut extraire en urgence un allié en territoire hostile. Avouez que c’est extraordinaire ! »

Drôlement bien renseigné, « junior »…

« Vous vous retrouvez aussi sur le passage du Boeing qui tombe à l’eau dans l’atlantique, puis vous êtes celui qui met fin aux travaux du professeur Risle et maintenant celui qui empêche l’horrible et apocalyptique attentat sur Londres… J’avoue que je ne connais pas beaucoup de … héros moderne de votre calibre. Même plus… aucun à part vous !

Et d’ailleurs, plus que ça, vous trouvez le moyen de récupérer 35 milliards d’euros en déshérence et de rembourser mon pays, sans que personne ne le sache. Félicitations, vraiment ! »

Là, Florence se réveille en toussant d’avoir avalé de travers.

« Pour ne rien gâter, vous avez un goût très sûr en jolie femme ! »

Qu’elle en rougit une fois de plus.

Où veut-il en venir de déballer tout ce qu’il sait qu’il ne devrait pas savoir ? 

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Mains invisibles : Chapitre XVIII : Soirée-gala surprise au palais des Doges…

 

Chapitre XVIII

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Soirée-gala surprise au palais des Doges…

 

Le second soir venu, non sans avoir pu échapper à la séance d’habillage avec le couturier appelé en renfort par le Concierge de l’hôtel, ni fait quelques boutiques au préalable pour en ramener quelques « souvenirs » immondes à l’attention de la famille de Florence, ils sont partis respirer l’air de la ville, charmés par les bruissements entre murs et les clapotis des canaux pour se retrouver dans la grande salle de conseil du palais des Doges, archibondée.

Florence porte une robe de soirée blanche barrée de bandes de tissu noir, simple et apprêtée, avec un large « dos-nu » qui lui descend jusqu’au creux de rein : véritablement resplendissante.

La plupart des personnes invitées sont costumées façon … vénitienne d’un autre âge, beaucoup déambulent avec un masque sur le visage ou un loup devant les yeux, de ces masques absolument fabuleux de couleurs et de formes diverses, quelques-uns d’un blanc immaculé, pas très pratique quand même pour boire ni manger les petits fours qui circulent, nombreux, sur des plateaux.

Même si quelques-uns, comme eux deux sont à visage découvert.

Ils ont tous l’air de se connaître comme cul et chemise, sauf Florence et Paul vers qui les regards convergent.

Ravie et intimidée, la Florence.

 

Heureusement Paul Allen se précipite du fond de la salle vers Paul de Bréveuil, dès qu’il l’aperçoit.

Lui, il est connu dans l’assistance, faisant moult haltes pour saluer les uns et les autres.

« Vous me présentez ? » fait-il en anglais à l’adresse de Paul en désignant Florence.

« Madame, vous êtes le soleil de cette soirée, tellement votre beauté resplendissante illumine toute cette pièce… » qui est grande, dit-il dans la même langue que Florence maîtrise naturellement pour avoir vécu aux USA pendant plusieurs années !

Le charmeur, va.

Et Florence d’en roucouler quelques remerciements avec hésitations et un de ses fameux « Je n’ai pas voulu dire ça… » quand elle réplique qu’il exagère véritablement effrontément, les joues rosies par le compliment.


Et puis tout de suite après, ils font le point de leurs travaux respectifs.

Paul n’a pas avancé, sauf à reconnaître qu’il s’était planté dans ses simulations.

« On peut satelliser mon prototype, sans problème et même d’un seul tenant, mais on ne peut pas le redescendre facilement, faute de carburant en quantité suffisante. Il faudra un apport de puissance supplémentaire que je ne sais pas comment soulever, hors l’usage de booster au décollage. »

Ce qui est un peu contraire à la philosophie générale du projet.

« Il vous faut des ailes pour les premiers kilomètres de prise d’altitude… »

Celles d’Allen, bien sûr.

« Justement, j’aurai voulu ne faire qu’un seul étage. Or, des boosters au décollage horizontal, ça reste possible, mais il faut que je recalcule les résistances de la structure. »

Plus simple avec un gros-porteur, non ?

« Vous en êtes où avec celui-là, de votre côté ? »

Ils vont inaugurer le premier astroport dans quelques semaines. La piste est terminée.

Restera à monter les hangars et les ateliers.

« Et si vous envisagiez de transformer votre « porteur » en hydravion ? Parce que pour l’heure, de devoir aller jusqu’au fin fond du Nevada, c’est bien, mais l’endroit est unique. Un peu contradictoire avec l’idée de nombreux vols partant de partout, non, juste avec une piste pour A 380 ? »

Il faut qu’il y songe, pourquoi pas : la mer, un lac, ça multiplierait les lieux de lancements sans coût supplémentaire…

Ils voudraient se parler plus longuement, Allen des routes, calculs et station orbitale, De Bréveuil de ses recherches de nouveaux moteurs en céramique usant de plasma et donc de la nécessité de trouver une nouvelle forme d’énergie primaire à stocker…

Mais l’orchestre qui joue de la musique de chambre de Bach à l’entrée de la grande salle s’interrompt.

 

Un « emplumé », son « déguisement » du moment, prend la parole sur l’estrade dressée au fond de la salle. Il parle italien à l’adresse de ses invités et après quelques banalités et plaisanteries emportant quelques rires dans l’assistance où il est question de Noël et des festivités de fin d’année, il finit par présenter son invité d’honneur, le grand-maître philanthrope Harry Harrison junior (numéro 4 de la série), manifestement connu de la plupart ici, en déplacement spécial et longuement applaudi.

L’orchestre joue les premières mesures de l’hymne américain.

Harry Harrison s’exprime d’abord et exclusivement en italien, puis se met à traduire en anglais.

« J’aimerai que vous accueilliez mon ami l’illustrissime Paul Allen, que beaucoup connaissent ici pour être de nos réunions et travaux aux États-Unis et qui reste l’un des cofondateurs de Microsoft.

Il nous fait l’immense plaisir d’être parmi nous ce soir pour vous présenter notre « guest-star » avec qui il partage quelques projets … ou en tout cas quelques ambitions planétaires. J’ai nommé Paul Allen ! »

De nouveau l’hymne américain… le temps pour Allen de fendre la foule des invités et de monter sur l’estrade.

Ovation. Paul Allen avance sous les applaudissements en souriant à tous et rejoint l’estrade entre Harry et l’emplumé local.

Lui s’exprime en anglais et est retraduit en italien par Harry.

Il remercie tout le monde, raconte une blague idiote et se demande qui est donc la « guest-star » à annoncer : « J’en connais plusieurs, ici ! Laquelle préférez-vous, mon cher Harry ? »

C’est là où les jambes de Florence ont failli défaillir.

 

« Vous ne le connaissez pas. Ce qui est normal parce qu’il ne fait partie d’aucune de nos confréries, ni aucun de nos clubs… Et pourtant il est là pour vous ce soir et tâchez de le retenir avant qu’il ne s’enfuit !

C’est l’homme qui a changé le cours de l’histoire du monde l’été dernier pour confirmer qu’il reste en paix, et vous savez sans doute, au moins pour quelques-uns de quoi je parle. J’ai nommé Paul de Bréveuil ! Venez jusqu’ici, Paul ! » fait-il d’un signe de la main à son adresse.

Et l’orchestre entame les premières mesures de la Marseillaise…

Paul qui a senti le piège se refermer en reste étourdi dès l’accueil sur l’estrade d’Allen.

Florence … n’est-ce pas…

Pendant qu’à leur tour ils fendent la foule, Harry continue.

« Dans quelques semaines, sa sainteté Benoît XVI le distinguera de l’Ordre Suprême de Notre Seigneur Jésus-Christ dont il deviendra le seul détenteur vivant. C’est dire s’il devient au moins mon égal, sans pour autant avoir été initié à nos rites et fondamentaux.

Ce jeune-homme-là cumule déjà de nombreuses distinctions, jusque dans ma patrie à moi où il est déjà titulaire des deux plus hautes.

Il paraît que dans son pays d’origine, la France, il débute seulement au bas de l’échelle des décorations et honneurs pour quelques services rendus à sa propre patrie.

On parle de lui jusque dans la Cour du Royaume-Uni pour lui décerner le grade de Chevalier du « Royal Victorian Order » au rang « Knight Grand Cross », autrement dit le GCVO ou encore « Chevalier Grand-croix », emportant l’usage du titre de « Sir ».

C’est dire si ses mérites sont déjà nombreux et invariablement reconnus !

Je vous demande de l’applaudir pour ses bravoures et talents ! »

C’était donc ça, ces plans fumeux de ce petit-bonhomme qui ressemble tant à Klaus Kinski !

Le faire connaître à visage découvert à quelques-uns de ses « initiés » locaux.

 

« Quelques mots ? »

« My name is « Charlotte » ! Alias Capitaine de frégate réserviste Paul de Bréveuil. »

Trop drôle : l’orchestre joue alors les premières mesures de la musique des James Bond. De la guitare jusqu’aux trompettes !

Fume mon gars : tant qu’à boire la coupe, ce sera jusqu’à la lie, n’est-ce pas et il prend la posture le bras droit en travers de la poitrine, deux doigts tendus pour former un pistolet imaginaire au bout de l'avant-bras, avec un large sourire et un clin d’œil !

« Agent en disponibilité de mon ministère de tutelle et accessoirement industriel ardéchois, j’étais seulement venu dans votre ville pour remplacer mon voilier percuté et naufragé par « Ahmed-le-diabolique ». Rien de plus… Merci du fond du cœur pour votre accueil si chaleureux, si… surprenant, que je ne mérite sans doute pas et pour le moins inattendu. »

Paul Allen reprend en anglais, retraduit en italien par Harry.

« Mon ami Paul de Bréveuil n’est pas seulement que ce qu’il dit ou veut vous cacher. C’est peut-être avec lui que nous construirons les premiers vaisseaux spatiaux ouverts à tous, en route pour les étoiles !

Il est d’abord, et c’est comme ça que je l’ai connu, le premier homme à avoir fait le tour du monde par les deux pôles, dans l’atmosphère, en 12 heures et sans escale à bord d’un prototype de sa conception, financé sur fonds propres. Un très bel exploit, je vous le garantis ! »

Applaudissements : n’en jetez plus, n’en jetez plus !

Florence en a les yeux écarquillés, la bouche tétanisée en mode « grande-ouverte-bêtement »…

En moins de 48 heures, elle en aura infiniment appris plus sur le père de sa fille qu’en 9 mois de grossesse, et ce n’est pas fini.

Il est loin, à des années-lumière, le temps de leurs travaux et ébats-émotions sous les pins de la plage de Calvi… Que de chemin parcouru depuis lors !

Elle en prend à peine conscience.

 

Plus tard, quand la cérémonie des présentations finit par s’évanouir, Harry Harrison rejoint le petit groupe formé autour des deux Paul.

« Je vous le rend dans quelques minutes… »

Florence reste happée un peu plus loin par quelques beautés-déguisées et envieuses, et suit du regard l’aparté.

« J’aimerai vous inviter à bord de mon yacht, demain, pour déjeuner. Accepteriez-vous ? »

Pourquoi refuser, même s’ils avaient d’autres projets ?

La soirée s’est un peu éternisée et Florence se montre contrariée de devoir recroiser Harry, qu’elle n’apprécie pas.

« C’est sûrement très important, chérie. Il est manifestement venu des États-Unis rien que pour ça. On ne peut pas faire autrement… » lui confie-t-il sur le chemin du retour.

Quelle soirée !

Et ce n’était pas fini…

 

De retour à l’hôtel, Paul se dit qu’il est urgent de se remémorer le document remis par Junior IV. La fameuse prophétie de Jean de Jérusalem : il sera sûrement question de ça, parce qu’on ne fait pas un aller-et-retour des Amériques uniquement pour organiser une fête à Venise.

Autre chose se cache sous les apparences.

Lecture qui a le don d’agacer Florence, qui aimerait que son « héros-multinational » s’occupe un peu de ses zones érogènes à elle : alors elle s’occupe des siennes, mourant d’envie de lui poser aussi mille questions sitôt son plaisir apaisé.

Le document est étonnant et commence comme suit :

« Prologue : « Je vois et je sais. »

 

Mes yeux découvrent dans le Ciel ce qui sera et je franchi le temps d’un seul pas. Une main invisible me guide vers ce que vous ne voyez ni ne savez. Mille ans auront passé et Jérusalem ne sera plus la ville des Croisés du Christ. Le sable aura enfoui sous ses grains les murailles de nos châteaux, nos armures et nos os.

Il aura étouffé nos voix et nos prières.

Les Chrétiens venus de loin en pèlerins, là où étaient leurs droits et leur Foi, n’oseront s’approcher du Tombeau et des Reliques qu’escortés par des Chevaliers Juifs qui auront ici, comme si le Christ n’avait jamais souffert sur la Croix, leur Royaume et leur Temple.

Les Infidèles seront une foule innombrable qui se répandra partout et leur foi résonnera comme le tambour d’un bout à l’autre de la Terre. Je vois la Terre immense. Des continents qu’Hérodote ne nommait que dans ses rêves se seront ajoutés au-delà des grandes forêts dont parle Tacite, et loin au bout de mers illimitées qui commencent après les Colonnes d’Hercule.

Mille ans auront passé depuis le temps que nous vivons et les fiefs se seront partout rassemblés en de grands royaumes et de vastes empires.

Des guerres aussi nombreuses que les mailles de la cotte que portent les Chevaliers de l’Ordre se seront entrecroisées, défaisant les royaumes et les empires, en tissant d’autres.

 

Et les serfs, les manants, les pauvres sans feu se seront mille fois révoltés, brûlant les récoltes, les châteaux et les villes, jusqu’à ce qu’on les écorche vifs et qu’on force les survivants à rentrer dans leurs tanières.

Ils se seront crus Rois.

Mille ans auront passé et l’homme aura gagné le fond des mers et des cieux et il sera comme une étoile au firmament.

Il aura acquis la puissance du soleil et il se sera pris pour Dieu, bâtissant sur l’immense terre mille tours de Babel. Il aura construit des murs sur les ruines de ceux qu’avaient élevés les Empereurs de Rome et ils sépareront une nouvelle fois des Légions et des Tribus Barbares.

 

Au-delà des grandes forêts sera un Empire.

Quand les murs s’effondreront l’Empire ne sera plus qu’une eau boueuse. Les peuples seront une nouvelle fois mêlés.

Alors commencera l’An Mille qui vient après l’An Mille. Je vois et je sais ce qu’il sera.

Je suis le scribe.

Lorsque commencera l’An Mille qui vient après l’An Mille l’homme sera devant la bouche d’ombre d’un labyrinthe obscur. Et je vois au fond de cette nuit dans laquelle il va s’enfoncer les yeux rouges du Minotaure.

Prends garde à sa fureur cruelle, toi qui vivras l’An Mille qui vient après l’An Mille. »

Puis suivent les 40 strophes de descriptions terrifiantes d’actualité… 

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Mains invisibles : Chapitre XVII : Eurydice

 

Chapitre XVII

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Eurydice

 

Le lendemain, une vedette-taxi les emmène sur le continent, à la rencontre de la Goélette repérée par Paul.

Qui espère franchement qu’elle n’a pas pris une seule goutte d’eau depuis qu’il l’a fait remettre à l’eau.

 

 « Je me nomme Eurydice. Je porte le nom de plusieurs navires qui ont sombré et qui évoque un mythe antique.

Dans l'histoire du Royaume de Macédoine, c'est le nom de plusieurs princesses. Eurydice, épouse d'Amyntas III et mère d’Alexandre II de Macédoine, de Perdiccas III de Macédoine et de Philippe II de Macédoine ;

Eurydice, fille d'Amyntas IV et de Cynané et épouse de Philippe III de Macédoine ;

Eurydice, fille d'Antipater et épouse de Ptolémée Ier ;

Eurydice, fille de Lysimaque et épouse d'Antipater de Macédoine ;

Eurydice, épouse de Démétrios Ier Poliorcète.

 

Les hommes ont donné mon nom à un astéroïde.

Le réseau Eurydice existe en ce qui concerne l'information sur l'éducation en Europe, partie intégrante du programme communautaire Socrates.

Eurydice c’est encore un opéra italien de Jacopo Peri (1600) qui est considéré comme le premier opéra véritable.

La Nouvelle Eurydice est un roman de Marguerite Yourcenar (1931).

Eurydice est une pièce de théâtre de Jean Anouilh (1941).

Eurydice c’est le nom d'un genre de crustacés isopodes décrit par Leach en 1815.

 

Mais tous se réfèrent à la mythologie grecque, où Eurydice est une dryade (nymphe des arbres). Elle est l'épouse d'Orphée, grand poète et musicien.

On raconte d’elle que, poursuivie par les assiduités d’Aristée, elle est mordue dans sa fuite par un serpent et meurt.

Orphée, son époux, c’est le fils d'Oeagre, et de Calliope. Et Oeagre était fils d'Arès. Il suivit Dionysos aux Indes et fut instruit des Mystères de Dionysos qu'il enseigna à son fils.

Orphée, l’aimé d’Eurydice, fut le poète et le citharède le plus célèbre qui n'ait jamais vécu dans l'Antiquité. Il fonda même de l'orphisme.

Dès son enfance il montra de grandes dispositions pour la poésie et la musique tel qu'Apollon lui fit don d'une lyre à sept cordes qu'avait conçue Hermès dans son jeune âge. Les Muses lui apprirent à en jouer et en leur honneur il rajouta deux cordes à sa lyre.

Il passe depuis pour être l'inventeur de la cithare.

Par sa musique, non seulement il attendrissait les bêtes féroces mais il charmait aussi les arbres et les rochers au point qu'ils se déplaçaient pour le suivre et l'écouter.

Il forma à son tour tous les grands musiciens de la mythologie : Musée que certains considèrent comme son fils, Eumolpe (ou Eumolpos), Linos qui passe pour son frère.

Jason, sur le conseil de Chiron, demanda à Orphée de se joindre aux Argonautes.

Il s'embarqua sur l'Argo pour la Colchide et sa musique et ses chants les aidèrent à vaincre de nombreuses difficultés qui se présentèrent au cours de leur expédition : le navire Argo descendit de lui-même à la mer ; Orphée immobilisa les terribles rochers mouvants, les Symplégades, qui menaçaient de briser le navire ; il encouragea les rameurs durant les longues journées de navigation et leur fournit la bonne cadence ; il charma le terrible serpent gardien de la Toison d'or.

Il vainquit les sirènes et leurs sortilèges par la puissance et la beauté de son chant mais contrairement à leur légende, les Sirènes ne se tuèrent pas après avoir laissé l'Argo s'enfuir.

 

À son retour, il épousa la très belle dryade, Eurydice dont je porte le nom et il s'installa en Thrace pour régner sur le peuple des sauvages Cicones.

Le couple vécut très heureux et selon Diodore de Sicile, il eut un enfant appelé Musée qui devint le premier prêtre de Déméter à Éleusis.

Mais ce bonheur idyllique et cet amour parfait allait être troublé par ce drame atroce.

Un jour, près de Tempé, dans la vallée du fleuve Pénée, Eurydice refusa les avances d’un dieu champêtre nommé Aristée qui se mit à la pourchasser. Ou bien dansait-elle simplement avec des Nymphes, toujours est-il qu'elle posa malencontreusement son pied nu sur un serpent venimeux caché dans l'herbe drue qui la mordit à la cheville.

Terrassée par le poisson foudroyant Eurydice s'écroula sur l'herbe tendre. En vain Orphée employa le suc bien-faisant des plantes pour détruire l'effet du poison mais rien n'y fit et Eurydice mourut.

Quand Orphée vit le corps inanimé d'Eurydice, blanche comme un lys, il comprit que la Mort avait fait son œuvre et il laissa échapper son chagrin en de longs sanglots.

Alors Orphée, inconsolable, vit que tout était perdu et il prit la décision d'aller chercher Eurydice dans le royaume d'Hadès. Il se rendit à Ténare en Laconie où se situe l'entrée des Enfers et descendit courageusement au Tartare dans l'espoir de ramener son épouse.

À son arrivée, non seulement il charma le passeur Charon, le chien Cerbère et les trois Juges des Morts par sa musique, mais il interrompit momentanément les supplices des Camnés : il adoucit à tel point l'insensible Hadès et son épouse Perséphone qu'il obtint la permission de ramener Eurydice dans le monde des vivants.

 

Hadès n'y mit qu'une seule condition : Orphée ne devait pas se retourner jusqu'à ce qu'Eurydice soit revenue sous la lumière du soleil.

Eurydice suivit Orphée dans le sombre passage, guidée par la musique de sa lyre, mais lorsqu'il revit poindre à nouveau la lumière du jour, Eurydice, ne comprenant pas pourquoi Orphée ne lui adresse pas un seul regard, le supplie de la regarder. Il cède.

Eurydice lui fait alors un signe d'adieu avant de disparaître pour toujours et c’est ainsi qu’il la perdit à nouveau.

Le pauvre garçon en fut désespéré. Il tenta une fois encore de convaincre Hadès de lui rendre son aimée. Mais il n'eut pas de seconde chance ; le dieu resta insensible à ses supplications. Le poète se retira alors dans un lieu isolé où il chanta sa peine. Et nulle jeune fille ne put jamais le consoler. 

 

D’autres navires avant moi ont porté mon nom. »

Notamment le HMS Eurydice, frégate de 26 canons. Refondu en 1876 au chantier J White's shipyard à Cowes.

C’était une frégate voilier rapide complétement-gréée, qui avait été construit en 1843 et reconvertie plus tard en un vaisseau d'entraînement à la voile.

Le 24 mars 1878 il revenait d'une croisière d'entraînement dans les Antilles avec 300 jeunes marins à son bord et 35 passagers.

À environ 13 h 30, il a été aperçu par les Garde-côte de Bonchurch vers le Spithead sous voile simple...

Vingt minutes plus tard une lourde rafale accompagnée par une tempête de neige aveuglante est venue et a attrapé complétement à l'improviste le vaisseau. En moins de dix minutes la rafale avait passé, le vent s'était apaisé, mais tout ce qui pouvait être vu de l'Eurydice était les mâts et les haubans supérieurs au-dessus de l'eau à peu près à 2 ½ miles de l'île.

Apparemment la rafale féroce avait tourné la route du vaisseau à l'est, le faisant chavirer par tribord, avec pour résultat une inondation.

Un petit schooner, Emma, qui avait réussi à survivre à la même rafale, a recueilli les quatre seuls survivants mais malheureusement deux marins sont morts plus tard.

Le chiffre des morts final était 364 officiers et hommes, dont la plupart ont été enterrés dans le cimetière à l'Hôpital Haslar à Portsmouth.

Vers la fin du mars des plans de sauver le vaisseau ont été lancés et sa carcasse a été finalement amenée dans le port de Portsmouth.

La cour martiale a rendu un verdict sur l'accident en août de 1878 et a constaté que le vaisseau avait sombré ... par la pression du vent sur ses voiles pendant une tempête de neige soudaine et exceptionnellement dense, qui l'a dépassée et aucun blâme n'a été fait au capitaine, ni aux officiers ni aux hommes de l'Eurydice…

 

Eurydice c’est aussi un sous-marin français (800 tonnes), dit « à hautes performances ».

Il a coulé au large de Saint-Tropez le 4 mars 1970.

Son numéro de coque était S644, numéro de projet Q245, faisant partie de la classe de sous-marins français Daphné, dont 11 sous-marins construits pendant les années 1950 et années 1960 pour la Marine nationale.

Mis sur cale en juillet 1958, il est baptisé le 19 juin 1960 et mis à flot le 19 juin 1962. Entré en service actif le 26 septembre 1964, il est affecté à la première escadrille des sous-marins.

Le 4 mars 1970, l’Eurydice coule corps et biens au large du cap Camarat en faisant 57 morts. La détonation sera ressentie jusqu'au port de Toulon. Il n'y a pas eu de détonation propre, mais l'implosion de la coque vers 600 mètres, profondeur théorique d’immersion de sa destruction. Le sismographe de Nice a enregistré l'implosion, comme pour la Minerve en 1968.

L'épave de l'Eurydice fut repérée et photographiée grâce au Mizar, un engin spécialisé de la marine américaine. La cause exacte du naufrage n'est pas clairement établie, l'hypothèse la plus probable est une collision avec un cargo tunisien le Tabarka sur lequel des traces de rayures récentes furent repérées sur la coque.

Déplacement : 869 t en surface, 1.043 t en plongée ; Dimensions (m) : 57,75 × 6,74 × 5,25 ; Vitesse : 16 nœuds en plongée.

Équipage : 6 officiers, 44 hommes d'équipage. Armement : 12 tubes lance-torpilles.

Propulsion : 2 groupes électrogènes, 2 moteurs électriques de propulsion, 2 hélices

Immersion : 300 m ; autonomie : 30 jours.

Une belle machine de guerre.

 

« Moi, je suis une goélette qui a vu le jour sur les chantiers de Southampton en 1968 et qui n’a pas connu de fortune de mer, ni même le destin tragique de l’antique épouse d’Orphée.

Juste quelques rafales soutenues sur de nombreuses mers du globe parfois bien formées, et des gens heureux d’y vivre de belles heures à mon bord, propriétaires ou locataires successifs.

25 mètres à la flottaison, 35 mètres hors-tout du bout du mât de beauprés à la hampe des couleurs sur le tableau arrière, 8,33 m de maître-bau, de 1,75 m à 1,25 m de franc-bord de la proue à la poupe ; pour 4,72 m de tirant d’eau sous la quille, mes lignes sont douces et fines.

J’offrais 2,05 m de hauteur sous barrot dans le carré, près de 480 m² de voilure pour un tirant d’air de 37 mètres en haut de flèche du grand-mât qui propulse mes 47 tonnes de déplacement, pour un volume fermé de 42 tonneaux de jauge brute.

Je disposais d’un immense carré de 8 m sur 5, sous lequel étaient installés mes équipements mécaniques, les réservoirs et cambuse, mon moteur diesel de 250 chevaux étant placé sous la descente en demi-rond depuis le pont, au pied de mon grand-mât.

Deux vastes cabines, équipées d’une salle de douche, étaient situées entre le carré et la soute à voile à l’avant délimitée par mon pied de mât de misaine, trois l’étaient derrière, après la descente principale (sous laquelle se situait mon moteur diesel), elles-mêmes équipées d’une salle d’eau d’un côté et de la salle des cartes avec un barre à roue de secours sur tribord, la cuisine étant située en face, sur bâbord.

Chaque compartiment débouchait sur le pont par des échelles de coupée.

J’étais habillée de boiseries vernies du meilleur effet.

Aujourd’hui, je suis toute nue, sans mes boiseries habillant mes membrures, sans mes mâts, sans même mes voiles.

Si on entre dans ma coque vide, on ne peut y voir que mon bordage, mes couples, mes ouvertures sur le pont, les tire-fond de ma quille, l’écubier et mon étambot : je suis véritablement toute dénudée !

 

Lui, je l’ai déjà vu passer. Une bonne tête d’honnête citoyen. Qui est passé me caresser la coque : il a la peau douce et saurait me charmer.

C’est grâce à lui que j’ai quitté ma cale sèche et retrouvé mon élément : la mer, les flots de la lagune pour l’heure !

Sous la lumière des étoiles et du soleil.

Le seul endroit où je me sens bien, alors que j’étais coincée dans un hangar, sous une bâche, perchée sur un « échafaudage ». Je mourais d’ennui.

C’est dire si je l’aime déjà…

 

J’ai été prévenue : je dois serrer les bordés de ma coque pour ne pas faire eau. Je ne suis pas sûre d’y parvenir. Mes planches de bois jointes ont peut-être séchées ici ou là. Le joint du presse-étoupe est peut-être disjoint.

Mais l’eau a pu gonfler les listons par où mes vernis s’étaient écaillés.

Je ne sais pas si je suis prête, mais j’ai hâte de le voir revenir tant je lui dois déjà beaucoup.

 

Et quand je l’ai vue, elle, j’ai su : ce sont eux que je veux comme armateur.

Eux, je vais les emmener loin à vivre doucement.

Elle, elle a une façon de me regarder qui me fait vibrer l’âme. Avec elle, je sais que je vais retrouver mes atours intérieurs et ma splendeur passée. Avec lui, je sais qu’il va me mener et guider avec ferveur dans les rafales, affronter la mer, mon élément, glisser dessus et dedans en douceur et souplesse.

Je les tiendrai au chaud et au sec, je les choierai avec délice.

Entre tous ceux que j’ai pu voir passer, ceux-là, je les veux ! Je les prends ! »

 

Ce n’est pas le coup de foudre immédiat, mais déjà Florence explore émerveillée le grand volume offert par cette belle coque aux lignes fines. Les mâts sont démontés, mais on y voit parfaitement les emplacements sur le pont et la quille.

Et tout le reste est nu et superbement magnifique.

Il y a bien du travail en perspective pour rendre cette coque-là habitable et agréable, mais elle se voit déjà arpenter le pont vernissé, lézarder au soleil, faire la fête avec des amis de passage sous les cocotiers ou la lune, dans un carré qu’elle veut déjà grand, chaleureux et ouvert sur l’horizon.

Alors, dès la première demi-heure, elle sort sont télémètre-laser de poche et un de ses carnets à dessins pour prendre les mesures, faire des croquis alors que Paul va de long en large sur le pont s’imaginant l’emplacement des équipements de l’accastillage, winches, écoutes, renvoi de drisses, de halebas, de hale-haut, de haubans…

Non sans avoir examiné avec minutie les traces d’humidité intérieures : l’odeur y est saine, c’est plutôt bon signe. Cette coque a passé le test de la mise en eau avec succès !

C’est dire si Eurydice est fière d’elle-même en fin de matinée.


Reste à négocier le prix et réfléchir à un chantier capable de refaire les aménagements.

La facture risque d’être sévère, même si les chantiers vénitiens restent de bonne réputation.

Un remorquage ne semble en définitive pas indispensable : Eurydice sera remise au sec pendant que Florence, architecte de formation, s’attachera à faire des plans avec l’aide de Paul qui voudrait se faciliter le travail de la manœuvre à bord avec des treuils électriques, sans pour autant mettre à mal, par les efforts imposés, la structure générale. Quelques simples calculs.

De quoi occuper les six prochains mois de loisir (en fait bien plus) et de justifier de plusieurs dizaines d’allers-et-retours depuis Paris.

Et si ce n’est par le train, il lui faudra envisager de louer un hydravion, parce que les voyages en avion de ligne, ça va finir par devenir insupportable… 

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Mains invisibles : Chapitre XVI : Harry Harrison

 

Chapitre XVI

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Harry Harrison

 

Et quand Florence et Paul, après s’être installés dans leur superbe chambre où la hauteur sous plafond décoré reste impressionnante, vont pour aller Place Saint-Marc respirer l’air de la ville et ses pigeons, Harry Harrison junior, arrivé exprès à peine 15 minutes auparavant directement par un vol privé avec escale à Londres, mains dans les poches de son blazer orné d’un gros écusson doré, leur barre poliment le passage dans le hall de l’hôtel à la façon des mâles dominants.

Il attendait dans les salons…

« Magnifique » s’exclame-t-il l’adresse de Florence lui tendant une main pour la lui serrer mollement : « Julia Roberts, si je m’abuse ? »

Il y a un peu de ça, en mieux, et ça reste flatteur aux yeux de Florence qui ne sait quoi répondre.

« Euh … non ! Florence De Bréveuil… Enfin non ! Pas tout-à-fait ! Enfin, c’est que… ce n’est pas ce que je voulais dire… »

La miss et ses embarras légendaires, tout un poème !

« Monsieur ? » intervient Paul, autre « mâle dominant » présent dans le hall.

Ils se présentent alors mutuellement.

« J’ai à vous entretenir. Souhaitez-vous que nous marchions ou préfériez-vous vous installer dans les salons afin que je puisse vous offrir une coupe ? »

Florence est prise entre deux priorités : passez quelques minutes avec cet inconnu qui la confond avec une star hollywoodienne, à siroter un champagne de luxe, ou aller voir les lueurs du soleil couchant sur le Grand-Canal au bras de Paul et se désaltérer ensuite sur la place Saint-Marc ?

C’est la seconde option qui s’impose.

Le trio marche dans l’air paresseux en direction du Caffé Florian, installé sous les colonnades de la place rebâtie dans ce style sur ordre de Napoléon.

Ils sont discrètement suivi par deux G-men qui suivent « junior » comme son ombre et à courte distance.

 

Le Caffè Florian, c’est le plus ancien, le plus célèbre et le plus luxueux café de la place Saint-Marc de Venise, fondé en 1720 par Floriano Francesconi.

Il est situé à côté du campanile de Saint-Marc.

Le 29 décembre 1720, Floriano Francesconi, ami de tous les notables de Venise, inaugure son célèbre café sous le nom de Venezia Trionfante (Venise triomphante en italien) sous les arcades des procuraties neuves de la place Saint-Marc avec vue sur la basilique et le campanile de Saint-Marc. Les clients le rebaptisent rapidement par le nom de son propriétaire : caffè Florian.

Doges de Venise, aristocrates, ambassadeurs, riches marchands, artistes, hommes de lettres, Goethe, Alfred de Musset, George Sand, Giuseppe Verdi, Lord Byron, Giacomo Casanova etc. sont des habitués.

Grâce à sa popularité, durant le carnaval de Venise, des personnes costumées entrent dans le café pour boire une tasse de thé ou de café, mais surtout pour attirer l'attention des touristes qui peuvent facilement les photographier depuis les six grandes vitres.

 

À l'intérieur, le café au charme délicat de bonbonnière se divise en six petits salons. La « salle des Grands Hommes » qui tire son nom des nombreux portraits de célèbres vénitiens peints par Giulio Carlini (Carlo Goldoni, Francesco Morosini, Titien, Marco Polo, Andrea Palladio, Dandolo...), la « salle des Saisons ou des Miroirs » décorée par Porta, la « salle du Sénat » qui expose des œuvres d’art et des sciences, la « salle Liberty » aux voûtes décorées, lambris et miroirs peints du début des années 1900.

La « salle orientale » et la « salle chinoise » rappellent l'époque où l'on consommait du Malvasia et des vins d'Orient.

La terrasse sur la place Saint-Marc, accueille normalement un orchestre de chambre permanent à la belle saison.

 

« J’ai beaucoup entendu parler de vous, Monsieur… » fait leur accompagnateur en français, avec un fort accent américain, de celui qui avale tout ou presque et roule un peu les « r ».

Ce n’est pas la réciproque : ni Paul ni Florence ne connaissent « Junior » (quatrième du nom en dira-t-il plus tard pour souligner l’ancienneté de sa famille).

Ils notent qu’il ressemble de loin à Klaus Kinski, l’acteur au visage ravagé de larges et profondes rides sur le visage.

Sans doute la taille est semblable, pour toiser le bonhomme de plus d’une tête.

Sitôt installé, Florence commande une flûte alors que les deux hommes portent leur choix sur le « Spritz » local, boisson orange, noyée dans une nuée de glaçons, à base d’Apérol et de vin blanc pétillant, un peu plus fort que le champagne…

 

« Je dirige plusieurs entreprises philanthropiques aux États-Unis.

Je suis au courant depuis des années de vos exploits dont a bénéficié mon pays, ce qui vous a valu les deux des plus hautes distinctions décernées, même à des étrangers, par les deux plus hautes autorités de mon pays… Permettez-moi de vous féliciter et de vous remercier ! »

Florence écarquille les yeux, une fois de plus, mais évite de faire une nouvelle gaffe en buvant son champagne, regrettant la boisson à base d’orange de ses voisins, sans rien dire, cette fois-ci : mais quel est donc l’homme qui lui a fait un enfant ?

« Savez-vous que j’ai également appris récemment que sa Sainteté Benoît XVI se propose de vous distinguer dans l'Ordre du Christ… »

Les nouvelles vont vite suppute Paul : son vis-à-vis est sûrement un personnage très important pour espionner ainsi directement soit l’évêché de Paris, soit la Curie romaine !

« … et que sa très gracieuse Majesté Elizabeth II s’apprête également à vous recevoir pour vous élever au grade de Chevalier du « Royal Victorian Order », l’ordre royal de Victoria, au rang « Knight Grand Cross », autrement dit le GCVO ou « Chevalier Grand-croix », emportant l’usage du titre de « Sir ».

Autrement dit, vous voilà destiné à devenir un pair du royaume, pour ne pas avoir à être confondu avec la simple « Victoria Cross » qui reste somme toute assez banale au Royaume-Uni… »

Ah, là… Paul n’est pas au courant.

 

« Chez nos « cousins » britanniques », continue-t-il, « les décorations, bien que décernées par la reine, le sont sur la proposition du gouvernement ou des ministres de la couronne. La reine Victoria ne sachant que faire pour distinguer personnellement ses plus éminents sujets, elle s’inspira des plus anciens ordres comme l’ordre de la Jarretière et l’ordre du Chardon. Et c’est ainsi qu’elle a établi les six grades de l’Ordre royal de Victoria en avril 1896.

Il est décerné suivant les seules volontés du souverain aux personnes qu’il souhaite distinguer, sans consultation du Premier ministre – ce qui était une nouveauté à l’époque de sa création. »

Paul en est fort-aise, même s’il reste très surpris pour n’en avoir pas encore entendu parler, et reste « tête-droite » sans aucune une réaction.

En revanche, Florence s’étouffe dans son verre à l’énoncé de la nouvelle.

Mais pourquoi, semble quémander ses yeux ?

« Vous m’en voyez flatté, mais comment savez-vous tout ça, Monsieur Harrison ? »

 

Il sait tout de tout ce qui se passe autour du globe.

« Si je comprends bien la décision du Vatican, c’est qu’ils sont sûrs de vous devoir encore quelques années de paix sur la chrétienté. Quant aux britanniques, ils vous doivent bien plus et même une très fière chandelle !

Sans votre à-propos et votre sens des responsabilités, peut-être qu’il ne se serait rien passé, même si personne n’en saura jamais rien. En revanche, vous êtes passé au bon moment au bon endroit, avez fait ce que le bon sens vous commandait de faire pour que les jeux olympiques se déroulent sans catastrophe. »

Mais de quoi parle-t-il, demandent toujours et avec insistance les yeux de Florence ?

« C’est un juste retour des choses que j’approuve personnellement, pour ma part.

Un jour, je vous raconterai ce à quoi nous avons échappé grâce à vous. À moins que ce ne soit que partie remise.

Avez-vous jamais lu les prophéties de Jean-de-Jérusalem ? »

Il en avait parcouru quelques résumés pendant ses soirées d’étudiant : sans intérêt pour lui à l’époque.

 

« Je vous en ai apporté deux copies. L’une enluminée par les copistes du moyen-âge et en Latin, l’autre, dactylographiée dans une traduction contemporaine en français. Lisez les avant qu’on ne se recroise et on en rediscutera… »

Qu’il sache qu’ils ne font qu’un court séjour dans la ville.

« Il n’empêche, j’aimerai vous présenter à quelques amis qui organisent une fête au palais des Doges en mon honneur demain soir.

Sachant que je vous trouverai ici à ce moment-là, je me suis permis d’inviter Paul Allen avec qui vous avez des relations épistolaires. Et il ne s’est pas fait prier pour renouer depuis votre rencontre au salon du Bourget de 2011.

Comme ça, vous ne pouvez pas dire non. »

Mais pourquoi ?

« Je n’ai rien à me mettre… » intervient Florence ! « Ça ne va pas être possible… »

Enfin, peut-être qu’elle voulait dire que ça ne l’emballe pas trop, finalement.

« Venez en touriste, comme vous êtes actuellement. Vous êtes absolument ravissante telle quelle ».

 

Quoiqu’on puisse lui trouver une robe décente dans les rues d’ici, en 24 heures, non ?

Même si finalement ça a été un peu « compliqué », bien plus que de trouver un smoking potable et ce, grâce au concierge de l’hôtel qui s’est vraiment mis en quatre.

Paul est tellement ravi de saluer Paul Allen : leurs plans d’aller dans les étoiles n’avaient pas avancés, en tout cas du côté de Paul de Bréveuil…

« C’est entendu comme ça. Je vous enverrais un coursier chargé de vous guider. Demain à 20 heures au Danieli ! »

Et le bonhomme se lève, salue et s’en va. Les deux hommes au complet noir et lunettes de la même teinte se lèvent également et escorte Harry Harrison Junior… le IVème.

 

La soirée est merveilleuse et Florence est autant ravie que ravissante à déambuler dans le centre de Venise… à pied.

Ils ont pris chacun une Calzone, une bouteille de Chianti pour deux, ont fait du lèche-vitrines et sont rentrés à leur hôtel.

(…) 

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Mains invisibles : Chapitre XV.2 : Cité des Doges (2/2)

Chapitre XV.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Cité des Doges (2/2)

 

Le déclin commença avec la progression turque en Méditerranée, qui la priva progressivement de toutes ses terres grecques, à l'exception des Îles Ioniennes, et de ses accès aux débouchés de la Route de la Soie, qui fut en plus très touchée par la peste noire.

Malgré la victoire sur les Turcs à Lépante en 1571, la république de Venise perdit encore de son importance commerciale à cause du détournement du commerce européen vers les océans après la découverte de l'Amérique.

Mais Venise maintient son rayonnement culturel, en devenant la ville européenne la plus élégante et raffinée du XVIIIème siècle, avec une forte influence sur l'art, l'architecture et la littérature.

 

Redevenue politiquement un État italien parmi d'autres, elle fut annexée par Napoléon Bonaparte le 12 mai 1797, durant la première coalition. L'invasion des Français mit un terme à près de 800 ans d'indépendance ! Napoléon fut cependant perçu comme une sorte de libérateur par la population pauvre et juive de Venise, république aristocratique où le pouvoir et la plupart des richesses étaient monopolisés par quelques familles. Napoléon supprima les barrières du Ghetto ainsi que les restrictions de circulation imposées aux Juifs.

En 1797, par le traité de Campo-Formio, Napoléon livre Venise et ses territoires aux Habsbourg en échange de la Belgique, puis il la leur reprit en 1805 pour l'intégrer au royaume d'Italie dont il se fit couronner roi, avant que la ville ne soit intégrée dans l'Empire d'Autriche de 1815 à 1866.

La domination autrichienne sur Venise et la Vénétie ne s'acheva que le 3 octobre 1866 après sa défaite de Sadowa contre l'alliance Prusso-Italienne.

Venise devint un chef-lieu de province italien et au fil du temps l'un des hauts lieux du tourisme mondial.

 

Après la Première Guerre mondiale, l'Italie revendique à l'Autriche vaincue l'ensemble des territoires jadis vénitiens, mais se heurte aux revendications yougoslaves et n'obtient au Traité de Rapallo que l'Istrie, la ville de Zara en Dalmatie et les îles de Veglia, Cherso et Lagosta.

Le ressentiment développé à ce moment contribuera au succès ultérieur de Mussolini.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'Italie perdit aussi ces possessions au profit de la Yougoslavie, ne conservant que Trieste qui ne fait pas partie des territoires jadis vénitiens, mais où les populations italophones expulsées de Yougoslavie se réfugièrent.

 

Venise occupe une situation géographique exceptionnelle en mer Adriatique. Les Vénitiens établirent leur ville en enfonçant des pieux en chêne et en aulne dans le sol sablonneux.

Sur ces fondations, ils bâtirent des maisons et des palais et entamèrent un combat contre le mouvement continuel des marées.

La ville est parcourue par 177 canaux (dont le plus important est le Grand Canal), 455 ponts (le plus souvent arqués pour laisser passer les bateaux). Elle y a 123 églises et s'étend sur 118 îles situées entre l'embouchure de l'Adige (au sud) et du Piave (au nord).

Les principales autres îles de la lagune sont : le Lido, Murano, Burano, Torcello.

Sans oublier : San Michele (l'île cimetière de la ville), San Erasmo, Mazzorbo, Le Vignole, Certosa, San Francesco del Deserto, San Giacomo in Paludo, San Servolo, San Lazzaro degli Armeni, Giudecca.

Elle est découpée en six quartiers historiques appelés les sestieri : San Marco, Castello et Cannaregio sur la rive gauche du Grand Canal et Santa Croce, San Polo et Dorsoduro sur l'autre rive.

Le quartier de San Marco et la basilique du même nom constituent le cœur de la cité.

Le quartier de Castello recouvre toute la partie sud-est de Venise. Son nom serait lié à la présence légendaire d'un château ou bien encore à la curie patriarcale qui se trouvait à cet endroit.

Le quartier de Cannaregio occupe toute la partie de la ville comprise entre le Rialto et la gare ferroviaire. Il est nommé ainsi en raison du caractère rectiligne des canaux qui le parcourent (canal reggio).

 

Sur l'autre rive, Santa Croce et San Polo doivent leur nom à deux églises (la première, étant détruite).

Dorsoduro s'appelle ainsi en raison de l'altitude du sestiere (désignation traditionnelle locale du quartier) qui est plus élevé que les autres. En conséquence, pendant les épisodes d'« acqua alta » (hautes eaux), il est moins souvent inondé.

 

Le centre historique est entièrement piétonnier, les canaux faisant fonction de route, et les divers bateaux qui traversent seulement le Grand Canal, le Canal de la Giudecca et la lagune autour de la ville, sont le moyen de transport public.

Venise est une ville unique où l'on se déplace presqu'exclusivement à pied. On y trouve aussi des taxis d'eau - petits bateaux motorisés qui peuvent transporter de huit à dix personnes – et des gondoles asymétriques – petites embarcations à l’unique aviron, très légères. Le transport privé des Vénitiens au moyen des bateaux motorisés ou à avirons est limité aux excursions dominicales. Le transport traditionnel est la gondole vénitienne, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonies, mariages et enterrements), ou plus grande et richement décorée, pour les joutes nautiques.

Son coût est en effet prohibitif. D'ailleurs, il n'en reste que 425.

D'autres modèles d'embarcations plus ou moins grosses sont destinés aux transports commerciaux, pilotées par un barreur et un ripeur.

Les vaporetti desservent les différentes îles en sillonnant les principaux canaux.

Ainsi que les traghetti, des gondoles à deux rameurs pour piétons qui assurent la traversée du Grand Canal à quelques endroits dépourvus de ponts.

À cela s'ajoutent toutes sortes d'embarcations publiques et privées tels que les canots à moteur et le transport commercial.

 

La navigation maritime et lagunaire resta le seul moyen de transport existant à Venise jusqu'à la construction au XIXème siècle d'un pont ferroviaire, le Pont des Lagunes.

Inauguré en 1846, il permit de relier la gare de Venise-Santa-Lucia, construite en 1860, au reste du continent. La gare devint un terminus des trains de nuit, amenant au cœur de la cité, à deux pas du grand canal, les voyageurs venant des capitales européennes.

Sous le régime fasciste, une liaison routière, le Pont de la Liberté (Ponte della Libertà), inauguré en 1933, fut également établie, menant à un grand parking sur l'île artificielle de Tronchetto en périphérie nord.

Une navette monorail (people mover) relie Tronchetto à la Piazza Roma où se situe la gare ferroviaire.

En 2007, Venise a accueilli 21 millions de touristes. Le tourisme génère un chiffre d'affaires d'environ 1,5 milliard d'euros par an.

Un montant sans doute sous-estimé car de multiples transactions sont effectuées au noir.

 

Si les bâtiments de Venise sont construits sur des piliers de bois, ils sont exposés à la menace de marées, notamment entre l'automne et le début du printemps. La ville est périodiquement inondée. C'est ce que les Vénitiens appellent « l’acqua alta ». Ce phénomène s'explique par la réunion de plusieurs facteurs naturels : attraction lunaire, et surtout le sirocco, vent chaud venu d'Afrique qui empêche la lagune de se vider, les marées hautes se succédant les unes aux autres.

Ce phénomène a toujours existé, mais s'est largement amplifié ces dernières décennies sous l'influence conjuguée de plusieurs causes relatives au climat et à l'activité humaine : la montée générale du niveau des mers (eustatisme) ; l'affaissement du sol (subsidence) : d'importants puits ont été creusés au XXème siècle pour pomper dans la nappe phréatique, ce qui a fragilisé les terrains déjà instables. Enfin les perturbations dans l'hydrographie : la modernisation du port a entraîné le creusement de canaux profonds pour permettre le passage de gros navires.

La mer s'engouffre ainsi beaucoup plus facilement dans la lagune.

Les conséquences sont importantes dans la vie quotidienne des habitants, qui doivent abandonner les niveaux inférieurs des maisons et emprunter des systèmes de passerelles pour se déplacer. Mais les conséquences les plus importantes sont la détérioration inexorable des monuments historiques et de l'habitat due à la montée des eaux et l'apport qui s'ensuit de produits nocifs à la pierre et à la brique.

 

Le problème des vagues en lagune (moto ondoso) est lié à l'accroissement du trafic des bateaux à moteur dans les canaux de la ville et en lagune. Il fragilise les fondations des constructions, érode les rives et fragilise les quais. Dans la lagune, il entraîne la disparition des barènes, bancs alluvionnaires indispensables à son équilibre. Plusieurs problèmes se conjuguent. D'abord, les bateaux sont de plus en plus nombreux pour satisfaire les besoins des touristes et sont de plus en plus gros. Des centaines de paquebots entrent chaque année en lagune pour rejoindre la gare maritime située à San Basilio, sans oublier les navires de commerce servant les industries installées à Marghera. Enfin, les bateaux, avec l'amélioration des moteurs, vont de plus en plus vite, créant des vagues toujours plus fortes. Pour autant, depuis peu des contrôles de vitesse sont effectués : ainsi la vitesse est limitée à 5 km/h dans les canaux de la ville et à 15 dans la lagune.

 

Les îlots de la lagune de Venise, composés de matériaux de remblais et alluvionnaires, ne permettaient pas de construction traditionnelle car le sol humide et instable ne pouvait supporter le poids des bâtiments. La solution a été l'utilisation de pilotis, permettant la construction au-dessus de l’eau. La technique consiste à enfoncer ceux-ci dans le sol afin de leur faire porter une plate-forme constituée de madriers en chêne et en mélèze solidement attachés les uns aux autres, consolidant et nivelant le terrain. Ainsi par exemple, afin d’ériger la Basilique Santa Maria della salute, les Vénitiens utilisèrent 1.006.657 pilotis de 4 mètres de long, en chêne, aulne et mélèze.

Les contraintes liées à une construction sur l’eau avec des pilotis comme fondations font que les palais sont conçus à l’inverse des règles traditionnelles de l’architecture. En effet si dans les palais terrestres, l'usage veut que l’on commence par les fondations sur lesquelles on pose l’infrastructure destinée à supporter le poids de l’ensemble architectural, à Venise la méthode est totalement inversée : on pose d’abord une grande « boîte » sur des portiques afin de transmettre la charge directement aux pilotis des fondations par un système d'arcs et de voûtes appropriés.

 

Dans Venise il y a près de 84 églises pratiquement intactes et des centaines de demeures richement meublées et décorées avec art : de vrais palais !

Les campaniles sont des clochers qui ont pour particularité d'être excentrés et parfois non attenants à leur église. Ils ont tous une architecture différente et servent de points de repère dans la ville.

Quand l’un tombe sous son propre poids, il est rebâti comme celui de la place Saint-Marc haut de de 98,6 mètres, le 14 juillet 1902 à 10 heures, reconstruit à l’identique et inauguré le 25 avril 1912, à l'occasion de la fête de Saint-Marc, exactement 1.000 ans après la fondation de l'édifice original. 

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Mains invisibles : Chapitre XV.1 : Cité des Doges (1/2)

 

Chapitre XV.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Cité des Doges (1/2)

 

Dans l’intervalle, entre Noël 2012 et le premier jour de l’année 2013, pour se détendre, c’est l’escapade à Venise, en compagnie de Florence alors qu’Annabelle est à peine sevrée et même pas encore baptisée à Saint-Julien-le-pauvre, parce que Notre-Dame de Paris, c’est compliqué et pas très intimiste.

Un déplacement à la rencontre d’« Eurydice », la goélette restée en panne au fond de la lagune qu’un broker a signalé à Paul en milieu de trimestre.

Il a même fait un aller et retour rapide en voiture depuis Aubenas pour voir « l’engin », complétement désossé de ses aménagements intérieurs, et demander sa remise à l’eau pour vérifier sa capacité à flotter.

 

Cette fois-ci, ils y vont en avion. Naturellement, Florence reste surprise au dernier degré quand elle voit débouler tout l’équipage du vol Alitalia qui demande à tour de rôle un autographe à Paul.

Même le commandant de bord et son co-pilote !

« Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ? L’avion peut voler sans son pilote ? »

Non, ce n’est pas ce qu’elle voulait dire… Mais tout de même.

Paul doit se faire une raison : s’il veut voyager incognito par la voie des airs, il lui faudra désormais soit emprunter les avions de chez Dassault, soit se mettre aux commandes d’un à louer…

Comment expliquer tout ça à Florence ? De toute façon, elle ne le croirait pas…

Le tour du monde par les pôles sans escale, elle ne savait que celui par les trois-caps et à la voile… Pas le premier.

Le Boeing tombé au milieu d’une tempête dans l’atlantique où Paul a pu ramasser la totalité de l’équipage et des passagers… inconcevable !

Et encore, ne sait-elle pas les missions de récupération en milieu hostile des pilotes de guerre en Afghanistan ou ailleurs, ni l’écho reçu à l’occasion de la patrouille « Charlotte » !

Que des légendes forcément incroyables, pour une béotienne comme elle…

 

Sortie de l’aéroport « Marco-Polo » par les salons « VIP » et un petit salut protocolaire et chaleureux du directeur et de son équipe naturellement, c’est direct et en taxi-vedette pour une traversée de la lagune jusqu’aux abords de l’Hôtel Danieli.

Là, de toute façon, ils vous reçoivent comme un prince des mille et une nuits : on rentre dans la « norme », peut-on dire.

La chambre est luxueuse, bien sûr, décorée avec goût et raffinement, robinetterie et poignées de fenêtre à l’ancienne, mais donnant sur le canal latéral. Pas grave pour y dormir…

 

Venezia, ses 270.000 habitants, dont ses 61.000 « intra-muros », sur ses 41.594 hectares, dont 25.302 sont recouverts par les eaux lagunaires. Les localités de la terre ferme occupent une superficie de 13.028 hectares, le Centre historique ne mesure à peu près que 800 hectares et les principales îles, environ 2.186 hectares.

Une ville plantée en zone perpétuellement inondable au milieu de la lagune, surnommée la « Cité des Doges » ou la « Sérénissime », capitale de la… Vénétie.

Une cité lacustre fondée peu après 528, elle fut la capitale pendant onze siècles (697-1797) de la République de Venise qui votera plus tard pour son indépendance.

Une ville célèbre pour ses canaux, sa place Saint-Marc devant sa Basilique du même nom qui accueille la dépouille de l’apôtre du même nom ramené d’Égypte antique : toute la chrétienté témoignant ainsi de sa réalité historique à travers un bloc de pierre scellé sous l’hôtel principal !

Là, même les athées ne peuvent plus nier.

Son palais des Doges ainsi que son carnaval. Venise, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, il faut ça !

 

Les clés de la domination économique de Venise sur l'Italie au Moyen Âge, ce sont l'insularité et l'aisance navale des Vénitiens qui n'a cessé de croître pendant plus d'un millénaire.

La région à l'extrémité nord-ouest de la mer Adriatique, son cul-de-sac, où se jettent plusieurs fleuves issus des Alpes, est habitée dès l'Antiquité par des pêcheurs, mariniers et sauniers. Elle fut nommée Venetia du nom des Vénètes, ancien peuple italique intégré dans la République romaine dès le IIème siècle av. J-C.

Les invasions des Goths d'Alaric Ier et des Huns d'Attila poussèrent les populations locales à se réfugier dans les îles des marais situés le long de la mer Adriatique, près du delta du Pô.

Selon la légende développée ultérieurement par les Vénitiens pour démontrer l'ancienneté de leur cité et la lointaine origine de leur liberté, Venise aurait été fondée le 25 mars 421 dans les îlots du « rivus altus, » qui deviendra le Rialto.

 

La région échut au royaume ostrogoth puis fut reconquise avec le reste de l'Italie par le général Bélisaire, devenant une province de l'Empire romain d'orient sous Justinien Ier.

Fondée au VIème siècle par des habitants des régions voisines, venus se réfugier en nombre dans les îles de la lagune après l'invasion de l'Italie du nord par les Lombards en 568, cette zone marécageuse, difficile d'accès pour des navires à quille, était restée sous la juridiction de l'exarchat de Ravenne, province de l'Empire romain d'Orient.

Elle fut initialement un refuge de la civilisation romano-byzantine mais au fur et à mesure de son développement, son autonomie s'accrut pour aboutir à l'indépendance.

Car, profitant de l'antagonisme entre l'exarchat de Ravenne et les Lombards, les Vénitiens élargirent leur marge de manœuvre politique et se dotèrent d'un pouvoir local incarné par le premier duc ou « doge », Paolucio Anafesto (697-717), personnage situé aux confins de la légende et de l'Histoire.

Mais la cité ne devint réellement indépendante qu'après le retrait des Byzantins de l'Adriatique, peu après l'an 1000, lors de l'émergence du royaume de Hongrie.

La cité-État s'appuya dès lors sur la mer pour étendre son pouvoir.

 

Venise n'eut pas de constitution propre. En effet, la définition des attributions et le mécanisme des institutions gouvernementales relevaient à Venise du droit coutumier. Les organes de décision gouvernementaux formaient une pyramide dont l'Assemblée populaire était la base et le doge le sommet.

Entre les deux siégeaient le Grand Conseil, les Quarante et le Sénat, puis le Conseil ducal.

Cette organisation politique dont les traits se dessinent au XIIIème siècle se maintiendra jusqu'en 1797.

Le quadruplement de la puissance navale dans le premier tiers du XVème siècle, fait de l'Arsenal de Venise la plus grande usine du monde, employant jusqu'à 16.000 personnes, derrière une enceinte secrète de 25 hectares.

L'activité navale est portée par le dynamisme du quartier d'affaires vénitien.

 

Le commerce du sel, puis l'expansion commerciale vers la Méditerranée orientale, entraînèrent une forte croissance de la ville. Ce n’est qu’après la 4ème croisade, que Venise se détourna sur Constantinople. La République s'empare des richesses de l'Empire byzantin et constitue son propre empire maritime constitué par la plupart des îles grecques et dalmates.

Elle le complète en conquérant la Dalmatie continentale, l'Istrie et un vaste domaine entre les Alpes et le Pô, incluant les cités de Bergame, Brescia, Vérone, Padoue, Trévise et Udine.

Elle entre alors en conflit avec Gênes, sa grande rivale en Italie du nord et en Méditerranée.

L'apogée de cette lutte sera la quatrième guerre génoise, autrement nommée guerre de Chioggia.

Venise en sortit vainqueur, mais très épuisée.

Le traité de Turin, en 1381, ne lui fut pas particulièrement avantageux : malgré sa victoire, Venise dut renoncer à des territoires et concéder certains droits à sa rivale.

Elle perdait Trévise et la Dalmatie qui revenait au roi de Hongrie. Cependant elle conservait ses institutions et ses principales colonies.

 

La ville a armé une flotte de 6.000 galères, lui permettant de prendre des risques, sous forme de convois réguliers, pour régner sur la mer Méditerranée. Le quartier du Rialto est la première bourse organisée, selon l’historien Fernand Braudel.

Les marchands y échangent des participations dans les galères vénitiennes, mises aux enchères selon le système de « l’Incanto des galées » du marché.

Venise devient alors le plus important port de Méditerranée, surclassant Constantinople.

Il lui fallut conquérir des terres sur la lagune. 

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Mains invisibles : Chapitre XIV : L’affaire « Kakazucack »

 

Chapitre XIV

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

L’affaire « Kakazucack »

 

Le mardi 4 décembre éclate, mollement d’abord, l’affaire Kakazucack et le premier « Scud » dont l’ordre de tir avait été donné la veille au soir depuis les bureaux du Kremlin-Bicêtre, l’entretien avec Denis Lespoix à peine terminé.

Le ministre délégué au Budget auprès du ministre de l'Économie et des Finances est jusque-là considéré comme un des « poids lourds » du gouvernement et comme « incarnant la ligne de fermeté budgétaire » dans un contexte de crise économique. Avant l'élection du président Landau, il était député socialiste et président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Et encore avant chirurgien plasticien et capillaire de profession, non sans s’être enrichi dans l’entourage d’un ancien ministre de la santé de « Tiersmirant », Monsieur « Néron Taulard » dont il faisait partie comme conseiller en charge de l’agence du médicament et divers achats d’équipements lourds.

 

Peu après sa nomination au gouvernement, il commande une expertise à propos de la vente de l'hippodrome de Compiègne, pour laquelle un de ses prédécesseurs au ministère du Budget est placé sous le statut de témoin assisté pour « prise illégale d'intérêts » devant la Cour de justice de la République (CJR), une affaire dont il sortira totalement blanchi à la fin de l’année 2013.

Le rapport, daté du 22 juillet 2012, remet en cause le travail des trois experts de la Cour de justice et disculpe l’ancien ministre.

Cette affaire aurait retenu la curiosité de l'équipe rédactionnelle du site d'informations en ligne Mediapart qui s'interroge déjà sur la raison de ce « cadeau » fait à l’ancien, également inquiété dans l’affaire « Bêtencourte ».

 

À compter du 4 décembre 2012, le site d'information en ligne publie plusieurs articles affirmant que le ministre du budget a possédé un compte bancaire non déclaré en Suisse, à la banque de gestion de fortune UBS, et ce jusqu'au début de l'année 2010 (le compte aurait été clos et l'argent déplacé à Singapour avant qu’il ne devienne président de la commission des finances de l’Assemblée nationale).

L’intéressé dément immédiatement cette information, sur son blog, et par voie de presse. Le premier article cite aussi le mémoire d'un agent du fisc du Lot-et-Garonne, « Dorémi Gars-nié », adressé en 2008 à sa hiérarchie, dans lequel il évoquait « un compte bancaire à numéro en Suisse » ouvert selon lui par le ministre.

Celui qui est passé entre les mains de la DRM à un moment ou à un autre…

 

Plusieurs responsables politiques de droite comme de gauche demandent alors d'apporter des preuves.

Le lendemain 5 décembre, Mediapart met en ligne un enregistrement, présenté comme un échange entre le ministre et « Hervé Dréfusse », son gestionnaire de fortune en 2000, qui corrobore les informations publiées.

On y entend : « Moi, ce qui m'embête, c'est que j'ai toujours un compte ouvert à l'UBS, mais il n'y a plus rien là-bas, non ? La seule façon de le fermer, c'est d'y aller ? (…) Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques (...). Il faut ma signature (…) C’est extrêmement chiant. Il faut y aller, moi je ne peux pas y aller, je vois pas comment faire. (...) Surtout qu’il n’est pas exclu que je devienne maire au mois de mars, donc je ne tiens vraiment pas du tout à ce qu’il y ait la moindre ambiguïté. (…) Surtout que d’une certaine manière, les avoirs restent à l’UBS et que d’ici on peut gérer. C’est un jeu d’écriture pur et simple. »

Le même jour, en réponse au député UMP « Daniel Face-quelle » qui l'interpelle sur le sujet, le ministre affirme devant l'Assemblée nationale qu'il n'a « jamais eu de compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant ».

Le ministre reçoit le soutien de l'Élysée, de Matignon et des ministres du gouvernement, et les réactions de l'opposition sont curieusement jugées comme modérées. Et pour cause comme on le comprendra plus tard.

Le 7 décembre, une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Paris, à la suite de la plainte pour diffamation déposée contre Mediapart.

Le 14 décembre, l’administration des impôts demande à son ministre de signer un document attestant qu’il n’avait pas de compte caché en Suisse.

Ce dernier n’a pas donné suite à cette demande.

 

Le 15 décembre, « Michel Gamelle », ancien bâtonnier du barreau d'Agen et ancien maire RPR de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), prend contact avec « Alain Zébulon », directeur de cabinet adjoint du président de la République, qui fut sous-préfet de Villeneuve-sur-Lot entre 1997 et 1999, pour certifier l'authenticité de l'enregistrement révélé par Mediapart, qui avait été effectué accidentellement sur son répondeur en 2000. Il se dit également prêt à le fournir à la justice et à témoigner devant un juge.

« Alain Zébulon » en informe le Président de la République.

Entre-temps, le 17 décembre 2012, le virus installé depuis l’ordinateur de Denis Lespoix se réveille et détruit les tables d’index de tous les disques-durs qu’il avait pu pénétrer…

En parallèle, le 21 décembre 2012, Mediapart révèle que la direction régionale des finances publiques de Paris-Sud effectue des « vérifications approfondies » sur les déclarations de l'impôt de solidarité sur la fortune de son ministre de tutelle pour les trois années 2010 à 2012 et « dont la sincérité pourrait être remise en cause », ce que dément la direction générale des Finances publiques (DGFIP) alors que Mediapart maintient ses affirmations.

Le ministre serait soupçonné d'avoir sous-évalué le montant de son appartement parisien, d'avoir déduit un prêt parental déjà remboursé, et de ne pas avoir déclaré certains biens.

 

Le 29 décembre, le directeur de Mediapart, écrit une lettre au procureur de Paris pour lui demander l'ouverture d'une enquête sur le fond des faits qui ont été révélés.

Le parquet de Paris ouvrira, le 8 janvier 2013, une enquête préliminaire pour « blanchiment de fraude fiscale » et confiera l'enquête à la brigade nationale de répression de la délinquance fiscale. Plusieurs personnes susceptibles de détenir des informations seront auditionnées : l'épouse du ministre, le gestionnaire de fortune « Hervé Dréfusse », l'ancien juge « Jean-Louis Fougère », qui a détenu une copie de l'enregistrement, l'agent du fisc « Dorémi Gars-nié », qui avait fait part à son administration, dès juin 2008, de ses soupçons sur le compte suisse du ministre et d'autres soupçons de fraude fiscale.

Le 16 janvier 2013, « Michel Gamelle » est auditionné pendant plusieurs heures par les policiers de la Division nationale des investigations financières et fiscales (Dniff). Il remet une copie de l'enregistrement téléphonique.

Le 24 janvier 2013, le Procureur de la République de Paris apprend d'un premier résultat d’expertise de la police technique et scientifique (PTS) que l'enregistrement n'est pas truqué.

Le même jour également, en parallèle à l'enquête conduite par la justice, le ministre de l’Économie et des Finances le ministre de tutelle et des finances demande à la Suisse si son ministre du budget a détenu un compte (à l'UBS) dans ce pays : la réponse est couverte par le secret fiscal, mais d'après Le Journal du dimanche, les autorités suisses auraient exclu qu’il ait pu avoir un compte (à l'UBS) depuis 2006, ou qu'il ait pu en fermer un d'après Le Nouvel Observateur.

Cette dernière interprétation serait « inexacte » selon une source judiciaire, citée par une dépêche de l'agence Reuters et selon Mediapart.

L'interprétation qui avait été faite était celle d'un compte en Suisse, alors que la demande ne concernait qu'un compte à l'UBS sur les 377 banques en Suisse.

Le 19 mars 2013, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X pour enquêter sur des soupçons de « blanchiment de fraude fiscale » et « perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale ».

Le président de la République, annonce le même jour le départ du ministre du gouvernement, « à [l]a demande de ce dernier ».

Pourtant il réaffirme son innocence et explique cette décision par sa volonté de se consacrer à sa défense. Il est remplacé à son poste par le ministre délégué aux Affaires européennes.

 

À la suite de son aveu du 2 avril 2013, où il annonce, sur son site internet, détenir 600.000 euros sur un compte à l'étranger il demande « pardon » au président de la République et au Premier ministre, pour le « dommage causé ». Ces aveux qui font suite à la découverte par la justice suisse d'un compte lui appartenant, qui lui attire de très nombreuses critiques, en particulier du Président qui parle d'« impardonnable faute morale », et du premier ministre, qui l'appelle à « ne plus exercer de responsabilités politiques », alors qu'il pourrait automatiquement retrouver son mandat de député un mois après son départ du gouvernement.

Le président de l'Assemblée nationale, reçoit le 18 avril la lettre de démission de son mandat de député.

Mais ce n’est pas tout. Entre-temps, l’ex-ministre s’enfuit chez des « amis sûrs » et avec son chien.

Le 24 avril 2013, sur proposition du président du groupe UDI, l'Assemblée nationale décide, à l'unanimité, la création d'une commission d'enquête (composée de trente députés), relative à l'action du gouvernement entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013.

Il en ressortira également une loi applicable au 1er janvier 2014, où 8.000 élus, hauts fonctionnaires et patrons d’entreprises publiques seront astreints chacun à une déclaration de patrimoine.

Ça, c’est pour l’aspect « contre-attaque » proposée par Gustave Morthe de l’Argentière dont il avait été question fin novembre 2012 dans un des « petits-salons » de chez « Maxim’s ».

Elle a loupé complétement sa cible et aura eu des conséquences inattendues dans la vie politique du pays par ailleurs en pleine crise économique, sociale et financière sévère.

 

En fait, l’amiral aura avoué plus tard à Paul, que de toute façon, le ministre était dans la ligne de mire de l'armée française et les industriels de l'armement comme l’avançait le magazine suisse « L'Hebdo ».

Le ministre du budget souhaitait supprimer 31 régiments dans l’armée de terre, vendre le porte-avions Charles-de-Gaulle, annuler les commandes d'hélicoptères de combat Tigre et de sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda, et d’arrêter la production des Rafales en violation des accords passés.

Il souhaitait aussi renégocier les contrats d'achats en cours avec le groupe industriel Marcel Dassault.

Dès lors, un collectif d'officiers de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur aurait donné à la justice des informations sur les comptes à l'étranger, pour détenir une copie de cet enregistrement, communiquée au juge « Fougère » le 12 novembre 2006. Ce dernier l'aurait fait circuler « parmi ses relations à la Direction centrale du Renseignement intérieur ».

Mais « L'Hebdo » ne citant pas ses sources, cette rumeur ne sera pas reprise que par le journal « La Croix » et « France-Intox ».

Puis, elle s’est évanouie…

 

Il n’empêche, dans les états-majors, il n’est désormais plus question que de tels épisodes ne se reproduisent, économies à faire ou non.

Le nouveau format des armées est donc repoussé avec des objectifs de « fin de mandat ».

Les avions voleront moins mais en échange le ministère fera un chèque d’un milliard d’euros à l’avionneur des Rafale pour le moderniser.

Tous les navires resteront 3 jours de plus dans leurs ports, mais le budget prévisionnel du « grand carénage » de 18 mois du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle sera maintenu pour 2016.

Quelques régiments seront dissous et les personnels réaffectés, mais en douceur.

Les OPEX se succéderont : le Mali puis la Centrafrique après le ratage en Syrie contre Hassan qui gaze ses propres populations (rebelles) en août 2013 et encore plus tard en 2014.

Malgré l’échec d’un tir de missile balistique nucléaire, le programme de « mise à niveau » de la FOS est maintenu.

Et puis, au summum des pressions, il est confié à l’armée les moyens d’une « cyber-défense », incluant la mise sous tutelle de tout l’espionnage électronique sur le territoire, sans contrôle de juge-judiciaire, aux dépens de la police et de la DCRI (d’ailleurs démantelée, éparpillée par ailleurs).

De quoi calmer un temps les « étoilés ».

Parce qu’il est alors promis, dès le premier trimestre de 2013, mais l’information sera éventée en mai, puis en juillet 2013, puis réitérée par le ministre de la défense qui annonce en fin d’année 2013 des REX (Recettes exceptionnelles) à venir pour financer les dépassements budgétaires des OPEX (Opérations Extérieures) et autres coûts, et notamment un grand-emprunt de 12 milliards d’euros, qui ne sera pas mis en place.

L’argent récupéré par Paul, sur les « queues » des détournements d’antan serviront alors à maintenir la pression à la baisse sur les taux auxquels emprunte le Trésor public, contre toute attente : un « effet de levier » qui démultiplie la capacité de prêts des marchés par simple « suivisme » des principaux investisseurs.

C’est tout le travail de Paul et de sa petite équipe début 2013.

 

Du coup, si le 14 juillet 2013 aucun matériel lourd n’a défilé sur les Champs-Élysées comme habituellement « sur ses chenilles », ce n’est pas tant que le goudron ait été à refaire « dans les virages », mais bien plus en raison des menaces d’un « putsch des capitaines » si les choses ne rentraient pas dans l’ordre…

La menace a été prise très au sérieux dans les états-majors et la descente des Champs-Élysées du président Landau, ce jour-là, a donné des sueurs froides aux services de sécurité : des milliers, peut-être même des dizaines de milliers de « badauds » huaient copieusement le passage du président depuis les trottoirs.

On y a vu pêle-mêle des « bonnets rouges », des bonnets-frégiens, des pancartes anti-mariage pour tous et tant d’autres…

Car, après le vote du « mariage pour tous », après l’introduction de la théorie du genre dans les collèges (elle était déjà enseignée dans les lycées), la rentrée aux nouveaux rythmes scolaires ne se faisant qu’en septembre 2013 et la circulaire sulfureuse du ministre de l’éducation nationale sur les « différences sexuelles » un peu passée inaperçue, l’indice d’insoumission de la troupe grimpe alors à des degrés jamais atteints.

Et si ce n’est ce 14 juillet-là, il y en aura d’autres.

Les rendez-vous républicains ne manquent pas, ni les raisons de gronder et de se révolter non plus, avec la taxe-poids-lourd, la révolte des bonnets-rouges, après les poussins, les pigeons, les dindons et autres volailles à plumer, et le dernier matraquage fiscal voté fin 2013… Rien ne manque pour une révolte en bonne et due forme !

Revenons à fin 2012…

 

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Mains invisibles : Chapitre XIII.1 : Contrôle fiscal… (1/2)

 

Chapitre XIII.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Contrôle fiscal… (1/2)

 

Fin novembre, Denis Lespoix se présente pour la première fois dans les locaux du Kremlin-Bicêtre, mais c’est dans l’après-midi du 3 décembre que les choses se gâtent.

 

Officiellement, pour compléter ses propositions de redressements sur la MAPEA, Lespoix a en effet besoin de passer par Paris, dans les locaux du Kremlin-Bicêtre où Paul lui a proposé de faire son ESFP et la vérification des comptes de CAP-Investigations qu’il avait pu partiellement reconstituer entre-temps en demandant, durant tout le mois de novembre, le plus de copies possibles à ses banquiers et fournisseurs.

« Vous verrez, c’est moins sécurisé qu’à Aubenas et on peut y discuter et travailler plus facilement. »

Ce fameux lundi 3 décembre, Jean-Charles est présent ainsi que l’amiral qui vient en repérage, pour emménager dans une pièce voisine du premier étage.

Effectivement, les échanges sont nettement moins tendus et Lespoix se laisse aller à des confidences, même s’il reconnaît Jean-Charles croisé à Aubenas.

« Lui, c’est mon fiscaliste personnel. Un ancien de votre maison. »

Et les voilà qui papotent boutique, coups marquants, services, procédures, collègues croisés et autres pendant près d’une heure, avant de passer aux choses sérieuses.

 

« C’est très simple » finit-il par lâcher quelques jours après avoir terminé son travail de vérification, dans l’après-midi.

« Pour CAP-Investigations, vous n’avez pas de comptabilité probante à me soumettre, la faute à l’incendie qui a ravagé vos locaux en 2011.

Je vais donc vous proposer, dans le cadre d’une procédure d’imposition d’office comme c’est prévu par la loi dans ce cas de figure, de vous taxer sur les recettes encaissées de 2009, 2010 et 2011, moyennant un abattement de 50 % pour tenir largement compte de vos éventuels frais. Idem pour la TVA.

Je pourrai « estimer » les deux dernières années en partant des chiffres de 2009, mais je vous fais une fleur.

L’assiette est incontournable, puisque j’ai vos relevés bancaires, et l’estimation de vos frais ressortent également de vos dépenses de salaires, Urssaf, EDF, assurance etc. réellement décaissées en 2009. »

Eh ho ! Ça ne va pas ! Tout a été détruit, il n’y a pas d’activité en 2010 ni 2011 et il est resté un passif qui n’a pas été totalement épongé. Normalement, avec le mécanisme du carry-back, c’est le fisc qui doit de l’argent aux associés de la boutique.

 

« Pas du tout ! », fait-il calmement, un sourire narquois aux lèvres. « Dans cette hypothèse, vos salaires sont rejetés au titre des dépenses déductibles et traités comme d’un dividende… par nature non-déductible. Vous en êtes d’accord Jean-Charles ? »

Euh… C’est la logique fiscale.

« Pas d’accord dites-donc. J’ai y bossé, moi, et j’ai même cotisé dessus ! »

Justement…

« Parlons-en ! À la même époque vous êtes également le directeur général de la MAPEA et rémunéré à cet effet. Ça ne vous gêne pas d’avoir double-salaire, par hasard ? Or, si vous faites un mi-temps ici et un autre là-bas, je regrette, mais je rejette la moitié de vos salaires et charges sociales sur la MAPEA ! »

Cinglé…

Jean-Charles en tousse bruyamment à plusieurs reprises, là, mal à l’aise !

« Bon, ce n’est pas tout ça, mais d’une part, vous remettez ça quand vous êtes réintégré en qualité de secrétaire général de la MAPEA alors même que d’autre part vous avez une activité de marchand d’alcool bien plus lucrative ! »

D’accord, tout ça a été déclaré en bonne et due forme et les impôts payés en totalité.

« Non pas vraiment. CAP-Investigations a touché 3,5 millions d’euros en 2009 qui transitent par votre compte personnel au titre de la clause de croupier de vos statuts que je ne remets pas en cause, et qu’on retrouve quelques jours plus tard sur celui de la MAPEA. Et sans qu’on sache d’où vient cet argent à l’origine. Expliquez-moi ! »

Non, justement, c’est impossible à expliquer.

 

« C’est une prime exogène que j’ai investi dans la recherche sur un prototype d’avion financé par la MAPEA. »

Oui, il sait : c’est l’usage qui en a été fait, mais ça n’explique pas l’origine première des fonds.

« Notez que vous n’avez pas déclaré cette somme dans vos déclarations personnelles et que j’estime à 15 millions d’euros les frais de ce prototype qui ne correspond aucunement à l’objet social de la MAPEA ! »

Comment ?

« Mais c’est de la recherche sur nos céramiques pour les futurs vecteurs des missiliers ! En plein dans nos futurs marchés d’avec l’armée ! Vous plaisantez j’espère ! »

Pas du tout !

« Ce n’est pas l’objet social de la société, et je rejetterai également les dépenses afférentes, de ce que j’ai pu en estimer des comptes analytiques, au titre du crédit-impôt recherche et développement qui vous ont été octroyé sur ce projet ! Crédit qu’il s’agira de rembourser par la MAPEA ».

Il redressera et pour le même motif, la dépense à l’IS et il sera bien gentil de ne pas saisir « son ami » le procureur général de cet abus de bien social si le redressement est accepté sans discuter, pénalités et intérêts de retard inclus.

Et comme il s’agit de dépenses réellement décaissées, il demandera les noms des bénéficiaires de l’avantage en nature ou soumettra à pénalités chez la MAPEA et IR-CSG chez le bénéficiaire désigné. « C’est la procédure ! »

Il est fou se demande Paul qui voit déjà le déluge arriver de loin : IR et CSG sur les 3 millions et demi, plus sur les 15 millions qu’a pu coûter les travaux sur le prototype…

Ira-t-il jusqu’à rejeter les factures de locations de certains équipements ?

La tension monte d’un coup, avec la température de la pièce.

 

« Mais expliquez-moi pourquoi vous n’avez pas déclaré ces 3,5 millions qui ont transité par CAP-Investigations ? »

C’est une somme exonérée. « Regardez donc dans le Code des douanes ! Si je comprends bien, vous allez proposer de l’intégrer dans un redressement d’IS de CAP-Investigations, puis dans mon IR personnel, alors que j’ai abandonné cette somme à la MAPEA… »

Ce n’est pas marqué comme ça dans les comptes, mais il veut bien la prendre comme d’une recette supplémentaire à soumettre à l’IS, si telle est le cas.

« … puis vous refusez de déduire les dépenses correspondantes et en plus vous ramassez le crédit-d’impôt recherche sur celles-ci ? Autrement dit, vous vous payez trois fois sur la même somme ! » Hors les pénalités dont on ne sait pas pour l’heure si elles sont de « bonne ou de mauvaise foi », et la sauce qui va avec…

Presque quatre fois corrige Jean-Charles. « Une fois chez CAP, une autre fois chez toi, une troisième fois chez MAPEA a minima au titre des dépenses et une quatrième au titre du crédit-d’impôt. Et encore, il ne t’a pas parlé de la cascade… »

C’est quoi ça ?

 

« S’agissant de sommes encaissées comme des recettes, il s’agit donc d’une activité économique soumise à la TVA. Mais vous savez que la TVA n’est pas déductible sur les assiettes d’impôts directs, mais seulement sur elle-même. En conséquence, elle est due sur ces sommes. Comme vous me demanderez le bénéfice de la cascade qui correspond à la neutralisation de la TVA sur les assiettes des directs et que vous n’avez pas fait de CA3/CA4 ni de CA12 sur ces montants, par la force des choses, je suis donc en droit de vous redresser les assiettes d’impôt direct sur les montants auxquels vous auriez pu avoir droit à ce titre. »

Oui, bon. C’est de toute façon un vrai gag, là !

Payer de la TVA là où il n’y en a pas et se faire neutraliser la déductibilité par un procédé retord, c’est dément…

Mais « légal », rajoute Jean-Charles…

Il est dans quel camp, au juste, celui-là ?

 

Puis il reprend : « Vous dites qu’il s’agit d’une indemnité exonérée au titre du code des douanes, justifiez-en ! »

Justement, il ne peut pas.

« Si je le fais, nous sommes tous les deux des hommes morts ! Secret d’État oblige ! Or, j’imagine que vous n’avez pas envie de mourir tout de suite et ma fille n’a pas encore un mois. J’ai aussi envie de la voir grandir un peu malgré votre totale connerie. »

Très bien. Donc, ce n’est pas tout.

« Ça, c’est pour les deux gros postes vous concernant. J’en ai un troisième relatif à vos déplacements en Chine, en orient, aux USA et ailleurs, mais il faut que je vérifie les montants dans vos comptes, qui restent des dépenses personnelles d’un point de vue fiscal et qui n’ont pas à être affecté sur vos recettes de vente d’alcool. Je ne vois pas l’intérêt de voyager à 4 sur ces diverses destinations … exotiques sans ramener la moindre commande alors que l’essentiel de votre activité de vente d’alcool n’est jamais située que sur les campus français. »

Ce qui n’est pas vrai.

Il fallait aussi chercher des stocks d’alcools « exotiques » à présenter aux prospects, pour emporter des commandes, même s’ils n’en ont pas achetés eux-mêmes.

Des frais de développement eux-aussi déductibles, en principe.

Et puis il s’agit surtout des missions sur le J20 chinois et le T50 russe, les rencontres en Californie, au Texas pour revendre les actions des sœurs McShiant, le détour sur New-York pour castrer le « banquier des pauvres », bref, tous ces « faux-frais » dont « même pas un ticket de métro » n’a eu à être remboursé par le ministère commanditaire, selon les vœux de l’amiral…

Qui pour l’occasion se faufile dans la pièce, attiré par les haussements de ton et qui s’installe silencieusement sur une chaise au fond de la pièce.

 

« Bien sûr, il y en a autant sur la MAPEA, mais assez peu vous concernant. C’est plutôt Madame Nivelle qui se paye une partie de son train de vie sur l’assiette imposable de la société, et quelques cadres qui abusent. D’ailleurs, je remets en cause bien des dépenses de votre successeur en qualité de DG, Monsieur Schmouller, sa voiture, son assurance article 39, ses frais de logement, etc. »

L’assurance, elle n’a jamais été payée. Les frais d’hôtel et de restaurant, ils sont normalement comptés en forfait de « long-séjour » par l’Urssaf.

Et pas son salaire démultiplié, à lui ?

Jean-Charles est atterré.

 

Et ce n’est pas fini !

« J’ai pu également noter que vous avez été l'unique gérant légal d’un Fonds de dotation pendant les quelques mois de son existence, fin 2009. »

Là, c’est la guerre, pense Paul pour lui-même… Jean-Charles est tétanisé, se souvenant de l’épisode du juge qui débarque avec deux flics de la section financière dans les locaux parisiens de la MAPEA en sortant leurs flingues de leurs étuis et qui seront repartis après un seul coup de téléphone au général Wimereux, au ministère quand ses commandos ont débarqué…

Quant à l’amiral, il change de fesse sur son siège en se raclant la gorge discrètement.

Et l’autre de poursuivre avec un sourire malicieux : « Si j’ai bien compris les différents rapports et relevés, 35 milliards d’euros ont transité sous votre responsabilité. Je suis sûr que si je vous demande d’où viennent ces sommes, vous ne me répondrez pas. Naturellement, puisqu’il s’agit de fonds venus de l’étranger. Pas plus si je vous demande ce que vous en avez fait… »

Jean-Charles l’interrompt : « Désolé, tout cela est couvert par un rescrit ministériel ! Je l’ai moi-même fait signer par les autorités compétentes. »

Donc il sait ce que « Monsieur DE Bréveuil » en a fait. « Ne serait-ce pas de l’enrichissement personnel ? Auquel cas, je suis dans l’obligation de redresser l’ensemble au titre de l’assiette de l’IR, de l’ISF, la TVA, naturellement, en neutralisant les effets de la cascade s’il s’agit d’une activité assujettie, et de la CSG & CRDS… vous comprenez bien, vous et personne d’autre, en votre qualité de gérant du fonds dissout ! »

On vient de lui dire qu’il y a un rescrit.

« Montrez-le-moi ! »

Ce n’est pas de leur compétence et c’est couvert par le « secret d’État ».

« Pas pour la fisc ! »

Il n’a pas tort, mais il n’est pas question de laisser un connard pareil le soin de décortiquer le problème. Sauf s’il avait été habilité « secret d’État ». Or, il ne l’est même pas pour les « secrets-défense »…

« Faudrait que voyez ça avec l’Élysée. Ils ne m’ont refilé la légion d’honneur pour la couleur de mes yeux, à votre avis ?… »

Ce n’était pas pour ça, mais tant qu’à faire… 

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Mains invisibles : Chapitre XII : Démarches spirituelles ?

 

Chapitre XII

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Démarches spirituelles ?

 

C’est aussi l’époque de la fin des « concours anglais », où il s’agit de revendre aux sœurs McShiant la part minoritaire que Paul portait pour leur rendre service… Une belle « petite plus-value » d’1,3 M£ que Paul prend la précaution, cette fois-ci de laisser, au moins pour un petit bout nécessaire à payer les frais d’acte promis par Jacques, en compte chez Lady Joan.

Elle a fait le déplacement à Neuilly pour venir voir la tronche d’Annabelle, la toute-neuve fille de Florence et de Paul…

Et faire la gueule de n’avoir pas pu accoucher des œuvres de Paul de son côté.

 

Là, ce n’est pas pour l’amadouer à lui tirer les vers du nez sur l’oreiller, elle ne sait rien hormis pas grand-chose sur la gestion du trust, mais tout simplement parce que la plus-value est exonérée en Grande-Bretagne, là où l’hérésie des taxations françaises nouvelles et frénétiques lui en aurait encore pillé plus de la moitié.

L’objectif est de laisser passer la fin d’année et de ne recouvrer les soldes que l’année suivante, le temps de réfléchir à une « utilisation optimale ».

Pas encore encaissées, les sommes ne sont pas encore imposables nulle part.

Où les effets psychologiques de Denis l’inspecteur aberrant.

Elle lui propose d’ailleurs à cette occasion de monter un FCC provisoire, de droit britannique, là où Paul commence à réfléchir à quelques paradis fiscaux exotiques, tellement Lespoix lui perturbe quand même et parfois le sommeil.

 

Puis un retour sur Paris s’impose. La belle-famille lui impose de baptiser sa fille. Selon le rite catholique-papiste, en pense-t-il.

Comme justement, à ce moment-là, il est « convoqué » par Monseigneur André Vingt-trois, il en profitera pour organiser le principe de la cérémonie.

Il n’empêche, c’est encore un moment poignant dans la vie d’un homme tel que Paul, déiste de formation mais mécréant dans le respect de tous les cultes de la planète, quels qu’ils soient.

Peu avant la fin du mois, Paul répond ainsi à l’invitation singulière de Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, accompagné de deux de ses quatre évêques.

Est aussi présent le nonce déjà croisé à Lyon dans les locaux d’Interpol six mois auparavant.

 

Il avait été prévenu en aparté quelques jours avant par l’amiral Gustave Morthe-de-l’Argentière chez Maxim’s, où il est question de distinguer Paul de Bréveuil par son élévation au grade de chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, une décoration accordée par le Saint-Siège, à titre civil ou militaire. Fondé le 1er septembre 1831 par le pape Grégoire XVI en l'honneur du pape saint Grégoire (590-604), il fut modifié le 30 mai 1834.

Honneur que Paul refuse tout-de-go pour ne pas vouloir assumer le privilège de le partager avec Buisson, l’âme noire de « Krasoski », le président sortant, et Jean-Claude Gaudin, le marseillais…

Il n’a rien à faire avec ces gens-là !

Et puis Paul estime ne devoir rien recevoir pour des exploits qui n’ont rien d’exceptionnels. Il a juste fait ce pourquoi il était là à ce moment-là, au bon endroit et avec les moyens disponibles.

Il n’y a aucune gloriole, même papale, à en tirer.

« Mais mon fils, il ne s’agit pas d’un honneur ! »

Ah ? Paul n’a pas tout compris, alors. Lui venait juste pour organiser le baptême de sa fille. Le reste, tout le reste, c’est du passé.

Et puis recevoir une médaille religieuse pour avoir tué un homme, ce n’est pas très … catholique, à son sens…

« Pour éviter la mort de 80.000 personnes et bien plus que cela ! Éviter l’embrasement de la planète dans l’abîme d’un chaos destructeur ! »

Il ne faut rien exagérer non plus, hein !

Le nonce reprend son exposé : « Il ne s’agit pas d’un honneur, mais seulement d’une distinction. »

Sûrement un jésuite qui fait dans l’épistémologie, pense Paul. Tout-à-l’heure, il va pontifier à gloser sur les nuances existantes entre « célibat » des prêtes et les vœux de « chasteté » des ordres réguliers monastiques…

Il y a une nuance qui échappe effectivement et depuis toujours à la plupart du commun des mortels resté définitivement et indécrottablement niais sur le sujet, la chasteté emportant abstinence sexuelle et donc au minimum le célibat, alors que le célibat n’emporte ni abstinence, ni chasteté !


« Parfois, les forces de l’Esprit-saint ont besoin d’une « main invisible », comme d’un vecteur pour transmettre aux hommes de bien les choix conformes à la Volonté divine. Il n’y a pas de mystère là-dessous, je vous rassure, puisque l’idée revient à Platon qui l’a énoncée le premier.

À nos yeux, une « main invisible » qui ne peut être que mue par le Saint-Esprit vous a guidé tout au long de votre parcours à la poursuite « d’Ahmed-le-diabolique » jusqu’à ce qu’il soit anéanti, lui et ses projets.

N’avez-vous pas entendu à ce sujet la « novice-Sarah » ? »

Plutôt la lieutenante Matilda, oui !

« Monseigneur, avec tout le respect que je vous dois, Matilda qui m’accompagnait au Portugal, ne vous a-t-elle pas rapporté quelques-uns de mes dires sur tous ces sujets ? »

Si, bien sûr.

« Votre chemin de foi ne nous regarde pas. Nous avons chacun le nôtre et ils sont tous différents les uns des autres. Personne ne vous juge. Ce qui nous importe ce sont les faits objectifs. Et ceux-ci nous conduisent à voir en vous quelqu’un qui a été « distingué » parmi la foultitude des enfants du Seigneur notre Dieu Souverain.

L’objet est simplement de vous reconnaître comme tel. Que vous le vouliez ou non d’ailleurs. »

Peut-être, mais alors de toute façon pas dans un ordre qui accueille aussi des fachos.

« Ils ne le sont pas tous et ceux qui pourraient l’apparaître à vos yeux ne l’ont pas toujours été. Alors que d’autres peuvent le devenir. Ce n’est pas important vous dis-je : à chacun son chemin de foi. »

 

Puis un autre : « Vous avez déjà été « distingué » par les américains et par deux fois, et des deux plus hautes distinctions de leur pays. Vous l’êtes également depuis l’été dernier par le Président Landau. Avez-vous vraiment fait le tri des « fachos » et des autres avant d’avoir accepté ? »

Non, c’est vrai. Mais il ne collectionne pas les médailles pour le plaisir et n’agit pas non plus en vue de telles « distinctions ».

« Naturellement ! Il y a également une autre façon de vous faire voir les choses. Pour les français, la légion d’honneur est devenue tellement banale, que je ne sais pas si ce que je vais vous dire s’applique. En revanche je suis sûr et certain que pour la médaille du Congrès et la Médaille de la Liberté américaine, il a s’agit de vous faire entrer dans un cercle restreint pour dire à tous, « Celui-là, il est des nôtres ! On n’y touche pas ! ».

Comprenez-vous ce que je veux dire ? »

Pas vraiment…

« Pour nous aussi. Il s’agit de faire savoir que vous êtes un être particulier aux yeux du Saint-Esprit. Différent. Soutenu et guidé. Au moins une fois. »

Et donc de justifier ainsi de la théologie de l’Esprit-Saint ?

« Oui ! Aussi. C’est une confortation de notre foi et de celle des fidèles, à n’en pas douter. »

Honnête le gaillard, pour une belle récupération.

« Alors Ok pour le principe. Mais faites donc quelque chose de « significatif ». De marquant ! »

 

C’est là que l’idée des prélats se porte sur l'Ordre du Christ (ou Ordre Suprême de Notre Seigneur Jésus-Christ), la plus haute distinction pontificale, si sa Sainteté approuve cette décision.

L'ordre a été créé en 1319 par Jean XXII. Il trouve ses origines dans l'ordre des Templiers dont est aussi issu l'Ordre du Christ décerné par les rois de Portugal.

Il ne comporte qu'une seule classe et se porte avec la médaille en sautoir et la plaque sur le côté gauche de la poitrine.

« Très bonne idée. Parce que j’en ai soupé des templiers et des banquiers portugais, figurez-vous ! Très aimables, sans doute très efficaces, mais diablement omniprésents. Si eux acceptent cette décision, alors je l’accepte aussi. »

Décision d’autant plus forte de sens, qu’avec la mort du roi Baudouin des Belges en 1993, il n'y aurait plus aujourd'hui aucun membre vivant de l'Ordre, excepté Paul…

Encore faut-il en convaincre sa Sainteté le Pape Benoît XVI…

« Oui mais alors, pour le baptême de ma fille, je fais comment ? »

Paul et ses urgences… Un beau pied de nez, en tout cas, l’idée de l’ordre de Baudouin ! 

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Mains invisibles : Chapitre XI : Affaires de famille…

 

Chapitre XI

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Affaires de famille…

 

Paul prend congé et file ensuite chez son frère en voisin et à pied. Le cabinet du grand-père étant situé plus haut sur l’avenue du Faubourg-Saint-Honoré, posé après l’avenue Matignon.

Toujours cette histoire d’indivision à régler…

« Tu as l’air en pleine forme, Paul ! » fait Jacques en l’accueillant… Mais c’est tout de suite pour lui sortir une vacherie : « Je pensais que ton contrôle fiscal t’aurait fait passer quelques nuits blanches ! »

Et pourquoi donc ? Paul n’est pas un fraudeur… S’il passe des nuits blanches, c’est pour biberonner Annabelle.

Ça se passe bien au moins ?

« À merveille ! Je ne savais pas que c’était aussi reposant, un contrôle. On en fait toute une montagne, d’habitude ! »

Tant mieux, tant mieux… « Mais sache que nous avons quelques spécialistes ici-même. Ils se feront un plaisir de t’aider. »

Paul a déjà tout ce qu’il lui faut sur place.

« Ne t’en fais pas, ça ne donnera rien : il s’y prend comme un manche et tes potes ne sauront jamais de quoi il retourne. »

En revanche, ça va saigner pour ceux-là mêmes, si on en croit les prétentions et raisonnements de l’amiral qu’il vient de quitter. Mais il ne le lui dit pas.

« Bon, tu sais au moins que tu es tonton ? » Oui, par le biais de la famille. Les cousines Arlette, Huguette et Pierrette le lui ont fait savoir, parce qu’il est justement en affaires avec elles pour épurer l’indivision successorale de leur grand-père, en l’absence du tonton-indigne, leur père à elles.

« Ah oui ! Je les ai revues récemment. Elles ont fait le déplacement à la clinique de Neuilly pour voir Annabelle et sa mère… qui se portent bien, merci pour elles, toi qui sait prendre des nouvelles de la famille, à l’occasion. »

Vacherie pour vacherie, puisque Jacques ne s’était même pas déplacé, ni n’avait téléphoné.

Faut dire que Paul non plus pour les deux gamins de Jacques et de Francine, sa première épouse : il était « en opération » les deux fois. Et quand il a appris, il s’est fendu d’un télégramme et de quelques hochets des « mers-exotiques » de là où il croisait.

« Bon, tout ça pour me proposer quoi, mon grand-frère rescapé de l’Arrco ? »

 

Et Jacques de lui refaire l’historique de la succession de Charles de Bréveuil, leur grand-père. Le cabinet d’avocat, son vaste appartement parisien, plus un bel appartement donnant sur la croisette à Cannes et une maison en Normandie, du côté des plages du débarquement.

« On est tous, les cousins germains, en indivision sur le reste du patrimoine, à savoir le cabinet. Et moi j’ai besoin de ressortir mes minoritaires à l’occasion du départ des deux associés de Grand-père. Minoritaires dont tu es. Depuis peu, de 30 % chacun, toi, tu restes à ce niveau, mais moi j’ai racheté encore leur 30 %. Après que tu me cèdes tes parts, parce que ce n’est pas conforme au statut des SCP, tu n’es pas avocat, je serai à 90 % plus mes deux associés chacun à 5 %. Tu saisis ? »

Oui, mais les « trois-cochonnes » de cousine, justement ?

« Tu sais que grand-père avait déshérité le tonton, suite au scandale de l’avoir découvert en train de sucer la bite de son clerc. Il lui a fait une avance d’hoirie sur l’appart’ de Cannes à imputer sur sa part réservataire où il est censé être allé vivre. Mais en fait, on ne sait pas où il se trouve. Peut-être aux USA, parce qu’il a revendu Cannes il y a quelques années.

Mais ce n’est pas que ça… Prévoyant, il avait fait un testament au profit de la génération suivante, nous aux droits de papa, et les cousines sur la quotité disponible.

Elles ont reçu l’appartement parisien qu’elles louent depuis fort longtemps et nous deux le cabinet et la maison de Cabourg. Ce qui était équitable.

Le tout assorti d’un droit de suite sur les seules parts du cabinet, au cas où l’une d’entre-elle, ou l’un de leur mari pourrait reprendre la suite pour prêter serment ! »

Ce qui n’est pas le cas, mais comme il peut encore y avoir descendance, Jacques a souhaité les désintéresser définitivement.

« 300.000 euros chacune, c’est cher, mais c’est fait. Logiquement, et pour être équitable, je t’en dois donc la moitié du triple, pour valoriser tes parts. »

Il rigole, là, où quoi ? La moitié du triple de 300 ou de 900 plaques ?

« Tu comptes quoi, là-dedans ? »

Un peu moins d’un an de chiffre d’affaires.

« Parce que tu veux me faire croire que tu ne fais qu’un million de CA, toi ? Allo-quoi ? Non, mais je rêve, là ! T’es avocat à la Cour ou t’es un pisse-merde ? »

Ce n’est pas comme ça qu’il faut compter !

Et tiens donc.

« – Mon chiffre, il est à moi et j’ai déjà payé les droits de succession dessus…

– …Comme moi d’ailleurs.

– Oui, sauf que ce chiffre-là était « historique » et que moi j’ai développé l’affaire depuis. Pas toi. Donc, il faut ôter les minoritaires actifs et garder seulement le « fonds de commerce ».

Le pas-de-porte, pas le droit de présentation.

Non, ce n’est décidément pas comme ça qu’il faut compter selon Paul.

« D’abord tu n’as racheté qu’un droit de suite sur la moitié aux cousines, alors que je suis associé à part entière pour la moitié des 60 %. Y’a des nuances qui t’échappent, même à toi le juriste. Et puis à propos de pas-de-porte et autre droit au bail, le grand-père, il avait bien acheté les locaux ici, non… ? »

Réponse gênée de Jacques.


« Oui, oui… euh, en effet… Sauf qu’en fait, s’il était à l’actif de l’activité, j’ai revendu le premier étage pour assumer un prêt à une SCI personnelle qui a racheté les 4ème, 5ème et 6ème étages au fil de notre développement. En fait, dans les 450.000 que je retiens, c’est tout droit inclus, à savoir la valeur du 1er étage où grand-père s’était installé avant-guerre. »

Paul ne veut pas comprendre, reniflant l’entourloupe…

« Excuse-moi, mais un étage entier de 250 m² dans ce quartier, ça vaut au minimum 12 à 15.000 euros du mètre si ce n’est plus. Alors 30 %, il va falloir que tu rajoutes 900.000 euros pour que je ne te réclame pas l’arriéré sur les loyers impayés depuis des années… »

Et puis avec quoi il a racheté les étages supplémentaires dans sa « SCI personnelle » ?

« Un emprunt bancaire… »

Sans apport, sans caution, juste sa bonne gueule et une hypothèque de premier rang ?

« Excuse-moi frérot, tu ne m’avais pas fait signer des procurations pour vendre Strasbourg, la pharmacie de maman et la maison de la grand-mère, à une époque. Il est où le fric ? »

Effectivement, reconnait de plus en plus gêné Jacques. Parce que voilà, si on liquide toute l’indivision, ça donne un calcul qui n’arrange pas du tout Jacques.

Son frère pourrait être compréhensif : il n’était question que des parts du cabinet. C’est lui qui se tuait à la tâche pour conserver le patrimoine familial pendant que Paul naviguait à se faire plaisir autour du monde sur tous les bateaux de la royale et à piloter tous les avions casse-gueule qu’il souhaitait avec ses impôts.

« Oui et alors ? Ça fait combien pour que je signe ton bout de torchon si on compte tout ? »

Et là, le frère Jacques change ses plans et s’embrouille dans ses décomptes, parce qu’il comptait intégrer aussi la Maison de Cabourg du grand-père, tel que ce devait être Paul qui doive de l’argent à Jacques pour lui permettre de remettre au pot en restant majoritaire dans le cabinet.

« Si tu reprends Cabourg, la maison de Normandie qui m’était réservée par préciput, puisqu’à la mort de maman, il aurait dû te revenir celle de Trouville si elle ne l’avait pas vendue avant. Il y a 600 m² plus 3 hectares de terrain partiellement constructible. Je te fais le lot à un million et non pas trois qu’elle vaut et on n’en parle plus… »

Maison de Trouville revendue pour racheter à Strasbourg, puis revendue par Jacques pour se payer la moitié de l’immeuble du Faubourg-Saint-Honoré…. Idem pour les pharmacies normande puis alsacienne si on compte bien…

Et il compte se payer avec une soulte de 100.000 euros en plus, c’est ça ?


« – On ne peut pas faire moins, vis-à-vis du fisc, même en considérant que nous sommes en indivision même avec les charges qu’il y a dessus…

– Tu n’as rien compris, Jacques ! En partant du principe que je reprends Cabourg et la vieille Marie-Louise qui entretient la baraque, c’est toi qui me dois encore, au bas mot, 750.000 ! Je dis « et encore », parce que tu vends combien à tes américains ? »

Jacques ne répond pas, très embarrassé… Paul annonce alors : « C’est simple, sois tu prends les résultats du cabinet en y incluant les salaires des associés et on multiplie par 10 ans, sur lesquels on applique le coefficient de 30 % de mes droits sur les parts originelles, soit on prend une année de CA et on applique le même coefficient. »

Que ça va devenir impossible pour Jacques.

« Tu veux me ruiner, ou quoi ? » fait Jacques en désespoir de cause. « Merde, tu es mon frangin et on ne peut même pas discuter ? » s’emporte-t-il.

Et Paul de rappeler les événements récents.

« Je te signale que si tes potes de l’Arrco t’avaient fait la peau, Francine et tes gosses auraient eu à récupérer et valoriser tes parts et moi j’aurai revêtu la robe pour le faire au mieux… Alors, tu veux voler tes gosses ou les miens ? »


C’est plus compliqué que ça. Pour être avocat, il faut des diplômes…

« J’ai toutes les équivalences que tu veux, alors que toi tu n’as pas les miennes avec ton bac plus 5 en droit du patrimoine ! Il me suffirait de prêter serment. »

Vraiment impossible pour Jacques.

« 500.000 et la maison ! C’est ma dernière offre ou c’est toi qui prends la tête du cabinet… J’ai déjà refilé 900.000 aux cousines. »

Juste pour un rachat du « droit de suite » ? Il est bien généreux avec les trois « cochonettes » et bien pingre avec son propre frère, non ?

Comme il veut. « C’est vraiment parce que tu es mon frangin et que je t’aime bien, sans ça, je t’aurai fait cracher jusqu’à ton appartement à Neuilly en plus de la maison de Cabourg, figure-toi ! »

Parce que l’héritage de leur mère, qu’elle avait conservé par effet du contrat de mariage assorti d’une donation au dernier vivant, ils n’en avaient pas vu la couleur pour avoir été investi dans les étages du cabinet rue du Faubourg-Saint-Honoré où ils se trouvaient.

L’amour fraternel ? Il plaisante, à ce prix-là…


Pour en finir, Jacques préparera les papiers de la sorte, pressé par les américains qui veulent conclure avant la fin de l’année, à condition que ce soit à Paul d’assumer le coût des actes, publicité et enregistrement inclus, ce qu’il concède pour pas que la discussion s’éternise à en devenir « méchante ».

Et les deux frères se séparent, mécontents, chacun en ayant la très nette impression de s’être fait rouler par l'autre.

Il en va souvent ainsi dans les histoires de famille… 

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Mains invisibles : Chapitre X.5 : Fin 2012, deux mois chargés (5/5)…

 

Chapitre X.5

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Fin 2012, deux mois chargés (5/5)…

 

Et chez les vétérans ?

Pour l’heure, il ne sait pas. Mais leurs associations devraient « bouger » tôt ou tard.

« Pas très brillant, dites-donc, Amiral. Et vous voulez vraiment apporter de l’eau à leur moulin en provoquant un scandale sur la tête du ministre de la fraude fiscale ? Vous n’êtes pas sérieux, Amiral ! ». Tout ça pour une histoire de contrôle mal-embouché…

Bé pas tant que ça, finalement.

« Comprenez capitaine, soit le gouvernement fait passer sa loi sur le mariage gay-lesbiens en force et rapidement, et alors la pression de la rue retombera doucement avant l’été. Soit il se décide à en passer par la voie référendaire et le casus belli retombera immédiatement comme un soufflet, parce que le projet ne passera pas. Comme il ne passe déjà pas dans l’opinion publique écrasée par les taxes. Ce qui sera en plus l’occasion d’un désaveu profond de la politique gouvernementale. »

Quitte à en profiter pour sauver les budgets de l’armée ?

C’est ça, tant que le ministre ne sait pas défendre son budget rogné de partout…

« Faut dire, » toujours selon l’ex-amiral Morthe de l’Argentière, « que les autorités ne comprennent rien à rien au peuple qu’ils gouvernent. Enfin quoi, quelle idée d’aller marier les phoques et les cochonnes entre eux ? Ça n’a plus aucun sens dans notre culture plurimillénaire judéo-chrétienne d’abord basée sur la famille et les gamins ! »

On dirait Bigeard parlant d’Arlette ! Il faudrait peut-être les marier à des paras…


Paul n’est pas de cet avis, mais n’a pas envie de polémiquer, la poire étant vraiment délicieuse.

« Justement, puisque ça n’a plus de conséquence qu’en matière de couvertures sociales et de succession, à mon avis ça ne fait que renforcer le côté « sacrement » du mariage religieux qui reste de son côté un vrai « engagement » de vie, de toute une vie, pas de quelques intérêts conjoncturels qu’on peut défaire devant un officier d’état-civil comme le Pacs. »

Un sacrement que deux croyants se donnent mutuellement, reconnaissant l’essence divine de leur amour, selon le canon religieux.

Peut-être. Sauf que ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses selon l’amiral.

« Comprenez, mon petit-vieux, nous sommes une nation chrétienne depuis Clovis. Même Henry IV s’est converti, désacralisant du coup les cléricaux-papistes pour donner le change.

Plus tard, avec le « siècle des lumières », les mêmes anticléricaux prennent le pouvoir il y a deux siècles, et la première mesure qu’ils prennent, c’est d’inventer le mariage civil pour le faire passer avant le même, mais religieux, et quelle que soit la religion.

On entre alors dans une large période de laïcité bizarre qui va déboucher jusque dans la formation des jeunes avec la IIIème République et l’instruction publique. »

D’accord, et donc ?


« Au lieu de s’occuper de ce qu’il y a dans les têtes et les lits, voilà donc que Landau et sa clique veulent démolir ce qui reste de « morale » dans ce pays, je veux dire au moins le décalogue des hébreux, et jusqu’à prévoir de donner des cours de « touche-pipi » dans les écoles et collège et finir par marier n’importe qui avec n’importe quoi ! »

Il reprend son souffle.

« Et demain à procréer n’importe comment !

On touche à l’essence de la nature humaine par lois, décrets et circulaires ministérielles interposés ! C’est dément ! » s’emporte-t-il.

« Une œuvre de débiles !

Et quand on en sera à euthanasier les vieux, grabataires et impotents, « dans la dignité », vous verrez tout en affirmant respecter leur choix même quand ils ne peuvent plus en faire, il restera quoi d’un ordre moral qui voit déjà dans le criminel, même pas et au minimum un déviant asocial, mais seulement une victime ! Mais où va-t-on à cette allure-là ? »

Pas tant que ça selon Paul :

« Ne vous énervez pas Amiral. Vous savez bien que l’anticléricalisme succombe à tout et depuis toute époque. Souvenez-vous de la faillite des staliniens-cocos et maoïstes sur le sujet ! Ils ont même été balayés, 70 ans plus tard par leurs propres excès et la liberté religieuse a repris le dessus sans qu’ils n’aient pu la tuer. »

C’est vrai, reconnaît Gustave Morthe-de-l’Argentière.


« Mais jusqu’à abrutir les masses comme aux USA avec les théories démentes du créationnisme ! Bref, revenons à notre cas d’école : dans un cas comme dans l’autre, d’échec ou de passage en force de la loi du mariage pour tous, ce sera effectivement compris soit comme une reculade politique soit comme le début d’une dictature-socialiste ».

Enfin quoi, un Président élu qui légifère sur le mariage des autres mais n’envisage même pas le sien : extraordinaire de foutage de gueule !

« D’autant que le chéri, il est comme vous… »

Comment ça ?

« Enfin, vous jeune. J’ai eu le temps de vérifier vos informations sur le « Newvox » avant de partir, et la rumeur du « six-coups-de-la-rive-gauche »… »

Ah ! Alors il le croit, maintenant ?

« Je veux bien admettre certaines choses, notamment des effets des hormones qui poussent à cet âge-là : j’ai eu les mêmes au même âge, figurez-vous et je me souviens encore ! Vous verrez, ça passe avec le temps qui… passe !

Dès lors, je veux bien admettre que jeune-con, on ne sait pas dire non et que tout ce qui passe est bon à prendre comme un cadeau offert par dame nature.

Eh bien Landau, il est pareil : il ne sait pas dire non ! Un vrai gamin imberbe. »

Ah ? C’est donc ça le fondement de « la synthèse », c’est toujours « oui » à tout le monde, c’est ça ?


« Avec sa gueule, il n’est pas allé bien loin, et quand la « cruchitude » lui a suggéré une fellation en prenant les devants, vous savez celle qui elle est allé jusqu’à lui en faire des gosses alors qu’il la surnommait « Miss iceberg » : il n’a pas su dire non ! »

Mais il a dit « non » au mariage.

« Même pas. C’est elle qui n’en voulait pas comme époux : une « femme-libérée », elle, elle sait dire non à un demi-mou qu’il faut stimuler du poignet !

Pareil quand elle l’a un peu délaissé pendant sa pré-campagne électorale de 2007. Une autre s’est présentée, lui a proposé la même chose avec insistance et il n’a pas dit non non plus. Il ne sait pas dire non, vous dis-je !

Et ce n’est pas fini… »

Ah bon ? Comment ça ?

« On sait tout de tout le monde à la DRM. Et c’est de notoriété publique dans les services autorisés. Encore un truc qui va lui péter à la gueule un jour ou l’autre… Y’en a une autre qui lui fait discrètement le même cinéma quand la première dame est absente. Une militante plus jeune encore ! »

Bé dites donc…

On saura plus tard qu’il s’agit d’une « autre femme libérée » et actrice, du doux prénom de Julia… Paul se souvient qu’il en avait croisé une aussi, dans le temps, également intermittente du spectacle…

 

« Mais lui, ce n’est pas comme le « banquier des pauvres » qui se croit tout permis et ne pense qu’à ça ! Dès qu’un cul l’émoustille, il faut qu’il lui fonce entre les cuisses même à peine ouvertes ! »

La belle image…

« Vous, vous avez fait la synthèse des deux, et puis très normalement, maintenant que vous avez charge de famille avec un peu de plomb dans la cervelle, vous êtes mûr pour passer à autre chose, mais pas ces deux-là.

Quoique que vue votre gueule tailladée de baroudeur, vous allez avoir encore plus de mal à vous défaire de vos comportements déviants que les deux précités… »

Et puis passant soudainement du coq à l’âne :

« Dites donc à propos, ça a dû être un enfer de vous retrouver à bord de nos rafiots, sans rien à vous mettre autour du gland ? »

L’amiral et ses métaphores incongrues !

La cure de désintoxication valait bien quelques sacrifices pour piloter des avions inimaginables : « Une belle compensation que la République m’a offerte. »

 

Ils reviennent à leur propos : « Bon, dans le cas-là d’affrontements de rue violents et d’une reculade politique, c’est aussi la porte ouverte à un gouvernement par la rue et ça pourrait même faire naître quelques ambitions révolutionnaires à de la Gauche-de-la-gauche en passe de détruire ainsi tous les fondements de notre société. Tout comme des réactions contre-révolutionnaires de mes biffins et de leurs copains se rendant compte que le livre blanc les sacrifie aussi à l’autel des économies à faire sur les effectifs. »

Donc, de toute façon, 2013 est l’année de tous les désordres.

« Et le pays, quoiqu’on puisse penser du gouvernement, n’a pas besoin d’une situation pré-insurrectionnelle en ce moment : il n’y a plus urgent, même sur la scène internationale. »

Ce qui n’est pas faux. Quoique les robinets de la « fausse-monnaie » s’ouvrent démesurément.

« S’il passe en force, ça gonflera les pressions et rancœurs des uns et des autres, voire de tous, mais le gouvernement gagne du temps pour reporter les problèmes à régler en 2014, où les perspectives pourraient se révéler meilleures, notamment si la croissance revient au moins par les frontières.

Du coup, dans cette hypothèse-là, il vaudrait peut-être mieux dégonfler et percer le furoncle de notre ministre de la fraude tout de suite. Ça passerait mieux. »

Paul n’en démord pas : « À moins que ce soit justement le déclencheur d’émeutes ! »

La police fera le ménage, elle est « aux ordres » comme de tous temps depuis Fouché : « N’oubliez pas que tout le monde à déjà en ligne de mire les scrutins municipaux et européens de 2014 dans la tête. C’est là que sera le vrai rendez-vous du pouvoir avec le peuple ! »

Pas faux.

Et puis ça pourrait donner le temps à Paul de récupérer les milliards manquants.

« D’abord, prendre mes quartiers dans vos locaux rapidement… »

Paul en sera ravi.

 

Ils enfilent un dernier gorgeon et se séparent rue Royale. 

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Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-x5.html

 

 


Mains invisibles : Chapitre X.4 : Fin 2012, deux mois chargés (4/5)…

Chapitre X.4

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Fin 2012, deux mois chargés (4/5)…

 

« Et alors, à 5 % l’an, même seulement à 4 % pendant 18 ans, sur 22 milliards, on a entre 44 et 52 milliards de dollars à récupérer, et non pas 35 milliards d’euros comme je l’ai fait fin 2009. »

Ce qui veut dire ?

« Deux choses : je me suis fait leurrer par les taux de change de décembre 2009 qui tournaient à 1,52 dollar pour un euro. Si vous faites le calcul, 35 milliards d’euros, c’est globalement 53 milliards de dollars. Pour moi, ça correspondait.

Mais il ne faut pas oublier que c’est mon équipe qui achetait alors du dollar à tour de bras et en option avec des euros que tout le monde s’arrachait pensant faire des swaps intéressants. En septembre 2009, il valait seulement 1,47 euro et 35 milliards d’euros ce seraient changés contre 51 milliards de dollars. Deux milliards d’écart avec cette connerie du Forex.

Et là déjà, ça ne collait plus sans que je ne m’en aperçoive, parce que ça restait cohérent.

Et rappelez-vous qu’en 1999, au moment de la création de la monnaie unique, le dollar valait 1,168 €, puis le cours est tombé à 0,825 € un an plus tard, pour retrouver la parité à mi-juillet 2002 et son plus haut à 1,6 en juillet 2008, au début du crack immobilier qui débouchera sur la crise des subprimes, pour osciller ensuite entre 1,25 et 1,40 pendant plusieurs années. »

Oui, et alors ?

« Et alors, en supposant que les fonds du trust aient été placés en euro après l’avoir été en monnaies diverses et européennes, on peut imaginer que c’est 55 milliards d’euros qui auraient dû constituer le « stock » à récupérer. Mais, vous rappelle-je, on en a eu que pour 35 milliards. Donc… »

Le reste a été distribué…

« Mais à qui ? »

La seconde bombe thermonucléaire !

« À tout le monde ! » Enfin, à tous ceux qui « comptent » un peu dans le marigot politique !

Comment ça ?

 

Les fichiers qu’il est convenu de faire croiser par la minette de l’amiral provenant de Bercy qui peine à retrouver les ayants-droits, ils sont truffés de « faux-nez ».

« Je n’ai fait que les parcourir à la va-vite, mais quand je suis tombé sur un monsieur J. Cardan-de-Chourcelle, à Tokyo, imaginez-vous bien que j’ai immédiatement pensé à l’épouse du président Rackchi, dont c’est le nom de jeune-fille ! »

Incroyable, lâche Gustave.

« Et vous en avez identifié beaucoup, des comme ça ? »

Il y en a 9.288.

« J’ai refermé le bidule. C’est une recherche trop longue pour le peu de temps que je peux y consacrer. Mais vous imaginez que si on tombe sur les 9.000 qui ont pu être un jour ministre, conseiller, député ou sénateur comme j’ai pu le deviner pour les plus connus, non seulement il faut confirmer, mais en plus, si ça doit être révélé à la presse, c’est la révolution dans les rues, Amiral ! »

À côté, le risque de coup d’État dont il était question dans le Gers, c’est de la « gnognotte » pour collégien…

Au moment même où le pays commence à être écrasé d’impôts, évidemment, ça va faire désordre…

« Et notre ministre de la fraude, il est dedans ? »

Paul n’en sait rien pour l’instant.

« En admettant que ce soit probable, vous comprenez mieux que j’aimerai éviter que vous en fassiez un exemple. Parce que si un malin commence à dérouler la bobine, c’est la République qui saute pour de bon. Et vous savez que j’y suis attaché… »

Effectivement : il est urgent de se mettre au travail !

 

« Mais le coup du choix-Corse, canal-habituel ou historique, vous savez mon petit-vieux, il risque de faire pschitt, dans ces conditions : on ne peut pas aller frapper à la porte de 9.200 quidams qui vont tous crier à l’unisson à l’affreux complot ! »

Effectivement.

« Il nous faudra faire en douceur. Souvenez-vous justement de l’affaire de Rackchi et de son compte japonais dont vous venez de me parler. Il en a un, mais il l’ignore. Tout le monde l’ignore, sauf celui qui a lancé la rumeur et celui qui a ouvert ce compte en usurpant l’identité de sa femme, si ce n’est pas le même. Si c’est ça, si c’est bien un compte dormant, il ne peut pas savoir et parle de complot. Ce qui est le cas.

C’est donc qu’il a été victime, lui et tous les autres, d’un vol d’identité. Dans ce cas, rien de plus simple de « voler les voleurs », les receleurs plutôt, puisqu’ils ignorent eux-mêmes être des voleurs, pour être tous de bonne-foi !

Personne n’ira déposer plainte, à mon avis. »

Sauf si justement, « ils » savent et qu’ils font vivre ces comptes !

« Dans ce cas-là, il s’agira de vérifier, au moins dans mes fichiers qui datent de juillet 2009. Et là, vous pourrez « allumer » votre ministre menteur, en toute bonne conscience, si c’est son cas ! »

À vérifier en premier…

« Mais comment aurait-il pu le découvrir lui-même ? »

Assez simplement.

« Si c’est un vrai fraudeur qui veut planquer ses rapines en Suisse, vous imaginez sa tête quand il va pour ouvrir un compte dans une agence discrète à Lausanne ou Genève et que le gars de la banque, pas au courant du truc, lui explique qu’il en a déjà un d’ouvert ? »

Gustave en est pris d’un violent fou-rire communicatif…

 

Et de toute façon, il y a eu au moins un « lanceur de rumeur », dans l’affaire du compte japonais de Rackchi. « Qui est-ce donc ? »

Paul ne sait pas.

« Mais vous avez raison amiral, il y en a au moins un. Et dont il faudra se méfier. Celui qui l’a lancée en 1996 contre Rackchi, c’est évident. »

D’autant que l’amiral venait de dire que d’après les suisses, le « ministre de la fraude », il avait au moins un compte caché depuis 1992 : les dates correspondent.

Mais il peut y en avoir plusieurs…

« D’abord celui qui a conçu le système de corruption apparente. Peut-être le même ou un autre, qui l’a mis en place et l’a fait vivre au démarrage. Je le vois bien dans l’entourage direct de Thiersmirant lui-même.

Et puis, il n’y a qu’à chercher du côté des « suicidés », genre « Grosse-Œuvre » ou un premier ministre décédé avec l’arme de service de son garde-du-corps, et on comprendra mieux.

Mais plus que ça, il y a au moins un Monsieur Robert qui a fait vivre le système jusqu’au moment du rapatriement des fonds fin 2009. Et qui, s’il a laissé faire à ce moment-là pour ne pas pouvoir s’y opposer pour cause de réunion des conditions originelles du trust, à savoir l’existence d’un émissaire de l’État français directement mandaté, moi en l’occurrence, et qui continue de jouer avec les « queues » du bidule.

Mais je ne sais pas comment et il va falloir le débusquer ou s’en méfier. »

À moins qu’il ne joue plus du tout, justement : il lui suffit alors de persister à ne rien faire.

« Les comptes ouverts dans le dos des titulaires qui en ignorent tout, continuent à être alimentés par les produits de placements réalisés un temps et ne sont jamais désinvestis, puisque ma nana du Trésor prétend qu’aucun n’a répondu aux convocations d’AG ! »

De vrais associés dormants. Fantômes, même.

L’amiral acquiesce en silence. Et Paul rebondit sur ses propres propos :

« Pourtant ça ne colle pas. Il doit exister une cagnotte propre à ce Monsieur Robert qui a donné des indications au clerc du patron du trust anglais.

Ce n’est quand même pas croyable que par exemple, le banquier des pauvres, quand il s’est fait arrêter à New-York, il ait pu payer trois millions de dollars de caution, s’offrir un superbe appartement et une société de garde du corps exigée par le proc’ local sur ses propres deniers. Soit au bas mot au moins encore 2 millions de plus qu’a pu durer la plaisanterie ! »

Sa femme est archimillionnaire…

« En tableau, pas en menue monnaie. Ce type-là n’était rémunéré qu’à hauteur de 800.000 US$/an. Et il aurait mis plus de 6 ans de salaire dans l’affaire ?

Ou vous croyez qu’elle aurait vendu un ou deux Van Gogh sans que personne ne le sache pour faire libérer le type qui la trompait avec toutes les premières venues ? Vous plaisantez, Amiral ! »

C’est vrai : c’est invraisemblable…

Incohérent.

 

Les poires Belle-Hélène et leur croustillant de chocolat chaud sont servies. Paul aborde un sujet qui l’intéresse : « Dites donc, Amiral, si avec tout ce qu’on commence à comprendre, il y a de quoi faire sauter la République une dizaine de fois, comme l’a affirmé feu Sir-Veine, vous en êtes où de votre côté avec vos putschistes de pacotille ? »

Qu’on ne lui en parle pas…

« Je ne peux plus suivre notre fameux indicateurs du moral des troupes, mis en place à la DRM. Il ferait à la fois du yo-yo et le grand écart ! »

Globalement, le moral de la troupe devrait être au beau fixe, avec un indice proche de zéro depuis qu’ils savent qu’ils vont en opération au Mali. Paradoxalement, ce n’est pas vraiment le cas.

« Car, un, le logiciel de paye va devoir être mis au rancard, alors qu’il a coûté la peau du dos, parce que c’est le boxon et source de nombre de mécontentements. Pensez, on en est à payer des avances sur des dus qui ont généré des découverts chez la plupart après qu’ils aient mangé leur épargne de précaution ! Du grand n’importe quoi !

Deux, avec ces histoires de mariage pour tous, on retrouve quantité de nos engagés dans les rangs de la « Manif’ pour tous » ! Et là, c’est sérieux. »

Tous ceux qui peuvent prendre des permissions pour aller faire le service d’ordre des manifestations le font.

Derrière « Lamoule Jobarde », leur égérie ?

Une sale gueule mais un beau-petit-cul avec la niaque en plus, de l’avis hautement autorisé de Gustave…

« Il ne faut pas oublier que dans sa famille, il y a Carlos-le-Nul et même Stanislas-Fil-au-Coq-Doré. Des mouvances de cathos, les mêmes que pour les Don-Quichotte. Mais eux avaient la fibre sociale. Ceux-là sont avant tout des réac’ !

D’ailleurs ils sont encadrés par l’ancien gouverneur militaire de Paris…. Ce qui fait désordre ! Que le ministre a intérêt à lui rappeler ses devoirs, à mon petit camarade étoilé … »

Les services ont même repéré la création de groupuscules tels que les « Homen » qui défilent torse-nu comme les « Fremen », mais en moins sexy, animés par quelques-uns comme des comploteurs comme Cervelle, un ancien para qui fait aussi journaliste…

« On a même quelques grandes-gueules de sous-off’ qui font déjà du recrutement dans les hommes du rang pour gonfler leurs effectifs et on commence à parler d’un « coup d’État des capitaines ».Bref, ce n’est pas brillant.

« L’indice se maintient autour d’une moyenne de 28 à 32, en légère augmentation donc, mais en fait, ce n’est qu’une moyenne qui dissimule un grand-écart.

Dans certaines garnisons, c’est carrément 75 à 80 d’insoumission ! Du jamais vu depuis la guerre d’Algérie, mon petit-vieux ! »

Qu’il circule des tracts et des pétitions aux relents antisémites et anti-franc-maçon comme au bon vieux temps de l’affaire Dreyfus…

Une autre époque. 

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Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-x4.html

 


Mains invisibles : Chapitre X.3 : Fin 2012, deux mois chargés (3/5)…

 

Chapitre X.3

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Fin 2012, deux mois chargés (3/5)…

 

« Comment avez-vous fait, la première fois ? »

Paul hésite… Se souvient-il, au juste ? Et puis il se décide à cracher le morceau, puisqu’il embauche la maîtresse de l’amiral, placée sous son autorité personnelle, à s’en faire tous les trois complices de tout le reste.

« Vous êtes bien conscient que désormais votre vie, celle de votre protégée et la mienne ne tiennent que par nos propres silences et capacités à garder un secret… secret ? »

Oui.

« Le trust de droit anglais, ça n’existait pas en droit continental, sauf chez les néerlandais, mais sans le secret bancaire de la City. Et celui créé pour Thiersmirant avait pour objet social exclusif de recueillir les fonds, de les gérer et administrer en vue de les restituer en 2016 à l’État français, ou à l’un de ses démembrements constitués sous forme de fondation.

C’est là que manifestement tous les fonds ont d’abord été consignés après quelques passages par divers banques et instituts financiers en Suisse et au Luxembourg pour brouiller les pistes. On a recoupé tout ça à l’époque, grâce aux extraits de fichiers Promis qu’Almont m’avait fait remettre. Nous avons donc pu retracer ces mouvements originels à coup de millions de dollars, jusqu’au trust anglais.

Je vous rappelle au passage que de fondation, il y en a une qui attend et qui est justement l’héritière de la mémoire du Président Thiersmirant, gérée par quelques fidèles, anciens ministres, dont celui de la culture par exemple, la fille adultérine, etc. »

Oui, bé elle attendra…

« Mais pourquoi 2016 ? »

Les 100 ans de Thiersmirant et son complot contre la Vème République qu’il détestait.

« Une excellente façon de démontrer post-mortem qu’il avait bien raison, puisqu’elle permet à n’importe quel ministre, qui plus est quand il s’agit d’un Président, de voler l’État sans que personne ne le sache, dès lors que les frontières ne sont pas franchies par cet argent ! »

Une belle réussite…

« Or, en 2008, sans le savoir, Krasoski crée avec sa LME ce qu’on appelle les FDD, les fonds de dotation, qui fonctionnent comme une fondation, mais sans apport en fonds-propres, qu’ils peuvent récupérer et collecter par la suite pour financer leurs activités, et selon une procédure simplifiée de déclaration. Leur objet légal est donc aussi de recevoir des fonds à gérer, mais en vue d’un objet social ou d’intérêt général. On a donc « calqué » l’objet social d’un FDD à créer sur celui du trust, mais en oubliant l’échéance. »

Et ça a marché ? Les anglais ont accepté comme ça, sans tiquer ?

« Oui et pour plusieurs raisons. La première c’est que la date prévue devait correspondre à une élection présidentielle majeure. 2016 en comptant en septennat. Or, on est passé au quinquennat et en 2016, il n’y aura pas d’élections, sauf dissolution de l’Assemblée ou décès ou démission de l’actuel Président… »

La seconde tenait aux pressions américaines.

« En 2007, l’américain républicain finissant son second mandat fait pression sur le nouveau français dès le début de son quinquennat pour que cette affaire soit réglée rapidement, avant l’élection du démocrate en 2008 pour ne pas laisser de trace, mais surtout parce qu’il sait que la crise des subprimes est déjà enclenchée et que le dollar va souffrir. Mais ça traîne. La CIA ne sait plus comment faire jusqu’à l’épisode des balles de 9mm. Or, je suis déjà en piste ! Même si je patauge grave à ce moment-là.

Mais ils veulent surtout et absolument récupérer leur pognon secret…

Enfin, la troisième raison, c’est que les britanniques, qui soufflent le chaud et le froid sur l’Euro et l’Europe comme à leur habitude, font également pression sur le gestionnaire du trust pour régler ça rapidement, au moment même où Krasoski leur fait prendre des cheveux blancs avec sa « moralisation de la finance mondiale » au sommet de Londres fin 2008.

J’imagine qu’ils ont dû en avoir des ulcères en même temps qu’ils ont dû se tourner plus de 7 fois la langue dans la bouche entre deux tasses de thé pour ne pas lui cracher le morceau à la face du monde… »

L’image fait sourire l’amiral.

« Et la quatrième, c’est que le gérant du trust n’attendait qu’une seule des exigences de son objet social, c’est que ce soit un émissaire français, dûment habilité, qui vienne lui en faire la demande personnellement. »

Rien de plus simple quand il a franchi la porte de Lady Joan.

Quoique… Il a fallu qu’il en passe aussi par ses quatre volontés et paye de sa personne en plus.

« Je vois, » lâche l’amiral. « Et ensuite ? »

 

« Facile ! On crée le FDD qui reçoit les fonds et valeurs. Dans la foulée, on crée trois sociétés civiles de portefeuille à capital variable. Je suis le gérant des quatre structures. Et une fois les fonds recueillis, j’en fais immédiatement la répartition en dotant chacune des structures civiles d’apport équivalent, l’un à la destination des fonds aux USA, en fait à l’Otan, les deux autres en fonction de la nature des avoirs, mais à destination du Trésor public. »

Il aura fait mettre les échéances les plus liquides dans celle destinée aux américains.

« Un gros travail d’arbitrage… Dans la seconde on a mis tout ce qui était à prépondérance immobilière et dans le troisième, tout le reste. »

Ce n’est pas un produit imposable pour ces sociétés ?

« Non, ce sont des apports et sans droit de mutation, puisque l’ensemble des avoirs est dématérialisé. Là où il aurait dû y avoir des droits, c’étaient seulement sur les biens immobiliers certains et réels, mais j’ai laissé le Trésor se démerder avec lui-même pour régler ce problème.

D’autant que pour les SC, j’en suis un des associés et le FDD est l’autre. Dans celle destinée à l’Otan, je leur ai fait souscrire des parts en capital pour 1.000 balles et avec les sous, on s’est remboursé. Hop, réunion de toutes les parts en une seule main, transmission universelle de patrimoine portant sur des titres liquidables et des valeurs en numéraire, ni vu ni connu, c’est passé direct dans leur poche !

Idem pour les deux autres SC, j’en suis ressorti et le FDD aussi pour la valeur faciale de nos apports en capital, et le tout est juridiquement la propriété du Trésor qui en dispose de comme il l’entend. »

Et comme la plupart des avoirs étaient des emprunts du Trésor lui-même, Krasoski a pu déclarer en décembre 2009 qu’il les remboursait avec son « grand emprunt »… Fabuleux !

 

Pourtant, le patrimoine des sociétés civiles aura augmenté considérablement entre-temps. On ne peut pas ressortir au même prix que celui d’entrée.

« Effectivement, si et seulement si le gérant avait dû convoquer une assemblée générale fixant une nouvelle valeur de la part, notamment à l’occasion de l’arrêté des comptes de fin d’exercice. Et encore, seulement si le FDD qui fait la donation, toujours sous condition de retour du droit de suite des donations dans ces cas-là, avait survécu aux SC. Mais, on n’a pas eu le temps de clore ne serait-ce qu’un seul exercice de fin d’année.

Les SC et le FDD ont été dissous avant le 31 décembre. Ni vu ni connu, vous dis-je ! »

Sifflement d’admiration de la part de l’amiral.

« Je comprends mieux que vous teniez à passer le délai de prescription. Vous dormirez mieux ensuite. Parce que là, votre Denis d’inspecteur central, il peut encore vous considérer comme gérant de fait à contrôler et réclamer quelques explications, sauf à vous redresser sur les 35 milliards ! » Et réclamer des pénalités de mauvaise foi.

C’est aussi pourquoi Paul n’a pas du tout envie de lâcher le contrôle des 15 milliards à suivre : « J’essayerai un autre schéma qui nous mette à l’abri de ce genre de risque. Là, à l’origine, on avait fait signer un rescrit fiscal qui lave l’opération de toute tentative de redressement. Lespoix ne peut pas me redresser personnellement là-dessus, je suis confiant, même si le vrai danger sera de lui expliquer dans le détail l’opération pour qu’il juge de sa conformité au rescrit, ce qui révélera l’opération à ce connard.

En revanche, je ne me vois pas demander un rescrit équivalent sur les queues au même ministre des finances qui provoque le contrôle de mes boîtes ! Il ne va jamais accepter. »

Raison de plus pour le faire sauter.

« Oui, enfin, on peut aussi pratiquer un chantage : tu signes et tu as le pognon, tu ne signes pas et tu ne le reverras jamais. Mais comme vous me savez honnête, ça me ferait vraiment mal aux couilles de devoir en arriver-là, vous imaginez bien ! »

L’amiral imagine volontiers…

« Pour le ministre, laissez-moi faire. Il sera toujours temps de voir. Parce que là, je ne vois pas trop comment vous allez récupérer 15 milliards versés à la petite semaine pendant 20 ans sur les comptes de milliers d’attributaires minoritaires non-identifiés. »

Là, sur le moment, Paul non plus ne voit pas, à vrai dire.

 

« En revanche, je devine derrière ces minoritaires, une seconde mine nucléaire à fragmentation laissée dans son sillage par Thiersmirant. »

Quoi donc ?

« Ça mérite encore d’être confirmé et c’est bien ce à quoi notre future équipe va s’atteler à faire. J’explique : globalement, le premier attentat contre les institutions a été de détourner deux fois 3,5 milliards de dollars payés par le Koweït pour les efforts de la troupe à libérer le pays des armées de Saddam Hussein.

Facile à faire, puisque le pognon a été déposé dans une banque à Luzerne sans jamais passer la frontière, et sous le nez de notre police ou de nos douanes.

La seconde enveloppe, pour dépassements des coûts engagés, l’a été via des virements de compte à compte, mais de Suisse à la Suisse. Pas de traces chez Clearstream ou le BRI, mais des traces dans les fichiers américains du programme « Promis ».

Puis il y a eu l’escroquerie sur le brevet Ferrayé. Là encore, si les actes ont été signés à Paris, les fonds ont transité en Suisse et au Luxembourg.

Dans ces deux cas-là, il y a traces obligées dans comptes de « Clearstream » depuis le Koweït pour en justifier à l’ONU au titre des dommages de guerre.

Vous comprenez mieux, j’espère, pourquoi tout le monde s’est énervé autour desdits fichiers Clearstream.

Qui en fait ont été fournis une première fois à l’ingénieur d’EADS via une agence de la CIA à Londres, qui les a connement trafiqués.

Puis une seconde fois par l’intermédiaire d’un informaticien d’HSBC qui les a remis au juge en solex de la riviera niçoise.

Et ceux-là ont été exploités pour identifier des fraudeurs, chez nous, mais aussi en Italie, en Espagne, et même en Grèce.

Et une troisième fois, mais en version complète, directement de la CIA jusqu’à chez moi, mais en extrait européen des fichiers Promis des américains.

Ceux-là mêmes qui vont servir à nos recoupements.

Vous suivez ? »

Gustave Morthe de l’Argentière suit le discours de son vis-à-vis, sans vraiment comprendre où il veut en venir.

 

Mais quel sont donc ces mines laissées dans le sillage du président défunt ?

« Tous ces fonds sont ensuite passés en Angleterre dans ce fameux trust « SJ » pour « Solutré-Jarnac » et ils ont été placés et gérés pour ne réapparaître qu’en 2016.

Sauf que rapidement, les koweïtiens s’aperçoivent qu’ils se sont fait arnaquer pour l’extinction de leurs puits de pétrole, puisque les équipes américaines ont subtilisé le brevet de Ferrayé et l’exploitent directement sur le terrain : ils ont mis 6 mois à éteindre plus de 1.100 puits, sans les détruire, là où avec les techniques classiques à la dynamite, ils auraient dû mettre une demi-douzaine d’années et obliger à autant de forages supplémentaires.

Pensez bien que les compagnies pétrolières étaient intéressées à ne pas faire tarir leurs sources d’approvisionnement habituelles. Si le Koweït n’était pas une éponge à oléagineux, personne n’aurait levé le petit-doigt pour les libérer ! »

Oui mais, il veut en venir où, le capitaine de frégate ?

 

« Là-dessus, l’émir il prend la crampe pour récupérer ses 22 milliards. Et il n’en récupère que 7 de Thiermirant depuis le trust qui affirme que son pays ne se bat pas pour de l’argent, la CIA faisant l’avance des 15 via l’Otan, ceux qu’on a remboursés avec le « Grand-emprunt » de la façon que je vous ai décrite il y a un instant.

On a les traces facilement dans les fichiers Promis, le système informatique qui surveille tous les mouvements d’argent de la planète.

Reste donc 22 milliards dans le trust.

Qui ont effectivement fait des petits, puisque cet été vous me parliez des taux d’émission des OAT de l’époque.

Et je me souviens bien qu’au moins une partie de ses fonds a été transformée en OAT de la Bundesbank émis à l’occasion de la réunification des deux Allemagnes alors en cours, même si je ne suis pas allé plus loin, puisque je ne cherchais seulement que les opérations de 91-92 pour identifier le trust à l’époque. »

Bon et alors ?

Gustave s’impatiente… 

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http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-x3.html

 

 


Mains invisibles : Chapitre X.2 : Fin 2012, deux mois chargés (2/5)…

 

Chapitre X.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Fin 2012, deux mois chargés (2/5)…

 

Eh bien, pendant que les juges faisaient leur boulot pour n’aboutir à rien, les services faisaient le leur.

 « Et du ministre, c’était Krasoski à l’époque, jusqu’à différents directeurs, tout le monde était au courant des résultats des enquêtes discrètes du contre-espionnage, à savoir que des dizaines d’élus, voire des centaines, de la majorité comme de l’opposition, avaient des comptes à l’étranger, hormis le Président, justement. »

Et pour la plupart, pas mal fournis.

« En fait, le compte du ministre aurait été ouvert en 1991, alors qu'il est conseiller technique au cabinet du ministre des Affaires sociales, au sein duquel il était chargé des relations avec la direction de la pharmacie et du médicament (DPHM) ainsi que des équipements lourds et aurait « pesé » sur quelques décisions ministérielles pour s’enrichir à titre personnel.

Mais selon le journal « Le Monde », le compte suisse (ou l'un des comptes) du ministre chez UBS est ouvert plus tard, en 1992 par l'avocat Philippe Peninque, ancien membre du GUD, dont le nom apparaît déjà dans l’affaire des comptes de campagne d'Édouard « Bel-ami » de trente ans, ami de la famille du ministre et actuellement un des proches du Front Bleu-Blanc-Rouge. Ce n’est qu’en 1993, que ce compte aurait été récupéré en nom propre par ce ministre-là et en 1998 que sa gestion aurait été confiée à la société financière Reyl et Compagnie, basée à Genève. »

Les avoirs sont déplacés par la société Reyl et compagnie après mars 2009, à la suite de la fragilisation du secret bancaire due à la convention passée entre la Suisse et la France prévoyant un échange d'informations bancaires à partir du 1er janvier 2010.

Ils sont transférés vers un compte off-shore à Singapour, probablement via la plate-forme de booking Swiss-Asia Financial Services Limited, puis placés dans la filiale singapourienne de la banque helvétique Julius Bär, sous gestion de Reyl Singapore PTE LTD, une filiale de Reyl et compagnie, précise l’amiral.

Et s’adressant à Paul : « Notez, mon petit-vieux, qu’il faut au minimum dix millions d'euros pour ouvrir ce type de compte numéroté. Et on évoque, de plusieurs sources concordantes, un compte à Singapour qui serait en fait approvisionné à hauteur de seize millions d'euros. »

 

D’ailleurs, plus tard, le 7 avril 2013, la Radio télévision suisse (RTS) annoncera que le ministre avait cherché à placer 15 millions d'euros en Suisse. La chaîne indiquera, en se basant sur des informations bancaires, qu’il aurait tenté de placer cet argent dans un établissement de gestion financière à Genève au secret bancaire préservé pour ne pas être une banque, justement, mais l'établissement aurait refusé par crainte de complications ultérieures du fait de ses fonctions politiques.

Pour parvenir à ses fins, le futur ex-ministre du Budget aurait alors produit à la banque Julius Baer un certificat fiscal falsifié « prétendant que l'argent avait été déclaré auprès du fisc français ».

 

« Vous pensez bien qu’on en a été un peu stupéfait quand l’actuel ministre a été nommé à son poste. Mais après tout, en « utilisateur » avisé du procédé frauduleux, ce n’était peut-être pas un mauvais choix ! Seulement voilà, il aurait déclaré ses avoirs étrangers à l’occasion de la publication des patrimoines des ministres, pas de problème. On en aurait tout au plus tous bien rigolé.

Mais là, ils n’y figurent pas : il devient donc une cible idéale s’il fait vous chier plus longtemps avec son IC sur votre dos ! On va lui apprendre les bonnes manières, nous. »

Oh là ! Il n’est pas question pour Paul de faire chanter un ministre en exercice, fusse-t-il un menteur, un fraudeur et un tricheur.

Et même s’il est socialiste…

« C’est lui qui se met tout seul dans une position intenable ! »

Il n’empêche : Paul n’intervient pas sur les politiques. « En revanche, vous me confirmez une piste sans le savoir… »

Laquelle ?

Bé, s’il s’agit justement des comptes dormants de tout ce petit-monde, ce n’est pas logique.

S’il s’agit de comptes alimentés en permanence, c’est de la fraude.

« Laquelle des deux hypothèses choisissez-vous, Amiral ? »

Dormant quand ils sont exposés aux sunlights de la presse.

« Bé je n’en suis pas si sûr… Ce serait stupide de leur part de ne pas profiter de leurs rapines passées. »

N’exagérons rien : ils ne sont pas à plaindre non plus.

« Il y a plus malheureux, j’en conviens. Il n’empêche, procéder à des mesures de rétorsion sur un ministre pour une malheureuse affaire de contrôle fiscal, il ne faut pas exagérer ! »

Pas si justement, elle touche au « secret d’État ».

« Un, ce contrôle est télécommandé par la franc-maçonnerie états-unienne, je vous l’ai déjà dit. Pas par hasard, mais on n’en sait pas plus pour le moment… À propos, vous avez revu votre frère ? »

Il y va après le pousse-café.

 

« Deux, la continuité de l’État et de ses secrets est engagée. Par mégarde, je veux bien l’admettre, et par un ministre qui ne sait pas encore où ça l’emmènera. Mais il est manipulé, pour le coup, et par ses propres frangins… Ils vont donc être forcés de le lâcher en rase-campagne quand ils vont commencer à comprendre.

Trois, vous voulez les laisser faire, vraiment ? »

C’est vrai que non en convient Paul. Ce serait gravement fautif.

« Laissez-moi faire, j’ai plus d’un tour dans mon sac. Et un de mes camarades de l’école de guerre, qui a fini général, est justement le directeur de cabinet de l’opposant local du ministre ! Un parfait relais qui se fera un plaisir de démonter la tête dudit ministre. »

Comment va-t-il faire ?

« On a un enregistrement de plusieurs conversations où ces comptes sont évoqués. Ça devrait suffire ! »

Tu parles !

« Parce que vous croyez qu’entre frangins-maçons, ils vont révéler ça au public ? Ils sont tous macqués en loge dans la presse et tenus par leur serment de solidarité entre eux ! Je ne vois pas comment vous allez vous y prendre pour que ça ne fasse pas pschitt ! »

La presse est « aux ordres », c’est vrai, mais ce n’est pas la seule à l’être.

« Et comme les ordres pour le coup viennent des États-Unis, nous avons aussi les moyens de faire prendre des décisions aux dirigeants de ce pays si leurs intérêts stratégiques sont en jeu, dans nos services. À eux ensuite de faire le nécessaire auprès de leurs loges locales. »

Ces ex-services…

Comment ça ?

« Mon petit-vieux, si Bercy ne sait plus d’où vient le pognon qu’il a reçu en 2009 et 2010, les américains ne verront sûrement pas d’un œil bienveillant qu’on leur rappelle à quoi il a partiellement servi. »

À rembourser les fonds secrets de la CIA, ceux qui n’existent pas !

« J’ai la mémoire mieux affûtée que la vôtre me semble-t-il. Laissez-moi faire, vous verrez bien. Car ça m’étonnerait bigrement que les agences états-uniennes, quand elles vont apprendre que le ministre remue de la boue, quitte à prendre le risque de salir tout le monde à révéler ce qui ne doit pas être dit au public américain, leurs loges seront mises en alerte immédiatement. Et hop ! Le tour est joué, elles feront cesser le petit-manège, quitte à se séparer d’un ministre-frangin, même bien placé là où il faut. »

L’amiral claque dans les doigts en lançant son bras au-dessus de l’épaule : « Finie la solidarité maçonnique sur ce coup-là ! Ce sera publié, vous verrez ! »

C’est comme ça et pas autrement, que l’affaire « Kakazucack » a démarré entre la poire et le fromage sur un bout de table de chez « Maxim’s »…

 

Avec tous les effets connus durant l’année 2013 et les suivantes. Notamment la démission de l’intéressé, l’enquête parlementaire qui échouera à mettre en cause l’Élysée et la tête du gouvernement, la mise en place d’un dispositif de transparence de la vie publique qui obligera 8.000 élus et hauts-fonctionnaires (à peu près les mêmes parmi les survivants encore en exercice, et leurs successeurs, que les listes de Paul sortiront plus tard), dès le courant 2014, à remettre à une haute-autorité une déclaration de patrimoine et la foirade sur la réforme des institutions et du « non-cumul » des mandats.

Le tout avec des effets bien trop tardifs à prévoir pour ne pas appliquer la première idée de Paul et son affaire de virus dans les ordinateurs de son inspecteur pour faire tomber son propre redressement fiscal d’un montant « historique »…

Et, en pluie fine, les catastrophiques effets pour le lanceur d’alerte qu’aura été le journal internétique, qui se mangera un redressement fiscal « à la hache » entre les dents, plus les quelques retombées idoines qui suivront…

Mais il s’en sortira en plaidant qu’il était en « mission commandée » par les mêmes qui œuvreront à modifier, en la précisant, la législation applicable à la presse en ligne en matière de TVA, à l’occasion d’une mesure rectificative et rétroactive votée plus tard dans l’urgence.

 

« On digresse. Vous vouliez me parler de quoi ? » reprend l’amiral.

Paul est un peu perdu après tout ce qu’il vient d’entendre sur les comptes japonais et autres d’une autre époque. D’autant que ça cadre assez bien avec ce qu’il commence à deviner des fichiers de la selecte Gabrielle.

« Ah oui… Bon voilà comment les choses se présentent. La fameuse cellule de liquidation des actifs fonciers de Bercy est un peu perdue et me demande de l’aide. En fait, c’est moi qui la lui ai bêtement promise, croyant que ce serait simple. Or, c’est affreusement compliqué, puisqu’il s’agit de croiser un fichier de plusieurs milliers de vraisemblablement de faux-noms avec un autre fichier de plusieurs dizaines de milliards de lignes d’écritures comptables par an, portant sur des dizaines de millions de vrais comptes. »

Une aiguille dans une botte de foin, c’est ça…

Pas qu’un peu, oui !

« Et ça mènerait à quoi ? »

Eh bien à plusieurs choses, dont les fameux milliards manquants…

 

« Je vous explique. Il s’agit de retracer les mouvements de fonds depuis l’origine du trust originel et de suivre les paiements et remboursements d’investissements, vous savez, le stock récupéré, mais plus finement, jusqu’à aller retrouver les lignes de paiements des coupons.

On aura les dates, les adresses, on peut retrouver les montants, mais il s’agit de repérer les comptes d’arrivée et qui se cachent derrière. »

Et ensuite ?

Et ensuite quoi, se demande Paul.

« – Ensuite, on frappe à la porte des gens et on leur laisse le choix Corse…

– C’est quoi, ça, le choix Corse ? La valise ou le cercueil ?

– Non, ayo ! Ils sont civilisés, en Corse. On commence d’abord par le choix entre Canal-habituel et Canal-Historique, à moins qu’ils ne remboursent ! »

Gros éclat de rire de l’amiral qui se laisse surprendre par la réplique… et l’accent corse.

 

« C’est la vraie raison qui m’a fait vous inviter jusqu’ici. Il y a des fonds-manquants qui m’obligent à vous dire que vous aviez raison. Sur les 35 milliards ramenés, il en manque autour de 15 milliards, versés à des tiers-minoritaires depuis fort longtemps. Sous forme de dividendes. Et quand vous faites le total, même à la louche, il y en a pour le montant que vous m’indiquiez cet été. Peut-être plus ! »

Gustave Morthe-de-l’Argentière se laisse aller sur le dossier de son fauteuil… Et en écluse lentement et avec gourmandise une gorgée de cuvée d’hospices de Beaune servie avec la bavette et son fondu d’échalote-maison, après avoir émis un petit sifflement entre les dents.

« En quoi puis-je vous être utile ? »

Il voulait des locaux pour créer son « second-bureau ».

« Vous les avez si vous me chapeautez ce travail. Moi, je n’en aurai pas les moyens matériels. »

Avec du monde à lui ?

« Avec qui vous voulez. Mais vous me rendrez compte, à moi et seulement à moi, et de l’intégralité au fil du temps, pour une fois, Amiral ! »

Et pourquoi donc seulement à lui ?

« Parce qu’il s’agira ensuite, et selon la situation exacte des recoupements, de bâtir une stratégie de récupération discrète au profit du Trésor. Faudra inventer un « mécanisme » encore plus discret que le premier pour ne pas se laisser piéger par le premier IC venu. »

L’amiral fait semblant d’hésiter, mais il savoure ce moment de grâce du « bonheur d’avoir eu raison ».

« C’est ok. Je vous organise ça, vous dirigez l’opération, parce que vous êtes plus compétent que moi dans ce domaine et vous embauchez ma soldate. Uniquement celle-là mais à 3.000 euros par mois plus les tickets-restaurants ! »

Paul s’étouffe… Qu’est-ce qu’ils ont tous avec leurs tickets-restaurants ?

« Vous croyez qu’ils les prennent ici ? »

Gros éclat de rire partagé… 

 

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Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-x2.html

 

 


Mains invisibles : Chapitre X.1 : Fin 2012, deux mois chargés (1/5)…

 

Chapitre X.1

 

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Fin 2012, deux mois chargés (1/5)…

 

Parce qu’entre-temps, Gustave Morthe-de-l’Argentière repend contact avec Paul au moment de la naissance d’Annabelle. Et celui-ci l’invite à un déjeuner chez Maxim’s, rue Royale.

« Je suis très heureux de vous revoir, mais tout autant surpris… Parce que je ne sais toujours pas pour quelle raison vous avez reçu la rosette des chevaliers, figurez-vous ! »

Aveu d’impuissance du nouveau retraité parvenu au fait de sa carrière, qui fait suite à leur dernière rencontre dans le Gers.

« C’est pourtant simple ! Vous l’avez même eu entre les mains et sous les yeux. Mérites civils, ça évoque quoi, pour vous ? »

Bé plein de choses. Les secrets d’État, les fonds du grand emprunt revenus d’Angleterre comme par miracle après presque 20 ans de vaines enquêtes inutiles…

« Bé non ! C’est une raison politique. Cherchez bien ! Une « mission » commandée par Krasoski soi-même et dont a profité en première ligne Landau, en marge de la mission que vous m’aviez confiée. Donc, dans les deux cas du soir du second tour des dernières présidentielles, l’un ou l’autre me l’aurait attribuée ».

Propos qui plonge l’amiral dans un désarroi encore plus profond… Il ne voit vraiment pas.

Mais ce n’est pas de ça dont Paul veut parler dans le petit salon rouge du premier étage qu’il avait réservé pour l’occasion pour un prix exorbitant.

Peut-être l’actualité politique chargée de cette fin d’année ou les suites des voltiges de Paul au-dessus de la Manche.

 

« Les SIS, Mossad et CIA ont fait le ménage chacun de leur côté. Les services attribuent vraisemblablement la tuerie de Chevaline aux premiers. La mort de l’ambassadeur US à Bengali aux seconds et la CIA a changé de patron depuis la réélection de leur Président. C’était en stand-by jusqu’alors, au cas où le républicain l’aurait emporté. »

Quels rapports entre eux ?

« Les britanniques étaient sur la piste du correspondant européen qui réceptionnait et organisait les opérations d’Al-Qaïda en Angleterre depuis la Suède. Il s’agirait de la belle-mère du gars assassiné dans sa BMW.

Quant à Bengali, deux des gardes du corps qui ont été exécutés à cette occasion étaient justement des membres de la cellule Megiddo commandé par le colonel Jackson. Bras droit depuis l’Irak du patron de la CIA…

Enfin, le dernier d’entre eux est décédé dans un train de banlieue. Même si le FBI a classé l’affaire, et la centrale aussi. Non seulement ils étaient à Paris à l’occasion de votre attentat, mais ils sont aussi vraisemblablement responsables de la mort du Directeur Almont. »

Paul reste un moment ému au souvenir de l’ex-directeur « Europe de l’ouest », sauf Royaume-Uni. Un brave type qui lui avait fait faire ce qu’il avait eu envie de lui faire faire, finalement.

Un pro du billard à trois bandes.

 

« Et puis, des contacts secrets ont lieu avec les nouvelles autorités de Téhéran. Ils devraient déboucher sur l’ouverture de négociations franches et peut-être une levée des sanctions onusiennes à la veille de la fin de l’année prochaine.

Ce serait une bonne chose ! »

On parle de Paul même au Vatican…

« Ah oui ! Il faut que je m’inquiète de baptiser ma fille. Ses grands-parents semblent en faire une question incontournable. Un casus-belli. »

Non, pas pour cette raison : « Tout comme les britanniques vous doivent une fière chandelle, le Vatican se prépare à vous « distinguer » ! »

Allons bon, encore des discours à prévoir…

Mais ce n’est pas pour ces raisons que Paul s’est fendu d’une invitation dans ce lieu prestigieux de la gastronomie parisienne, conçoit l’amiral…

 

« Amiral, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, vous m’avez causé des « milliards-manquants », vous savez, ce petit-secret d’État que j’ai complétement oublié de mon côté. »

Oui, lui se souvient parfaitement, lui.

… Y’aurait-il du nouveau ?

« Je ne me souviens que par bribes de ce bidule sans importance là. Enfin plutôt par épisodes temporels. Notre aimable agent en charge de liquider les actifs fonciers de l’ancien trust anglais où ils étaient cantonnés, n’arrive pas à mettre la main sur quantité de minoritaires… Pas pour grand-chose, mais indispensable à identifier pour clore ce dossier. »

De quoi s’agit-il ?

« De quelques dividendes et plus-values à réaliser et répartir, mais qu’ils ne veulent pas lâcher, à Bercy, sans percevoir l’impôt correspondant… Vous voyez jusqu’où ils peuvent aller dans la radinerie… de vrais chiens ! »

Des chiens de combat, alors oui.

L’heure est grave : il n’y a plus de sou dans les caisses de l’État… alors on fait feu de tout bois !

« Et à propos, vous en êtes où avec votre contrôleur ? »

Il passe aux choses sérieuses.

« J’aurai sans doute besoin de vos petites-vidéos un jour prochain ou l’autre, d’ailleurs. »

Ce sera insuffisant, s’il croit pouvoir redresser 35 milliards d’assiette.

« C’est juste pour l’appâter. Mon idée est de les lui refiler sur une clé USB, avec deux ou trois documents compromettant qui le feront passer pour un espion et feront tomber ses redressements sur la MAPEA, s’il s’approche de trop près des affaires d’État. J’imagine que pépère est assez con pour ouvrir ces fichiers sur sa machine de travail. Et comme y sera glissé un virus qui se répandra sur tout le réseau de Bercy avant d’être actif à une date donnée s’il ouvre ces fichiers, en commençant par sa machine, ça mettra un tel bordel dans tous ceux-là, à Bercy, qu’il se fera épingler par ses services internes. »

Astucieux. L’amiral en rigole par avance. Et il a ce genre de « vers » dans ses archives ?

Il suffit de les réactiver.

« J’ai aussi des informaticiens qui en ont en stock… »

Notamment un virus dénommé « Cardo », émanant probablement du Maroc, qui a été mis en quarantaine dans les mémoires de la MAPEA.

« Un truc solide qui se reproduit tout seul via des réseaux intranet et qui se commande depuis un téléphone portable. »

Astucieux reconnaît l’amiral.

« Ils pourront bricoler ce dernier petit piège. Mais seulement si le gugusse s’approche trop près de la vérité et veut en faire un usage prohibé. Et s’il est intéressé à se remémorer ses quelques comportements délictueux en vidéo, naturellement.

L’objectif est seulement d’atteindre la date limite de la prescription. Après, ce n’est plus notre problème : on aura fait notre part du boulot, point-barre, SAV compris ! »

 

L’amiral acquiesce d’autant mieux que les rapports entre l’état-major et le ministre, malmené par les fonctionnaires de Bercy, se tendent et qu’il est grand temps que tout ce cirque s’arrête s’ils ne veulent pas des mutineries dans les casernes.

« Vous vous rendez compte, on n’arrive pas à se sortir de l’Afghanistan malgré les promesses présidentielles et les efforts logistiques consentis par nos troupes.

Et puis on retarde à l’infini la prochaine opération « Serval » en Afrique alors que les djihadistes d’Al-Qami et leurs comparses sont presque aux portes de la capitale ! C’est insensé. Si on attend encore un peu, ce sera trop tard pour nos troupes déjà sur place. Il faudra les évacuer dans l’urgence en laissant le merdier derrière nous ! »

Paul en sait quelque chose : tout ce bordel met à mal la trésorerie de la MAPEA au même moment. « Maintenant, il est improbable qu’on passe la fin d’année sans dégât dans la trésorerie. Quant au début d’année 2013, je ne sais pas encore comment on va faire. Je vais être obligé de faire les payes de ma propre poche, figurez-vous… »

Parce que la famille Nivelle n’a plus une tune ?

« Elle n’en a jamais eue et les actionnaires minoritaires n’attendent qu’un appel au secours pour l’évincer… Con quand même après 4 générations ! »

C’est la quatrième qui bouffe toujours le magot…

Non, c’est la troisième, en principe. « Et on l’a déjà dépassée, mais ça n’augure rien de la suite. 

Comptez sur moi pour passer le relais à la suivante. Mais ce n’est pas de ça que je voulais vous parler… »

 

De se payer la tête du ministre de tutelle de son inspecteur, alors ?

« Parce que ça, je peux le faire ! »

Comment ça ?

« C’est un secret de polichinelle dans les hautes sphères étatiques. Tout le monde sait depuis 2001, que le bonhomme chargé de la lutte contre la fraude fiscale, il a des comptes non-déclarés en Suisse et ailleurs. »

Paul en tombe presque en tétanie. Pas possible ?

« 2001, vous êtes sûr ? »

Il n’a pas repéré son nom dans le listing de Gabrielle et ne connaît pas le nom de jeune-fille de son épouse.

Pour l’amiral, il faut faire l’effort de se souvenir de cet épisode peu glorieux de l’époque.

« Ça commence par un document interne de la DGSE de 1996 qui fait état de l'existence du compte bancaire de Rackchi au Japon, crédité de 300 millions de francs. Cette note de la DGSE est un message secret classé « urgent réservé » et envoyé par le chef de poste de la DGSE à Tokyo au siège des services à Paris le 11 novembre 1996. Elle fut rendue publique dans le livre « Machinations » des journalistes Laurent Valdiguié et Karl Laske. Où ils résument les informations obtenues d'un informateur baptisé du sobriquet « Jambage ».

La banque Tokyo Sowa voulait faire des affaires en France et la DGSE en examinait alors la probité. »

En 2001, à la veille de l’élection présidentielle française, Gilbert Flam, magistrat détaché à la DGSE (ancien collaborateur du ministre socialiste Georges Sarre et époux d'une élue socialiste de la mairie de Paris à l’époque), a ouvert une enquête au Japon pour vérifier des soupçons d'existence de comptes bancaires secrets du président à la Tōkyō Sowa Ginkō.

« Cette enquête a été considérée par Rackchi comme une manipulation politique qui aurait été commanditée dans le but de lui nuire à la veille de l’élection présidentielle.

Après sa réélection, en 2002, le directeur de la DGSE Jean-Claude Cousseran et Gilbert Flam ont d’ailleurs été limogés. »

Et puis il y a eu les interventions du général Rondot dans les affaires Cleastream qui n’ont pas éclairci la situation.

« La Présidence de la République a alors déclaré, au mois de mai 2006, que le Président n'avait jamais eu de compte à la Tokyo Sowa Bank. Elle a évoqué une « campagne de calomnies » remontant à 2001 « dont il a été établi qu'elles étaient sans aucun fondement ». Le 14 novembre 2006, la Présidence oppose à nouveau « un démenti catégorique ». »

Et jusqu’en 2008, après des morts suspectes dans l’entourage de Flosse en Polynésie « où le juge d'instruction du tribunal de grande instance de Papeete a procédé à une perquisition dans les locaux de la DGSE à Paris et a voulu vérifier l'existence du supposé compte japonais. Il s'est fait remettre par la DGSE dix-sept documents classifiés et placés sous scellés, liés aux activités de la Tokyo Sowa Bank.

Le 5 juin 2008, le juge Redonnet s'est même rendu au cabinet de Jean Veil, avocat de Rackchi pour placer sous scellés une enquête réalisée auprès de l'ex-Tokyo Sowa Bank et commandée par l'avocat. Cette enquête concluait à l'inexistence du compte japonais.

Mais Christian Charrière-Bournazel, bâtonnier de Paris, s'est opposé à la remise de ce document. En effet, un avocat ne peut être délié du secret professionnel, même par son client. »

 

Eh bien, pendant que les juges faisaient leur boulot pour n’aboutir à rien, les services faisaient le leur.

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Mains invisibles : Chapitre IX.2 : Rencontre d’un nouveau type (2/2)

 

Chapitre IX.2

 

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Rencontre d’un nouveau type (2/2).

 

Et le lundi suivant, tout le monde est à poste à 9 heures du matin et jusqu’à 17 heures pour une semaine « non-stop », à farfouiller dans une ambiance de suspicion à découper à la hache, dans l’amoncellement de listings qui s’étalent et s’empilent partout.

« Et il n’y a que les trois premiers trimestres 2009 le reste arrive… »

Ils sont cinq payés à le regarder bosser…

De temps en temps Paul ou Isabelle débarque dans le container aménagé en bureau des archives.

« Vous ne manquez de rien, jeunes-gens ? »

La première fois, Denis demande pourquoi il faut tout imprimer : « Vous n’avez donc pas d’archive ? »

Non : c’est inflammable ! Une exigence des assureurs, des pompiers, de la DRIRE et du ministère.

« On numérise tout dès que c’est traité. On crypte pour des raisons de sécurité, on stocke sur informatique et on passe à la broyeuse pour revendre les détritus. C’est la raison pour laquelle ça nous demande tant de temps. Il faut recharger, décrypter, imprimer et recrypter avant de re-stocker informatiquement. Un système en principe inviolable puisqu’il y a des données strictement confidentielles et que personne, à part quelques-uns, ne connaît les codes générés par la machine et ce que renferme les documents. »

Toujours les foutus mesures de sécurité.

Il aurait été habilité défense et demandé à avoir un terminal d’ordinateur, on le lui en aurait crypté un à lui.

« Et pourquoi nos GMS ne fonctionnent-ils pas ? »

Là encore, c’est brouillé. « Vous nous auriez pas demandé la version papier, on vous aurait installé dans la salle de réunion. Là, le bâtiment est également sous surveillance électronique, mais nous on peut utiliser nos portables grâce à un système centralisateur de cryptage. Rien ne sort d’ici qui ne soit pas tracé, vérifié et crypté. »

Pourquoi ne demande-t-il pas son habilitation-défense : « Ce serait quand même plus simple ! »

Il n’a pas du tout envie qu’on enquête sur sa vie… « Pour des raisons personnelles. Ma femme ! »

Elle est si moche que ça, se demande Paul pour lui-même, pour qu’il la cache ainsi ? Que ça a failli sortir de son orifice buccal, tellement c’est naturel de se préserver des mauvaises langues à propos de « sa » femme…

Et pourquoi autant de monde à le regarder travailler ?

« Parce que vous n’êtes pas habilité défense et chacun est assermenté et représente sa boutique ou son ministère pour être sûr et certain que vous n’emportez rien qui ne soit pas « sensible ». Juste l’accès aux comptes, aux justificatifs et rien d’autres. »

Justement, des justificatifs, il en manque…

« Faites-en la demande. Gérard est là pour vous les fournir. Et puis il a intérêt à les trouver, sans ça je fais faire une retenue sur sa paye des montants non justifiés… »

La tronche de Gérard qui n’en croit pas un mot : il connaît son patron.

Mais les autres, ils hésitent à pouffer de rire ou à écarquiller les yeux, selon !

« Vous pensez bien que si vous nous trouvez une dépense non-justifiée, tous ceux-là (Paul désigne les « consultants » d’un geste de la main), ils vont nous tomber sur le râble et leurs équipes vont entendre parler de leur hiérarchie pour avoir laissé passer « un risque-fiscal » non mentionné dans les rapports ! »

 

Le contrôle sur place se déroule de la sorte jusqu’à la fin du mois de novembre.

Entre-temps, Paul est papa d’un petite Annabelle et la maman se porte bien, merci pour elle, hors les effets de son « baby-blues ».

Il a fait plusieurs déplacements importants, notamment à l’étranger et jusqu’à Venise où il est prévu qu’il retourne pour Noël, au fin fond de la lagune où pourrit une « vieille-coque » sur laquelle il a flashé. Une belle goélette de 25 mètres à la flottaison qui attend l’âme-sœur qui saura la restaurer et lui redonner vie.

Mais l’affaire n’est pas faite : il faut des fonds et que Florence aille justement la voir d’abord. Ce qui explique que la belle-famille est venue jusqu’au pied de Notre-Dame de Paris, pouponner quelques jours avant et pendant Noël, alors que Florence et Paul baguenauderont autour du Grand-Canal, logés au Danieli… Une première pour tous les deux.

Tout le charme des 5 étoiles en contrepartie du prix d’un petit rejeton tout joufflu et tout rose. 

Et encore quelques-uns pour les fêtes de fin d’année des écoles-sup, a tenter d’y placer les queues de « flacons » de liqueur alcoolisée restés sur les bras : on passera « professionnel », désormais, avec des bouteilles spécifiques et des étiquettes uniques, sur une idée de Loïc que toute la bande approuve, ce qui a des exigences en terme de trésorerie.

 

Quant au déroulé de cette phase de vérification, chaque soir, quand Paul est là, ou en tout cas avec Isabelle Nivelle, la pédégère, en présence de Gérard et des « consultants » dont le nombre varie au fil du temps, il y a un débriefing dès que Lespoix est reparti. On note et consigne ce sur quoi l’inspecteur-central a passé sa journée, ses questions, la liste des documents consultés et l’analyse de ses méthodes.  

« Celui-là va nous faire chier… Sauf votre permission, Madame la Présidente. Je ne sais pas comment ce contrôle va se terminer, » fait l’avocat fiscaliste détaché par Safran. « Soit il repart avec un ticket de métro ou un timbre-poste rejeté, soit il va coûter un maximum. »

Mais quand on lui demande sur quel motif, il ne voit pas.

« Je vais vous dire, c’est après moi qu’il en a. Et c’est moi qui vais recevoir la doudoune sur des affaires qui ne concernent pas la boutique. Aussi, je vais vous faire venir mon conseiller-spécial s’il y consent et si vous le voulez bien, pour qu’il « respire » le bonhomme », se répand Paul lors d’un de ces soirs-là.

De quoi veut-il parler ? Un excès de paranoïa ?

Pas du tout : il avait été prévenu.

Ça concerne des choses qui ne relèvent plus du secret-défense, mais carrément du secret d’État.

« Je suis désolé, mais même à ma patronne, je ne peux pas en parler. Je vous mettrai tous en danger de mort sauf autorisation expresse du président de la République lui-même… »

Ce qui l’étonnerait bien : il est l’héritier politique, pour avoir été un de ses conseillers, de Thiersmirant à l’origine de tous ces délires corruptifs qui gangrènent encore la vie politique et publique du pays.

En ce qui concerne Paul, après tout, ils avaient tous fait des pieds ou des mains pour qu’il revienne aux commandes de la boutique, n’est-ce pas, alors maintenant, il faut assumer et jusqu’à désormais.

Ils doivent se douter que ce n’est pas pour rien, même si aucun n’a participé aux décisions, hormis Isabelle Nivelle.

 

« Voilà ce que je propose : on continue à lui mettre la pression, de façon à ce qu’il lâche l’affaire pour passer le plus vite possible à son second volet. À moi de le piéger pour protéger la boutique et me protéger également. Non pas que je fraude personnellement, mais il ne doit pas non plus avoir accès à ses fameux « secrets d’État ». On me surveille de très, très haut sur ce sujet. »

En fait, Paul aura déjà élaboré un plan avec l’amiral Gustave Morthe de l’Argentière, qui s’installera au Kremlin-Bicêtre dès avant la mi-décembre et fera venir sa lieutenant de maîtresse début janvier pour activer les croisements des fichiers de Gabrielle de Bercy et ceux des DVD de la CIA.

Mais pour ça, il faut que le Lespoix vienne faire son contrôle sur Paris. Ce qui ne saurait tarder s’il veut vraiment faire un « gros coup » !

Depuis toujours, Paul, Jean-Charles Huisne, revenu dans de meilleures dispositions, et l’amiral, savent que l’argent des détournements de 1992 du président défunt est rentré en France fin 2009, pour être aussitôt redistribué et affecté avant Noël de la même année à travers le grand emprunt de « Krasoski » tel qu’en atteste la loi de finances de mars 2010, que des faits qui doivent rester secrets.

Et, chose importante, le couperet de la prescription tombe seulement le 31 décembre 2012 à minuit et une seconde.

Naturellement, c’est ça et seulement ça qu’il s’agit de protéger à ce moment-là. On a beau avoir eu l’idée d’un rescrit ministériel validant la neutralité fiscale des montages conçus et réalisés à l’époque, devant neutraliser toute tentative de redressement comme d’un dernier atout-maître, ce qui est bien logique puisqu’il s’agit d’argent appartenant à la Nation, tout le monde commettrait une faute si un quelconque inspecteur venait à mettre le doigt dessus, même par inadvertance.

Paul a déjà eu à faire face à un juge d’instruction qui s’est vite fait oublier quand il a vu débarquer le commando de paras du Général Wimereux et a été remercié par la suite d’avoir ainsi su faire « le bon choix » par une promotion intéressante, de celles qui ne se refusent pas.

Avec ce fouineur de Pénis-Les-doigts, comme l’IC est surnommé « en interne », ce serait une personne de trop au courant du dispositif mis en place à l’époque. Et il ne mérite aucune promotion.

Or, l’occasion s’est présentée en première quinzaine de décembre. 

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Mains invisibles : Chapitre IX.1 : Rencontre d’un nouveau type (1/2).

 

Chapitre IX.1

 

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Rencontre d’un nouveau type (1/2).

 

En attendant, passé la mi-octobre 2012 Denis Lespoix se lance à l’assaut de la MAPEA. Que ça a failli mal tourner, tel qu’il n’en menait pas large.

Le gardien fait barrage : « Vous êtes habilité défense ? », c’est la question clé du rubicond en uniforme noir qui fait cerbère dans la vie civile.

« Je suis inspecteur des impôts, je veux voir Monsieur de Bréveuil, votre Président ! »

D’abord, ce n’est pas le Président et personne ne rentre sur un site classé défense sans autorisation préalable du ministère du même nom.

Incompréhension mutuelle, telle que la tension monte d’un cran à chaque échange.

Finalement, Madame Nivelle, la pédégère, revenant de son déjeuner d’affaires en ville avec ses conseils qu’elle ramenait à la gare, arrive sur place dans sa Twingo de fonction.

« Ah ! C’est vous ? On vous attendait ce matin, pas à 14 heures ! » laisse-t-elle tomber narquoise et surprise.

« On a vraiment cru que vous aviez renoncé à ce contrôle. Vous êtes habilité défense ? »

Non.

« Je vous fais entrer, mais sans vos affaires et après une fouille au corps complète. Désolé, mais ce sont les consignes de sécurité très strictes du ministère ! Même les pompiers seraient obligés de s’y soumettre pour venir éteindre un incendie ! ».

Seulement pour ceux qui ne sont pas habilité-défense ne précise-t-elle pas.

Quelle drôle de boîte !

« On a déjà eu des histoires avec la DGSE, par le passé ! Ici, il y a quelques secrets dont l’armée ne souhaite pas qu’ils sortent », affirme-t-elle en guise d’excuse.

Et s’il refuse ?

« Vous repartez et allez demander cette habilitation au ministère de la défense. Bon, ça peut prendre quelques mois, je vous préviens tout de suite, et ça n’est délivré qu’après une enquête approfondie sur vous ! »

Voilà autre-chose !

 

Une fois installé dans la salle de réunion dont il imagine à tort qu’elle devra lui servir de bureau, Madame fait un historique de son entreprise en présence du contrôleur de gestion qui aura rappliquer dare-dare et aurait dû être son seul interlocuteur.

« Ne vous offusquez pas, mais lui et son collègue, ou un agent de sécurité vous accompagneront jusque devant les toilettes si nécessaire. Aucun autre contact ne vous est autorisé dans l’enceinte du bâtiment, toujours ces mesures de contre-espionnage qui nous sont imposés par nos maison-mères et le ministère. »

Il veut voir Paul de Bréveuil.

« Notre secrétaire général ? Il doit être quelle que part et devait vous accueillir ce matin. Il va arriver, parce que là il raccompagnait les auditeurs d’EADS et nos commissaires aux comptes à la gare, vue votre absence… »

La maison-mère et les CAC en déplacement pour le recevoir, lui l’IC de la capitale ?

Il ne pensait pas être aussi important.

Il veut voir la caisse, le dernier relevé bancaire et les livres légaux d’AG et de Conseil d’administration.

« La caisse ? Quelle caisse ? Celle du comité d’entreprise ? »

Il n’y a pas d’espèces qui circulent dans la maison, hors pour le CE et les personnels dans leurs effets … personnels.

« Les livres légaux alors ? »

Ils sont chez l’avocat de Paris, à sa disposition…

« Le dernier relevé du compte bancaire. »

On va lui trouver celui de la dernière période… Le temps de patienter, souhaite-t-il une boisson chaude ? Froide ?

 

Il tourne comme un fauve, surveillé par un ange-gardien en uniforme noir, assez impressionnant par sa corpulence, qui s’est installé à proximité de la porte, dans un coin, pour avoir pris le relais de Madame Nivelle, bien succulente à ses yeux, et de son jeune contrôleur de gestion parti chercher le relevé demandé.

Celle-là, il envisage tout de suite de se la faire. Un bourgeoise quinqua, une « MILF » sapée pour au moins trois mille euros de fringues, ce doit être sûrement une « cougar » qui aime se faire tringler dans des positions extravagantes, s’imagine-t-il tout de suite.

Et il commence à fantasmer sur des scènes démentes… même s’il préfère en général des chairs plus fraîches : il se fera une « douce-violence » !

Paul arrive sur ces entrefaites. Un bonhomme qui en impose immédiatement, rien que par sa présence, sa carrure, son charisme et son physique : il le déteste immédiatement et cordialement !

Celui-là, promis, il va « le faire pleurer », le faire chialer jusqu’à ce qu’il se traîne à ses pieds.

Peut-être même jusqu’à le pousser au suicide…

Il en est sûr.

« Bienvenue Monsieur Lespoix ! Désolé, mais nous vous attendions depuis la fin du mois d’août et ce matin, pas cet après-midi. Vous vous êtes vraiment perdu en route depuis tout ce temps ? »

Fin août ? Mais il n’était même pas en France à ce moment-là !

Perdu en route ? Non le taxi connaissait l’adresse.

« Vous comptez rester avec nous combien de temps ? »

Il ne sait pas et lui parle de ses difficultés à pénétrer dans l’enceinte.

« Oh ? Vous n’étiez pas prévenu ? Des mesures de sécurité indispensables ! Ici, on prépare la prochaine guerre. Vous ne verrez pas, mais ça se précise : nos armées vont encore devoir aller batailler et répandre le sang d’affreux terroristes sur un autre continent, pour que vous puissiez faire tranquillement votre travail, je veux dire en toute sécurité. Et ça se passe partiellement entre nos murs.

D’où toutes ces précautions, qui sont pour nous naturelles, notamment contre le risque terroriste et le risque d’espionnage. Savez-vous que la CIA a même tiré un missile contre le bâtiment il y a tout juste quelques années ? »

La CIA ? Dans quel piège est-il tombé ?

« Vous êtes descendu à quel hôtel ? »

Il compte reprendre le train du soir.

« Il faudra vous dépêcher. Celui de 21 heures est un tortillard ! Je vous conseille celui de 17 heures. Vous a-t-on proposé une boisson, au moins ? »

Oui : on ne l’achète pas avec un verre ou une tasse…

« En fait, c’est vous et vos activités que je suis venu contrôler. »

Paul commence à comprendre les avertissements de Jacques et de l’amiral Morthe de l’Argentière.

« Pas de problème : j’étais au courant avant même que vous ne reveniez d’Asie. Vous avez sonné à la bonne porte ! Je suis à votre disposition. Toutefois…

Mes comptes personnels ne sont pas ici et ont pour partie grandement été incendiés à l’occasion de plusieurs attentats dont j’ai été victime ».

Le prétexte de tous les fraudeurs : il tient son bonhomme !

Celui-là va le supplier de l’achever, ricane-t-il dans son for intérieur !

« Mais on doit pouvoir reconstituer l’essentiel. Aussi, je vous propose de revenir faire votre boulot d’abord ici sur les comptes de la société : nos consultants et conseils seront présents pour répondre à vos questions et vous verrez que tout est clean. »

Et Paul d’expliquer qu’outre le contrôle interne, les reporting mensuels aux maisons-mères génèrent également des audits trimestriels, en plus des travaux des commissaires certificateurs et des contrôles de la DGA et du ministère, le tout sous l’œil de l’AMF, puisque des sociétés-mères sont cotées à la bourse de Paris.

« Ils contrôlent jusqu’à la comptabilité-matière et au gramme près, dans la limite de la précision des instruments. Vous aurez accès à leurs documents, sur demande mais que pour consultation. »

Légalement, il ne peut pas en être autrement, de toute façon : on ne cassera pas sa procédure de redressement à ce jeu-là en le poussant à emporter des documents, ce qui est prohibé par la loi fiscale.

Et de préciser que viennent également contrôler l’activité les ingénieurs de la DRIRE.

« En revanche, les contrôles Urssaf se font sur dossier : ils nous connaissent. »

Et l’inspection du travail ?

« C’est du seul ressort du directeur régional. Il est habilité défense, lui ! »

Ambiance, quand Gérard, le contrôleur de gestion revient avec les deux feuillets du dernier relevé décadaire de la banque.

« Vous vous moquez ? »

Pas du tout : « C’est ce que vous m’avez demandé ! Il vous faut autre chose ? »

« Ok ! Je vais prendre ce train de 17 heures. Il est encore temps. Je reviens lundi matin par le premier train. D’ici-là, vous aurez le temps de me préparer une édition papier de tous les mouvements de comptes et copies de tous les justificatifs, y compris des payes et déclarations Urssaf, ainsi que les états de synthèse des trois dernières années. »

Une édition papier ?

Gérard à l’adresse de son secrétaire général : « Il est fou ? Il y en a pour des semaines-machine, en comptant le temps de recharger les fichiers dans la bécane ! »

C’est un peu ça, oui…

« On commencera par l’année 2009. Ce qui m’inquiète, c’est plutôt de savoir où on va installer tout ça ! Gérard, il faut passer tout de suite commande d’une semi-remorque de papier à bande carole pour la grosse imprimante de l’atelier. Et puis louer un cabanon de chantier, un grand de 40 pieds, qu’on posera au milieu de la cour pour le laisser gratter tout ça ! Pensez aussi à faire un branchement électrique pour la lumière et le chauffer qu’on puisse y installer aussi « nos conseils ». »

Et un branchement téléphonique ?

« Non, il a son portable. Même si ça risque de ne pas fonctionner avec notre système de brouillage. »

Vraiment, dans quoi est-il tombé, se demande Denis pour lui-même ? 

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Mains invisibles : Chapitre VIII.2 : Paul à Paris (2/2)

 

Chapitre VIII.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 
  

Paul à Paris (2/2)

 

La petite troupe s’organise donc dans les jours qui suivent, Paul et Barbara se réservant l’X, Centrale, Pont, Mine et sup-aéro, HEC et l’ESSEC, le commando en quintet s’occupant de tout le reste, école d’ingénieurs comme écoles de commerce : un gros boulot !

Une bonne année : 2,5 millions euros de ventes hors-taxes, hors-droits, hors vignette de sécurité sociale, juste pour les fêtes de fin d’année, les cuvées « spéciales », royales et impériales ayant fait leur effet, écrasant et de très loin « la concurrence » qui était apparue l’année dernière.

Claire et Loïc, la baraquée et le minet des beaux-quartiers rempileront d’ailleurs dès le mois suivant. Pour le blé, bien sûr.

Une occasion pour Loïc de déménager définitivement en région parisienne du côté de la vallée de l’Yvette avec « sa fiancée » et pour Claire de s’enraciner à Paris-13 chez celle qui sera devenue sa « partenaire » de sensualité, pas encore pacsée, pour au moins un temps : joindre l’utile à l’agréable, n’est-ce pas…

Ils ne sont pas si fous que ça, les jeunots de l’époque.

 

Et comme en plus ils ont de l’ambition, Loïc aura plus tard carte blanche pour embaucher à Londres et Berlin, décliner le concept partout en Europe du nord, jusqu’à devenir directeur commercial et faire grimper ainsi le chiffre d’affaires avec des progressions moyennes de l’ordre de 50 % d’une saison sur une autre pendant plusieurs années.

Parce que plus tard, il sillonnera également l’Europe du sud du neurone ainsi que l’Europe de l’Est des cellules grises et avec des produits-nouveaux, genre « parfum pour les dames » et autres gadgets luxueux, stylos, montres-uniques, bijoux, etc.

Sans manquer de balayer encore toute espèce de concurrence dans l’œuf avec tout ça dans les cadenciers, à chaque fois qu’il en trouve sur sa route, même parmi les « majors » du secteur des spiritueux qui s’y essayent, jusqu'à inventer une liqueur Rhum/café qu'on trouvera plus tard dans les rayons des hypermarchés, et qui en deviennent les fournisseurs occasionnels de Jean-Charles.

Démarche plus facile…

Loïc, devenu un « incontournable » sur tous les campus en quelques années, que Paul n’aurait jamais pu en faire autant tout seul.

 

C’est d’ailleurs Loïc qui lui suggère de monter une société spécifique et dédiée à cette activité-là, début 2013 pour une mise en application pour la dernière saison de 2014, en « délocaliser » le siège en Irlande mais en gardant l’informatique en banlieue-sud de Paris, se gardant la possibilité de quelques entrepôts loués au mois dans les banlieues des grandes-villes pour préparer les commandes.

Il en devient même l’associé minoritaire et le dirigeant effectif et opérationnel dès l’automne 2014.

Ce qui libérera Paul de bien des contraintes à ce moment-là tout en lui gardant quand même la direction de droit et une carte de visite opportune depuis que celle de VIP-Dassault devient vide de sens.

Ce qui sera aussi l’occasion de « tester » de « l’optimisation fiscale » in vivo après les menaces de fin 2012.

   

Parce que l’usine d’Aubenas doit aussi monter en puissance. Mais curieusement, le ministère qui prépare l’opération Serval début janvier, sans rien n’en dire à personne, prend des options mais ne commande rien.

Et quand il commande du matériel et des munitions, de tout façon il paye avec retard : priorités aux soldes alors que le nouveau programme de paye, Louvois, explose justement en vol à peu près à ce moment-là.

Ces andouilles ne l’avaient même pas fait « tourner en doublon » avec l’ancien système, tel que c’est un boxon pas croyable qui rajoute à la « mauvaise humeur » des biffins et des états-majors. De haut en bas et de bas en haut.

Il aura fallu l’abandonner rapidement avant la fin 2013 et l’opération « Sangaris » pour en revenir au « crayon et à la gomme », au « stylo et blanc-couvrant », comme chez les modernes.

Alors payer les cartouches…

Ça devient infernal pour la trésorerie de la MAPEA qui épuise vite fait les ressources du Dailly et les autorisations de dépassement de découverts, les reports d’échéances URSSAF et d’acomptes TVA et IS… Parce que ses propres clients ont du mal à faire rentrer l’argent.

Sombre fin d’année pour tout le monde.

Pour tout dire, le premier Conseil d’administration de 2013, celui qui arrête les comptes 2012 et convoque l’assemblée générale des actionnaires, constate un bénéfice dans les comptes, et sans « triche » des opérations de césure d’exercice, mais une trésorerie négative.

Et encore en plus un paquet de « hors-bilan » assez mal équilibré.

Il faut que ça se « décoince » rapidement.

 

C’est d’ailleurs à cette occasion, après en avoir parlé à Isabelle Nivelle, que Paul prend sur lui d’annoncer la création d’une branche d’activité nouvelle à valider par l’AG à suivre. Ce qui laissera béats les membres du comité d’entreprise : le patron décoiffe une nouvelle fois !

En effet, vu que Dassault s’apprête à sortir son premier prototype de drone, le « Neuron », alors que ceux de la MAPEA, hors le « 001 » qui n’en est d’ailleurs pas un, restent sur les planches à dessin, il faut penser l’avenir autrement.

Puisqu’on sait broyer finement toute sorte d’ingrédients dans les murs et ateliers du site, il serait temps d’avoir une activité contra-cyclique qui dépendrait non plus du bon vouloir des « guerroyants », mais de l’activité civile des maisons-mères.

Qui font dans l’aéronautique et le spatial, de leur côté, comme chacun le sait.

À savoir des matières premières de revêtements de surface haute-performance.

Autrement dit des « peintures » et enduits spéciaux…

Et ce jour-là, pendant qu’ils discutent de ça, ils ne causent pas de la trésorerie, qui aurait pu aussi être mise très à mal par le contrôle fiscal qui n’a heureusement pas abouti de son côté, mais qui n’inquiète plus personne depuis le début janvier 2013.

Et pour cause.

 

Le secteur « revêtement », ce sont quelques fournisseurs qui se comptent sur les doigts d’une main, des produits et pigments d’excellente qualité, mais particulièrement chers… comme tout le monde sur ce marché, d’ailleurs.

Et la maison « grand-mère » se verrait bien de rajouter cette corde à son arc, quitte à aller piétiner la concurrence jusque dans l’industrie automobile et le BTP !

Ils ont des capitaux à investir intelligemment, ce qui calme le comité d’entreprise qui commence à s’inquiéter sérieusement des plans de charge en pointillés… qui jouent au yo-yo et les laisse « béats » de leur patron… qui « décoiffe ».

Encore du boulot en perspective pour l’équipe dirigeante et les équipes « recherche & développement ».

Les premières livraisons sortiront en septembre 2013, après des tests préindustriels tout le long du second trimestre 2013.

C’est que les spécifications demandées par les avionneurs, c’est quand même assez coton à réaliser.

Mais ça mettra à l’abri des errements des politiques la boutique de la famille Nivelle pour quelques années.

Et puis vendre de la peinture à travers l’Europe et la planète, c’est plus présentable que de se dire « marchand de canon » (même si ce ne sont que les obus et missiles…)

 

De son côté, Paul essaye aussi de résoudre l’énigme des « comptes-fantômes » de Miss Gabrielle. Un sacré casse-tête au démarrage quand il a reçu les listings des 9.288 noms et plus de 4.600 adresses, en format PDF.

Et il ne peut pas se faire aider par Joëlle Lidoire, la « hackeuse » de la Cour des comptes, qui a divorcé depuis longtemps d’avec le père de ses enfants de l’époque de la mission « Isidore », après leurs folles étreintes du moment.

Elle essaye de « se recaser » avec bien du mal auprès d’un radiologue encore marié et il n’est pas question pour elle de mettre en danger cette nouvelle liaison…

Mais si. Même pour le plaisir !

Lady Joan qui a fait le déplacement à l’occasion de la naissance d’Annabelle ne sait rien du tout des dossiers de feu-Sir Thornner son époux. Son clerc est par monts et par vaux depuis qu’il a pris sa retraite. Et elle, à l’époque originelle du « trust SJ », elle portait encore des couettes-tressées, avec jupette à plis et chaussettes-montantes à pompons, en Suisse, pour être écolière à peine délurée.

Tout ce qu’elle veut bien faire, comme d’une grande faveur, c’est de transférer les archives, qui l’encombre, au Kremlin-Bicêtre et les quelques dossiers informatiques traitant des comptes et dividendes versés.

Mais rien de plus.


Tout juste joindra-t-elle le numéro de portable du clerc, obstinément silencieux pendant un temps, mais qui parlera plus tard de son unique contact : un certain Monsieur Robert, banquier à Londres mais vraisemblablement d’origine française d’après son accent. Un homme assez discret, paraît-il, pour ne s’être jamais montré : il ne connaît de lui que la signature en bas des mandats de gestion.

Jusqu’à ce que Paul ouvre enfin le fichier de Bercy !

Là, il se fait très vite une idée claire de l’entourloupe réalisée par ce « Monsieur Robert », sans doute aux ordres d’une cellule « opaque » de l’Élysée de l’époque.

Où Paul ne manque pas de se remémorer les « suicides » d’un ancien premier ministre de « Thiersmirant » et de son homme de confiance, « Grasse-œuvre », quelques mois plus tard, sis au « château » lui-même…


Dans les 9.288 noms « exotiques », très rapidement il repère celui de l’épouse du Président Rackchi et une adresse à Tokyo. Puis encore plein d’autres de la sorte.

C’est un véritable jeu de piste où il retrouvera début janvier tous les 580 noms d’emprunt des conjoints des ministres de la Vème Républiques dont certains sont déjà morts depuis longtemps, ceux de quelques 2.500 sénateurs et 3.800 députés, le reste étant à mettre sur le dos de quelques conseillers régionaux, en général maire de ville de plus de 100.000 habitants et souvent conseillers généraux en bon cumulards de la République qu’il n’a pas le temps ni le courage d’identifier.

Car début décembre, ce n’est seulement qu’une hypothèse à consolider et valider : tous ont « croqué » de cet argent-sale et détourné !

Au moins pour les « fruits » des placements effectués par ce « Monsieur Robert », banquier à Londres.

Ce qui reste invraisemblable, totalement incohérent, à moins de disposer ainsi d’une arme à scandale inimaginable sur tout le personnel politique du pays, tous partis confondus.

Une vraie bombe nucléaire à effet multiple si c’était le cas, prête à exploser en fragmentations létales d’où personne ne sortira indemne si elle venait à exploser.

Mais pour l’heure, ce n’est qu’une hypothèse qui se dessine dans la tête de Paul, qui resterait logique dans l’objectif de « Thiersmirant » de détruire les institutions à la tête desquelles il a été porté par le suffrage universel il y a bien des années.

 

Il ne reste plus, pour l’heure, à Paul que de remettre la main sur les fichiers remis par la CIA et feu le directeur Almont, via Emily Lison un soir d’assomption dans un restaurant sur la plage de Calvi.

Il y a une éternité de ça. Et où sont-ils donc, ces DVD ?

Puis à croiser les « noms » avec les conjoints, adresses, numéros de compte et d’en tirer des soldes, s’il en a le temps. 

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Mains invisibles : Chapitre VIII.1 : Paul à Paris (1/2)

 

Chapitre VIII.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Paul à Paris (1/2)

 

Le lendemain, il réceptionne son loft remis à neuf : il va pouvoir récupérer Florence le week-end suivant, avant de repartir sur Aubenas travailler un peu à l’avenir de la boutique.

Parce que reste également à organiser les activités de vente de flacons pour les fêtes de fin d’année sur les campus, puisque les élections des BDE sont en cours.

Ce qu’il fait les semaines suivantes. Et il compte passer la fin de la semaine en entretiens pour recruter quelques jeunes-hardiesses bienvenues à aider Barbara, sa secrétaire générale un peu débordée elle aussi par la préparation d’un éventuel contrôle fiscal, pour lequel elle se fait aider par Jean-Charles Huisne revenu à de meilleurs dispositions et ses compléments de retraite personnels.

Après tout, c’était lui qui avait fait les opérations comptables et déclarations des deux années précédentes.

Et comme à eux deux, ils s’étaient montrés particulièrement légers voire « mauvais » dans l’activité des ventes de flacons, l’année dernière, alors que Paul faisait son « tour du monde par les trois caps » à la voile pour se remettre de son attentat et prendre le temps de « calculer » le Nivelle 002, Paul est désormais certain que ce n’est pas dans leur périmètre de première compétence…

Les comptes, la logistique et l’organisation, oui, peut-être. La vente, sûrement non !

Il faut donc des « vendeurs », des commerciaux, des « vrais ».

De préférence des jeunots, n’ayant pas froid aux yeux, idéalement jeunes-mariés et déjà endettés jusqu’au cou avec les traites d’une maison et de son mobilier sur le dos : quand on a faim, on bosse !

Pourquoi spécialement ce profil demande un jour Jean-Charles ?

« Parce que comme ça, je suis sûr qu’ils vont tout faire pour faire les échéances de leurs remboursements en vendant plein de flacons ! »

Et si on met 8 % du chiffre réalisé en rémunération brute, 11 avec les charges sociales et qu’ils fassent 2 millions comme la première année, ça leur laisse 160 K€ à se partager à trois ou quatre, soit un bon salaire de cadre débutant…

De quoi en faire se lever plus d’un tôt le matin.

 

Mais pas seulement. Il faut aussi approfondir la gamme à proposer. Le flacon à 15 euros, c’est bien, mais c’est un peu « sec » avec des cartons de 12.

Faudrait faire des cartons de 6 voire des demis-cartons, faire des formats « magnum », des mignonettes, des assortiments de « paniers-cadeaux » et des picolos ou des chopines.

Et donc d’élargir aussi la gamme : des whiskies, de plusieurs provenances, certes, du bourbon d’accord, mais aussi du rhum, de la tequila, du saké et peut-être même du cognac et de l’armagnac ou encore d’autres choses plus « exotiques », abricot, kirsch, prune, café, liqueur de café, etc.

Bref, contacter d’éventuels fournisseurs en surcharge de stock. Pas évident de prime abord.

 

Un peu plus tard dans la saison, Jean Vecchia, le pote en charge de la garde du sémaphore au large des réserves immergées de fioul de la marine nationale planquées dans les fosses sous-marines de Saint-Florent, celui qui avait été tant révolté par l’attentat contre Paul il y a un an, apportera la solution.

Lui, il a des vignes sur les coteaux de Patrimonio et son fameux muscat. Une production contrôlée et presque confidentielle. Depuis toujours, il distille aussi du mauvais vin italien qui lui sert à couper ses propres consommations de productions locales, interdites à la vente.

En revanche, sa « grappa », elle décoiffe. D’autant qu’il peut distiller sur son bateau de pêche. Ce n’est pas commode, mais ça permet d’épuiser quelques tonneaux de mauvais vin sarde loin des côtes et des gendarmes attirés par les relents d’odeur caractéristique durant son voyage de retour le long de la côte occidentale de l’île.

Moyennant finances, il peut multiplier ses détours-là et même livrer à Sète ou ailleurs, près à embarquer sur un camion.

Pas très légal de faire avaler aux fonctionnaires que les distillations sont elles-mêmes sardes, mais à partir du moment où les droits d’importation, de consommation et de circulation sont payés à la douane locale et aux indirects, rien n’est interdit…

Cette année-là, il y aura donc deux cuvées spéciales : « La Royale-2012 », et « L’impériale-2012 », cette dernière redistillée une seconde fois pour augmenter le taux d’alcool, mais mélangée avec une pointe de liqueur de cédrat… Un vrai régal de feu qui titre jusqu’à 65° !

Ne pas abuser, parce que ça monte rapidement au cerveau…

Non seulement c’est « bonus » en mignonette pour les acheteurs d’autres choses, mais ça fera des ravages lors des dégustations… la concurrence naissante, complétement dépassée sur son propre terrain.

Pour le reste, Jean-Charles veut bien sillonner le pays à la recherche des quelques stocks disponibles indispensables. Il est mauvais vendeur, mais se révélera bon acheteur, finalement.

Peut-être même un peu trop, parce qu’au bout d’un temps, il n’y a plus vraiment de place pour mettre en bouteille et ensuite en carton, sous la haute autorité de Barbara dans les sous-sols des locaux du Kremlin-Bicêtre et ses « stagiaires » issus de quelques BDE de grandes-écoles.

 

Et pour les « vendeurs », ça eut été un beau moment de délires divers. Barbara a trouvé intelligent d’organiser des salons directement sur les campus de quelques écoles de commerce dont elle avait entendu parler, Paul lui interdisant d’aller chez ses clients d’HEC, ESSEC et compagnie, les quelques majors, puisque c’est là qu’il recrutait aussi les fameux membres-détachés aux basses corvées des BDE, comme la première fois.

En revanche, Toulouse, Rouen, Reims, Marseille, Bordeaux, Lille, Chambéry même et encore deux bonnes dizaines d’autres, ça l’enchante d’aller faire la promotion du deal et motiver les jeunes têtes à laisser leur CV.

La première short-liste est un peu courte d’autant qu’ils ont été une dizaine seulement à se présenter à la réunion de « présentation-approfondie » à l’Hôtel Méridien retenu pour se faire.

Pas assez pour ne faire que quatre RDV de présentation individuelle en fin de matinée.

Entre l’anarcho-syndicaliste et le soiffard, il n’y a que les filles qui semblent présentables et elles n’ont en tête que d’entrer dans des entreprises du luxe…

Plus facile à vendre, même si elles ne savent pas encore qu’en qualité « d’emploi-jeune », elles vont être traitées comme des bêtes, jusqu’à la limite du burn-out et payées avec trois fois rien.

Du vol, limite esclavagisme.

Mais elles ont accès à des « échantillons-maisons » dont elles raffolent. Alors que les bouteilles d’alcool-fort, ce n’est pas vraiment « leur truc ».

 

Donc début octobre, en seconde session, ce sont des stagiaires qu’on recherche : moins chers, plus motivés et brûlants de découvrir un métier sur le terrain.

À ce jeu-là, le permis de conduire étant le seul réel barrage à l’entrée, trois filles, Julie, Fabienne et Claire, plus deux types, Bertrand et Loïc sont retenus pour faire deux équipes de 2,5, avec une « flottante » en cas de panne ou de « lunaison » impromptue.

Les filles sont chargées de conduire sur la route du retour et les équipes ainsi formées se chargent des prises de RDV, de faire les RDV sur les campus, avec l’intendance qu’il y a autour, et d’administrer les relances et les commandes durant les trois prochains mois.

À Barbara de relancer les paiements et d’organiser les commandes et les mises en bouteilles et cartons avec les autres stagiaires des BDE recrutés chez les majors ou quelques emplois-aidés en renfort, les réceptions et les livraisons jusqu’à la fin de la période.

À Jean-Charles de coter les demandes, de trouver l’approvisionnement correspondant et de faire livrer sur le Kremlin-Bicêtre.

À Paul de glander et de surveiller tout ça de loin : il n’a pas trop le temps avec tout ce qui lui tombe sur la tête entre les fichiers de Gabrielle qui arriveront plus tard et à gérer à la fois la montée en puissance de l’usine et celle de « son » Denis d’inspecteur des impôts…

Sans compter, entre-temps, la naissance d’Annabelle qui lui met la tête sans-dessus-dessous et ouvre le compteur des nuits blanches pour les biberons de 4 heures.

 

Bertrand est un jeune d’origine portugaise, sympa, déluré, vif et … poilus. Une vraie barre bien fournie en sourcil au-dessus des yeux. Il a un emprunt à rembourser, parce que sa bourse n’est largement pas suffisante et que son co-loyer est bien cher dans la ville des ex-négrier-sur-Gironde. Celui-là logera dans les locaux du Kremlin-Bicêtre durant toute la période, de façon très discrète.

Loïc est plutôt « vieille-France », fin et raffiné, avec un humour à trois bandes, qui a scotché Paul sur ses connaissances des différents alcools-forts des belles provinces du pays et plaît beaucoup à Barbara qui lui trouve un « charme-fou »…

Mais oui, elle n’est pas encore recasée la minette, et un « petit-jeunot » pourrait faire son affaire, d’autant qu’elle a une chambre de libre dans son nouvel appartement parisien !

Celui-là fait l’ESC-Rouen, mais, si le premier est en première année, le second est mémorialiste et cherchera du travail en janvier. Il espère bien rempiler pour pouvoir se marier rapidement avec sa dulcinée…

Tant pis pour Barbara et ses projets de sensualité. Quoique… on ne jurera de rien en la matière : c’est qu’elle a une sacrée nature, quand elle veut quelle que chose, celle-là !

Paul en a même payé de sa personne, en son temps.

 

Julie est issue de Sup de co-Bordeaux, comme Bertrand. Une petite brune toute mignonne, avec des yeux bizarrement en amende qui lui donne un air asiatique prononcé, alors qu’elle ne l’est pas du tout et qui espère se faire un peu d’argent pour financer son échange avec l’université de Vancouver. Post troisième année…

Ce qui l’a rend « sympa », c’est son large sourire et ses dents du bonheur… en façade !

Fabienne est une belle plante issue d’Audencia à Paris 15ème (une sup de co qui prend des bacheliers) et son bâtiment étonnant et multicolore, la chevelure et les formes généreuses qu’elle sait mettre en valeur sans faire trop pute.

Une figure ovale avec un nez court et fin en bec de rapace, un décolleté vertigineux qui donne un aperçu irremplaçable sur son 110-bonnet double-D qui flotte harmonieusement sous des vêtements en mousseline semi-transparente du meilleur effet.

Un peu « épaisse » de la cuisse, mais qui saura faire le bonheur d’un type pas trop con.

Pour l’heure, elle a fait un numéro de charme à peine croyable à Paul, sans même se gêner de la présence de Barbara qui en a rougi à plusieurs reprises, très mal-à-l’aise pendant les entrevues.

Et que « je veux travailler avec vous ! » par-ci, et « que la vie doit être jouissive à vos côtés » par-là, « tout cela me plaît affreusement ! », « je ne sais pas ce que je pourrais faire pour vous ! », « Je ne sais pas si je pourrais dire non à toutes vos idées », ou encore, « j’ai envie d’être corps et âme à vous … et tous vos projets », toute émoustillée à l’idée d’être un jour le jouet de tous les muscles de Paul qui roulent sous sa chemise entrebâillée…

C’est dire !

Oui, parce que naturellement, à la moindre réplique ambiguë de Barbara, elle se retranche immédiatement derrière son masque d’innocence de pucelle qui ne pense que boulot…

Un sacré numéro !

Également en troisième année, elle cherche surtout et manifestement un mari qui l’entretiendra. Une feignasse dans l’âme, mais qui se donne tous les atouts à cravacher dur pour y parvenir.

Sauf que de l’avis de Paul, elle devrait chercher sa moitié à la fac de médecine, ou dans les écoles d’ingénieur du top 4.

Ce qui justement l’intéresse dans l’offre de la boutique…

D’ailleurs, dès que l’entretien prend un tour plus personnel, elle ne s’en cache pas, le dit et l’assume. Elle aussi, à court d’argent pour claquer tout son pognon en fringues et fanfreluches idiotes.

 

Quant à Claire, c’est une boxeuse, une kick-boxeuse, sans doute culturiste vue sa carrure et ses tatouages, en seconde année et en break pour un an, disponible pour plein de petits-boulots, du moment que ça rapporte, blonde « pas naturel » en dira Barbara. Qui se veut de la race des dominantes, des femmes battantes, à qui rien n’est impossible même Paul pris au « bras-de-fer », dotée d’un accent marseillais à couper à la hache pour venir de sup-de-co … Marseille.

Une folle du volant d’ailleurs, qui sera venue depuis sa location des quartiers-nord pour le RDV de 9 heures au volant de sa R5 toute pourrie pour avoir sans doute déjà fait trois au quatre fois le tour du monde et user son troisième moteur (on saura plus tard qu’elle en était à sa seconde boîte de vitesses et c’est sans compter l’embrayage et les disques de frein), en partant à 4 heures du matin, pour repartir aussitôt revenue faire son déménagement et partager une colocation dans le 13èmeavec une de ses potes sur Paris avant minuit…

Du grand n’importe quoi !

Paul aurait voulu voir la tronche de sa voiture après ce raid de plus de 2.000 km en quelques 16 heures de conduite. Y’a encore des radars automatiques, sur le parcours ! 

Mais il ne l’a pas vue, pris pas son propre emploi-du-temps de ministre surbooké.  

 

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Mains invisibles : Chapitre VII : Gabrielle.

 

Chapitre VII

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Gabrielle.

 

Elle se démène depuis le mois de janvier 2010 pour inventorier et évaluer les « SCI », SCPI et SII ramenées d’Angleterre par Paul de Bréveuil.

Sur 13 milliards d’euros, évalués à la louche et à coût quasi-historique, la moitié (46 %) ont pu être liquidés rapidement, avant la fin de l’année, sans effondrement du marché, parce qu’il s’agissait de SCPI cotées, adossées à un marché et tout en générant quelques belles plus-values surprises pour les plus anciennes participations seulement.

Un marché atone, certes, mais au moins existant.

Pas compliqué : gérées par des banquiers ayant pignon sur rue, à travers des filiales spécialisées, il suffisait de les contacter, de relever les cours et de se positionner à la vente.

S’agissant toutefois de droits immobiliers, les actes à rédiger par leurs notaires, les contre-expertises d’évaluation à réaliser, les rendez-vous de signature, tout ça a pris une majeure partie de l’année, bien qu’elles n’étaient pas trop nombreuses.

Et les interlocuteurs, étaient heureusement à-peu-près toujours les mêmes, ce qui a facilité les choses.

Il a surtout s’agit de constater des plus-values nettes, minorées hélas des coûts d’acte connexes.

C’est toujours de l’argent en plus, à sa place dans les caisses de l’État, et c’est bien là l’essentiel de l’agence pour laquelle elle travaille.

 

En revanche, les 12.000 et quelques vraies SCI, c’est une autre paire de manches. Beaucoup sont propriétaires d’immeubles, dont il a fallu des mois et des mois d’expertise sur le terrain pour évaluer réellement les actifs et beaucoup d’autres seulement des titres d’autres SCI, elles-mêmes ayant souvent des actifs mixtes, immeubles, bouts d’immeuble, parfois seulement des terrains ou des droits à construire, des baux à construction, le tout géré et administré par des « syndics » locaux.

Dans quelques cas, les SC n’ont que des prêts à leur actif, des sommes prêtées à des OPHLM sans grand espoir de remboursement, ou à quelques « institutionnels-sociaux » un peu plus solvables.

Parfois elles portent des dettes entre-elles. Parfois avec seulement une ligne d’écriture comptable, parfois avec des actes sous-seing privé, plus rarement sur actes authentiques, notariés.

 

Mais le pire, c’est que si les unes et les autres encaissent bien des loyers, des remboursements et/ou des intérêts, la gestion ne serait-ce que des comptes sociaux est rapidement devenu un enfer tel qu’il a fallu mobiliser rapidement une brigade entière d’une dizaine de spécialistes en détachement de Bercy pour centraliser l’ensemble et avoir une vue des flux à peu-près complète.

Et si ce n’était que ça !

Toutes ces SCI, outre que d’avoir des participations croisées pour la plupart, éclatées, dispatchées dans un maquis touffu tel qu’il est quasiment impossible de « consolider » l’ensemble selon la norme comptable habituelle, pour avoir toutes des « minoritaires », ont chacune une flopée d’associés à convoquer individuellement aux adresses contenues dans les registres sociaux pour tenir les assemblées générales ordinaires et obligatoires.

Ce n’est plus 12.000 mais 80.000 personnes physiques, quand on ressort les participations croisées « internes » à cette véritable nébuleuse intriquée.

On n’imagine même pas le coût postal, et surtout le travail de préparation qu’il peut y avoir derrière, ne serait-ce que pour transférer les sièges sociaux ailleurs que dans les cabinets de syndic-gérant les loyers et charges, et regrouper l’ensemble dans les locaux de Bercy !

 

Il aura fallu renoncer aux procédures statutaires, quand on avait les statuts envoyés par le clerc de l’étude de Lady Joan et procéder, en deuxième avis, par voie d’annonce légale dans un JAL.

Sans plus de succès d’ailleurs pour faire venir des gens vraiment pas intéressés du tout par le sort de leurs parts d’actifs.

Parce qu’au premier jet des convocations, pour changer l’adresse des sièges sociaux, dire que les comptes seraient arrêtés plus tard quand c’était nécessaire, faute d’élément fiable, et dire et décider qu’il n’y aurait pas de distribution de dividende ni même le versement d’acompte, sur 80.000, il y a presqu’autant de retours de LRAR, correspondant à un peu plus de 72.000 adresses, les autres s’étant vraisemblablement perdues !

Et dans le lot, de ces « minoritaires », ce ne sont toujours que les mêmes 9.288 noms exotiques à des adresses parfois tout aussi « exotiques ».

Environ 4.600 pour ces dernières.

À en perdre son latin… À croire que des immeubles complets sont peuplés de fantômes, toujours les mêmes, aux quatre coins de la planète.

Mais bon, l’année 2010 a pu ainsi être passée à faire le tri entre les urgences et de laisser de côté le sort des 12.000 SCI avant que d’y voir plus clair : l’urgence, c’était de faire rentrer les 3 milliards d’euro disponibles à l’occasion de la cession des parts de SCPI et autre SII cotées.

 

À la tête de sa petite cellule, Gabrielle Choisille se réservait les années 2011 et 2012 pour traiter du reste : normalement, on pouvait espérer remettre la main, à les liquider, sur les 10 milliards restant.

Ce qu’elle entreprend en mettant en vente les actifs immobiliers et en faisant du rentre-dedans chez les débiteurs « externes » à la nébuleuse, compensant entre eux les « internes ».

Reste qu’à la fin du deuxième trimestre 2012, après avoir bouclé la plupart des cessions dans de bonnes conditions, estime-t-elle, et parfois même de façon inattendue pour être mirifiques, telle que le Trésor a finalement encaissé plus que les 13 milliards attendus, elle reste avoir un problème de taille sur les bras.

 

Les minoritaires, et leurs droits de l’ordre de 15 % de l’ensemble, c’est environ 2,25 milliards d’euros d’actifs divers et environ 150 millions/an de revenus encaissés par les syndics et dont le Trésor, s’il en a la charge, ne peut rien en faire !

Son directeur lui suggère de consigner tout ça, et leurs parts de plus-values, à la CDC, dont c’est le métier et la raison d’être : aux bénéficiaires, ayant-droits ou héritiers de faire valoir leurs droits dans le délai de la prescription trentenaire après dissolution.

Comme ils ne se sont pas manifestés, qu’ils sont injoignables à la dernière adresse connue et que ce n’est pas la CDC qui fera des recherches, c’est tout bénéfice pour le Trésor.

« Oui, mais l’impôt sur le revenu et les plus-values réalisées ? »

La question conne qui bloque le neurone du Directeur en charge de chapeauter les activités de Gabrielle et de son équipe.

On ne va quand même pas leur en faire cadeau, alors même qu’ils n’ont rien glandé, même si avec le régime des plus-values immobilières à long terme la recette risque d’être mineure par rapport au reste.

Quant aux revenus fonciers, ils leur sont dus, mais il n’y a aucun mécanisme de retenu à la source qui est prévu par les textes applicables alors qu’ils sont imposables, même en considérant qu’ils auraient pu être tous soumis au « forfait » du micro-foncier : ce n’est pas possible pour des SCI.

Et il n’est légalement pas non plus possible de faire un prélèvement forfaitaire de précaution, à titre conservatoire, sans risquer de paraître abusif et spoliateur : ce serait illégal.

Opération impossible à moins de se priver d’impôts supplémentaires sur au moins deux ans. Et, si ce sont biens des associés fantômes depuis l’origine, il faudra faire une croix sur l’IR dû pour les années prescrites. Trop considérable.

Il faut qu’il en réfère à sa hiérarchie…

Comme lui n’a déjà pas toutes les informations, bloquées au titre du « secret d’État », la hiérarchie n’en a pas plus est reste bien embêtée à trouver une solution…

 

Gabrielle a alors l’idée d’en référer à Paul de Bréveuil, celui par lequel ces fonds sont revenus au pays, dans une opération où elle-même n’avait pas la possibilité de poser toutes les questions souhaitées.

Et puis il lui reste en souvenir émouvant les fameuses et folles étreintes d’avec le bonhomme de l’époque où Jean-Charles, son chef, s’était envoyé en l’air avec l’anglaise à l’origine de toute cette fortune.

En trois ans de travail de forcené, elle n’a pas trop vieilli. Comme il y avait pris un plaisir non feint, peut-être méritait-elle un « repos de la guerrière » en compensation joignant sinon l’utile, au moins l’agréable.

D’autant que le temps est désormais lointain où elle faisait des folies de son corps jusqu’à plusieurs fois par jour !

Le problème du bonhomme, c’est qu’il est rarement à Paris.

Mais qu’elle finit quand même par le recevoir dans ses locaux de Bercy.

Pas tout-à-fait ce qu’elle espérait, puisque la réunion se passe en compagnie de Chrystelle, son adjointe.

 

« Beau boulot, ma chérie ! » Glops… Y’a « une » témoin ! On se calme Paul, on se calme.

« Mais pourquoi vous n’avez pas réuni toutes ces parts de SCI en une seule main pour faire une TUP (Transmission Universelle de Patrimoine) comme je l’avais suggéré ? »

Parce que ça n’est pas possible sans un audit des comptes et valeurs des biens détenus et que la moitié des 30 % des minoritaires reste inconnue.

« Tu veux dire 15 % des actifs sont sans adresse connue ? Ou encore 15 % des revenus, c’est ça ? Et personne ne s’est manifesté quand ils n’ont pas reçu leur acompte trimestriel de dividende l’année dernière ? »

C’est ça.

Paul fait un rapide calcul. « Tu sortais combien de rendement net ? »

5,27 % sur valeur de vente. Valeur réactualisée, donc.

« Des loyers nets de toutes charges qui étaient versés tous les ans ? »

Tous les ans, elle ne sait pas, mais probablement même tous les trimestres. « Ça devait être plus en pourcentage avant, peut-être 10 ou 11 % sur les immeubles les plus anciens, puisqu’ils n’étaient pas réévalués alors que les loyers l’étaient… »

Ce n’est pas ce qu’il cherche. C’était 5 % en valeur historique, très probablement.

Ce qui fait que depuis 1992, environ 5,6 milliards d’équivalent euro manquent à l’appel pour avoir été distribués.

« Dis donc, dans tes comptes, ceux rendus par Lady Joan, y’a-t-il des dividendes à encaisser dans tes rapprochements bancaires, en crédit ? »

Chrystelle cherche…

« Je n’ai pas souvenir de ça, Paul. »

Et l’autre de confirmer.

« Si je te suis bien, tes associés fantômes, ils encaissent leur chèque depuis l’origine, mais ne répondent pas aux convocations quand il s’agit de faire une plus-value. C’est bien ça ? »

Oui.

« Et alors, qu’est-ce qui t’interdit de leur faire un chèque pour les payer de leurs droits ? » Où est le problème.

« On ne sait pas s’ils paieront leur IR là-dessus, puisqu’on ne les identifie pas pour avoir de fausses adresses, ni si on doit leur appliquer un forfait libératoire et de quel montant, quand ils sont à l’étranger. »

Les rapiats !

 

Ils ont des contribuables inconnus aux adresses indiquées, qui encaissent bien les chèques, mais ils en sont à bloquer les versements dus à ces gars-là de peur qu’ils ne payent pas d’impôt dessus… Fabuleux !

Et ça ne donne rien quand Bercy croise les noms et adresses des bénéficiaires avec son propre « grand-fichier » des 33,7 millions de contribuables locaux, dont il est vrai qu’il n’y en a que 17,9 millions qui payent de l’IR.

« Oui, c’est ça ! On en a découvert des nouveaux inconnus au bataillon. »

9.288 noms pour environ 4.600 pour adresses.

Pas la mer à boire, quand même, s’étonne Paul.

« Tu sais quoi, si ça ne t’ennuie pas, tu me donnes le fichiers de ces citoyens-là et je me charge de les retrouver pour que tu puisses virer tout ça soit à la CDC soit à leur compte vérifié. Au moins tu auras leurs nouvelles adresses pour envoyer tes bulletins de recoupements. Ça te va ? »

Il ferait ça pour elle ?

« C’est vraiment très gentil de ta part, Paul. Tu nous libérerais d’une difficulté finale pour boucler ce dossier, tu sais. »

Il commence seulement à comprendre… que s’il y a 5,6 Md€ rien que sur 13 des 35 milliards ramenés d’Angleterre, il y a donc 15 milliards à rechercher sur la totalité de l’enveloppe, que des aigrefins encaissaient tous les ans en douce !

Et l’amiral aurait alors raison.

« On dîne ensemble ? »

Et lui de lui raconter qu’il va être bientôt papa, qu’elle en change de sujet aussitôt, ravie pour lui, mais déçue intérieurement à n’en rien laisser paraître !

Une « salope » avait retiré Paul « du marché » en ne prenant pas assez de précaution…

Combien étaient-elles ainsi victimes de ce « sale sort » là ? 

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Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-vii.html

 


Mains invisibles : Chapitre VI : Denis Lespoix

 

Chapitre VI

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Denis Lespoix

 

Ce bonhomme-là, outre l’humour involontaire de sa mère quand il a s’agit de le prénommer, c’est un cas, une sorte de mutant, si on peut dire.

Un type qui a tout loupé dans sa vie, sauf, sauf… sa vocation !

Il est « moche », du style des petits-gros, chauve-sur-le-dessus et myope, la voix éraillée et la démarche mal assurée.

Quand il rit, ce qui lui arrive rarement, c’est pour découvrir ses dents jaunies au tabac de mauvaise qualité : alors il évite.

D’autant que rien ne l’amuse vraiment dans la vie, jusqu’au jour où…

Il faut dire aussi que son cartable, d’une taille normale, traîne presque par terre tellement ses jambes n’ont pas fini de grandir, bien qu’il ait de grands pieds malhabiles qui trébuchent à la première occasion.

Il s’habille « trop étroit », la boutonnière faisant des plis, le bouton prêt à vous sauter au visage de son vis-à-vis, ce qui en rajoute à son côté « replet », avec des vêtements tâchés sous les aisselles, des pantalons laissant apparaître des traces d’incontinence ou de précipitations à sortir sa zigounette, sans doute trop petite pour la trouver rapidement. Et une cravate, toujours la même, elle-même maculée de gras et autres restes de repas, le nœud noir de crasse de transpiration à force de le faire tous les jours au même endroit.

Le peu de cheveu que lui laisse sa calvitie, sont mi longs, sans doute brun s’il les lavait au moins une fois par semaine, ce qui n’est pas sûr.

Et pire que tout, pour couvrir ses odeurs de crasse et de sueur, il s’asperge d’une eau-de-Cologne bon marché, qui est entêtante dès la première respiration…

Un calvaire pour ses collègues de bureau qui apprécient plus que tout leurs déplacements « hors les murs », ou les siens.

 

Tout le monde ne peut pas être élégant et savoir prendre soin de soi et de son apparence. Mais lui, s’il n’avait raté que ça, ça irait encore.

Alors que c’est l’ensemble de sa vie qu’il a loupé ; jusqu’au jour où…

Fils unique, de père inconnu et de mère alcoolique, Marguerite Lespoix, aussi laide qu’une fleur est belle, alternant les cures de désintoxication et les delirium-tremens avec la régularité d’un métronome, il a été élevé en Picardie par sa grand-mère, Germaine épouse Lespoix, elle-même veuve et ouvrière agricole.

Son parcours scolaire est ponctué d’échecs (trois fois recalé au bac avant d’y renoncer) et pour s’éviter le travail dans les champs de betteraves-sucrières, il est monté « à la ville » comme stagiaire dans plusieurs entreprises d’Arras.

Jusqu’à ce qu’il se retrouve à classer des dossiers dans les sous-sols de l’hôtel des finances de la ville durant tout un été.

Tellement insignifiant, que les fonctionnaires des impôts l’ont véritablement oublié durant tout le mois de septembre, jusqu’à ce qu’il se pointe la gueule enfarinée dire son étonnement de ne pas avoir été payé de son mois de labeur souterrain, début octobre !

Qu’il a bien fallu le recaser dans le service…

 

C’est ainsi qu’il est devenu « contractuel » et a appris son métier de contrôleur des impôts sur le tas.

Au fil des années, il est devenu le champion local des procédures de redressement, se rendant indispensable auprès de ses collègues en matière de délai, de rappel, de suivi des dossiers de toute la brigade où il a été affecté, malgré ses odeurs.

Il tente à plusieurs reprises le concours, encouragé par ses collègues vérificateurs ou agents qui y verraient bien la fin de leur supplice et calvaire olfactif, concours qu’il rate tout aussi régulièrement.

Jusqu’à ce que le destin lui ouvre une porte, une seule.

Cet été-là, une stagiaire toute particulière passe ses vacances dans le service : la fille du sous-directeur, service de la fiscalité des entreprises. Le bureau en face du sien dans le couloir.

Une « chose » flasque et molle, tout aussi insipide, à l’odeur pareillement entêtante et repoussante qu’il avait su l’être, et qui tombe enceinte de ses œuvres avant la reprise des cours à la faculté de droit d’Amiens.

À peine fiancé, il se retrouve muté au grade de contrôleur par le tour extérieur : il n’était pas question que « beau-papa » laisse « sa petite » sans le sou, à condition que le jeune-papa « régularise ».

Et il ne s’est pas fait prier…

 

À la brigade, on le surnommait « brasse-bouillon », tellement il donnait l’impression de désordre à brasser plusieurs dossiers de contribuables en même temps : des dizaines.

Il n’empêche, il avait des résultats… Notamment parce qu’il avait compris qu’un contrôle fiscal, c’est finalement assez facile à faire, même pour lui.

Et puis, on le faisait tourner sur toutes les spécialités de la fiscalité, y compris à la fiscalité immobilière des marchands de biens. Ces contrôles sur pièces rendaient toujours des résultats, quel que soit le secteur d’activité contrôlé, à tel point qu’il est monté à la capitale quand son épouse a dû suivre un cursus dans une banque du quai de la gare.

Lui, il est allé se planquer dans une direction territoriale de la rive droite de la Seine, avec le grade de contrôleur principal et tout un quartier où s’y faire les dents…

C’est là qu’est née sa véritable vocation : « Faire pleurer le contribuable ! »

Et du même coup, il a enfin trouvé son « utilité sociale »…

 

Un vrai « petit-flic », très à l’aise dans les fichiers informatiques de la maison pour aller y dénicher les vies parallèles des citoyens des beaux-quartiers, « reniflant » des liaisons extra-conjugales rien qu’aux notes de débit des banques, examinant et notant les jours et les heures des tickets de carte-bleue, la nature des dépenses, les débits, les crédits.

Devenu capable de dégotter des abus de toutes sortes rien qu’en lisant un relevé de compte bancaire.

Quasiment infaillible.

 

Une tactique qu’il avait pris l’habitude de résumer assez simplement : « Tout passe par la caisse ! » Il lui suffisait de rapprocher « toutes les caisses », de faire des balances d’encaissement/décaissement et de mettre en concordance avec les déclarations idoines.

Pas très compliqué, effectivement.

Même si pour être complet, dans une comptabilité d’engagement, il fallait aussi rapprocher les comptes, avec les mouvements « de caisse » (et de banque) après avoir réuni, les devis éventuels, les bons de commande, les bons de livraison quand il y en a et les factures.

Facile de repérer les anomalies dans ces conditions-là et de poser les bonnes questions, celles qui mettent en émoi… Parce qu’évidemment, trois ans plus tard, plus personne ne sait pourquoi il y a eu un subit accroissement de consommation d’eau, d’électricité ou de n’importe quoi d’autres … que lui n’expliquera que par une activité au « black » après avoir rejeté sur quelques détails ou erreurs (il y en a toujours) l’ensemble de la comptabilité présentée, permettant une procédure de taxation d’office…

Autrement dit d’évaluer les recettes imposables « au doigt mouillé » comme l’autorise la loi et la procédure de contrôle : au contribuable de se justifier…

Sinon, le redressement porte imparablement sur les différences d’avec les déclarations.

Facile, assume-t-il en toutes circonstances !

 

Mais son meilleur moment, c’est quand il convoque, en cas de contrôle sur pièce, le fraudeur dans les locaux de la direction et de poser la question qui tue : « Qui est-ce donc cette entreprise d’acupuncture ? »

Pourquoi elle a été payée sur le compte de l’entreprise ?

« Qu’est-ce que cet encaissement de 198,26 euros sur votre compte ? »

S’il savait d’où venait cet argent pour être capable de remonter les compensations en usant de son droit d’information et des fichiers du ministère, on ne la lui faisait pas à lui, notamment de l’étranger ou d’une région différente des affaires habituelles du contribuable. Forcément, c’est une « fraude ».

Alors, il « coinçait » le bonhomme. Ce fric venait de la vente à un particulier, éventuellement via e-Bay ou un autre, d’un bijou, d’un manteau, d’un bibelot, d’un meuble qui n’a pas pu être acheté en France puisque le gars n’a plus la facture. C’est donc qu’il y a une garçonnière au Luxembourg, en Suisse ou ailleurs, et une double-vie.

De quoi déclencher un EFSP dont il savait que les redressements seraient déjà acceptés sans aucune autre contrainte, et de « faire pleurer » le gusse qui sortirait ruiné de l’opération pour sauver son couple encore quelques semaines.

Sur pièce, il fallait le faire et tous ses collègues pouvaient s’en étonner !

Alors sur place, il excellait encore plus…

 

La « chose flasque et molle » qui lui servait d’épouse a fini par rentrer à Amiens, à proximité de papa-maman, avec le gamin sous le bras et un poste de sous-directrice d’agence bancaire locale.

Denis ne pouvait pas suivre : il était au paradis à Paris, sans « beau-papa » sur le dos.

D’abord, il remontait le week-end, puis une semaine sur deux.

Puis seulement quelques jours pendant les vacances scolaires pour voir grandir son fils sans lui, ce moment d’égarement : ce qu’il aimait avant tout, c’était de persister à « faire pleurer » le contribuable local, ses entreprises en province ou en banlieue.

Et de « faire du chiffre ».

Promus inspecteur par le « tour interne » pour le faire revenir à Amiens, il a très vite vu sa carrière s’arrêter quand il a quémandé un poste en région Paca, sur les conseils de ses collègues parigots qui en avaient ras-le-bol de l’avoir dans leurs pattes, en vue d’être nommé inspecteur principal.

« Beau-Papa » s’est opposé à ce départ alors que la « chose flasque et molle » venait de prendre amant, faisant sombrer son mariage, et était devenue directrice à Brest.

Il demeurera « inspecteur-central » tout le reste de sa vie.

D’abord à Bordeaux, puis à Toulouse et enfin dans une direction nationale, chez « les sabreurs ».

 

Cette année-là, quand il rentre de vacances en Asie, il a pratiquement bouclé son quota de l’année. Il a tout juste six rendez-vous de proposition de rectifications, dont une d’office, à signer alors que les avis finement motivés sont déjà tapés.

Il aurait pu passer son dernier trimestre à glaner quelques informations sur les clients et fournisseurs qu’il avait croisé chez les entreprises contrôlées, histoire de proposer à son IP ses propres prochains dossiers, et finir l’année en mode « café-concert » les après-midi. Quand ce n’était pas au « Pont des artistes », un rendez-vous d’amateurs de musique offert gratuitement par Radio-France aux premiers qui s’y pressent.

Sauf que le ministère, le bâtiment d’en face de la placette, de l’autre côté du métro aérien qui les sépare, à proximité du POPB, lui envoie plusieurs dossiers à traiter en urgence : La MAPEA, dans l’Ardèche, CAP-Investigations à Paris, une fondation archéologique dans le Var, avec un mandataire social commun, Paul de Bréveuil.

Et sur ce dernier, la copie classée de façon inexpliquée d’un avis de TRACFIN portant sur des mouvements de fonds plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Des dizaines de milliards, qu’il s’en frotte les yeux pour réaliser…

Un bon pigeon tout rôti dans l’escarcelle ?

Par quelle divine faveur ?

Il ne cherche même pas à savoir : il fonce et constitue son dossier préalable durant tout le mois de septembre, entre deux finalisations de dossier en cours.

 

Paul de Bréveuil ? Une belle canaille, oui !

Le dossier TRACFIN fait bien mention d’un total de quelques 35 milliards d’euros transitant par un FDD constitué à la va-vite dont il est l’éphémère gérant, et qu’il dissout aussitôt, en moins d’un trimestre, sans même un compte bancaire resté ouvert à identifier.

D’où vient cet argent et qu’en a-t-il fait ?

Le redressement du siècle qui chauffe ! 35 milliards, vous rendez-vous compte !

Il peut faire rentrer au moins 21 milliards d’impôt fraudé, sans même compter les pénalités d’assiette et celles de retard… Un record absolu dans la maison pour une seule « touche ».

La MAPEA ? Une usine dans l’Ardèche, un siège à Paris, un logement de fonction dans la capitale. Sous-sous-filiale d’EADS via le motoriste Safran.

Une bonne raison d’aller « faire pleurer » ces matamores du CAC 40.

CAP-Investigations ? Liquidée, sans doute frauduleusement, après avoir encaissé 3,5 millions d’euros. Vraisemblablement la rapine d’un détournement…

Évidemment au profit du même bonhomme ne doute-t-il aucunement, d’autant mieux quand il sort les extraits de ses comptes bancaires personnels : là, il est une cible parfaite pour un ESFP saignant.

Celui-là n’a pas fini de pleurer !

Mais en creusant au-delà, il retrouve Paul de Bréveuil dans les fichiers de police et un certain « Newvox ».

Le dossier fait mention d’anciennes plus-values sur un hôtel particulier sis en la capitale où il fait un détour un soir pour se rendre compte qu’il s’agit d’un hôtel-appartement de long-séjour.

Une activité réglementée : le dossier des autorisations est-il complet ?

Il ne trouve pas le permis de construire…

L’hôtellerie ? Il y a des traces de virements de sommes importantes en Yougoslavie qui vont sur une SCI locale, ou ce qui en tient lieu…

Et puis, l’achat d’un voilier, un autre signe extérieur de richesse ostentatoire, ces mouvements de devises plus récentes avec l’Écosse, qui paraissent des plus suspects.

Pourtant, les déclarations du citoyen semblent correctes et régulières, en tout cas cohérentes.

Puis plus récemment, trois autres SCI à Paris Vème, au Kremlin-Bicêtre et dans le Cher…

Qui achètent des biens, et avec quel argent donc ?

Il sait aussi d’expérience qu’il y a toujours à gratter sur les FDG (frais divers de gestion selon l’ancienne définition comptable), sur les achats, sur les transports, les « missions », les locations d’hôtel, de voiture, les déplacements en train, les frais téléphoniques.

Denis jubile après plusieurs jours de recherche quand il découvre un hydravion, autre signe ostentatoire de richesse, l’outil indispensable pour réaliser des fouilles pour la fondation de Fox-Amphou, dans le haut-Var, dont son contribuable est Président intérimaire, des frais de bouche à Saint-Florent et à Calvi en Corse.

La, les garçonnières cachées du quidam ?

Et encore la trace de ses déplacements aux USA, au Canada, via les billets d’avion et jusqu’à Hong-Kong et Tokyo.

Un beau dossier qui « va faire pleurer ».

 

Fin septembre, il envoie donc un avis de vérification au siège parisien de la MAPEA et à celui de CAP-Investigation : IS, TVA, Taxes locales et enregistrement…

Le tout en lettres recommandées avec AR. Il déclenchera l’ESFP plus tard, quand il aura recoupé tous les éléments de ses vérifications sur place.

Et il se pointe 8 jours plus tard au siège de la première. Pour trouver porte close.

La concierge finit par laisser tomber que « le monsieur, il est plus là » et que la société a déménagé.

Dossier, pas à jour ? Il n’a même pas reçu l’avis de réception, ni même le retour de ses envois : on est dans le timing habituel de La Poste.

Il ira à l’usine en Ardèche : une sous-sous-filiale d’EADS ne se déménage pas comme ça !

Dans la matinée, de dépit, il se rend dans le quartier des Halles, siège de CAP-Investigation.

Il lui est beaucoup plus difficile de comprendre que si elle a été liquidée, c’est qu’elle n’est plus là et que les locaux ont été reloués dans l’intervalle à d’autres entreprises.

Ce qui le met de mauvaise humeur.

C’est tout juste s’il parvient à se retenir de débarquer à Aubenas par le train du soir : pas question qu’on lui reproche un défaut de procédure à avoir averti de sa venue à une mauvaise adresse. Un coup à casser la procédure.

Et puis il se ferait charrier par ses collègues alors qu’il tient le record du monde du redressement fiscal au bout de ses peines !

 

Alors, ce jour-là, il retourne signer de rage les avis de redressement en souffrance et recommence sa procédure sur ses fonds propres, sans que personne ne le sache en recherchant les bonnes adresses.

Il y a plusieurs de Bréveuil, avec cette particule des prétentieux. Il lui faut trouver la bonne adresse, à défaut de pouvoir utiliser celles établies par le service : le gars à la bougeotte dans ses domiciles, ce qui est plutôt un signe encourageant pour retrouver des turpitudes fiscales…

Et c’est ainsi qu’il débarque en deuxième semaine du mois d’octobre devant la porte de l’usine d’Aubenas. 

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Mains invisibles : Chapitre V : Détour de Jacques

 

Chapitre V

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Détour de Jacques

 

Florence et Paul poursuivent leur parcours vers l’atlantique à faire la tournée des chantiers navals et de quelques brokers connus de la côte, entre la baie d’Arcachon et La Rochelle, pour finir la semaine à « Château-sur-Cher » entre les murs de Mylène et ses fourneaux.

La saison n’est pas miraculeuse, mais elle estime que ce n’est déjà pas si mal pour un début.

Florence se sent bien chez elle, qu’elle a partiellement conçu, et supporte de moins en moins bien les trajets en voiture, tel qu’il est décidé qu’elle restera un temps sur place pour se remettre, au moins tant que les travaux de rénovation du loft parisien ne seront pas terminés.

Elle rentrera dès que possible à Paris pour finir sa grossesse.

De toute façon, Paul a l’intention de passer par Aubenas, où il aurait fait loger Florence chez sa patronne, Isabelle Nivelle, car si les dires de l’amiral se confirment, il s’agirait de faire monter sous pression les ateliers de poudre et de munition : si l’armée est engagée en opération en Afrique, les commandes de réapprovisionnement vont pleuvoir, tel qu’il serait temps d’acquérir des « options » sur les matières premières nécessaires pour y faire face.

Tant qu’à disposer d’une information « privilégiée », autant damer le pion à la concurrence, non ?

Et puis, on ne sait jamais : la menace d’un contrôle fiscal, ça se prépare également…

La perspective d’une longue étape n’enchante d’ailleurs pas vraiment Florence.

 

Il va pour reprendre la route le lendemain de son arrivée, vendredi soir, quand il doit retarder son départ. Jacques, son frère débarque dans l’après-midi, et pour le week-end, accompagné d’une superbe créature black-anthracite, montée sur échasses, à la taille ultrafine, mettant en valeur une forte poitrine ondoyante, ondulant du croupion de façon souple et pour le moins tellement incendiaire que toutes les têtes en tournent à s’en décrocher les mâchoires et au risque de s’en faire des torticolis.

Où donc son frère va-t-il pour dégotter des « mécaniques » pareilles ?

Évidemment, l’arrivée de Brigitte, sa nouvelle conquête, déclenche ipso-facto une réticence acerbe et instinctivement hostile de toute la gente féminine de l’auberge, clientes d’abord, Mylène tout de suite derrière et le petit personnel dans la foulée, Elsa et Virginie notamment, alors que les deux mitrons en ont les yeux exorbités depuis leur cuisine et que le chef de rang ne se gêne pas pour plonger profondément, avec insistance et intensité, dans le décolleté de la dame.

Une bombe atomique thermonucléaire, un appel public au viol, très sûre de son effet…

Et petit-père Jacques, pas fâché de la situation ainsi créée !

« Mon petit-frère Paul ! Quelle surprise ! Ravi de te croiser jusqu’ici. Tu connaissais déjà ce coin-là ? Ça tombe bien, il faut qu’on parle… »

Le tout, dans la même respiration.

Mais de quoi donc ?

 

De leur indivision successorale… « Je dois avoir le dossier dans le coffre de la voiture, d’ailleurs. Je vais te le chercher. » Alors que Paul ne demande rien…

Il se ballade avec les affaires familiales dans le coffre de sa Porsche, lui ?

Du coup Paul se retrouve seul avec la sculpturale Brigitte à qui il propose de s’attabler en attendant le retour de Jacques.

« C’est donc vous, le « grand-frère » ? »

Ouh là ! Ça commence mal cette affaire-là…

« Non, le cadet de la fratrie. Dites donc jeune fille, vous vivez où habituellement, comme ça, dans cette tenue ? »

Chez Jacques, depuis peu… « Il a du mal à vivre seul. Sans femme de ménage pour tenir son intérieur… »

Oui, tu parles : une femme de ménage ? Sait-elle au moins ce qu’est un balai et à quoi ça sert réellement dans la vie de tous les jours ?

Là-dessus, rapplique fissa Mylène en vue de casser le coup qui se prépare.

« Je vous sers quoi ? » Ton peu aimable.

Un Perrier-rondelle répond Paul armé d’un « s’il te plait ».

« Et à Monsieur ? »

Ah oui, vu comme ça, entre botox, ripolin, silicone, lifting et hormones, Brigitte fait parfaitement « transsexuel-opéré ». Paul n’a plus l’œil pourtant expert…

La dernière fois qu’il avait failli se faire avoir, c’était du temps du « Newvox ». Heureusement que Michel et Mylène faisaient la police autour de leur « poussin »…

Et depuis, ils avaient mis au point une stratégie pour éviter les malentendus, notamment parce que si la « candidate » n’avait pas les « yeux qui brillent », il déclinait.

D’autant mieux quand c’était un gay, un trav’ ou un trans’.

 

À savoir que si une « candidate-suspecte » se présentait au comptoir ou au restaurant pour demander Paul afin de profiter de « ses talents », elle devait passer une succession de tests, style : « Et avons-nous pris rendez-vous ? Qui vous envoie ? Quel est son pseudo ? Son prénom. De quelle ville ? »

Et enfin, « Pour quelle raison venez-vous ? » Et connaissait-elle les conditions ?

Comme la prestation était en principe gratuite, ou plutôt, « à votre bon cœur », le fait d’afficher un prix ou de répondre à côté à l’une des précédentes questions, Paul s’esquivait en prétendant poliment être indisponible.

Il en faisait de même quand la fille ne lui plaisait pas du tout, parce que le regard « terne » : il avait déjà ses exigences et préférences !

Évidemment, les « transgenres », opérés ou non, ils étaient les bienvenus, mais uniquement aux soirées du « Newvox ».

Interdits de séjour au restaurant et encore plus dans les chambres, des fois que le « taulier » ait pu avoir une puce à l’oreille qui se mette à le démanger entre deux cuites.

Dans ces cas-là, sans rendez-vous, c’était complet, même si toutes les tables étaient vides et les chambres désertées.

Quant aux rares RDV « à l’aveugle », ils n’étaient donnés que sur des indications sûres et « bouclées », vérifiées en amont.

 

Mais là, il faut dire qu’à part les pieds et la largeur des mains de Brigitte qui trahissent effectivement le genre de la personne, il y a de quoi enfumer n’importe qui de non-averti.

Et Brigitte de ne pas relever et de répondre de sa voix fluette : « La même chose, s’il vous plait ! »

Pour un cassage de coup, ç’en est un beau et superbement réussi !

Qu’est-ce qu’avait donc derrière la tête son grand-frère ?

Qui revient d’ailleurs avant les Perrier-rondelle, en faisant mine d’être désolé.

« Je suis confus, je ne l’ai pas pris ! »

Tu parles, Charles…

Et de quoi veut-il parler ?

« C’est un peu compliqué, mais j’ai besoin de reprendre tes parts dans le cabinet (d’avocat au Conseil, du grand-père). Je prépare l’entrée d’un groupe de clients, eux-mêmes avocats à Chicago : on change de dimension, on s’internationalise, on se globalise, on se mondialise et ils apportent avec eux tous leurs dossiers en cassation et au Conseil d’État. Faut donc que je reprenne tes parts indivises pour les leurs refourguer tout en restant majoritaire. »

Tant mieux pour lui si les affaires marchent bien…

« En échange, toi qui n’y connais rien en droit, je te propose de reprendre la maison de Normandie(tenue par la gouvernante locale, Marie-louise et André, son mari de jardinier-métayer). C’est une charge à l’entretien, je le sais bien, mais je n’y vais jamais puisque j’ai celle de mon ex-beau-père qui est bien plus pratique et dont j’ai hérité. Je te propose donc de faire ça à dire d’expert et il est possible que je te verse encore une soulte. Mais désolé, je me ballade tout le temps avec ce dossier pour y revenir quand j’ai un peu de temps, et là, je ne l’ai pas pris. Je ne sais pas pourquoi ! »

Il aura changé de voiture pour impressionner sa « biquette »…

Et il a besoin de venir avec un canon pareil seulement pour ça ?

« Non, bien sûr. Je ne pensais pas t’y trouver. C’est juste un week-end en amoureux, loin du bureau. Une promesse ! »

Tu parles…

C’est Elsa qui fait le service… Et questionne Jacques sur ce qu’il veut : « Et pour vous, Madame, ce sera quoi ? »

« Elsa, je te présente mon frère Jacques… » intervient Paul.

« Mais oui, je sais qui c’est ! »

Elle exagère, quand même : « Un peu de respect, s’il te plaît. »

Jacques, lui n’a rien compris : il pense que la soubrette s’adresse à Brigitte.

« La même chose » intervient Paul.

« Et pour moi, ce sera un demi, s’il vous plait. Vous avez ça au moins, dans ce trou ? » fait Jacques. 

 

« Écoute, moi, je dois filer à Aubenas. Alors je te confie à la beauté du site et j’y vais. Pour tes histoires de succession, on se voit à Paris dès que possible. »

Jacques n’a pas fait tout ce chemin impossible, ni s’être mis en quatre pour trouver une péripatéticienne hors de prix mais irrésistible rien que pour ça…

« Attend, j’ai d’autres choses à te dire. Reste dîner avec nous au moins… Je t’invite ! »

Paul est chez lui, ou presque pour détenir la SCI qui a acheté le moulin et le loue à Mylène… qui commence ses retards à payer les quittances !

Non, il faut vraiment que Paul parte sur-le-champ.

« Alors on va faire vite… » et d’abattre sa seconde carte, comme on le lui avait suggéré.

« Tu vas avoir un contrôle fiscal », lance-t-il, alors qu’il s’apprête à grossir le problème.

Paul coupe-court une fois de plus : « Je suis au courant. Ne t’en fais pas ! »

Ah bon ? Il est déjà en cours.

« Non, mais j’ai mes sources. Et je sais même qui en a eu l’idée… Ne me dis pas que tu l’ignores, parce que tu étais présent quand ça s’est décidé ! »

Cassé.

Virginie et ses rondeurs sensuelles arrive avec le demi de Jacques et s’adressant à Brigitte lui demande : « Vos babouches, ils font les mêmes pour fille ? » en désignant les escarpins à talon-aiguille qu’elle porte aux pieds et élancent encore plus la silhouette de Brigitte…

« Parce que je les trouve vraiment très jolis ! »

« Mais qu’est-ce qu’elles ont toutes ? », demande Jacques.

C’est l’air du Cher, qui roule paresseusement à quelques mètres de leur table. « Ne t’en fais pas, c’est juste pour me rappeler qu’il faut que je file… La personne qui t’a donné l’adresse ne t’avait pas prévenu ? »

Prévenu de quoi ?

« Des effets de l’air du Cher… Un côté très aphrodisiaque, qui vire parfois à l’érotisme débridé et sans prévenir, tu verras.

Alors à Paris, mon grand-frère. J’ai été ravi de te croiser jusqu’ici. Mais la prochaine fois que tu veux me voir, même à l’improviste, essaye de passer un coup de téléphone avant. Pas comme la dernière fois… »

Paul se lève et prend congé non sans avoir fait le tour du personnel et embrassé Florence.

 

Ce qu’il n’apprendra que plus tard, c’est que Mylène et « ses » filles jouent ce jour-là un tour de cochon à Jacques et « sa bombe atomique », alors que Paul est sur la route.

Pas sûr que ses deux-là reviennent de sitôt…

Au commencement, Brigitte persiste à déclencher des œillades des clients masculins à la moindre occasion et de se faire aborder sans discontinuer durant le dîner et tout au long de la soirée.

Ce qui a le don d’exacerber les clientes attablées et de faire enrager Mylène qui redoute les retombées en termes d’image et de réputation pour son « petit-joyaux ».

Très vite, Elsa et Virginie entreprennent donc Jacques et sous le nez de Brigitte toute à l’effet qu’elle procure dans le cerveau reptilien de tous les mâles de l’assistance.

Un peu gonflées, les filles, mais ça a le mérite de « décoincer » un Jacques, contrarié de n’avoir pas su entretenir l’intérêt de Paul.

Le dîner est servi sans scandale, et voilà que les mitrons reçoivent quartier libre et mission de tenir la jambe à Brigitte une fois les clients de passage du restaurant repartis.

Brigitte est ainsi à la fête, pendant que les avances de Virginie et Elsa se font plus précises, accompagnées de quelques attouchements, à l’égard de Jacques se croyant ainsi enfin définitivement irrésistible.

Il ne faut pas attendre longtemps pour que Brigitte s’éclipse dans le cellier-à-vin sous prétexte de découvrir des crus de choix, et pour un trio débridé, alors que Jacques, délaissé (il ne s’intéresse pas aux vins) ouvre sa porte aux deux demoiselles.

 

Là, elles lui font un numéro de strip-tease sur le lit après qu’il se soit brossé les dents et déshabillé.

« On se demandait par laquelle vous alliez commencer ? La brune ou la blonde ? » fait Elsa mielleuse.

« Cheveux courts ou cheveux longs ? » questionne Virginie en secouant d’un large mouvement de tête sa crinière brune.

« Petits seins ou belle poitrine ? » poursuit-elle…

« Fesses serrées ou … « en formes » ? » rajoute Elsa qui agite son buste dénudé laissant voir ses jolis petits tétons roses en faisant mine de retirer sa culotte, alors que Virginie montre et fait virevolter les siens massifs et de couleur brune.

Jacques, mis « en appétit », dénoue sa serviette ceinte autour de la taille sur son manteau adipeux abdominal des gens qui mangent trop riche, absolument ravi de montrer sa nudité déjà au garde-à-vous.

Et là, les deux filles feignent l’étonnement en se regardant mutuellement dans le même geste et éclatent de rire en mirant le sexe tendu de Jacques !

« – Pas possible ! Tu as vu le tout petit bout de chipolata ? 

– Est-elle cachée, là ou quoi ?

– C’est fou que ça puisse être aussi petit ! » répond sa comparse entre deux quintes de rires… « Tu crois qu’elle fonctionne quand même ?

– En tout cas j'ai déjà fumé des joints plus gros que ça.

– Pourtant, ses pieds sont si grands…!

– Tu sais, elle est comme celle de mon petit frère qui est âgé de 9 ans.

– Ben oui, maintenant je comprends pourquoi il a une Porsche.

– Mon Dieu, elle est si petite que je pourrai même lui enfiler mes bagues !

– Tu sais maintenant pourquoi il faut juger les gens sur leur personnalité. »

Jacques se défend : « Ce n’est pas la taille qui compte… » bredouille-t-il.

« – Peut-être, mais avec un handicap pareil…

– De toute façon, depuis le passage de Paul, je suis tellement dilatée que je ne sentirai rien ! »   
Et dans le même mouvement concerté, elles ramassent leurs affaires et s’en vont toujours en riant aux éclats, sans que Jacques, qui proteste, ne puisse les retenir.

Soirée frustrante…

D’autant que Brigitte tarde à revenir, très occupée par les deux mitrons.


Le lendemain, Mylène en mère-maquerelle parfaite, leur fait : « Alors les garçons, c’était bien le transsexuel ? »

Mais non, tu parles. « Pourquoi, il a réussi à mouiller vraiment ? Vous y êtes arrivés, vous êtes sûrs ? »

Glops !

« Il paraît que ça suce mieux que ne saurait le faire une fille… et pour cause ! »

Protestations outrées des garçons.

« Rigolez pas, j’en ai vu assez dans ma vie. Mais chez celui-là, il n’y a vraiment rien de vrai, même pas les dents… Du beau boulot ! »

Dur, dur… 

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Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-v.html

 

 


Mains invisibles : Chapitre IV.2 : Putsch en perspective (2/2)

 

Chapitre IV.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Putsch en perspective (2/2)

 

« Je vais partir à la retraite et ne pourrais pas suivre l’évaluation de cette menace sur nos institutions. Il me faut un relais. »

Paul n’est plus d’active et ne compte pas reprendre du service.

« Il n’est pas question de ça. De toute façon ça pourrait paraître suspect à mon successeur. En revanche, vous pourriez réactiver « CAP-Investigations » et m’offrir un bureau dans vos locaux. »

Et de son côté, il pourrait alors organiser ses sources de renseignement…

« J’ai d’ailleurs un excellent officier de liaison à vous présenter. Une personne, pupille de la Nation, sortie du rang, engagée à 18 ans chez les biffins. Tireur d’élite, vice-champion interarmes de clause-combat, stage de para, de cocoï, nageur de combat certifié, stage de survie en milieu hostile, excellents états de service en tant que sous-off, qui a fini pilote d’hélicoptère à l’Alat, et a été blessée salement au combat en Libye pour s’être comportée en héros et ramener son commando en entier dans une situation de combat difficile.

Depuis, elle ne vole plus et nous l’avons récupérer à la DRM. Mais si je la laisse moisir aux archives, on va la perdre. »

Il en parle comme s’il s’agissait d’une femme…

 

« C’est le cas. Et c’est là où ça coince. Je pensais vous la confier à mon service dans vos locaux, alors que vous étiez encore un « jeune-loup » solitaire qui a le culot et l’impertinence de réussir tous les coups tordus qu’on lui confie. Maintenant j’ai à faire à un homme en voie de se marier et bientôt avec charge de famille, donc largement assagi, ou qui va le devenir, inhibé jusqu’à en être quasi-castré : vous n’avez même pas répondu aux avances de l’enseigne Hamida hier soir, comme elle vous le proposait !

Ce qui change tout. »

Parce qu’il voulait aussi qu’il grimpe sur l’enseigne d’hier et demain l’officière qu’il veut mettre entre ses pattes ?

« Pas vraiment, mais au moins un tringleur, on sait comment ça fonctionne. Or, et de plus, ce que vous m’avez raconté hier soir sur vos fantasmes sexuels d’ado dépasse l’entendement, ce qui me fait douter de votre équilibre mentale, alors même que vous repoussez l’occasion que je vous mets sous le nez… Dommage, elle en pinçait réellement pour vous, la petite Hamida ! Bref, tout cela est contradictoire et me fait hésiter à vous confier cette mère célibataire de lieutenant.

Je suis bien embêté… »

Alors n’en parlons plus : « Je vais aller réveiller Florence et préparer notre départ. »

Non, qu’il attende, ce n’est pas tout.

 

« Je l’ai appris avant-hier, mais si cela est confirmé, c’est une information qui vous concerne. »

De quoi s’agit-il ?

« Il est parvenu à nos augustes oreilles une information comme quoi l’archi-grand-maître d’un ordre maçonnique états-uniens a fait récemment un court séjour dans notre capitale…. »

Bon. Et alors ?

« C’était pour rencontrer votre frère en compagnie du vénérable de sa loge. »

Paul sait son frère être passé sous le bandeau…

« Et c’était uniquement pour vous. Ils ont même décidé de déclencher un contrôle fiscal sur vos activités. »

Comment ça ?

« Le ministre du budget, Kakazucack, celui qui veut vendre le CDG et rayer d’un trait de plume jusqu’à 31 régiments pour payer les supplétifs scolaires, est un frère-maçon. Et si c’est l’agent du fisc que nous croyons qui s’occupera de vous, un certain Denis Lespoix, et ça ne s’invente pas un nom pareil tellement c’est absurde, sachez qu'il a la réputation d’être un « sévère » dans un service qui fonctionne au coupe-coupe et à la tronçonneuse. Rappelez-vous alors que nous avons un dossier sur ce personnage : c’est un adepte des voyages en Thaïlande pour y pratiquer assidûment un tourisme sexuel débridé avec et sur des petits-garçons, ce qui est un délit chez nous… Au cas où, seulement s’il voulait en savoir trop sur les « affaires d’État ». »

Voilà qui rappelle à Paul le choix de Jean-Charles Huisne et Gabrielle Choisille par le ministère de la défense en 2009, pour venir l’épauler dans la gestion des fonds rapatriés d’Angleterre…

« J’ai même des photos non-masquées, pas comme les vôtres avec Mylène… Mais pas de vidéo pour le moment. »

Que l’amiral ne s’en fasse pas : Paul saura garder les secrets d’État qui n’existent pas.

« Et puis question fiscale, je ne risque rien : je paye beaucoup d’impôts, taxes et cotisations, beaucoup trop même, et sans parler des tiers provisionnels qui ne correspondent à rien, pour être sûr d’être en règle… »

Ce n’est pas une garantie : « Avec ces gars-là, ce sont quelques nuits blanches qui chauffent pour vous ! Ils vous sapent le moral pour être persuadés que vous êtes né fraudeur… C’est le B.A-BA de leur métier ! »

 

« Il n’empêche, pensez à réactiver CAP-Investigations ».

Voilà qui étonnerait bien Paul. « La boîte n’existe plus pour avoir été incendiée et liquidée par les barbouzes de Krasoski. Mes associées sont dispersées et je ne sais pas où crèche notre cheville ouvrière, dite « DD » pour « disque-dur »… Amiral, même pour vous faire plaisir, de toute façon, où la mettrais-je ? »

Les locaux du Kremlin-Bicêtre ont su démontrer qu’ils étaient parfaitement adaptés pour héberger un centre opérationnel d’écoute et de collecte de renseignements…

« Je ne vous demande pas une réponse tout de suite. Idem quant à la pêche aux fonds manquants, mais songez-y quand même, car il s’agit de reprendre le contrôle de l’héritage de l’Arsouille et de ses complices. Je reprendrais contact quand je serai définitivement retraité, de toute façon. »

Il sera toujours le bienvenu pour partager un repas ou un verre de l’amitié.

« Mais dites-moi, pourquoi la franc-maçonnerie internationale s’intéresse tant à moi ? »

Que Paul devine par lui-même, parce qu’il n’a que des hypothèses à formuler.

« Nous supposons que vous avez dû contrarier quelques projets relatifs à vos exploits de cet été. Et nous ne savons pas lesquels. »

 

Sur ce, arrive Madame l’amirale avec Florence accrochée à son bras : « Alors les garçons, déjà en train de papoter sur vos conquêtes de pouffiasses respectives ? »

Pas du tout…

L’amiral : « Très chère, qu’allez-vous imaginez donc ? Nous en terminions avec nos « secrets d’État ». »

Ah non : « Il vous reste des lacunes, Amiral, avec tout le respect que je vous dois ! »

Comment ça ?

« Vous plaisantez, capitaine ! Vous en avez dit trop ou pas assez, là. »

Paul rappelle qu’il ne se souvient jamais de rien. « Mais il me semble que vous ne savez pas pourquoi vous m’avez remis la légion d’honneur hier soir ! »

Mais si : « Pour services rendus. Civils et militaires. Et ils sont nombreux, notamment depuis la fin du mois dernier… », au-dessus de la Manche.

Que Paul aurait été élevé au grade de chevalier un 14 juillet, avant ses exploits du 27 ?

« Ce n’est pas cohérent ! »

Effectivement : voilà bien une ânerie !

« De vos efforts d’avoir renflouer le Trésor de la République, et de quelle façon ! »

Là Paul n’en sait rien, c’est « secret d’État », même s’il n’est question que de ça depuis son arrivée dans le Gers. Mais que l’amiral note qu’il s’est contenté de rajouter une sardine supplémentaire sur son uniforme de réserviste, pour « cette cause-là ».

« De quoi s’agit-il, alors ? »

« Vous avez dit « civils »… On se revoit seulement quand vous aurez trouvé, Amiral ! »

Grand moment de doute pour l’amiral. Même que, profitant de cette « pause », son épouse revient à la charge.

 

Elle sait ce qu’elle sait, elle… Plongée directe du nez de l’amiral dans son bol de café et ses pensées qui se mettent en mode « alternatif »…

« Avez-vous bien dormi au moins, mon cher Paul ? »

Il a été gâté : un vrai régal.

« Vous lui avez raconté quoi, à Florence, pour qu’elle soit ainsi ? »

Que des secrets de bonne-femme…

« Je lui ai surtout expliquée comment se passe un accouchement. Et puis elle m’a raconté ses inquiétudes d’avenir avec un numéro comme vous ! Alors je l’ai rassurée : un enfant, ça sert à sceller la vie d’un couple. Sauf chez les psychopathes. »

Quelles inquiétudes ?

Florence est à son tour en plongée-profonde dans son café.

« –Très cher, si elle apprécie vos duos comme toute femme amoureuse, qu’elle semble également consentir à vos « écarts », trios, quatuors et quintets …

– … quintets ? Quand ça ? »

L’amiral se retient de pouffer, manquant de s’étrangler ; quant à Florence, elle en devient presque pivoine…

« … elle n’en reste pas moins une femme qui s’inquiète toujours pour l’avenir de ses enfants. Alors je l’ai rassurée pour savoir de quoi je cause puisque j’en ai élevé 8 toute seule : l’enfant ramène toujours le père, du moment qu’elle sait accepter certaines choses et en prendre sa part. N’est-ce pas mon cher Gustave ? »

L’amiral s’est remis aux abonnés absents, tout occupé à se verser un grand jus d’oranges fraîchement pressées.

De toute façon, s’il avait pu glisser toute sa longue silhouette efflanquée dans le verre pour s’y noyer-disparaître, il l’aurait fait.

Et elle, tout sourire, mi-figue-mi-raisin, de continuer sur sa lancée.

« Parce que ne vous imaginez pas un seul instant que nous, vos femmes, nous ne connaissons pas vos petits-secrets et différentes frasques peu avouables.

Si nous sommes en général la femme d’un seul homme, on doit aussi savoir accepter et composer avec les travers de vos sales caractères. Et puis comme dit Florence, parfois, ça fait des vacances ! »

Florence aurait voulu disparaître à son tour…

« Sauf votre respect, Madame, vos cochoncetés ne nous regardent pas, vous savez ! » intervient gentiment Paul armé d'un large sourire.

« Cochonceté ? C’est mignon, ça… Un mot que je ne connaissais pas. Vous l’avez inventé pour me faire plaisir ? »

Il répond par l’affirmative, même si ça fait plusieurs années qu’il l’avait entendu.

Et elle persiste à continuer.

« Non seulement on connaît tout, tôt ou tard, de vos soi-disant aventures qui vous transforment en sex-toy pour quelques pouliches adeptes de la promotion-canapé, mais nous ne sommes dupes de rien. Après tout, c’est bien ce qui a su nous séduire au moins une fois, n’est-ce pas ? Tout le sel de la vie qui rend supportable toutes les épreuves qu’elle nous sert et vous ramène de toute façon au bercail…

Et j’imagine que vous en avez autant à servir à votre moitié, enfin, vos deux-tiers. »

Le jour où Paul écrira ses mémoires, il appellera ça « Les mille-quatre-cents coups d’un capitaine » !

« 1.400 ? Seigneur-doux-Jésus ! … Ô grand Dieu ! » s’exclame-t-elle très étonnée.

Florence en reste tétanisée, quand elle repense à ses trois partenaires exclusifs, quatre en comptant le flirt de son « premier baiser » au lycée qui n’est pas allé plus loin…

L’amiral, quant à lui, conforte son opinion quant à l’immense vantardise de son ex-subordonné. Qui en rajoute pour l’occasion :

« – Peut-être 2.400, je n’ai pas fini l’inventaire… Et vous savez, ce n’est pas si extraordinaire que ça, quoiqu’en pensent certains ici. En 20 ans, c’est à peine plus qu’un « coup » tous les trois jours… Imaginez-vous seulement après vos 30 ans de mariage, ça fait presque 11.000 occasions nocturnes à ne manquer sous aucun prétexte. Et alors, si comme je l’ai suggéré, vous faites aussi à mâtine et à l’heure de la sieste, il n’est rien que de très banal…

– Vous n’êtes même pas marié, dites donc…

– J’ai déjà « du vécu ».

– Ah bon, quand même. Vous voulez dire que vous n’avez pas eu à séduire et honorer 2.400 orifices différents, dans ce cas-là ? 

– Quelques dizaines, tout au plus, mais plusieurs fois ! Qu’allez-vous donc imaginer ? ». Sûrement plus quand même.

Mais elle n’a pas à savoir…

D’ailleurs, elle préfère cette « version-là », manifestement.

« Vous m’en dédicacerez un exemplaire, au moins ! J’adorerai lire ce livre ! », glousse-t-elle rassurée.

Naturellement. « Mais le manuscrit est encore dans le clavier. »

« …Resterez-vous déjeuner ? » finit-elle par lancer…

 

Étonnante !

Non. « L’invitation nous honore et il nous est difficile de la refuser. Mais il n’est pas de si bonne compagnie qui soit qui ne se quitte : nous avons de la route à faire et quelques obligations incontournables qui me commandent de ne pas y consentir… avec toute la gratitude qu’il vous ait due, bien évidemment, Madame.

Faut que je prenne congé et ma douche avant de faire nos cartons. »

Comment ça ? Paul est venu tout crotté de ses crapettes nocturnes dans SA piscine, s’inquiète l’amiral tout d’un coup ressuscité …

« Pas du tout, mais je dois me rincer de l’eau de javel : ça pourrait nuire à mon teint hâlé d’estivant ! »

La réplique fait rire Madame aux éclats.

« Je garde Florence pour son petit-déjeuner… Vous pouvez disposer, mon ami, si mon mari a fini de vous torturer avec toutes ses histoires à dormir debout ! » 

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Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2014/07/chapitre-iv2.html

 


Mains invisibles : Chapitre IV.1 : Putsch en perspective (1/2)

 

Chapitre IV.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Putsch en perspective (1/2)

 

L’amiral n’a pas répondu à la question : « Où voulez-vous en venir, Amiral ? »

Il est perdu à faire l’inventaire de ce qu’a été capable de faire Paul en catimini.

Lui-même lui donne l’ordre d’aller espionner les chinois sur leur denier chasseur, le J20. Et le bonhomme, au lieu de se contenter de faire un reportage photo des plus classiques accompagné de quelques commentaires tirés de la presse ou d’internet, s’en va voler dessus pendant presqu’une heure, et invité par les chinois eux-mêmes en plus !

Il circule ensuite vers le Japon sous couvert de vendre ou d’acheter quelques alcools forts à destination des promotions de grandes-écoles, accompagné de deux reprises de justice en cavale, en plein tremblement de terre qui dégénère en crise nucléaire civile.

On le retrouve ensuite aux USA à New-York, Chicago et en Californie à tenter de vendre les actions des McShiant, qu’il refourguera à un des rares leaders mondiaux francophone des alcools forts.

Et il clôt sa mission d’aller jusqu’à Moscou faire un vol sur le T50, chasseur de dernière et cinquième génération avec la bénédiction du Kremlin. Tout en nouant des liens au Bourget avec Paul Allen qui prépare de son côté un avion suborbital et tout en aidant les commerciaux de chez Dassault à vendre le Rafale en faisant la « vedette américaine » avec ses exploits aériens circumpolaires, en Inde, dans la péninsule arabique et encore ailleurs. Tout cela sans jamais faillir ni à sa mission, ni à sa charge de dirigeant de la MAPEA, ni à ses propres objectifs meurtriers…

Un large coup de chapeau.

 

Ah oui : « Où voulez-vous en venir, Amiral ? »

C’est que la situation a changé depuis mai 2012…

« L’actuel Président ne tiendra pas les engagements du précédent à l’égard des forces armées.

On s’attend à des réductions d’effectifs comme jamais vues et à des restrictions budgétaires plus que drastiques.

Comprenez que ça n’amuse pas les étoilés que vous rameniez 35 milliards d’euro sous leur patronage, coiffant ainsi toutes les polices et experts du pays sur le coup depuis 20 ans et qu’on nous retire d’Afghanistan en vue de faire des économies pour payer 60.000 instituteurs analphabètes supplémentaires ! »

Et ils savent de quoi ils parlent, les militaires, pour les récupérer tous aux journées d’appel pour les séries d’évaluation et de tests grandeur nature.

« Le tout pour satisfaire des promesses électorales débiles, qui ne correspondent en rien à la situation économique du pays ni à ses urgences, et au détriment de 50 à 100.000 biffins, le quart ou la moitié des effectifs alors qu’ils se préparent à aller se battre en Afrique ! C’est se foutre du monde. »

Ah bon ? Après la Libye, l’Égypte et ses émeutes ? La Syrie et sa guerre civile ?

« Pour l’heure on n’en sait trop rien. Le Tchad ou le Ténéré, contre des éléments d’Aqmi où nous avons encore des otages retenus, vraisemblablement : les nouvelles ne sont pas bonnes. »

Et alors ?

 

Il n’en saura pas plus ce soir-là : l’épouse de l’amiral entre dans la pièce…

« –Très cher ! Il est tard et plus que temps d’arrêter de torturer notre invité aux échecs.

– Il vient de me battre !

– Grand Dieu ! Pas possible ? Mon cher Paul, vous n’avez même pas eu la courtoisie de laisser gagner votre supérieur hiérarchique ? Un amiral étoilé, qui plus est !  

– J’ai bien essayé, Madame, mais sauf votre respect, ça n’a pas été possible… C’est lui qui au contraire a tout fait pour que je gagne… »

Elle rit de la boutade et s’adresse à son mari : « Très cher, je vais me coucher et vous rappelle à l’occasion à vos devoirs conjugaux ! »

Splendide, la sexa Caroline Morthe de l’Argentière et sa libido à satisfaire !

Et l’amiral de bondir d’un bloc : « Le meilleur moment de la journée ! »

« Ah, Amiral ! Vous devriez essayez aussi le matin et à l’heure de la sieste. Ça vous en ferait trois ! »

« Cessez de dire des sottises, Paul » réplique l’amirale. « Vous devriez plutôt vous occuper de rendre vos hommages vespéraux à votre future moitié… enfin, vos deux-tiers, devrais-je dire… »

Un tiers suffira, si on compare seulement les masses corporelles…

Quoique…

« L’enseigne Hamida vous pilotera jusqu’à sa chambre… Mais n’abusez pas du dévouement corps et âme du personnel, s’il vous plaît, surtout des corps. »

Et les voilà qui prennent congé, bras dessus-dessous comme deux tourtereaux qui roucoulent à la perspective de leurs « agitations » et trémolos sensuels à venir, laissant Paul seul avec une espèce de grosse boule… de fesses, de cheveux, de poitrine…

« Je vous guide, mon commandant. Si vous voulez bien me suivre… »

Et ainsi de parcourir les longs couloirs et escaliers à la queue-leu-leu jusqu’à une chambre située au premier.

Une fois arrivés, après avoir bien roulé de la hanche, de la fesse et du croupion sous le regard médusé de Paul, l’enseigne se retourne pour lui faire face, la poitrine frétillante, les yeux brillants dans la pénombre du couloir : « Je crois que votre dame dort profondément, mon commandant. Si vous ne voulez pas la réveiller et que vous avez besoin de quoique ce soit, je dis bien de quoique ce soit, ma chambre est située juste au-dessus et je ne verrouillerai pas ma porte. N’hésitez pas à me déranger à n’importe quelle heure : je suis à votre entière disposition et ce serait un grand honneur pour moi de vous servir ! »

Le mot de trop… Honneur n’a jamais voulu dire « ça ».

Elle fantasme, là, elle aussi !

« Merci, j’essayerai de m’en souvenir. Bonne nuit et à demain ! »

(…)

 

Le soleil est à peine levé que l’amiral patauge déjà tout en souplesse dans sa piscine située sous les fenêtres de la chambre de Florence et Paul.

Ce qui réveille ce dernier…

« Un petit bain matinal ? » propose l’amiral.

Pourquoi pas ? Le temps de passer un maillot de bain : « Continuez, je vous rattrape ! »

Florence sort de son sommeil. Elle a passé sa nuit entre rêves et cauchemars, s’agrippant à une falaise pour ne pas tomber dans le vide, tellement la literie est souple et creusée par la masse, le poids de Paul.

Les rêves étaient quant à eux de type « érotique », quand elle s’accrochait à « son sauveur » à s’enrouler autour de lui…

Ce qui a ravi Paul une partie de la nuit, parce qu’elle roulait sur lui en de douces étreintes nocturnes.

 

L’eau est fraîche et le « petit-personnel » s’active déjà à dresser un buffet digne d’un bataillon de GM du Club Méditerranée aux abords de la piscine.

Les deux hommes finissent par sortir de l’eau, l’un par l’échelle, Paul tout en puissance, directement sur le bord et à la force des bras, pour s’éponger et s’attabler.

« Alors, Amiral, vous allez finir par me cracher le morceau ? »

De quoi parle-t-il ?

 

« Ah oui… J’ai beaucoup réfléchi à notre conversation d’hier soir. Je ne sais pas si vous êtes l’homme qu’il me faut, finalement. Et pourtant, vous réunissez tous les atouts indispensables. »

Quelles raisons pour ces réticences soudaines ?

« Je vous explique. Hier soir, j’en suis resté aux rapports entre l’actuel pouvoir politique, ses projets d’imposition… Rendez-vous compte, 22 milliards supplémentaires tout de suite plus sans doute 33 l’année prochaine, soit 55 par an au total, presque 20 % en plus de ponction dans les portes monnaies… Et ses économies, c’est sur le seul format des armées alors que l’état-major s’attribue vos prouesses à rapatrier 35 milliards ! »

Bon et alors ?

« Et alors, mon petit-vieux, d’une part il en manque 15 à 20… »

Comment ça ?

« Je vous ai dit qu’on sait compter à la DRM, et pas que nous. Vous faites 5 % de rendement annuel sur 22 milliards pendant 17 ans, et normalement vous auriez dû récupérer non pas 35 milliards, mais 50. »

Il y a pu y avoir de « mauvaises affaires » en 17 ans. Et puis il compte mal l’amiral. Les dollars à l’entrée n’ont pas la même valeur que les euros à la sortie…

« Oui, naturellement. Mais 5 %, c’est un minimum, surtout quand on parle d’immobilier avec les plus-values à faire. Et souvenez-vous que les OAT, les bons de caisse du Trésor, le placement des plus basiques, quoi, étaient à 4,96 % dans les années 90. Et je ne compte pas les coups en bourse à faire non plus… Bref, il en manque un minimum de 10 à 15 milliards, peut-être 20, quelle que soit la façon dont on compte. C’est autant de « fuites » qu’il s’agit d’identifier et de récupérer ! »

Effectivement. « Je n’y suis pour rien… ». L’amiral le sait bien : « Vous n’avez fait que ramasser le solde restant. Le stock disponible, bien sûr. »

 

Et alors ?

« Alors, je suis en manque d’un côté de 20 milliards et vous seul connaissez assez bien le dossier, jusque sur le bout des doigts, pour mettre la main dessus. De plus vous êtes reconnu par tout le monde comme un héros et considéré comme un agent « fiable et patriote », carrément intouchable.

Par ailleurs, tout le monde vous guette, surtout à l’étranger, et malgré tout ça, vous avez démontré que vous êtes capables d’agir sous couvert sans que personne ne s’en rende compte chez nous et parmi nos espions d’élite. Fabuleux, non ? »

Pour les milliards-manquants, les dossiers et fichiers sont à disposition et ils ont des experts plus pointus que ne saurait l’être Paul.

Pour le reste, ce n’était que question de circonstance et d’opportunité. Il veut en venir où, l’amiral, là ?

 

« Si je vous dis que demain il va s’organiser un putsch de séditieux visant à un coup d’État et au renversement de ce gouvernement d’incompétents doublés d’arsouilles, ou au moins les héritiers directs des précédents, vous faites quoi ? »

Qu’il ne dise pas à Paul qu’il est en train d’organiser tranquillement un putsch depuis son chez lui gersois !

« Amiral, je prends mon fusil et s’il réussit, je rejoins le maquis, et pourquoi pas jusqu’en Corse ! Jamais je ne participerai à ce type d’aventure. Et je ne crois pas ça possible : la grande muette se souvient autant des Bonaparte, que des Boulanger ou que du fameux « quarteron » d’officiers félons d’Alger ! »

L’amiral se met à rire à la renverse sur son fauteuil.

 

« Il ne s’agit pas de participer, mais de le prévenir pour l’empêcher. C’est la seule façon démocratique de sauver nos budgets, jeune chien-loup ! »

Plus son « petit-vieux », désormais ?

« J’aime bien votre fougue à vouloir mordre pour défendre les institutions de notre pays. »

Mais soyons sérieux : « Quand on en sera à réduire nos effectifs pour devoir sanctuariser la dissuasion nucléaire et se payer avec les pets de sansonnet restant nos cartouches et vos missiles, que le boulot de l’aviation reposera entièrement sur les drones, que nos unités d’élite seront dissoutes et qu’il nous restera que quelques artilleurs, une ou deux compagnies du train et du génie, imaginez-vous bien, capitaine, que les laissés-pour-compte en deviendront plus que rancuniers.

Déjà, des groupes paramilitaires se constituent en pseudo parti d’extrême-droite, alors que les mêmes s’en constituent autant à l’extrême-gauche, considérant eux que notre nouveau président trahit déjà ses promesses électorales et ne va pas assez loin dans les réformes promises !…

En bref, une situation explosive qui va aller en enflant et qu’il s’agit pour nous de contrôler avant qu’elle ne dégénère en guerre civile et débouche sur un ou plusieurs coups d’état …

Parce que demain, quand il faudra gérer l’équivalent de 10 divisions complètes ou même seulement la moitié, de vétérans aguerris et rancuniers, pour peu qu’ils soient encadrés par des sous-offs sûrs de leurs devoirs envers l’armée nourricière et se choisissent quelques officiers supérieurs charismatiques avec une grande gueule, je ne donne pas cher de nos institutions ! »

Déjà, il se sent bien isolé chez « les étoilés » à agiter la probabilité de la menace…


« À la DRM, nous avons un indicateur du moral des troupes. Il évolue surtout en fonction des primes de risques et de missions versées à la troupe ainsi que des perspectives d’en toucher. Rendez-vous compte que même à l’occasion des émeutes dans les banlieues, il a à peine bronché ! »

Indicateur proche de la nullité sous Rackchi, à 5 % sous Krasoski et désormais à plus de 20-25 % sous Landau et son ministre Leriant…

Sans compter les effets des foirades successives du logiciel de paye « Louvois ».

Et ça pourrait grimper très vite ! « Pour peu que le pays ait à affronter une crise financière, quelques émeutes de banlieue, des attentats islamistes, ou je ne sais quel scandale de corruption, les choses pourraient vraiment devenir très explosives. »

À la DRM et autres de prévenir…

« C’est tout juste s’ils ne font pas exprès de ne pas savoir ni de comprendre ! »

Ok pour Paul, mais : « Et qu’est-ce que vous voulez que je fasse si le pouvoir politique joue les sourds-muets sur le sujet ? »

Les autistes, plutôt… 

 

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Mains invisibles : Chapitre III.3 : Partie d’échecs (3/3)

 

Chapitre III.3

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Partie d’échecs (3/3)

 

Non. Les services avaient d’abord pensé qu’il s’agissait du capitaine Haddock lui-même, ou de son avocat, ou de quelques-uns de ses contacts internetiques.

Peut-être que oui, peut-être que non.

Puis ils ont suivi la piste d’un haut-fonctionnaire qui aurait eu le rapport de Paul sous les yeux. Mais sans succès. Le type use de plusieurs IP différents et de façon aléatoire, et ça peut être n’importe qui.

« En fait, vu la quantité de billets laissés sur ce site, qui se classe quand même régulièrement dans les 3 à 4.000ème européens les plus lus toutes catégories confondues, dans les 20 premiers sur 17.000 de la plate-forme d’hébergement à la rubrique « politique » devant même « Fil-Lyon » le précédent premier ministre qui est aussi hébergé sur over-blog et les 50 premiers sur 37.000 dans la catégorie « actualité », pour des billets qui comportent chacun 1.500 à 2.000 mots, tous les jours, c’est plus que ne peut faire un simple pigiste pour un organe de presse. Ils doivent donc être plusieurs à signer « Ignoble Infreequentable ».

Il y a le gars qui fait ses « histoires-bêtes » du vendredi, celui qui doit vivre en Corse, un avocat plus au moins économiste et notre auteur de romans qui est le seul à écrire à la troisième personne du singulier.

Plus peut-être quelques autres, notamment celui qui remet tous les autres articles à la première personne du singulier et fait « l’unité d’écriture », et celui qui répond aux commentaires qui sont eux bourrés de fautes d’orthographe, ceux-là.

Pas comme le reste.

Rendez-vous compte, 17.000 commentaires, c’est un boulot à plein temps !

Un même homme ne peut pas tout faire ou alors il est retraité…

D’ailleurs, les IP sont nombreux et changeant, plusieurs en région parisienne, un en Haute-Corse, un autre de Marseille, plus d’autres du côté de Bordeaux, de Rennes, de Reims et de Lille, ceci expliquant cela à mon avis. »

Mais aucun depuis un mobile, sans ça il aurait été identifié à coup sûr, alors que les IP utilisés le sont par plusieurs personnes, ce qui ne permet pas l’identification certaine.

« Sans doute des ordinateurs de bureau, et rarement les mêmes ! »

Mais le plus curieux, c’est qu’il a récidivé par la suite… Ce qui élargit les hypothèses et en même temps désigne l’entourage de Paul. Ou alors peut-être un pirate informatique.

Ah oui ?

 

« L’année dernière, il vous reprend aux débuts de vos déboires avec l’Élysée et termine au Canada. Et même cette année, en ce moment, il vous suit jusqu’à votre retour de votre tour du monde par les trois-caps à la voile, et jusqu’à annoncer la naissance de votre fille qui n’a pas encore eu lieu.

C'est comme ça qu'on a compris vos déplacements en Écosse  dont on sait qu'elles ont aussi été commandées à la fois par les services britanniques et la CIA, je sais, avec autorisation de faire de notre propre ministre et par ailleurs vos opérations financières du moment et les fameuses machines de McShiant.  

Peut-être que l’été prochain on aura même droit à notre actuelle conversation.

Mais pour en revenir au premier opus, la DCRI envisage alors un moment de bloquer le blog, et puis ne recevant pas d’ordre précis dans ce sens, laisse faire. Et après, c’est trop tard.

Et la République n’explose pas pour autant ! Une vraie chape de plomb et un mutisme total engendrant une absence effarante de réaction des médias et de la sphère politique. »

Une information ostracisée, enterrée bien profond par tout le monde, la trouille au ventre…

Comme quoi, ils ont eu raison de laisser faire : soit la presse reprenait le texte du blog et enquêtait, et alors Krasoski entrait en campagne électorale avec un atout-maître après avoir pulvérisé, nucléarisé son principal concurrent putatif du moment, tout en se faisant passer pour « Monsieur-Propre ».

« À ce jeu-là, il aurait été réélu deux ou trois fois ! »

Soit le texte était réellement ostracisé et il fallait éliminer le banquier des pauvres autrement, en se gardant une éventuelle dernière cartouche contre lui.

C’est d’ailleurs ce qui aura été fait en mai 2011…

 

« – En revanche, ces textes mis en ligne sont une vraie mine d’informations qui facilitent la tâche de nos services : il suffit de lire et de tenter de recouper par d’autres voies. Ce qui me permet d’affirmer que je sais tout.

L’inconvénient, c’est que c’est « livré » au moins avec un an de retard, même si c’est avec quelques anticipations.

Comme je le disais, l’année dernière on a eu droit à vos aventures contre Risle et l’Arrco, une affaire qui n’a pourtant jamais été évoquée par la presse, ce qui nous a expliqué bien de vos déplacements. Cette année nous avons droit à la suite, jusqu’en chine, et ailleurs… »

– Mais comment fait-il, cet auteur anonyme-là ? »

Les services supposent qu’il réunit diverses informations, générales et concernant Paul, « donc un de vos proches… », et qu’il travaille avec la méthode « hypothético-déductive-appliquée » qui est enseignée dans les meilleures écoles de guerre.

« Je vous le prédis, peut-être aurons-nous l’année prochaine cette conversation-là en ligne, je ne sais pas. Mais si les détails sont assez précis, ça voudra dire que l’un de nous deux en aura fait une note détaillée. Comme ce ne sera pas moi, ce sera donc vous l’auteur de la fuite… Vous suivez mon regard, là ? »

Paul ne fait pourtant pas de note sur son rôle dans les affaires d’État. « Jamais, même pas à vous, parce qu’elles n’existent pas ».

Et pourtant…

 

« Je vais vous dire, on en saura plus quand seront publiées les apartés censurées, qui correspondent à mes soi-disant frasques copulatoires : là, je saurai si c’est œuvre de fiction ou d’espionnage direct par satellite ! » en rigole Paul.

Parce que pour en revenir enfin à son passage à New-York, c’est bien et d’abord une « affaire d’État ». Ensuite DLK s’est autodétruit tout seul et a échappé à une émasculation en règle sans jamais le savoir. Enfin, au tout début, quand Paul avait voulu aborder le sujet avec l’amiral, celui-là lui avait assez sèchement répondu qu’il ne voulait pas savoir et que l’armée ne se mêle pas des affaires de basses politiques, ou quelle que chose comme ça…

« Jurisprudence » qui n’a pas été rapportée jusque-là dans les propos de l’amiral.

Donc Paul n’a pas à en parler, même si c’est ou sera en ligne.

 

L’amiral reprend son fil : « C’est en septembre 2010 que la DRM s’intéresse à vous, pour rouvrir votre dossier et le compléter, Paul. »

15 – Fg2 ; Tb8 (Paul prend position sur la colonne b…).

« Vous êtes vraiment chié, vous, comme joueur d’échecs. »

16 – Dc1 ; d3 (…et avance !)

« C’est bien ce que je dis ! Bref, depuis septembre 2010, on vous suit de loin en loin dans vos pérégrinations jusqu’en Écosse et au Canada sur les affaires du professeur Risle.

C’est d’ailleurs à cette occasion que vous « changez de dimension »… »

17 – e3 … ;

Que veut-il dire par là ?

« Je veux dire par là que vous avez déjà ouvert le feu sur un pick-up de talibans en en tuant sans doute quelques-uns. En revanche, la première fois que vous exécutez à peu près tout le monde sans même être shooté, ce n’est manifestement pas votre façon d’agir ni dans votre caractère, une fois de plus sans, ni autorisation ni ordre de le faire, c’est Risle, sa fille, le colonel Franck, son équipe de plusieurs tueurs à gage, le pilote d’hélicoptère et un infirmier qui sont décimés ! Seule l’équipe chirurgicale en réchappe. Un véritable bain de sang et absolument sans mollir, vous changez bien de dimension.

Vous êtes devenu un tueur. Un agent au sang-froid … Ne vous défendez-pas ! Vous étiez en état de légitime défense et cette bande d’abominables crapules était vraiment un danger public : il fallait le faire et je vous en aurai donné l’ordre si ça avait été possible. »

L’amiral continue…

 

« Dans la vie, il y a ceux, dans de telles situations, qui font feu et ceux qui hésitent une dernière fois. Les premiers en reviennent, secoués, parfois, certes, mais en reviennent vivants, les autres ne sont plus là pour en parler.

Parce que face à un vrai tueur, notamment aguerri tel que le colonel Franck, il leur manquera toujours les quelques centièmes de seconde de bonne conscience qui font toujours la différence. »

Ou alors ils sont sous amphétamines de guerre ou une quelconque autre substance chimique, qui leur ôte tout discernement, leur retire toute retenue, se sentant véritablement « immortel », le cerveau fonctionnant à 200 à l’heure.

« Et ce n’est pas votre cas ! Très fort, par conséquent ! »

Reste à savoir si c’est le fait d’un « asocial », sans vertu ni morale, psychopathe ou non.

« Et vous m’avez apporté assez de précisions ce soir pour vous savoir loyal et honnête, vraisemblablement un asocial, mais pas un malade-psychopathologique, puisque vous poursuivez vos buts sans vous laissez happer par des ambitions de lucre démesurées ou tout autre délire. Ce qui est rassurant pour la suite.

Juste votre côté lubrique un peu fantaisiste mais, qui finalement s’explique : être dépucelé par une quadra expérimentée à 15 ans, si je vous suis bien, ça doit être l’origine de votre attirance démesurée pour le beau-sexe. »

Quoique là encore, l’amiral ne prenne pas tout pour argent comptant : « Je préfère la version officielle, et pas vos délires de vantard. »

Psychologie de comptoir, pense Paul. Mais si ça le rassure, pourquoi pas ?

17 – … e4

18 – Cd2 …

 

« D’ailleurs vous confirmez l’année dernière être plus doué que ça. Je vous envoie en Chine et en Russie sur ordre du ministère, même si je pense que ça vient de l’Élysée sous la pression des américains, une fois de plus. Notre Président de l’époque ne sait pas leur dire non. Mission hautement improbable, quasi-suicidaire, mais que vous remplissez de façon impériale, jusqu’à vous faire entrer dans la légende !

Je n’aurai pas parié un kopek sur votre éclatante réussite. »

Paul, de son côté, aurait dû parier une bouteille sur l’état d’esprit de l’amiral ce jour-là, pour n’en pas douter…

« Et d’un autre côté, assez formidablement, vous poursuivez votre petite-vengeance personnelle et familiale par personne interposée. » Des meurtres par procuration en quelle que sorte : Très, très fort, d’ailleurs !

Quelle vengeance ?

« Ne prenez pas le Service pour une bille. On sait encore additionner « 1 + 1 » chez nous. Je ne sais pas ce que vous avez fait pour les Liamone, ni comment vous vous y êtes pris pour Parepoux, mais l’équipe qui vous tire dessus à Bonifacio, la même qui liquide justement un chef d’entreprise à Porto-Vecchio en lien avec Parepoux, est liquidée à son tour alors que vous êtes dans le coma. Et le sénateur Lacuistre est également abattu lors d’un meeting électoral, mais un peu plus tard. »

C’est là qu’ils ont compris que Paul avait réussi à constituer une équipe soudée et efficace « sous autorité » mais agissant avec des objectifs précis et sans coup-mollir, même en l’absence de son chef, et sous leur nez, passant en plus inaperçue, même à Monsieur Albert que l’amiral avait pourtant pris la précaution de lui mettre dans les pattes, et qui n’a rien vu venir « alors que c’est un excellent élément. »

C’est un bon, mais il ne supporte pas les décalages horaires, confirme Paul !

 

Une autre dimension, effectivement.

Et l’amiral ne parle toujours pas de la virée à New-York, contre le « banquier des pauvres », son autre « mission-secrète » pour le compte du locataire de l’Élysée à cette époque-là.

18 – … ; f5

19 – O-O (petit roque) ; Te8

20 – f3 …

« Vous devriez abandonner la partie… »

Que nenni, elle est loin d’être perdue.

« Mais si, mais si ! Et en quelques coups… »

Il voudrait bien voir ça, tiens !

20 – … ; Cd4

21 – exd4 ; Dxd4+ (Belle fourchette qui ne peut pas aller au bout, naturellement.

L’amiral pense alors que Paul joue comme un plouc, sans voir arriver le mat…

Alors que ça devient « mortel » pour les blancs… Et Paul pousse son avantage.)

22 – Rh1 ; …

C’est l’occasion de quelques « coups forcés ». Le roi blanc se « cloue » tout seul dans son trou : pas question qu’il n’en ressorte !

22 – … e3

« Et puis quoi encore ? Je vois dans votre jeu ! »

23 – Cc3 ; Ff6

24 – Cd-b1 (Paul n’aurait pas fait comme ça, tant pis) …

24 – … ; d2

25 – Dc2 ; Fb3

26 – Dxf5 ; d1 = promotion en dame.

27 – Cxd1 ; Fxd1 (Logique, non ?)

28 – Cc3 ; e2

« Ah non, pas deux fois quand même ! »

Et tiens donc !

29 –Taxd1 ; Dxc3

30 – Dd7 ; e1 = promotion en dame (… mais si ! Il en est même déjà foutu).

« Mat en trois coups ! Désolé… » fait Paul de façon quasi-impertinente.

31 – Tde1x ; Te1x

32 – Te1x ; De1x+

33 – Ff1, abandon (… Mat, Dxf1++)

« Bravo, capitaine ! »

Perdu par les dames, l’amiral… 

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Mains invisibles : Chapitre III.2 : Partie d’échecs (2/3)

 

Chapitre III.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Partie d’échecs (2/3)

 

« Ne dites pas n’importe quoi De Bréveuil ! Je suis au courant, même si le service n’a commencé à s’intéresser à vous que l’année suivante… Entendez que si nous avions déjà le rapport de notoriété et de voisinage de votre entrée à polytechnique, la DST et la DGSE vous tenaient à l’œil, notamment depuis l’épisode de votre mariage avec un agent du NSA. Donc, si je vous en parle, vous pouvez confirmer ou infirmer, parce que de toute façon, nous allons y venir, c’est l’objet même de cette « invitation », ou plutôt de ses conséquences. »

Ah bon ?

 

Eh bien là, pour Paul, sa mise en piste reste un mystère et il le lui dit. Pourquoi lui et pas n’importe quel officier ou policier de confiance ?

« C’est une longue histoire, mon petit-vieux. Mais nous savons ce détail… Comme quoi, je ne suis pas tout seul à avoir des lacunes. »

Il y avait une « short-liste ». « Mais vous étiez le seul à être présenté à l’Élysée avec votre nom de code féminin. »

Et alors ?

« Notre ex-président, il lui fallait de la chair fraîche en permanence. Il a dû fantasmer… Vous vous souvenez peut-être que vous avez croisé le ministre de la défense en personne, au ministère ? »

Il se souvient.

« Et vous étiez accompagné par la fille Nivelle… Une blonde, n’est-ce pas ? »

Même que ça avait fait quiproquo, d’ailleurs.

« Eh bien le service sait que, sitôt rentré dans son bureau, le ministre a téléphoné au président pour expliquer que vous étiez jeune et blonde ! Lui qui n’aimait que les brunes, vous avez échappé à un passage à la casserole en règle ! » s’amuse l’amiral.

10 – Fxf6 ; gxf6 (Il y avait mieux à jouer pour l’amiral…)

11 – Ca4 …

« C’était une mission « casse-gueule » décidée dans l’urgence des pressions américaines… Il y avait eu l’affaire AZF du temps de Rackchi, celle des bombes sous les voies ferrées. Et, au moment où vous devez intervenir, il y avait l’affaire des balles de neuf millimètres comme d’un rappel au bon souvenir de la puissante Amérique.

Donc, ils ont décidé de mettre un officier de réserve, qui ait la confiance des américains, après les fiascos des enquêtes des douanes, de Bercy, de Tracfin, de la police, du renseignement intérieur, etc. persuadés que ça ne mènerait de toute façon à rien.

Pensez, depuis 17 ans que tout le monde cherchait ce pognon planqué en Angleterre !

Souvenez-vous du parcours politique de Krasoski.

Les américains ont joué le dernier premier ministre de Thiersmirant, lors de la seconde cohabitation, puisque le président lui-même les avait envoyé se faire paître.

Il a bien accepté, sur l’escroquerie Ferrayé, de rembourser les 7 milliards d’indemnités reçues et détournées du Koweït au motif que l’armée française n’est pas une équipe de mercenaires qui se bat pour le plus offrant, mais est le bras armé qui défend des valeurs universelles.

Mais rien pour le reste.

Alors, ils ont même laissé à Malabou, ce premier ministre-là, le champ libre pour ses « petites affaires » de ventes de matériels au Pakistan et dans la péninsule arabique, pourtant leur chasse-gardée à eux depuis des lustres, parce qu’il avait besoin de fonds pour sa campagne électorale, et pensant qu’une fois élu président, il saurait « se souvenir » et œuvrer à récupérer le pactole pour rembourser l’agence qui avait fait le nécessaire pour faire taire les koweïtiens.

Et puis ça a loupé, c’est Rackchi qui a été élu sur le fil. »

Ce qu’avait confirmé de son côté à Paul, Maître Lardco, celui qui est désormais député « Bleu-blanc-rouge »…

Paul n’en dit rien à l’amiral.

 

« Pour le reste, néant. Ils jouent alors Krasoski, qui est le fils du second époux d’une veuve de directeur de la CIA. Une fois Rackchi élu, il fait la connerie de dissoudre et tout le monde se retrouve avec un ancien ministre de Thiersmirant, décédé entre deux avec ses secrets, à Matignon et David-Lévy-Kholberg, DLK à Bercy ! Un comble : l’auteur ou inspirateur de l’escroquerie Ferrayé lui-même. »

Fallait faire une croix sur le remboursement des fonds secrets américains par la France, au moins pour un temps.

Même si les américains ont bien envoyé le ministre du pétrole koweïtien en mission à Matignon, mais ça n’a rien donné.

« Tout juste, on n’a plus entendu parler du « devoir d’inventaire » des années Thiersmirantes. »

11 – … ; e5

12 – b5 …

« Mon petit-vieux, là vous commencez à être mal… » affirme l’amiral un peu péremptoirement.

Donc ils ont patienté et œuvré en douce pour, qu’au second mandat de Rackchi, Krasoski soit dans l’équipe gouvernementale.

« D’abord à Bercy pour vérifier que les services n’ont pas la trace des fonds détournés, puis à l’intérieur pour les pister.

Nous, à l’armée, on n’est chargé de rien, alors que les langues commencent à se délier. Notamment chez les pilotes, et même civils où on a vu le capitaine Haddock, un pilote de 747-cargo chez « Air-Transe », lancer ses premières alertes éthiques et surtout mettre fin à la grève des pilotes en 98. Celui-là, il a commencé à être surveillé de très près par la DST et les RG, qui ont eu la peau de son pote syndicaliste à grandes moustaches et de quelques autres. »

Paul se souvient de la façon dont ce dernier avait été longtemps décribilisé et jusqu’à passer devant les tribunaux pour escroquerie après la faillite de sa propre compagnie aérienne : du bel ouvrage pour un coup à trois-bandes.

« Vous ne le savez peut-être pas, mais entre-temps le premier ministre d’après la première guerre du Golfe, Gauvoit-Béret avait commencé à indemniser les vétérans atteint du « syndrome du Golfe » après avoir inhalé de la poussière d’obus à l’uranium appauvri des A-10 américains. »

Les fameux « camions à bombes » anti-char à emploi tactique. Ils avaient d’ailleurs remis ça pour dégager Sarajevo un peu plus tard lors de la guerre de Yougoslavie.

« Tout le monde croyait que c’était les effets néfastes d’emploi d’armes chimiques ou bactériologiques, mais il n’y a eu aucune munition de ce type tiré par la coalition. »

Depuis, ils restent actifs au sein de plusieurs associations, « parce que le 1er mai 93, l’ex-premier ministre, qui avait fait un discours remarqué de politique général à l’AN sur sa lutte contre la corruption, « est suicidé » et les versements s’arrêtent net : les indemnités étaient payées avec de l’argent qui n’existait pas… », ce qui les rend encore dangereux pour la République.

« Ils ont même été priés de restituer les fonds reçus, pour certains… »

Et quelques-uns ont dû rembourser, alors que d’autres, qui ne pouvaient plus le faire parmi les vétérans, ont été plus ou moins rapidement « neutralisés »…

Ça fait mauvais genre selon Paul, qui ignorait ces détails jusque-là.

 

Et puis l’amiral poursuit sur le sort du capitaine Haddock…

« Même qu’il a fallu l’encourager un peu à persister en envoyant un mirage 2000 au-dessus de son TGV un jour de grand vent et plus tard des Transalls au-dessus de sa longère normande quand les services gouvernementaux recevaient ses courriers de dénonciation. C’était plus pour leur envoyer des signes qu’il ne fallait pas toucher à ce gars-là qui avait eu le cran d’écrire officiellement et avec constance à tous les ministres des finances successifs, sans risquer des représailles sévères. »

Haddock en avait fait état à Paul et rapporté que les trois appareils filaient en vol à très basse altitude, rampes et portes ouvertes, comme si une compagnie de parachutistes d’apprêtait à prendre position dans son jardin pour le défendre des gendarmes venus l’arrêter pour l’enfermer au secret dans une forteresse… dont ils ont le secret.

Alors que les « vétérans » ont continué à être plus ou moins « menacés » de leur côté s’ils persistaient…

« Cherchez donc la logique de ces comportements schizophrènes ! ».

12 – … ; Fe6

« Là, mon petit-vieux, j’avais un mat en 6 coups, que je ne sais plus quoi jouer, maintenant… »

13 – g3… (Qu’est-ce ? Du grand n’importe quoi ?)

« Pour en revenir à nos petits secrets d’État, Capitaine, comme ça patauge grave, les américains instrumentalisent un cadre supérieur d’EADS et lui refilent les fichiers Clearstream via une officine londonienne sans lui dire ce qu’il doit rechercher. »

C’est l’épisode « La Houde »…

« Et cette andouille leur fait un grand n’importe quoi en trafiquant les listings, ce qui débouchera plus tard sur les fameux procès Clearstream dont tout le monde a causé.

Mais surtout générera une haine féroce de Krasoski à l’égard du premier ministre de l’époque, déstabilisé par ailleurs par son divorce.

Vous connaissez la suite, ils ont réussi à mettre en face de leur poulain la fameuse « cruchitude », grâce aux manœuvres de DLK au sein même de son parti qui tentait ainsi de se racheter une virginité sur ordre, avec le renfort de quelques ex-lambertistes, et Krasoski a été élu les doigts dans le nez…

Avec une mission claire qu’il a pourtant un temps oublié… D’où l’urgence de faire des gestes concrets et votre désignation, donc vous, le chouchou des américains, pour aller à la pêche aux gros sous. »

 

D’autant qu’à peu près à la même époque, la CIA manipule aussi un cadre informaticien de la banque Sino-britannique en Suisse qui passe à Nice remettre au juge en solex de la riviera une série de DVD sous le bras, sur de l’argent sale.

Une liste qui aura plus tard fait le tour de l’Europe, en passant par Bercy et ses 3.500 exilés fiscaux dénoncés par le très rackchirien ministre des finances de l’époque dans l’équipe de Krasoski, signe tangible qu’on s’occupait bien du pognon des américains, et puis en Italie, en Grèce, Allemagne, Espagne, etc.

13 – … ; c6

« Vous allez où comme ça ? », fait-il en parlant du jeu

Au mat ? N’est-ce pas le but de ce jeu-là ?

14 – bxc6 ; Cxc6  

« Et là, vous réussissez à rapatrier les fonds, et de telle sorte que ça ne se voit pas. Mais n’imaginez pas non plus que les services restent indifférents.

D’abord Bercy qui se demande d’où tombe tout ce pognon. Ensuite l’état-major, dès qu’ils ont commencé à comprendre, et qui compte bien en tirer profit en sauvant l’essentiel du plan de restriction et de réduction des effectifs envisagé par Krasoski la dernière année de son quinquennat.

Et puis ça remue aussi dans les mess des officiers casernés et les carrés des bâtiments de la marine, sans compter les vétérans. »

C’est qu’au passage, et dès le mois d’août 2010, cette histoire-là apparaît sur la toile.

« Près de 120.000 lectures de vos aventures, sur un blog… Le type qui a mis en ligne, s’il avait publié ça dans un bouquin, il serait millionnaire à son tour. »

Et la République aurait été très mal…

 

Paul en a entendu parler : « J’y suis allé, parmi les 120.000… Un beau roman, et ce n’est qu’un roman présenté comme tel, où tous les noms sont « masqués », trafiqués. Pas très bien écrit, bourré d’erreurs mineures, mais plein de détails stupéfiants qui me font passer pour un couillon plus qu’à mon tour. Comme d’une sorte de MacGyver trousseur de jupons perdu au milieu de situations impossibles desquelles n’importe qui devrait fuir à la première occasion. »

Et n’est-ce pas ce qu’il est ?

« Une femme, pour la séduire, croyez-moi Amiral, il faut lui inspirer une profonde confiance. Et ça ne se fait pas en claquant dans les doigts ni en montrant juste sa jolie gueule. D’autant que la mienne n’est pas franchement irrésistible : je ne suis pas Alain Delon à ses débuts ! On sait qui en est l’auteur ? » 

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Mains invisibles I : Chapitre II.4 : Escale Gersoise (4/4)

 

Chapitre II.4

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Escale Gersoise (4/4)

 

Avant, encore une question.

« Ok ! Je vois le topo. Et la suite de votre parcours sous les drapeaux est connue. Toutefois, reste un « petit » mystère. Une fois que vous avez démissionné de l’aéronavale pour rentrer au pays à bord du Lisbeth, comment êtes-vous rentré au service de la CIA, mon petit-vieux ? »

À part feu le directeur Almont, les services n’ont relevé aucun contact postérieur à l’épisode Emily Lison.

Paul en rigole de nouveau.

« C’est une légende, ça, Amiral ! Je n’ai jamais émargé à la CIA, ni quand j’étais sous l’uniforme, ni après. Une légende construite de toute pièce par les américains à mon avis.

Vous faites allusion à mes opérations d’exfiltration je suppose ? »

Affirmatif.

« Eh bien, c’est encore de votre faute, amiral. »

De quoi parle-t-il ?

« – Souvenez-vous, je fais feu sur des Talibans pour dégager un pilote américain abattu, sans votre auguste autorisation. Bon. Vous me collez aux fers … C’est la règle du jeu !

– Et vous cite à l’ordre du jour de la flotte…

– … Oui, passons, ce n’est qu’un détail. Parce que je suis consigné 90 jours au sol et rapatrié en métropole dans la foulée. Et je passe deux mois à me morfondre au camp de Fox-Amphou en compagnie du chef Rémarde.

– Et de son épouse, la sulfureuse Lydia. »

Sulfureuse, sulfureuse, pas tant que ça, mais un « bon coup » quand même, même si elle se croit irrésistible à porter des tenues de pute, style « cuir-et-clous » pour mouler ses formes flasques et épaisses.

« Je vous rappelle que le chef, il passe justement son temps aux putes de Toulon quand il a fini son boulot à faire caguer les biffins détachés sous ses ordres…

Ce n’est pas le propos. Car, comme si ça ne suffisait pas, l’état-major me mute à Mururoa à guetter les improbables écolos de Greenpeace, parce que je suis aussi qualifié sur F1.

Mururoa, c’est paradisiaque, mais c’est mortel ! Et question femmes, à part les cantinières, il faut quatre heures de vols pour arriver jusqu’aux bordels de Papeete ou sur le boulevard à draguer la vahiné ! »

Il n’y a rien à faire à Mururoa, sinon boire, fumer, dormir et jouer à la belote.

« Or, les vols sur F1 étaient contingentés faute de carburant. En revanche, il y avait aussi deux hydravions de récupération de la dernière guerre du pacifique : un vieux Catalina sur lequel j’ai fait mes premiers déjaugeages et un aussi vieux Grumman G-21 Goose datant de 1939 qui fonctionnaient non pas au kérosène, mais avec l’essence des jeeps qu’il fallait juste filtrer pour éviter d’encrasser les moteurs. »

Oui bon et alors ?

 

« Eh bien, notre grand jeu, dans le team des pilotes, c’était d’amerrir dans un cercle de bouées placées au milieu du lagon, d’un diamètre de 10 mètres et de ne pas sortir au-delà d’un second cercle de 70 mètres de rayon avant de s’arrêter. »

Une bonne école d’apprentissage de la manœuvre d’amerrissage.

« Fallait être précis, ne pas arriver trop vite, enfoncer le nez de l’appareil dans les flots dès que possible et savoir faire virer le Goose un coup à bâbord, un coup à tribord ou inversement pour ne pas sortir du second cercle. »

Une trajectoire en point d’interrogation tracée de bas en haut, le manche à balais enfoncé vers l’avant pour faire monter l’eau jusque sur le capot, histoire d’augmenter la traînée et de ralentir plus vite…

Mais pas trop, parce que les hélices n’aimaient pas la densité de la flotte !

Pareil pour les déjaugeages. Totalement acrobatiques !

« Il fallait lancer la machine, lui sortir le nez de l’eau à l’arraché au deux tiers des 140 mètres et partir en chandelle en mode décrochage dès que possible. »

Une fois en l’air, il fallait tenir la position le plus longtemps possible, mais pas trop non plus pour ne pas casser abusivement la vitesse, et ensuite piquer pour reprendre de la manœuvrabilité et de la portance.

« Celui qui retouchait l’eau hors le cercle des bouées, il payait la tournée au mess. »

Une manœuvre impossible à faire avec le Catalina, bien sûr.

 

L’amiral s’impatiente : il ne voit pas le rapport avec sa question.

« C’est pourtant simple. Un jour, on apprend qu’un ingénieur de chez Framatom, je crois que ça s’appelait comme ça à l’époque, en vacances en Corée du sud se fait enlever avec sa famille, à l’occasion d’une sortie en mer, par des nordistes et est retenu par le régime pour être accusé d’espionnage.

J’ai suivi ça dans la presse qui arrivait seulement deux fois par semaine, parce que c’était un camarade de promotion que j’avais pu croiser sur le plateau de Saclay.

Vous ne vous souvenez plus, Amiral ? »

Pas vraiment…

« Ça avait pourtant fait grand bruit et la diplomatie avait réussi à sortir la femme et les gamins, mais pas le bonhomme.

Enfin bref, l’état-major se met en tête de parachuter un commando pour sortir le gusse manu-militari de sa prison nord-coréenne. Trop précieux avec ce qu’il avait dans la tête, sans doute.

Le problème de l’opération, c’est de faire ressortir ledit commando sans casse avec l’otage.

Les hélicos, c’était un peu « tendu » question rayon d’action. Et il y a bien un lac en contre-bas de la prison, mais ils n’ont que de pilotes de Canadair de la sécurité civile à se mettre sous la dent.

Et c’est là que notre colon nous demande si on ne serait pas candidat pour l’opération.

Vous pensez bien qu’on aurait tout fait pour se distraire de notre sort de « puni ».

On a totalement bluffé les équipages de Canadair avec nos acrobaties, d’autant mieux que le De Havilland est plus puissant que notre Goose.

Alors nous l’avons fait. À deux hydravions. »

 

Oui mais ça n’explique pas les autres missions pour la CIA.

« Mais si Amiral ! Les américains ont eu vent de la réussite de cette première « virée » et de la façon de mener ce raid. Ils se sont mis en rapport avec la Présidence, et j’ai dit oui, même une fois dans le civil, à toutes les propositions d’exfiltration qui se présentaient à Matignon. Juste pour le fun et pour la patrie. »

Et pas un kopek ni du gouvernement, ni des américains.

« En revanche, on m’a expliqué plus tard que le ministère émettait une facture au Pentagone… »

Paul en a fait beaucoup ?

« Secret d’État, je n’ai pas à vous répondre. Mais disons que la première pour les américains a été de sortir, avec le De Havilland que j’avais fait parqué à la fondation archéologique de Fox-Amphou, un transfuge de Mourmansk. J’en ai fait d’autres dans les caraïbes, en mer Caspienne, en mer Noire, dans le canal de Formose, et pas que pour les américains. J’ai même fait l’extraction sanitaire d’un toubib tombé dans le coma pour être tombé direct sur la tête depuis une marche, sur une plate-forme pétrolière norvégienne en mer du Nord par un temps épouvantable.

Les hélicoptères ne parvenaient pas à l’hélitreuiller… Je n’en menais pas large pour avoir à amerrir vent et mer de travers, comme j’avais appris à le faire, en surf sur de furieuses déferlantes parfois croisées, la peur au ventre de noyer ma turbine. Et je ne vous raconte pas le décollage dans les mêmes conditions, sur les crêtes de la houle ! Sportif.

Quant à la dernière, c’était en Afghanistan pour sortir un pilote de F 16 abattu dans les montagnes alors que l’équipe de l’air-rescue envoyée pour le récupérer, était tombée dans un piège de snipers isolés… »

D’ailleurs, ils avaient mis les moyens, puisque deux vagues de B 52 partis de Diego-Garcia étaient venues jusque sur les rives du lac le plus proche pour couvrir de leurs tapis de bombes l’arrivée et le départ de son hydravion, en deux vagues de largage.

« Alors, agent de la CIA, pas vraiment. D’autant que l’agence s’est affolée quand il a s’agit d’aller récupérer en urgence un ingénieur atomiste iranien et sa famille il va y avoir deux ans de ça. Ce con de Krasoski, il m’avait fait mettre en quarantaine et privé de tout, y compris d’hydravion, pour avoir démantelé la fondation de Risle.

Résultat, je crois que le transfuge et sa famille ont été exécutés par les gardiens de la révolution locaux. »

Les conséquences de l’affaire Risle…

« Justement, vous savez pourquoi cette disgrâce présidentielle ? Dans le service on n’a pas compris… Après tout vous étiez « Charlotte », celui qui a ramené les milliards perdus. »

Secret d’État.

« Mais je vais vous dire, Amiral, le Président n’a jamais su qui était « Charlotte ». Alors la liquidation de la fondation ne lui était pas attribuée, au moins dans son esprit. En revanche, il m’en a sans doute voulu d’avoir perdu 50.000 dollars à cette occasion… Que je lui ai d’ailleurs remboursé plus tard… »

Par chèque qui n’a jamais été encaissé.

« On va y revenir, mais il est une rumeur, que nous n’avons pas « bouclée », qui circule à ce sujet », fait l’amiral.

Laquelle donc ?

« Que lors de son voyage au Mexique, le président avait justement rencontré un chirurgien-plasticien de renom pour se faire greffer un appendice sexuel plus long… D’où les 50.000 dollars qui n’étaient qu’un acompte… »

Paul reste silencieux.

« Nous savions qu’il s’était fait greffer un implant dans la verge au moment de sa rencontre avec sa seconde épouse. Ce qui lui donnait cette démarche d’ours des Carpates particulière, parce que c’est particulièrement inconfortable pour les petites tailles de caleçon des petits-culs. Serait-ce donc ça, à l’occasion d’une exigence de sa troisième épouse ? »

« Je ne peux pas vous dire, j’ai « oublié » ce détail », répond Paul. « Mais bouclez donc votre information auprès de vos collègues canadiens. Ce sont eux qui m’avaient averti et la chose a été confirmée par le directeur Almont de la CIA… »

Il confirme alors ?

« Je n’ai rien dit, mais Almont s’est débrouillé pour me remettre dans le circuit, je ne sais pas comment, et j’ai atterri chez vous le jour du mariage de votre fille. »

Ahurissant, si c’est bien ça pense pour lui Gustave Morthe de l’Argentière !

Mais cohérent.

 

« Encore une chose… Quand vous êtes allé faire le zouave en Mer de Corée sur un Mig de récupération, ce n’était pas pour la CIA, là aussi. »

Secret défense…

« Je vous rappelle que j’étais encore sous l’uniforme et que la mission avait été commandée à notre ministère par le SAC, pas par la CIA. Et puis, je n’y suis allé que parce que les pilotes américains pressentis ont fini tous par se désister, tellement c’était casse-gueule. D’ailleurs c’était un piège ! »

À cause de l’agent Miho Mihado ? « L’avez-vous baisée, au moins ? »

Pas vraiment sur le moment, mais plus tard, à bord du vol circumpolaire au moment de « la sieste » du capitaine haddock.

« Et alors, qu’est-ce qui s’est passé avec elle au sémaphore de Saint-Florent ? »

Merde, pense pour lui Paul. L’amiral est vraiment bien curieux et au courant de beaucoup de choses…

C’est secret d’État, là.

« Je vous l’ai déjà dit, je l’ai déjà oublié. »

En fait pas du tout. Il l’avait embastillée après qu’elle ait tenté de le kidnapper, dans les douves du phare pendant 48 heures, enchaînée, sans rien à boire ni à manger et dans le noir total avec pour seule compagnie les rats du maquis corse.

Puis il a surgi avec Lydia, l’épouse du chef Rémarde, déguisée en pute et lui en sauvage où ils simulent tous les deux un viol sous ses yeux… violent, pendant plusieurs dizaines de minutes.

Le tout était que Miho soit persuadée que Paul était sorti de ses gongs jusqu’à en tuer Lydia, avec force détonations dans la cuisine au-dessus où il l’a traînée sans ménagement, simulant la colère-furieuse, et que ça allait être son tour à elle de déguster.

N’importe qui aurait parlé et avoué n’importe quoi. Mais elle, elle en était restée à la première version de son interrogatoire.

 

Ils sont alors coupés dans leurs échanges, car le temps passe et Madame fait savoir que le repas va être servi.

Paul ne saura pas tout de suite la vraie raison de l’invitation de l’amiral. 

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Mains invisibles I : Chapitre II.3 : Escale Gersoise (3/4)

 

Chapitre II.3

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Escale Gersoise (3/4)

 

« Ce que je ne comprends pas, c’est comment vous avez pu être multimillionnaire à 19 ans ! »

Millionnaire en dollar, corrige Paul.

« J’ai deux réponses ! Je vous livre la meilleure. Un jour je me pointe au guichet de la Banque de France et demande à voir le directeur. Quand je suis introduit auprès de lui, j’ouvre ma braguette et lui demande : « C’est qui qui a la plus grosse ? ». Et il m’a filé plus de 5 millions de francs pour que personne ne sache jamais ! »

Gustave Morthe de l’Argentière en reste coi quelques secondes.

« Mais, mais… vous ne vous fouteriez pas de ma gueule, là, mon petit-vieux ? »

Affirmatif, « Avec tout le respect que je vous dois, Amiral… naturellement. »

Son interlocuteur sent la colère monter en lui. Mais il contrôle et se reprend avant de devenir vexant, parce qu’il sent poindre le plan de son vis-à-vis pour écourter l’entretien pourtant indispensable.

« De Bréveuil, vous semblez ne pas comprendre la situation dans laquelle vous êtes plongé jusque dans les grandes profondeurs sous-marines et abyssales, peut-être bien malgré vous, je vous l’accorde, mais j’ai besoin d’en savoir plus sur vous pour pouvoir vous aider. »

De quelle situation parle-t-il ?

« Je vais être plus précis : vous ramenez en France jusqu’à 35 milliards d’euros. Vous avez assez d’astuces pour imaginer et mettre en œuvre un schéma juridique qui laisse l’opération absolument incompréhensible pour le commun des mortels tel que ça reste totalement invisible pour un profane et encore plus, surtout, pour un journaliste. Et vous vous contentez seulement d’une prime de trois millions pour vos efforts hors-norme. Quel est donc votre rapport avec l’argent ? »

Les trois millions et demi de prime d’aviseur, c’étaient les fonds dont il avait eu besoin pour boucler le financement du premier vol du « Nivelle 001 » que la MAPAE ne pouvait pas vraiment assumer.

« Je le sais, ça. Un beau prototype, absolument exceptionnel. Mais ce n’est pas ma question. »

Si la question est à quoi sert l’argent à Paul, la réponse est simple : « Les 35 milliards n’étaient pas à moi mais à la République. Je n’ai fait que de participer à son rapatriement rien de plus. Par ailleurs, et à titre personnel, je considère que l’argent n’est jamais qu’un outil comme un autre. Quand on en a besoin, on le trouve, quand on n’en a pas besoin, on s’en passe très facilement. »

Ce n’est pas la réponse à la question posée : « Vous entrez à l’X et à l’EAPAN archimillionnaire. Alors que la moitié de l’humanité cherche à s’enrichir sur le dos de l’autre moitié de l’humanité, vous faites profil bas et n’en laissez rien paraître. Je répète ma question : d’où vient cet argent et qu’en avez-vous fait ? »

 

Décidément, l’amiral est bien curieux.

« Vous n’êtes pas inspecteur des impôts que je sache et a priori, ça ne vous regarde pas. Je l’ai pour partie bouffé, pour l’autre placé jusqu’à investir d’abord dans restauration du Lisbeth, mon voilier qui a sombré en début d’année à cause de ce malin « d’Ahmed-le-diabolique ». Et une partie a servi à acheter sa péniche-restaurant à ma pote Mylène. »

Ah oui, Mylène !

« Mylène Tradoire, mère célibataire d’Eva, cuisinière dans l’hôtel-restaurant de votre grand-oncle à Paris, où vous séjournez quand vous étiez à Louis-le-Grand.

Les services estiment qu’elle vous aurait dépucelé la seconde ou troisième année de votre séjour dans la capitale, alors qu’elle était aussi la maîtresse du chef des lieux … qui lui-même couchait officiellement avec votre veuve de grand-tante… »

Paul est pris d’un rire clair : ils en savent des choses si… « secrètes ».

« Je vais vous larguer un secret pour vous faire plaisir à condition qu’il ne sorte jamais d’ici ! J’ai été dépucelé à 15 ans par une cliente de l’hôtel en mal de sensualité. Jehanne, une productrice d’émission télé pour enfant, je crois. Une cougar, comme on la qualifierait aujourd’hui, qui aurait pu être ma mère. Je n’avais pas 16 ans, mais avec mon mètre quatre-vingt et mes soixante-quinze kilos tout mouillé de l’époque, bâti déjà comme un rugbyman, j’en paraissais 18 à 20 et donnais facilement le change. »

Depuis, Paul s’était étoffé : 1,92 mètre, et le quintal de muscle dépassé, limite « norme » pour piloter un avion de chasse, qu’il devait « se plier » pour entrer dans certains cockpits d’avion d’instruction durant ses classes…

Les chars ou les sous-marins, ce n’était pas pour lui.

« Et elle a tellement apprécié qu’elle est revenue ensuite avec une copine frigide, Isabelle. On se souvient toujours des premières… Qui elle-même m’a fait une réputation pas possible telle que je suis devenu le spécialiste des femmes-frigidaires d’Île-de-France… 

Conclusion, vos services, qui savent tout de tout le monde, ils ont des lacunes, Amiral ! Pourtant, cest aussi l’époque de mon premier sobriquet. Avant d’être « Charlotte » que tout le monde connaît, j’étais à cette époque-là le « six-coups-de-la-rive-gauche » ! »

Six coups ? L’amiral en oublie de déglutir, la bave dégoulinante au bord des lèvres…

Quel gros vantard a-t-il devant lui !

Ahurissant !

« Par jour, je vous rassure. Mais j’assumais ! »

Dingue ! Du grand n’importe quoi : un reste de fantasme d’ado, sûrement, pense l’amiral.

 

« Et c’est avec ces … ces talents-là que, de jeune gigolo, si je ne m’abuse, que vous avez amassé votre million de dollar en 5 ans ? »

« Charlotte » un gigolo ? Invraisemblable : jamais les enquêtes de moralité n’avaient pu déceler cette info !

Non pas du tout ! « D’abord je n’étais pas « tarifé » comme vous l’imaginez, même si quelques clientes venaient louer une chambre seulement pour ça et savaient parfois se montrer très généreuses à mon égard. Ce qui a payé pas mal de mes heures de vols. Ensuite, je pouvais dire non, et plus souvent qu’à mon tour, soit qu’elles étaient trop grosses, trop moches… quoique, ça m’a toujours amusé, ou n’importe quelle autre raison ou tout simplement parce que je n’avais pas du tout envie.

C’est avec une opération immobilière sur l’hôtel lui-même. »

Qu’il s’explique !

« C’est un peu compliqué à résumer. D’abord il faut savoir que « le chef », celui qui comblait le vide dans le lit de ma veuve de grand-tante, il buvait le stock à une telle allure que sans « mes » clientes, il y aurait eu longtemps que l’hôtel aurait fermé.

Je dois vous dire aussi que mon pote Michel, un gay, celui qui faisait concierge et veilleur de nuit avait une activité parallèle les week-ends dans les remises et anciennes écuries aménagées du fond du jardin de l’hôtel : « Le Newvox » où il organisait des soirées gay-lesbiennes, ce qui a payé un peu le train de vie nécessaire au maintien de l’activité de l’hôtel de ma grand-Tante.

Mais à un moment, il a fallu envisager de vendre pour réparer le toit et aussi renflouer le restaurant de montagne de l’alcoolique. »

 

« Le Newvox »… « Il a eu des problèmes avec la police, je crois me souvenir. »

Il ne le croit pas seulement, il l’avait lu dans les rapports…

C’est exact. On a soupçonné Michel, tour à tour, de faire « tripot-clandestin », puis de refourguer de la drogue, alors qu’en réalité, il n’y avait que le sexe des garçons qui l’intéressait.

« Il y avait de la poudre qui circulait, c’est sûr, mais Michel n’y était pour rien. Et puis moi je n’étais pas au courant. Mon rôle dans l’hôtel consistait, contre pitance et logement, à faire le service du soir et préparer les tables pour le petit-déjeuner.

Exceptionnellement je remplaçais Michel au comptoir d’accueil. Et encore plus exceptionnellement j’allais au « Newvox ».

Les soirées avaient lieu exclusivement les vendredis et samedis soir hors la présence de ma grand-tante et de sa famille. Moi, à ces moments-là, j’étais en principe dans le train pour rejoindre ma mère.

Il rangeait le dimanche après-midi et j’allais l’aider à finir, c’est tout. Pas vraiment eu envie de me faire trouer l’anus par un de ces potes gays. »

Et puis les lesbiennes, les « talents » de Paul, ça ne les émouvait pas vraiment : ce n’était pas non plus « leur truc ».

Bon, à part quelques exceptions toutefois. Le « Newvox » fonctionnait aussi les veilles de jours fériés et pendant les vacances scolaires. Le « patron » partait avec toute la famille, veuve éplorée et cousines inclues, dans son chalet-restaurant des Vosges, la place était donc libre comme chaque week-end.

 

Paul passait parfois ses propres vacances avec son grand-père paternel ou sa mère, avant qu’il ne soit occupé par ses différents stages d’été ou quelques séjours linguistiques, et il arrivait que, pour « animer » la soirée, il présente un numéro dansant copulatoire assez cru et sensuel avec Mylène qui avait pris goût aux talents de Paul.

Une idée à elle.

Parfois avec une « bi » tirée au sort dans la salle.

Et puis le « la » de l’ambiance étant donné, ils s’éclipsaient.

Mais l’amiral n’a pas à savoir ces détails… même s’il est capable d’avoir des photos ou des petites vidéos prises à l’époque par Jean-Luc, « le pornocrate »…

Rien de bien compromettant de toute façon, Mylène et Paul opéraient masqués.

Jean-Luc en avait fait un métier plus tard pour s’être débrouillé à « voler » des images jusque dans les chambres de l’hôtel avec la bénédiction de Michel qui devaient arrondir leurs fins de mois de la sorte, en plus des bénéfices de l’activité du « Newvox » sous le nez du taulier.

« Et à propos de « poudre », vous n’y avez jamais touché ? »

Jamais volontairement.

« Je crois avoir été drogué deux fois. Une fois avec du GHB mais je ne me souviens de rien et Michel a veillé à me mettre à l’abri. La seconde fois aussi, mais là, c’était par mégarde : un peu de « farine » était tombée dans mon verre et j’ai été malade comme un chien ! »

On dit que les effets sont pourtant hallucinogènes et euphorisants.

« Si vous pensez que le fait d’avoir le cerveau qui tourne dix fois plus vite que d’habitude, que vous êtes assailli par des « détails » qui n’ont aucune importance habituellement est euphorisant, moi, je veux bien. Mais quand vous vous apercevez que le monde qui vous entoure est d’autant ralenti et que vous mettez des plombes à tendre votre bras vers votre verre, que vous ne savez plus si vous l’avez en main ou si vous l’hallucinez, franchement, il y a de quoi être frustré et vous rendre malade. »

En tout cas, c’est ce qui est arrivé à Paul. Une fois et une fois seulement.

 

Pour en revenir à l’opération immobilière et pour faire face aux difficultés financières de l’hôtel-restaurant qui commençait à fuir de partout faute d’entretien, avec Michel et grâce aux vidéos de Jean-Luc qui ont servi « d’argument décisif », ils avaient réussi à convaincre les héritières du grand-oncle, seconde femme et les deux « cousines » inclues, à signer un bail à construction. Contre l’avis du « chef » qui l’a fermé sur ce coup-là quand on lui a montré les preuves de ses galipettes clandestines avec Mylène et quelques autres.

Il faut dire que là encore, Paul avait eu aussi des arguments « convainquant » et de longue date. Ces dames avaient profité de ses « petits » talents … À l’époque, le sexe de Paul avait des exigences, comme d’une drogue à accoutumance que peuvent devenir des testicules trop sollicitées, et elles y avaient succombé une à une, à tour de rôle !

« Michel avait justement un peu d’argent, s’était fait à l’idée d’abandonner son petit commerce de boîte de nuit assez spéciale pour être unique, et le but de l’opération immobilière a été de tripler la surface offerte en chambre. »

Des chambres médicalisées, avec vide, azote, oxygène et prises d’électrocardiographe et de monitoring en tête du lit.

« L’astuce n’était pas tant de faire une résidence de luxe au cœur de Paris pour vieillards ringards, malades et grabataires, mais d’offrir à ma mère un lieu de séjour où elle pouvait espérer vivre tranquillement et paisiblement avec son Alzheimer grandissant pour le prix de la revente de sa pharmacie. »

Celle de son propre grand-père, de son père et tenue un temps par la grand-mère de Paul.

 

Les sous-sols ont ainsi reçu les équipements techniques, cuisine, chaufferie et traitement de l’eau de la piscine, mais aussi 4 cabinets médicaux, généraliste, cardiologie, gérontologie, rhumatologie, un fauteuil dentaire complet, une table de radiologie en plus d’un mammographe, un local pour des infirmières et leur autoclave et un cabinet paramédical de kinésithérapie avec piscine.

Le tout conventionné sécurité-sociale et ouvert au public du quartier.

« Au rez-de-chaussée sur rue, à la place des anciennes écuries, on avait installé un visagiste, coiffeur-manucure-pédicure, d’un côté du porche, et une boulangerie-pâtisserie de l’autre côté avec ses bonnes odeurs.

Tout sous la main.

Et le restaurant donnait sur les jardins entourés de toutes les autres chambres réservées à la location longue durée, au bord d’une petite piscine en plein-air, le tout aussi ouvert au public.

Ça s’est vendu, cher, très cher même, mais comme des petits-pains, tellement le concept « centre-ville » et les odeurs de pain frais ont plu ! »

Depuis, le concept avait été repris par plusieurs majors dans le même secteur d’activité, mais à la campagne et en moins bien, il faut le dire.

« On a de plus créé une société de services à la personne et une autre d’exploitation des lieux pour que mes deux cousines aient un salaire. On y a installé leur mère, la mienne s’étant tuée à la tâche bien avant de consentir à venir y vivre, mortifiée du souvenir de mon père. Et on a réussi à rembourser les banquiers en 2 ans avec les locations et les cessions d’usufruit de leurs lots aux pensionnaires.

Restaient un peu plus de 10 millions de francs que nous nous sommes partagés Michel et moi, après avoir remboursé les banquiers et Jean-Luc », le pornocrate.

« Et je réussissais malgré tout à tous les concours d’entrée en école d’ingénieur la même année !

Vous voyez, amiral il n’y a aucun mystère… »

Maintenant qu’il sait ce qu’il voulait savoir, c’était à lui de parler.

« C’est quoi cette situation explosive dont vous mourrez d’envie de me parler ? » 

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Mains invisibles : chapitre II.2 Escale Gersoise (2/4)

 

Dimanche 9 août 2015

Chapitre II.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Escale Gersoise (2/4)

 

Les voilà ainsi dans le bureau du rez-de-chaussée attenant au grand salon où Paul avait été reçu la première fois, qui donne sur un vaste parc « à l’anglaise », arboré de quelques chênes au moins centenaires et de diverses autres essences plus ou moins locales et plus jeunes.

La lumière qui joue avec les frondaisons secouées par les aléas d’un léger zéphyr y est superbe en cette fin d’après-midi.

Une pièce meublée style Louis XV, qui va parfaitement à l’allure de l’amiral, mais qui reste un peu … étroit pour la carrure de Paul.

Ne faudrait pas qu’il se mette à s’agiter trop fort d’une fesse sur l’autre : il pourrait se retrouver par terre après avoir pulvérisé le fauteuil d’un mouvement de cil incontrôlé…

« Paul, comment va votre blessure ? » commence-t-il par s’enquérir.

Il veut parler de la balle reçue entre les omoplates au large de la Corse du sud.

Gentil d’y penser…

« Elle m’a fait souffrir dans les 40ème rugissants, mais j’avais d’autres préoccupations plus impérieuses. »

Les fameux retournements cul-par-dessus-tête et les fuites que cela avait engendré au fil de la navigation, le long de la quille de son voilier.

« Depuis, je ne la sens plus que quand je fais parfois un faux-mouvement un peu trop brusque. »

Il en avait souffert à Barcelone. Et puis plus rien, sauf que d’y penser, ça la réveille de loin en loin, cette fameuse douleur.

« J’ai besoin de faire un point de vos activités avant que vous ne repartiez… » poursuit-il.

Avec un officier de réserve ?

« Je n’ai aucun compte à vous rendre, Amiral. Je ne suis plus sous vos ordres depuis quelques années, souvenez-vous ! » ricane-t-il.

Justement !

« Je suis encore le patron de la DRM jusqu’à la nomination en Conseil des ministres de mon successeur, sans doute à mi-septembre. J’ai gagné le droit à une retraite confortable et méritée.

Une belle boutique, un peu lente à la détente, mais nous finissons par y savoir tout de tout le monde, et de partout dans le monde ».

Et d’expliquer que le renseignement est partagé avec les espions de la DGSE, les policiers, gendarmes, inspecteurs et militaires de la DCRI, plus quelques autres, et qu’il arrive tous les jours que des informations parviennent des alliés de la France.

 

La DRM, une « belle boutique » de 1.620 personnes pour un budget annuel de l’ordre de 160 millions d'euros, mais c’est sans compter que l’unité est composée également de la Brigade des forces spéciales terre (BFST), le 13ème régiment de dragons parachutistes de Martignas-sur-Jalle, le 2èmerégiment de hussards de Haguenau, régiment de recherche du renseignement d'origine humaine (ROHUM) dans la profondeur, le 61ème régiment d'artillerie de Chaumont (Haute-Marne), régiment d'acquisition de renseignement d'origine image (ROIM) par déploiement de drones SDTI.

Et compter aussi le 44ème régiment de transmissions de Mutzig, régiment de guerre électronique opératif qui participe à l'acquisition de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) dans la profondeur et arme un centre de guerre électronique enterré et les détachements autonomes des transmissions dès le temps de paix.

Le 54ème régiment de transmissions d’Haguenau, régiment de guerre électronique tactique qui participe à l'acquisition de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) au contact et attaque les réseaux radioélectriques adverses.

Le 28ème groupe géographique d’Haguenau.

Le Bougainville qui succède au Berry en juillet 1999, embarquant 30 techniciens de la DRM chargés des interceptions COMINT (Communications Intelligence) et ELINT (Electronic Intelligence).

Le Dupuy-de-Lôme, un navire spécialement conçu pour être le nouveau MINREM (Moyen Interarmées Naval de Recherche Electro-Magnétique). Ses missions sont dans l'ordre de «l'interception, la goniométrie et l'analyse de tous types de signaux, y compris ceux émis ou reçus par des satellites », capable de suivre la chute d’une pièce d’un euro depuis Brest, lâchée du haut de la Tour Eiffel.

Ce sont également les moyens de l'armée de l'air, qui supervisent l'utilisation des satellites de renseignement. Il existe deux types de satellites : les satellites de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) ; les satellites de renseignement d'origine image optiques et radars (ROIM).

Et, depuis le 1er septembre 2011 les moyens électroniques, notamment, l'escadron électronique aéroporté 1/54 Dunkerque stationné sur la base aérienne 105 Évreux-Fauville. Plus deux C-160 Transall Gabriel qui ont fait l'objet d'une rénovation. Le premier a été livré en 2010, le second était disponible en 2012.

Une belle armada, finalement.

 

« Bref, sous huitaine, en croisant toutes nos sources, exceptionnellement sous quinzaine, nous savons tout, y compris des changements de régime alimentaire de Poutine et des conséquences sur ses humeurs… »

Néanmoins, avant de partir, il a fait extraire le dossier de Paul. « Et je l’ai lu in extenso, alors qu’il est épais, y compris les événements du mois dernier. Bravo, d’ailleurs ! Vous êtes vraiment digne d’être un officier de l’aéronavale. Assez peu que je connaisse aurait pris de telles initiatives. »

Il fait allusion à son dernier vol sur la Manche, où Paul a pu intercepter le candidat djihadiste « Ahmed-le-diabolique » et y abîmer l’hélice de l’hydravion de la fondation de Fox-Amphou pour intercepter son ULM et sa bombe artisanale nucléaire qui devait vitrifier le stade olympique de Londres le soir de la cérémonie d’ouverture.

Et toutes les personnalités qui étaient accourues…

Mais ni Obama, très au courant, ni Landau, lui-même nouvellement élu et déjà mis en alerte…

 

Et il aurait aimé quelques précisions sur quelques « zones d’ombre ».

« Désolé amiral ! Êtes-vous habilité « secret-défense » ? »

La question plonge un court instant l’amiral dans un état d’hébétude-avancée…

« Mon petit-vieux, vous plaisantez, j’espère ? »

Oui et non… « Excusez-moi, mais avec tout le respect que je vous dois, c’est ce que je demande d’entrée à tout officier, y compris judiciaire, les juges et procureurs, qui veulent me soumettre à « la question ».

Et il est vrai que la bonne question n’est pas que vous soyez ou non « habilité secret-défense », mais plutôt autorisé à accéder aux « secrets d’État »Je veux dire par-là qu’il y en a peut-être qui relèvent de l’autorisation présidentielle elle-même dans les sujets que vous voulez aborder. Et figurez-vous que j’ai une mémoire très sélective, qui oublie plein de choses et en toute bonne foi dans ces cas-là ! »

Voilà une situation que n’a pas anticipée l’Amiral.

 

« Je viens de vous dire que nous savons tout de tout le monde. »

Il n’a donc pas besoin des précisions de Paul…

L’amiral réfléchit l’espace d’un court instant.

« Voilà ce que nous allons faire. Je vais parler et vous acquiescez ou vous infirmez à ce que je dis. Pas besoin d’en faire plus ! »

Non ! Ce n’est pas comme ça que Paul est décidé à agir.

« Vous causez. Je complète au besoin si ça ne touche pas à ma … « mémoire sélective », y compris pour les choses prescrites pour vous faire plaisir. Juste pour vous faire plaisir et saliver. Sans ça je ne dis rien. Même pas un oui ou un non : on entre dans le domaine que je ne connais pas pour ignorer de tout. Et donc vous non plus ! »

Coriace, le Paul.

« Ok. Donc Vous débarquez en 1990 à Paris au Lycée Louis-le-Grand, avec votre munster et votre choucroute maternelle dans le bagage. »

Voilà qui est étonnant ! Des détails exacts : sa grand-mère maternelle avait absolument tenu à ce qu’il emporte de quoi manger dans le train qui l’amenait à Paris chez le grand-oncle paternel, et lui avait confectionné un bocal de choucroute alsacienne à faire réchauffer au bain-marie et mis dans une boîte étanche un munster particulièrement « mûr ».

Inutile de dire qu’il n’y a pas touché de tout le voyage, trop la honte de devoir faire profiter des odeurs de ces mets exceptionnels à tous les passagers du wagon Corail…

Ce qui est d’ailleurs dommage : c’était la dernière choucroute de sa grand-mère. Il ne la reverra qu’un peu plus tard sur son lit de mort, avant la mise en bière de sa dépouille.

« Vous n’allez quand même pas refaire mon curriculum vitæ, Amiral : je le connais par cœur ! »

Si justement…

« Et si vous alliez directement au but ? À savoir ce que vous attendez de moi… »

Le bout du bout ? « Mais nous allons y venir, mon petit-vieux. » Puis réfléchissant une seconde : « Mais nous pouvons commencer par la fin. Je dois vous remettre votre médaille de chevalier de la Légion d’honneur, ce que j’avais prévu de faire après le dîner en présence de nos épouses et du personnel de maison… »

Paul n’est pas marié.

« Vous engrossez une jolie fleur comme ça jusque dans le péché, vous ? Vous savez que ce n’est pas bien… Pacsé, au moins ? »

Même pas.

« Ne dites jamais ça à mon épouse, elle vous jetterait sur le champ hors l’enceinte de cette propriété, voire du département ! » réplique-t-il avec amusement. « Et moi, j’aurai à supporter et gérer sa mauvaise humeur pendant au moins 8 jours si ce n’est pas jusqu’à la prochaine Lune ! Épargnez-moi ce désastre, s’il vous plait. »

Paul veut bien s’y essayer. « Vous savez, vous qui avez mon CV en mode dossier sous le coude, que j’ai déjà été marié… Avec une chanteuse de country américaine qui s’est trouvée être un agent du NSA ! Alors, depuis, j’évite… »

Oui 1997. L’Amiral jubile : « Vous voyez que c’est vous qui revenez vous-même à vos propres états de service. Emily Lison, une jolie voix pour ceux qui aiment les voix un peu rocailleuses, mais bien une erreur de jeunesse qui a failli vous consigner au sol à vie derrière un bureau lambda du ministère. Remarquez, vous auriez pu rendre aussi quelques services. Mais nous aurions perdu un pilote américain à moins de déployer de nombreux moyens pour le récupérer ! » fait-il dans la même phrase en évoquant plusieurs épisodes de la vie de Paul sous l’uniforme.

Il en oublie les passagers du vol Lomé/New-York, tombés dans l’océan…

 

« Donc, je reprends, Lycée à Louis-le-Grand, bac scientifique à 17 ans avec mention très bien, préparation écoles d’ingénieur dans le même établissement, durant deux ans et à 20 ans, vous réussissez à tous les concours, où votre choix est d’intégrer l’X et l’école des pilotes de l’aéronavale. Vous partez en stage justement en 97 et 98 à Nellis-Air-Force-Base tâter des appareils de l’Otan et finissez à sup-aéro en 2000.

Non sans avoir parallèlement été breveté pilote amateur à 16 ans, obtenu votre brevet navigation l’année suivante et votre licence-moteur ainsi que votre permis de conduire une voiture à 18 ans. »

Une bonne recrue, habile aux commandes d’un avion, qui obtiendra son brevet de chasse à 24 ans et ira servir deux ans, affecté sur le CDG, habilité Étendard, où l’amiral l’a mis aux arrêts de rigueur pour avoir ouvert le feu sur des talibans sans autorisation. Puis il a été consigné au camp de Fox-Amphou avant que la marine ne le mute à Mururoa pour qu’il soit assez dégoûté de la vie militaire pour choisir de ne pas rempiler.

Tout le monde sait ça.

Ce que l’amiral ne mentionne pas, c’est qu’il a d’abord piloté des delta-planes en solo et en compétition, puis sur un planeur et fait quelques sauts en parachute…

« Beau parcours pour une jeune-pousse ! Vous auriez pu avoir vos premières étoiles à pas 40 ans, si vous aviez su persister dans la marine aéroportée. »

Précoce, tout au plus. 

 

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Mains invisibles : chapitre II.1 Escale Gersoise (1/4)

 

Samedi 8 août 2015

Chapitre II.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Escale Gersoise (1/4)

 

Début août, Paul n’a plus d’urgence à gérer. L’usine de la MAPEA est en mode « veille-estivale ». Les locaux du Kremlin-Bicêtre se vident de tous les matériels importés par les « alliés-impossibles » du Mossad et du Vevak.

Et la seule chose qui mérite son attention reste son loft du front de Seine qui a été dévasté par l’attentat à la charge incendiaire de la fin juillet qui a coûté la vie au colonel Jackson de la cellule Megiddo.

Et aurait pu lui coûter la sienne s’il n’avait pas été sous la haute protection du père Pedro détaché par le SIV romain et apostolique.

Normalement, c’est du boulot pour Florence, architecte d’intérieur de profession. Mais elle est heureusement restée aux bons soins de Mylène dans son château-restaurant-hostellerie sur Cher pour être enceinte de 6 mois. Alors, il s’agit juste de confier les clés à une entreprise générale pas trop débordée pour restaurer l’essentiel a minima, proposée par son pote l’assureur… qui paye pour partie, pour partie seulement, les travaux et être revenu justement pour la journée de ses propres occupations d’estives contempler les dégâts et évaluer le coût des travaux de réparations et de remise en état.

Au mois d’août, à Paris, à part les « punis », toute la ville est désertée pour être laissée aux seuls touristes. Et ils sont nombreux.

Alors, si la Mairie en profite pour défoncer sauvagement les chaussées et trottoirs, trouver une entreprise artisanale qui veuille bien bosser à peu près normalement dans un loft, Paul confie volontiers le chantier à son « pote-l’assureur » mobilisé pour la circonstance.

 

Ce qui lui permet, une fois les clés remises, de prendre la route pour « Château-sur-Cher » retrouver son harem de femmes avec l’idée de tailler de la route vers les côtes du pays basque. Il n’a plus de voilier, il s’agirait de faires quelques escales gourmandes le long des côtes atlantiques à la recherche d’une épave d’occasion à renflouer.

En tout cas, laisser sa carte pour être averti des « opportunités » à se présenter dans les prochains mois.

Naturellement, Florence a d’autres projets : passer quelques jours dans la Vaucluse chez ses parents.

Elle ne voulait pas voir Vesoul, alors ils sont passés par la route de Vierzon… prétend la chanson.

 

Le Vaucluse en été, ce n’est pas mal. L’habitation des parents de Florence reste accueillante avec sa terrasse ombragée, son pastis au frais, mais ça manque de mer à l’horizon visuel de Paul, et il a la bougeotte.

Et puis ils ne sont pas seuls. Outre les parents, ce qui est bien naturel, ses frangins déboulent tour à tour, l’un avec femme et leurs enfants décidément insupportables, mal-élevés, insolents, bruyants et bagarreurs (faites des gosses, qu’ils en disent tous !), l’autre avec « sa grosse » et sa libido exacerbée quand elle croise Paul ou tout autre couillu dans son champ de vision.

Celle-là, un jour ou l’autre, elle passera à la casserole qu’elle ne se rappellera même plus de son nom après coup.

Au moins, elle se calmera à éviter l’envie de faire porter les cornes à son mari, sauf si Paul parvient à la transformer en nymphomane définitivement insatisfaite…

Ce n’est pas que Paul reste insensible à ses avances maladroites, mais ça a tendance à agacer fortement Florence, ce qu’on peut comprendre.

Déjà qu’à « Château-sur-Cher », entre Mylène qui joue à la garde-chiourme veillant jalousement sur son cheptel de soubrettes, notamment Elsa et Virginie plus quelques « nouveautés » saisonnières, et qui renvoie Paul dans la chambre « conjugale » dès qu’il s’approche d’un peu trop près de sa « vieille copine », ce n’est pas vraiment la joie.

Heureusement, pour « compenser », Florence, toute en « rondeurs molles » qui enflent au fil du temps, semble si sensuellement « attractive », reste comme véritablement subjuguée par les organes génitaux de Paul qui l’ont mis enceinte, et dont elle prend soin avec beaucoup d’égards et de conviction, faut-il rajouter…

 

Mais alors là, dans le Vaucluse, avec la belle-mère et la belle-sœur, plus l’absence de plage d’eau de mer, alors qu’il a à rechercher un port avec plein de voiliers, sans compter qu’entre les frères et le père, avec leurs blagues à deux balles, même qu’ils doivent trouver « Paul-le-nouveau-né » bon public pour se forcer à rire à chacune, tel qu’ils en rajoutent à-tout-va, ce n’est vraiment pas non plus la joie-de-vivre des meilleurs délires.

En plus, tous ces gueux-là, gentils comme ils sont, ils persistent à faire partie du tiers de ces citoyens fiers d’avoir élu « leur » candidat à eux, bien de gauche-caviar dégoulinante, qui annonce déjà, très normalement, tailler dans le portefeuille des soi-disant riches, que la rentrée va en être « solide » à payer tous les surplus de dépenses somptuaires via l’impôt.

Et l’idée de se serrer la ceinture plus que prévu ne sied pas à Paul…

D’autant qu’ils y reviennent à chaque fois qu’ils ont terminé leur série de blagues idiotes…

Comment leur expliquer que la seule façon de sortir le pays de la crise qu’il traverse, ce n’est pas en en laissant moins dans le porte-monnaie des deux tiers de la population, mais en réduisant le train-de-vie de la machine étatique, en retardant et repoussant les dépenses non-urgentes et qui n’apportent rien de plus au confort d’être né français ?

C’est que les exils fiscaux, ça ne les alarme même pas !

Alors, c’est presque comme d’une délivrance qu’il accepte de pousser jusque dans le Gers et la propriété de Marciac de l’amiral Morthe-de-l’Argentière qui fait déplacer une estafette de l’amirauté rien que pour porter le pli d’invitation en mains-propres, pour être la bienvenue…

Quand on parle de dépenses inutiles, y’en a qui ne perdent rien au change.

Celui-là, il ne pourra jamais vivre comme tout le monde et passer un banal coup de fil !

 

La dernière fois qu’il avait répondu à une invitation de son ancien patron d’escadre du large du Pakistan, il s’était retrouvé au milieu du mariage de la fille de l’amiral à accepter, contraint et forcé, une mission absurde sur le dos qui consistait à aller espionner les chinois et les russes après avoir fait voler son prototype « Nivelle 001 » autour des pôles et sans escale…

Un truc « casse-gueule », mais un record mondial réalisé grâce aussi au capitaine Haddock, volontaire pour faire le co-pilote de talent !

Et il l’avait aussi remis entre les mains du fameux « Riri », autrement dit Monsieur Albert, qui recevait ses ordres directement soit de l’Élysée, soit du ministère de la défense ou de l’intérieur, Paul n’a jamais vraiment compris, où il a s’agit d’aller dégommer « DLK », le prétendant d’opposition d’alors à la succession de Krasoski à la présidence de la République.

Une opération assez tordue mais réussie pour un résultat plus qu’inattendu, en somme.

Et le tout, sous l’égide de feu le Directeur Almont, qui a joué les intermédiaires au moins au démarrage, pour être avec sa centrale de la CIA, en « totale osmose » avec les visées du futur ex-locataire-précaire du palais de l’Élysée.

 

Paul ne sait donc pas ce qui l’attend chez l’amiral, peu vraisemblablement quelques félicitations, sauf si la chancellerie de l’ordre de la Légion d’honneur lui a bien transmis la breloque dont Paul a été décoré par le président Landau, le nouvel élu, à l’occasion de la promotion du 14 juillet dernier.

Ça doit être ça, mais c’est en tout cas une occasion de reprendre la route et le large avec Florence en co-pilote et escales à Saintes-Maries-de-la-Mer qu’elle ne connaît pas, puis Bézier, Narbonne, Toulouse, pour un détour par le Gers qui a enfin sa route deux fois deux voies, en espérant pousser jusqu’aux plages basques et ses souvenirs estivaux d’enfance partagée, avant d’espérer rentrer sur Paris.

À moins que là encore, Paul pousse à l’exil la mère de sa future marmaille qui lui chahute l’abdomen à « Château-sur-Cher » pour qu’elle y finisse tranquillement sa grossesse avant de remonter sur la capitale une fois les fortes chaleurs passées, comme prévu à l’origine de leurs premières vacances en couple.

 

L’amirale et l’amiral savent recevoir. Il ne l’avait pas croisée, elle, la première fois qu’il était passé. Une femme toute menue, presque fragile, la soixantaine dépassée vue les ridelles propres à son âge avancé qui lui strient la lèvre supérieure, plutôt bien portée, élégante et gracieuse. Elle pourrait être l’incarnation de la caricature de « Virgule de Guillemet » de la bande dessinée d’Achille Talon, dont ce dernier est épris depuis l’origine du feuilleton de feu le magazine de BD « Pilote ».

Mais femme de militaire, en revanche elle a un franc-parler qui, tout en restant très châtié, n’en est pas moins … direct !

« Bienvenue à notre héros du jour ! » fait-elle à leur arrivée. « Ainsi, c’est vous que mon mari a eu la bonne idée de jeter aux fers… Eh bien je vous laisse entre ses mains et je m’occupe de l’installation de Madame. »

Il est prévu qu’ils restent dîner, passent la nuit et ne repartent qu’au milieu de la matinée, direction Saint-Jean-de-Luz.

Même pas eu le temps de lui faire le baisemain façon vieille-France ni de présenter Florence.

Mais Paul parvient à glisser quand même un : « Je suis absolument comblé de faire votre connaissance, Madame ! Je comprends que l’Amiral vous cache, car si j’avais eu 20 ans de moins et que vous n’étiez pas mariée, Madame… », qu’elle en part d’un éclat de rire avant même qu’il ne termine sa tirade…

 

« On m’avait déjà avertie que vous étiez un véritable danger pour la paix des ménages ! Ne vous fatiguez pas : vous avez tout ce qu’il faut ici, et même le mode d’emploi à ce que je constate, que je vous l’installe dans ses quartiers pour la nuit. Car vous resterez dîner, n’est-ce pas ! »

Paix des ménages ? La hantise, le cauchemar de tous les futurs cocus de la planète, oui !

L’amiral et sa silhouette longiligne, presque efflanquée, arrive sur les pas de l’ordonnance qui entreprend de vider le coffre du « veau-diesel » : ils ont du travail.

Alors, la maîtresse de maison pousse Florence vers l’intérieur de la bâtisse dans l’idée de lui faire faire un tour du propriétaire qui ne manquera pas de passer par sa serre où elle cultive avec passion et talent ses nombreuses variétés d’orchidées.

Du travail… sûrement la raison de cette invitation, qui ressemble plus que jamais à une convocation : Paul aurait dû se méfier et confirme ainsi ce à quoi il doit s’attendre …

« Bienvenue, Capitaine de frégate De Bréveuil ! Je vous présente Caroline, mon épouse. »

Ils ont déjà fait connaissance…

Puis s’adressant à celle-ci, pendant que le petit-personnel appelé en renfort s’occupe de débarrasser la malle de la voiture : « Chérie, le fameux Charlotte et son épouse, très chère. Paul est connu dans le monde entier des forces armées, au moins aériennes et navales, depuis le jour où je l‘ai mis aux arrêts de rigueur, sous le nom de code de « Charlotte », celui de sa patrouille. »

Il confirme donc qu’il a pu mettre un homme aussi bien-élevé aux arrêts ? « Très cher Gustave, voilà bien une idée de militaire. Toujours aussi stupide, décidément… »

« Ah les femmes ! », soupire l’amiral à l’intention de Paul.

Et puis il rend ses hommages à Florence qu’il félicite de son état.

« Une fille ou un garçon ? »

Elle ne veut pas savoir. « Mais Paul prétend que c’est une fille ! »

Probable, conclut l’amiral après avoir miré son ventre et la façon de porter l’être à naître. « Souhaitons-lui d’hériter de votre beauté et du charme de la couleur de vos yeux… »

Galant.

Puis à Paul : « Laissons-les s’occuper des détails d’intendance de votre court séjour : j’ai à vous entretenir, Paul ! »

Et de quoi donc ? 

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Mains invisibles : chapitre I.2 : Paris, août 2012 (2/2)

 

Vendredi 7 août 2015

Chapitre I.2

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Paris, août 2012 (2/2)

 

Et alors ? Les milliards de dollars, c’est quoi au juste ?

« Depuis plusieurs années, le terrorisme islamique est instrumentalisé par quelques forces plus ou moins obscures et en tout cas … discrètes, pour des raisons variées.

Les uns y voient la supériorité future de la Charia. D’autres une menace de première importance pour le monde-libre et la démocratie.

Et la plupart un moyen de faire réagir les grandes puissances, notamment américaine et de l’OTAN.

Or, normalement, à l’heure où je te parle mon frère Jacques, nous devrions être en guerre contre l’Iran.

Pour nos frères sionistes, c’était l’occasion d’en finir avec les régimes des ayatollahs qui menacent directement la survie d’Israël avant les élections prochaines. Et ils se sont préparés à cette hypothèse avec un certain ravissement et quelques inquiétudes bien compréhensibles. »

Jacques écoute consciencieusement, mais reste incrédule : jamais personne n’a jamais parlé des préparatifs d’une offensive occidentale contre l’Iran, même pas dans la presse nationale.

« Pour d’autres « frères », il était question de vendre des matériels de guerre et de justifier par milliards d’US dollars l’activité de leurs usines.

Enfin, pour quelques-uns, c’était d’abord l’occasion de plonger le « monde ancien », celui dans lequel nous vivons, dans une époque noire qui leur aurait permis d’assouvir leurs rêves de puissance et de gloire sur le genre humain, afin de conduire l’humanité vers un « monde nouveau » fondé sur nos valeurs des lumières, de tolérance et de paix universelle. Quoique… »

Toutes notions qui revenaient régulièrement comme d’une ritournelle dans diverses réunions de loge, naturellement.

Et le grand-maître américain poursuit à mille lieues des préoccupations du moment de Jacques.

 

« Tu penses bien que nous nous y préparions nous aussi, quitte à donner un coup de pouce à la destinée de l’humanité. Et… il devait y avoir un attentat majeur à Londres le soir de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.

Tout était prêt et préparé depuis de nombreuses années. Vraisemblablement depuis 2005, époque où le CIO a désigné la ville pour les JO de cette année.

Nous-mêmes étions déjà au courant depuis 2008 et voyions dans ces préparatifs la confirmation des prophéties des templiers. »

Dont est globalement issue la mouvance franc-maçonne et ses temples à la recherche de la perfection du « Grand-architecte ».

« Tout était en place te dis-je pour faire face et déboucher enfin sur le « grand-œuvre » dès après le « plein de l’an mil après l’an mil » annoncé depuis un millénaire.

Comme en septembre 2001.

Inutile de te dire que nos frères financiers avaient déjà, et depuis 2007 et la crise des subprimes de 2008, œuvré pour un « grand nettoyage » nécessaire, tout en préservant les intérêts de nos loges.

Ce qui était de bonne augure pour conduire la construction du « monde d’après ». »

À travers une « croisade » moderne, suppose-t-on…

D’où également l’existence des paradis fiscaux et des montagnes d’argent qu’ils recèlent, peut-être, pense Jacques dans un éclair de lucidité.

Oui, bon, tout ça, Jacques peut l’imaginer : Le « grand-maître » ne lui apprend rien qu’il ne sache déjà pour avoir été initié depuis plusieurs années et avoir participé régulièrement – et avec assiduité – aux réunions et travaux de sa loge.

 

« Et en quoi Paul est intervenu ? » pour venir contrarier tous ces plans-là…

« Ton frère a réussi à faire échouer cet attentat sur Londres. On ne sait pas trop comment pour l’heure, mais il est clair qu’il a su échapper à tous ceux qui devaient aider au « grand dessein ».

C’est dire s’il est vraiment très fort.

Et jusqu’à empêcher cet événement déclencheur de notre grand-soir à tous.

Inutile de te dire que depuis, il est le centre de toutes nos attentions. Et c’est pour cette raison que j’ai fait le voyage jusqu’à toi dès ton retour de vacances estivales, pour que tu nous en apprennes plus sur Paul.

Tu comprends ce que je veux dire ? »

Pas vraiment…

« Ton frère Paul, est-il un initié comme nous tous, et si oui par qui ? »

Genre quels sont ses véritables desseins à lui. Est-il « le diable » ou est-il un frère ?

Pas que Jacques sache. Il l’aurait détecté s’il l’avait été.

« Ce serait donc une sorte « d’auto-initié » diabolique ? » Ou seulement un « idiot-utile »…

Et comment donc ?

« Il n’est pas « le malin » ! C’est d’abord un scientifique, un rationaliste. Un pragmatique. Pas du tout un idéaliste, peut-être seulement un peu un rêveur.

La seule chose qui l’a toujours poursuivi depuis sa prime-jeunesse, c’est de voler sur des avions de chasse. Toujours plus vite, toujours plus haut ! »

Sa seule véritable ambition.

 

« Tu nous fais penser au Mulet, d’Asimov, là », intervient Charles, le vénérable qui sait pertinemment comment et par qui le roman de science-fiction « Fondation » a été inspiré.

Plutôt à un « intouchable », le reprend le Grand-maître.

« Un héros confirmé, doublé d’un génie de la mécanique des fluides et autres connaissances du monde, de la matière et des énergies…

Est-ce un bon citoyen au moins ? »

Oui, un patriote éternellement reconnaissant à son pays de lui avoir permis de réaliser toutes ses ambitions de pilotes, aime-t-il à répéter.

« Pourtant, tu ne le sais pas, mais il a travaillé pour nous les américains. Plus exactement la CIA. Mais tu as raison aussi, il est d’abord au service de son pays, qui lui a demandé de tels services à notre profit et il semble ne jamais s’être posé la moindre question.

Je crois que la dernière mauvaise idée de nos frères du renseignement, a été de dézinguer « DLK », le « banquier des pauvres », auquel il a participé, sans savoir ni pourquoi ni pour qui dans une sorte de conjonction d’intérêts absurde, une fois de plus… »

Ah bon ?

« Votre président Krasoski redoutait la candidature de celui-là aux présidentielles du mois de mai dernier. Il le menaçait même de sortir « l’artillerie atomique » contre lui, à savoir quelques secrets d’État qui aurait mis tout le monde en grandes difficultés des deux côtés de l’atlantique. Naturellement, il n’en était pas question ni à la Maison-Blanche, ni au Pentagone, ni même à Langley. Et du coup, Paul était à New-York le jour de l’opération du Sofitel.

Rien d’officiel, naturellement, mais il était sur place et a fait fournir des vidéos au juge qui ont emporté sa décision, nous le savons.

Résultat, au lieu d’avoir un président d’exception à la tête de votre pays, ce qui aurait permis de peser un peu sur la scène internationale, que ce soit l’un ou l’autre d’ailleurs, vous avez été obligé d’élire un « Président-normal »… Et vous n’avez pas fini d’en voir de toutes les couleurs avec lui, figure toi, Charles ! »

Et le Grand-maître de pouffer poliment à la perspective…

 

« Savez-vous que justement, Paul de Bréveuil figure à la promotion du 14 juillet à l’ordre de votre légion d’honneur sur les quotas présidentiels ? »

Charles sait pour l’avoir lu, Jacques l’ignorait : ils n’ont pas les mêmes lectures.

« Jacques, si ton frère est, ou est devenu un « intouchable », il faut que tu nous donnes quelques éléments pour mieux le cerner afin de, sinon le suborner, au moins nous le rendre prévisible, voire de l’aider. »

C’est le Vénérable qui sent bien que l’entretien piétine…

« Oui, parce que là, il a coûté cher ! » renchérit Harrison.

« Certains en ont même oublié un temps le serment envers la « veuve et l’orphelin » le pensant être un obstacle au Grand Dessein de l’Univers, jusqu’à imaginer l’éliminer physiquement pour être un agent aux mains du « Malin ».

Or, nous ne sommes pas des mafieux mais avant tout des humanistes. Ni ton frère non plus. Je le crois loyal. On ne peut pas être patriote sans être a minima loyal, selon ce que tu nous en dis.

Tout ce que nous voulons de toi c’est, soit que tu le convaincs de nous rejoindre, soit de nous donner assez de renseignements pour le rendre « visible » au regard de notre « Grand Œuvre ».

A-t-il quelques faiblesses ? Le jeu, l’alcool, la drogue, le sexe… »

… les femmes !

« C’est simple, tout ce qui porte jupon, dès que ça lui plaît assez, même s'il n'est pas très difficile dans ses choix, finit dans son lit tôt ou tard pour être seulement passé dans son horizon visuel ! »

Ce n’est donc pas un inverti ?

Jacques éclate d’un rire franc ! Paul un inverti ? Un gay ? « Non ! Les femmes, uniquement ! »

Un pédophile peut-être ?

« Même pas. Que des filles consentantes, majeures et parfois mariées et même mères de famille ! »

Donc pas marié ni charge de famille pour lui-même ?

Pas que Jacques sache.

« Quand tu dis « les femmes », il en fait quoi ? »

C’est un compulsif : « Il les séduit et après il les jette. Et elles aiment ça et en redemandent souvent ! »

Et Jacques sait de quoi il parle : à part la mère de ses enfants, quoique… – il n’est sûr de rien – toutes, mêmes « les cousines », l’ont toujours appelé, lui l’aîné, le « petit-frère » de son cadet.

Une allusion pas très fine et assez déplaisante sur la taille de leurs verges respectives.

« Ou la façon dont vous vous en servez… » commente Charles soudain limite goguenard !

Mais Paul n’a jamais été foutu d’entretenir une relation stable et surtout exclusive avec une seule femme, lui !

« Ça ne nous aide pas beaucoup. Est-ce un homme d’argent ? »

Pas du tout !

« Enfin si. Il manipule beaucoup d’argent, mais pas le sien. C’est un honnête sur ce plan-là, et il semble même vivre assez aisément pour ne m’avoir jamais réclamé son dû sur nos héritages. L’argent ne l’intéresse pas vraiment. »

Jacques doit à Paul un partage équitable des avoirs et propriétés du grand-père. Ce qu’ils n’ont jamais fait par manque de temps et d’appétence.

« En revanche, je peux vous dire qu’il a des moyens et un patrimoine qui dépasse le mien, c’est évident », se souvient-il pour avoir vécu caché plusieurs semaines dans son hôtel de Kotor.

« Tout ce qu’il touche semble se transformer en or comme par magie. »

 

Comment peut-on en savoir plus ?

« Oh c’est très simple, l’actuel ministre du Budget est aussi le patron des services fiscaux, et c’est un frère assidu » intervient Charles. « Il ne nous refusera pas d’organiser un petit contrôle fiscal bien serré sur notre « intouchable ». Peut-être y trouvera-t-on quelques cadavres dans les placards qui nous permettraient de le transformer en un « obligé » le moment venu. »

Voilà une idée qu’elle n’est pas mauvaise !

Pour être immédiatement adoptée sans même en peser le pour et le contre.

« On va faire avec ça. Pour le reste, est-ce que ça te gênerait tant que ça de te rapprocher de ton frère pour en savoir un peu plus sur ses projets du moment ? »

Oui un peu, parce qu’il n’a pas vraiment de raison de le faire maintenant plutôt qu’auparavant, sauf à régler l’affaire de la succession si le projet de rapprochement avec le cabinet international de Chicago avance.

Mais curieusement, il n’en est pas question au cours de cet entretien, ce qui est un soulagement pour Jacques.

« Annonce-lui qu’il va avoir un contrôle fiscal dans les semaines à venir… »

Une bonne idée : il le fera.

Mais le vrai problème, c’est plus dans la façon de le faire.

Si Jacques « visite » son frère sur un de ces lieux de villégiatures, il faut qu’il soit accompagné. Et il n’a pas du tout envie de tenter le diable à perdre sa conquête actuelle rencontrée avant son départ en vacances en Grèce et plus précisément en Crète.

Car si Jacques « invite » son frère, même un soir en tête-à-tête, il ne viendra pas…

Faut vraiment trouver une astuce.

Et il ne peut pas rejouer le thème précédent du « je suis en danger de mort, aide moi, s’il te plait » comme il l’avait fait à propos des menaces de l’Arrco.

 

« Et d’envisager de l’initier, crois-tu que ce serait possible ? »

On peut toujours essayer.

« Mais ça m’étonnerait fortement qu’il accepte : il est bien trop fier de son indépendance, y compris d’esprit, qu’il défend fréquemment. Une vraie tête de mule, quand il s’y met. »

Dommage, d’autant que ce n’est pas incompatible et que justement ce pourrait être un frère « de choix », venant enrichir par son esprit les tables des tenues d’au moins une loge.

Et par-delà, de toute la franc-maçonnerie.

« Il faudra que je le rencontre, un jour ou l’autre » conclut Harry Harrison Junior avant de prendre poliment congé.

Il en sait désormais assez. Autrement dit comment en savoir plus.

Un entretien et un voyage finalement utiles.


  

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Mains invisibles

 

Jeudi 6 août 2015

Chapitre I.1

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite

 

Paris, août 2012 (1/2)

 

Que son « vénérable » veuille voir Jacques dès le 17 août, à peine rentré de vacances et en plein milieu d’un « viaduc » d’avec le week-end suivant, ce n’est finalement guère surprenant.

Surtout quand il s’agit de l’activité d’une loge dite « opérative ».

En revanche, que ce soit « toutes affaires cessantes » avant même les « tenues » de début de saison, alors que tous les frères ne sont pas encore rentrés de leurs pérégrinations estivales, ça peut paraître curieux et aurait dû lui mettre la puce à l’oreille.

Parce que ça, c’est relativement inhabituel.

Peut-être une « affaire » d’une telle importance concernant la loge, à traiter en urgence avant même la rentrée, ou encore une affaire judiciaire au profit d’un « frère » inconnu, pense-t-il sur le moment.

Et « frère » Jacques de Bréveuil, avocat au Conseil, n’a jamais refusé d’apporter « les lumières » de ses compétences à qui que ce soit, même si dans ces conditions, puisqu’il s’agit souvent d’une consultation rendue à titre gratuit, car la démarche reste rarissime à déboucher sur un vrai dossier à traiter, ce ne sera pas générateur d’honoraires lucratifs pour son cabinet.

De la grande gloire des servitudes d’avoir fait serment de solidarité envers les frères de la veuve et de l’orphelin !

 

Il s’attend donc à recevoir Charles, élu Vénérable de la loge « Justice et Liberté » à laquelle Jacques est attaché, réputé élevé au grade de Grand-Maître du 30ème degré (Chevalier Kadosh), qui a la coquetterie de se couper les ongles « en pointe », tels qu’ils forment des triangles au bout de chaque doigt de ses mains, avec un membre quelconque d’une fraternelle inconnue dans les locaux de son cabinet.

Vraisemblablement avec un cas très compliqué sur le dos, emportant soit de « gros intérêts » financiers en jeu qui ne souffrent aucun délai, soit un frère confronté à un problème personnel touchant sa propre famille et qui, dans un cas comme dans l’autre, a besoin d’être guidé pour affronter ce qui l’attend devant les tribunaux ou un procureur.

Dès lors, on ne peut donc pas dire qu’en ce début de soirée de la deuxième quinzaine d’août 2012, il lui est prévisible de recevoir le grand-maître Harry Harrison Junior en personne, élevé lui, au 33ème degré - Souverain Grand Inspecteur Général –, archi-haut membre éminent de la loge « Liberté & Probité » de San-Francisco et autres « ordres » affiliés au Rite Écossais Ancien et Accepté, qui compte parmi ses « frères » quelques sommités milliardaires en dollar de la « Silicon-Valley », ouverts à d'autres côtes du Pacifique, lui ne gérant qu'à hauteur de plusieurs centaines de millions ses propres intérêts, dont ceux de sa famille dans les plaines du Middle-west qui débouchent sur les rives des grands-lacs.

Un tel personnage n’a pas à faire le déplacement juste pour rencontrer Jacques, un « poussin », encore simple compagnon après de nombreuses années de réunions assidues « d’apprenti », à peine quadra, fut-il un excellent avocat.  

C’est forcément pour mettre son grain de sable, ou sa goutte d’huile dans l’opération en négociation de rapprochement avec les avocats de Chicago, actuellement en cours de finalisation. Ce qui serait redoutable pour Jacques, soit qu’on la lui interdise, soit que le prix des échanges de parts doive être réduit…

Ou alors, c’est que l’affaire est toute autre et vraiment de très, très grande importance, ne souffrant vraiment d’absolument aucun délai.

Ce qui flatte en même temps qu’inquiète d’ailleurs Jacques, dès qu’il a connaissance des qualités de son visiteur vespéral.

 

En pareilles circonstances, puisqu’on est entre « initiés » chacun passé sous le bandeau, une fois les présentations faites, un verre d’alcool fort ou de rafraîchissement proposé, la conversation roule, cette fois-ci en français, sur des sujets sans intérêt, d’une si banale originalité, tels que les aléas du climat, les conditions du voyage de l’auguste invité, et l’intérêt qu’il porte au pays visité, qu’elle emporte l’ennui.

Et plus ça dure, plus le vrai sujet à venir est important.

Il arrive que l’on parle aussi de l’activité de quelques « fraternelles & frères » qui font l’actualité, mais pas cette fois-ci.

Et plus ça dure, plus Jacques devine que c’est avec grand soin que « Junior » a choisi de faire appel à Charles et lui-même à Jacques.

L’affaire dont ils ont à parler doit requérir quelques compétences juridiques ou judiciaires, ou autres connaissances particulièrement pointues dont il est donc reconnu parmi les frères qu’il est seul à les avoir chez les trop peu nombreux avocats au Conseil !

À moins que l’orage qui s’annonce s’abatte sans prévenir pour qu’il cède ses parts pour un paquet de cacahouètes : là, il a la parade ! Il n’est pas seul à décider et il faudrait qu’il négocie avec son frère et ses cousines germaines, cohéritiers de leur grand-père.

 

À la grande surprise de Jacques, une fois évoquées toutes ces banalités, le Grand-Maître « Junior » attaque tout de go : « Que sais-tu de ton frère ? »

De quel « frère » ?

Grand moment de solitude : un initié aux fratries franc-maçonnes a des « frères » partout tout autour de la planète…

« Je veux parler de Paul. Ton frère, Paul de Bréveuil. »

Ah, celui-là. C’est donc ça : ils ont anticipé !

Son frère « germain » pour employer une terme de juriste qui distingue ainsi des frères utérins et consanguins qui ne sont jamais que des « demi-frères » dans le langage des simples mortels.

« Oui, celui-là ! »

Que c’est son cadet et qu’il le croise parfois depuis quelques temps…

« Pourquoi ? Quelle bêtise a encore t’il faite ? » élude-t-il.

   

Le vénérable Charles et le grand-maître croisent leur regard, un peu surpris…

« Sache que Paul, ton frère … germain, est à la fois un homme considéré comme un héros chez nous, et est sans doute aussi un génie… »

Un génie, un génie, il ne faut rien exagérer, tout de même.

« C’était le fort en math de la famille. C’est tout. Moi, je l’étais, mais en thème latin ! »

Et Jacques réussit à glisser qu’il a été « concours général » des lycées de la discipline avant de faire son droit.

Quant à être un héros, la seule chose qu’il ait faite d’un peu significatif, c’était de l’avoir récemment tiré d’affaire à l’occasion de la « Liste des mille » du mouvement terroriste ARRCO.

 

« Oui, on va y revenir. Car je constate plus que je ne suppose qu’il ne t’a pas tenu au courant de sa vie d'avant cette rencontre… »

Effectivement. À la mort de leur père, ils avaient été séparés. Jacques avait été recueilli par son grand-père, l’avocat au Conseil dont il a hérité la charge avec son oncle, alors que Paul l’avait été par leur grand-oncle, « le colonel »…

Les deux frères ne se croisaient qu’aux vacances scolaires, chez leur mère un temps, puis en Normandie une fois devenus plus grands et définitivement orphelins, dans une des maisons de famille de leur grand-père paternel.

Jacques avait poursuivi des études de droit pour prêter serment, revêtir la robe et devenir coassocié du cabinet du grand-père avec « l’oncle indigne », puis sans lui ensuite, mais avec quelques copains de faculté et les associés du grand-père un temps.

Pendant que Paul faisait polytechnique et Sup-aéro.

La vie les a séparés avant qu’ils ne se revoient il y a quelques mois de ça, parce que Jacques était dans la détresse.

 

« Tu aurais pu te tourner vers tes frères, tu sais… »

Il sait, mais avait eu des doutes : la « liste de mille » était bourrée de frangins, même s’il n’y avait pas que ça mais aussi plein d’autres personnages publics.

Souvent les deux d’ailleurs.

Il explique alors qu’il aurait été une charge supplémentaire à gérer, lui qui est aussi député-européen au moins jusqu’en 2014. Raison pour laquelle il était persuadé d’avoir été désigné comme cible par le groupement terroriste.

« Pas du tout ! Je vais t’expliquer », fait le Grand-Maître américain.

 

« Ton frère Paul est considéré comme un héros dans mon pays pour, et c’est d’ailleurs le seul français à l’être, avoir été doublement médaillé, d’abord du Congrès pour le sauvetage de la noyade de tous les passagers et équipages d’un Boeing en perdition au-dessus de l’atlantique, plus auparavant un pilote de guerre américain en Afghanistan lors des premières années de combat contre les talibans.

Et il a ensuite reçu la médaille de la liberté, décernée par le Président Obama, pour avoir été décisif dans le remboursement des dettes de ton pays à l’égard du mien. »

Voilà qui étonne Jacques. Paul, un héros américain ?

Pour faits d’arme et remboursement de dette ?

Et avec quel argent, d’ailleurs ?

Invraisemblable ! Si c’était vrai, ça se saurait, tout de même.

Quand même pas tout ça pour son « petit-frère »…

« Mais c’est aussi un génie, pour avoir bouclé une tour du monde par les pôles et sans escale en une demi-journée sur un prototype de sa conception, même qu’il a désormais des projets communs avec mon gouvernement et Paul Allen, le co-fondateur de Microsoft de Bill Gates. Des rêves de faire voler des prototypes stratosphériques et même de procéder à des mises en orbites d’engins civils.

Autrement dit d’ouvrir une nouvelle phase de la conquête spatiale, pour la rendre accessible à des touristes. »

Jacques en reste bouche bée. Il n’y est plus du tout…

Invraisemblable, c’est sa première réaction qui reste la bonne : jamais personne n’a fait mention de ce tour du monde en 12 heures !

« Mais pas que ça non plus : nous pensons qu’il travaille aussi sur d’autres projets dits d’énergie-libre, ce qui a tendance à contrarier, tout en éveillant leur intérêt, quelques-uns de nos frères dont l’assise et la réussite financière ont justement été bâties sur la filière pétrolière. Quand sera venu le temps, ils les reprendront et ton frère pourrait passer pour un pionnier avant-gardiste. »

Il n’est quand même pas venu jusqu’ici pour lui parler seulement des exploits putatifs de son « petit-frère » et de ses plans sur la comète ?

On va enfin parler de l’avenir du cabinet, pense-t-il alors…

 

« Non, effectivement. Les voyages dans les étoiles, c’est une chose. L’énergie dite « libre », c’en est une autre et qui n’est pas prête d’atteindre sa maturation industrielle.

Pour l’heure, ton frère Paul, dirige seulement une usine de fabrication de propulseurs de missile pour tes armées de l’air. Et c’est très bien ainsi : il faut le laisser faire. Ça ne nous regarde pas.

En revanche, nous aimerions en savoir un peu plus sur le bonhomme lui-même, notamment ses faiblesses ou les ressorts de sa jeunesse. C’est pour cette raison que je m’adresse à toi. Parce que tu es le premier à pouvoir nous aider dans cette quête. »

Ses faiblesses ? Mais pour quelles raisons ?

« Je pourrai te répondre que ça ne te regarde pas, mais je vais quand même t’expliquer parce que nous n’avons rien à te cacher : nos intentions restent louables.

Ton frère Paul vient de gâcher une très belle opération qui aurait pu rapporter plusieurs dizaines, peut-être même des centaines de milliards de dollars à quelques-uns des nôtres.

Et ce n’est pas la première fois. Tu te souviens de ta seconde femme, Priscilla, et de ton beau-père, j’imagine. »

Oui, il se souvient avoir même été la tête de pont au Parlement Européen des intérêts de son ex-beau-père, qui avait tant insisté et manœuvré pour qu’il soit en position éligible sur une liste démocrate, à charge pour lui de faire du lobbying quand il aurait s’agit des travaux de la dite assemblée sur les greffes d’organes et les cellules-souches.

Et puis, il y a eu l’assassinat du père et de sa fille par Paul, justement. Dans des circonstances pour le moins troubles et qui restent un point de contentieux « lourd » entre les deux frères.

« Le professeur Risle était lui aussi un génie et beaucoup d’entre nous finançaient ses travaux sur les greffes et les recherches de ses équipes sur les cellules-souches.

Si ces derniers progressent encore, c’est parce que le gouvernement canadien les a reprises à son compte, quitte à les orienter vers les nano-techno-biologies. En revanche les prouesses du professeur et de ses équipes quant aux greffes et leur promesse de vie rallongée sinon éternelle, pour beaucoup d’entre nous ne sont plus qu’un rêve devenu inaccessible à cause de ton frère.

Cela, passons : nous ignorions tous que le procédé reposait d’abord sur une entreprise criminelle.

Et nous ne sommes pas des criminels, au contraire pour rester invariablement et profondément des humanistes, tu le sais bien ! Ton frère y a mis un terme brutalement et violemment pour te sauver, et lui aussi par la même occasion. Et nous ouvrir les yeux par la même occasion. »

Ainsi donc, l’histoire abracadabrante que Paul lui avait servie pour justifier de la mort de sa seconde épouse et de son beau-père serait-elle fondée ?

« À n’en pas douter, mon cher Jacques. Il est passé par là, justement à ton appel contre les menaces de l’Arrco qui n’était qu’un faux-nez pour se procurer des organes. Ton foie et le sien étaient histologiquement compatibles avec le foie de ton beau-père. Tu n’aurais pas survécu à cette situation !

Mais on ne l’a su que plus tard. Bref, là, il s’agissait de centaines de millions de dollars seulement. »

 

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Mains invisibles

 

Mercredi 5 août 2015

Prologue (5/5)

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Entretiens … surréalistes (fin) !

 

« Je veux dire que j’ai longtemps hésité à faire entrer ou non Paul de Bréveuil en guerre contre un « ordre-noir ». Celui qui, bien malgré nous, est parfois derrière tout ça.

Enfin quoi, ça ne vous a pas étonné que des « fraternelles », tenues entre-elles par un serment de solidarité infinie, se débarrassent de la sorte d’un de ses membres quand il a s’agit du ministre du budget évincé salement pour détenir un compte en Suisse ? »

L’amiral n’avait pas vu ça comme ça à l’époque… Pourtant, il a fait toute sa carrière entouré de membres de loges maçonniques, une vieille tradition dans les armées et états-majors, sans pour autant y avoir fait un tel serment.

Forcément.

« Alors qu’en même temps, « Charlotte » est reçu à l’évêché de Paris par Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, accompagné de deux de ses quatre évêques et du nonce déjà rencontré à Lyon dans les locaux d’Interpol six mois auparavant, pour lui proposer de recevoir l'Ordre du Christ (ou Ordre Suprême de Notre Seigneur Jésus Christ), la plus haute distinction pontificale qu’il reçoit plus tard de « B-XVI », pour sa participation à empêcher la destruction de Londres ! »

Un ordre créé en 1319 par Jean XXII et qui n’avait alors plus de titulaire vivant…

 

« Un « détail » qui fait explicitement référence aux secrets des Templiers, aux rencontres portugaises de Paul de Bréveuil, et donc à Jean de Jérusalem et sa prophétie, dont il est question tout du long de l’épisode, mais aussi aux secrets maçonniques…

Je vais vous dire, franchement, cette idée-là, les deux derniers chapitres, elle s’est imposée à mon esprit quand j’ai relu l’ensemble de l’ouvrage avant sa mise en ligne, en mai 2013.

Comme d’une suite logique à rajouter à tout ce pognon qui dégoulinait sporadiquement sur la place publique à la même époque dans l’actualité de notre pays. Une suite au moins tout autant logique à la démission du pape Benoît XVI et l’élection alors toute récente du premier pape du « nouveau-monde », François. »

C’est-à-dire ?

« J’ai complété en ce sens et à toute vitesse le dernier chapitre, comme d’une nécessité. C’est-à-dire, comme la fin d’un nettoyage définitivement provisoire des comptes crapuleux, et en l’occurrence des produits et intérêts, des détournements de « Thiersmirant » de 1991. »

Parce qu’enfin quoi, 22 milliards de dollars à 5 % d’intérêt pendant 18 ans, ça fait 53 milliards en 2010.

 

« Or, le Président Krasoski, il n’a récupéré que 35 milliards d’euros pour son grand-emprunt. Soit, au taux de change moyen 40 milliards de dollars. Il en manque donc au moins une bonne douzaine. En fait un peu plus, parce que c’est plus compliqué que ça.

Justement les « petits-bouts » qui ressortaient de temps en temps à cette époque.

Il me fallait raconter comment récupérer tout ce pognon, grâce à vous. Et à Paul ! »

Comment ça ?

« Vous le découvrirez en lisant mes billets au fil des jours qui viennent ! »

Et … « l’ordre-noir » ?

C’est celui qui sait, parce qu’il connaît tout de tout le monde, pour espionner tout le monde, entre le programme Echelon, le programme Prism, les fichiers Promis et depuis décembre 2013 l’article 20 de la loi de programmation militaire, qui donne tout pouvoir et sans contrôle a priori d’un juge, sur la vie, la correspondance et donc la liberté de pensée de tous les citoyens sans même qu’ils ne le sachent.

« On en a suffisamment parlé, à l’époque. Vous vous souvenez certainement. »

C’est exact.

Mais c’était aussi une nécessité pour sauver les institutions des projets de coup d’État de tous les factieux et séditieux qui arpentaient déjà les trottoirs et les allées du pouvoir à ce moment-là…

 

Justement : « À propos, Amiral, vous ne devriez pas être en état d’alerte en vue du prochain attentat ? »

Quel attentat ? Il en avait été évité quelques-uns, depuis quelques mois.

« Le dernier. Je vous explique : votre équipe va recevoir un message de routine vous indiquant que le Nivelle 001 a disparu depuis hier soir. Moi, je m’inquiéterai. Parce que l’engin n’est pas interceptable quand il est en vol, moteur à plein régime, même s’il est très difficile à piloter. »
Il ne dirige plus d'équipe et suit de loin en loin l'actualité souterraine.  

Oui, oui, mais encore ?

« Il est stationné sur les pistes d’Epinoy, l’ex-BA 110 à Cambrai, avec quelques séditieux qui vont l’armer de charges au napalm. Cible : La place de la concorde à 10 heures 50. Vingt minutes après le commencement du défilé. »

« I-Cube » délire-t-il encore une fois ?

Pas du tout. « Je serai vous, j’appellerai pour confirmer. Et puis je joindrais Paul de Bréveuil. Il est en principe en Normandie dans ses gravats. Avec une escouade d’hommes sûrs, vous pouvez encore héliporter tout le monde jusqu’à Cambrai et reprendre le prototype. Mais méfiez-vous des gendarmes. »

 

C’est à ce moment-là que le portable de Gustave Morthe de l’Argentière vibre le long de sa cuisse, dans la poche de son pantalon…

I-Cube fait signe de lire le message.

« Comment saviez-vous ? »

C’est lui qui écrit, qu’il n’oublie pas non plus.

« Allez-y, amiral. Mais pensez qu'au même moment, il y aura un régiment d’artilleurs stationné à Satory qui ne défilera pas et va ouvrir le feu sur la même cible. C’est comme ça que c’est prévu. Paul peut empêcher ça en larguant les munitions sur eux. »

Aucun régiment appelé à défiler, pas même un avion ou un hélicoptère ne porte la moindre munition.

« Eux les ont reçues par voie terrestre. Et méfiez-vous des tireurs d’élite du peloton des services spéciaux : ils seront postés sur les toits de l’amirauté et de l’hôtel Crillon. Chargés d’éliminer les survivants éventuels du massacre. »

 

Sidérant ! Une tentative de putsch qu'il n'aurait pas vu venir ?  

L’amiral compose un numéro… « Un petit pousse-café ? » questionne son vis-à-vis…

Ce n’est décidément pas le moment.

« Nath’, tu es au courant pour le prototype de notre Paul ? »

Manifestement non…

Il recompose un autre numéro. Pas de réponse.

Puis un troisième alors que le verre de Cointreau sur son lit de glace-pilée maison arrive devant « I-Cube. »

« Vous êtes sûr ? »

« I-Cube », rafraîchit son breuvage en tournant le verre, le pied dans sa main, un sourire en coin.

« Vous êtes diabolique, cher ami. Je vais devoir prendre congé : le devoir m’appelle. »

Personne n’en doute autour de la table.

 

Un entretien trop court : Morthe de l’Argentière aurait aimé en savoir beaucoup plus sur ce personnage énigmatique.

Alors que lui savait ce qu’il voulait savoir sur sa sécurité personnelle. Il sera toujours temps pour l’amiral d’y revenir.

L’essentiel, c’était d’identifier le bonhomme, de savoir sa seule réalité physique et d’avoir eue quelques pistes sur sa façon de travailler : en solitaire, juste en lisant et raisonnant, pas en espionnant ou en étant alimenté par une ou plusieurs taupes « des services ».

Et désormais, l'urgence est de parer aux... urgences… Pas croyable, ce qui se tramait sous son nez sans l’avoir vu venir malgré des semaines et des semaines, des mois même, de recherche et de travail.

À la fois rassurant, pour la sécurité des services et inquiétant pour leurs actions futures immédiates et plus lointaines.

 

L’amiral prend congé en trombe. « I-Cube » finit son verre, demande l’addition qu’il réglera au comptoir, en liquide, histoire de ne pas laisser une empreinte de carte bancaire et déplie son fauteuil.

Il a quelques mètres à parcourir sur la rue d’Assas qui descend vers le jardin du Luxembourg, du nom d’un célèbre capitaine du régiment d’Auvergne, l’homme qui mourut dans la nuit du 15 au 16 octobre 1760 lors de la bataille de Kloster Kampen en Westphalie en criant : « À moi l’Auvergne, c’est l’ennemi ! » aux premiers coups de feu échangés avec sa compagnie de chasseurs.

Des actions qui lui ont valu post mortem, et sur la proposition de Marie-Antoinette, telles que Louis XIV se décide d'accorder en 1777 une pension de mille livres, héréditaire et perpétuelle, au profit des aînés de la famille d'Assas, issue d'une des plus anciennes familles languedociennes, qui possédait la seigneurie d'Assas (Hérault), près de Montpellier, en paréage depuis le XIème siècle.

La famille a des origines protestantes au XVIème siècle (plusieurs membres de la famille d'Assas avaient été des chefs de guerre importants pour le parti huguenot en Cévennes lors des guerres de religion), mais c'est dans la foi catholique que le jeune Louis est baptisé le 26 juillet 1733…

Une pension confirmée en 1790 et honorée par tous les gouvernements successifs des différents régimes politiques du pays, jusque dans les années 1960, époque à laquelle disparaît le dernier héritier mâle de cette famille.

 

De là, « I-Cube » ira vers l’antenne de l’ambassade de Corée du nord où il a garé sa voiture de location le matin même en venant de Marseille.

Pour rejoindre Orly non sans avoir fait quelques tours et détours, en plus de quelques haltes improvisées sur les boulevards et quelques rues perdues entre le 14ème et 15ème arrondissement pour vérifier qu’il n’est pas suivi.

 

Au soir, il sera rentré à son bord dans le port de plaisance de Barcelone pour avoir largué les amarres de La Rochelle le 8 juillet précédent, et lèvera l’ancre pour les Baléares dans la nuit.

À petite allure des vents de terre, il y fait une halte provisoire avant de filer « encore ailleurs », vers l’est, la Sardaigne, plus tard la Sicile et enfin la mer Égée.

Pendant ce temps-là, défile jours après jours les chapitres de « Mains invisibles » sur internet et ses deux sites.

Qui mettront en transe plusieurs « autorités », tellement, une fois de plus, le récit est hallucinant de précision.

 

« Si ça c’est réellement passé comme cela, il y a de quoi penser que décidément, tout est pourri dans ce pays-là ! » en dira un des acteurs à quelques observateurs, comme pour se dédouaner a posteriori de ces propres aveuglements et carences.

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