Indemnités de guerre de l’Opération Daguet : Réponses de Christine Lagarde et Hervé Morin
26 février 2014
J’ai rappelé, le 22 décembre dernier, dans une lettre humoristique à Edwy Plenel, fondateur de MEDIAPART, comment j’ai envoyé, depuis juin 1998, une quinzaine de lettres aux ministres des finances au sujet du détournement des indemnités de la guerre du Golfe 1991 attribuées à la France.
En fait, à chaque fois, ma question était toujours la même : « J’aimerais connaître le montant des frais de guerre de l’Opération Daguet remboursés à la France par le Koweït, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis et à quelle date ils ont été virés ».
C’est mon droit le plus élémentaire de pouvoir demander au ministère des Finances comment est encaissé et dépensé l’argent public, conformément à la Constitution.
J’ai très largement informé à ce sujet les associations de militaires, notamment lors de la lettre ouverte à Christine Lagarde du 20 juin 2008.
Je viens de recevoir la réponse, en date du 7 octobre 2008, de Christian Dufour, Chef de cabinet de Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, ainsi que la réponse de Hervé Morin, ministre de la Défense, à un courrier adressé par le président de l'UNSOR.
Voici le texte du premier courrier :
7 octobre 2008
Ministère de l’Economie,
de l’Industrie et de l’Emploi
Le Chef de Cabinet
139, rue de Bercy
75572 PARIS CEDEX 12
Monsieur le Président,
Par courrier en date du 12 août 2008, vous avez porté à la connaissance de Madame le ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, différents éléments relatifs à des indemnités qui auraient été versées notamment par le Koweït. Il vous semble que ces sommes seraient allées au bénéfice des militaires ayant participé à l’Opération « Tempête du désert ».
Vous indiquez que certains adhérents de votre association, ainsi que Monsieur Jean-Charles DUBOC, vous ont affirmé que ces sommes auraient été détournées, sans pour autant préciser qui en aurait bénéficié.
Cependant malgré les recherches effectuées en ce sens par les services du ministère, aucun élément d’information susceptible de confirmer ou d’infirmer ces allégations n’a pu être trouvé. En outre, les documents auxquels vous faites allusion sont inconnus du ministère.
J’ai donc transmis votre courrier à toutes fins utiles au ministère de la Défense, seul compétent pour en connaître…
Veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
Christian Dufour
Destinataire : Une association de militaires en retraite…
Je me permets d’en faire l’analyse.
Tout d’abord, le chef de cabinet précise que « ….différents éléments relatifs à des indemnités qui auraient été versées notamment par le Koweït… ».
Une petite recherche sur Internet permet d’en savoir nettement plus que le chef de cabinet de la ministre de l’économie, qui parle au conditionnel…
Je cite, par exemple, un article du New York Times du 8 septembre 1992 :
TRADUCTION :
Les coûts de la guerre du Golfe estimés à 620 milliards de dollars
Par YOUSSEF M.IBRAHIM
Publié le 8 septembre 1992
PARIS, 7 sept. – L’invasion irakienne du Koweït et la guerre du Golfe Persique qui en a résulté a coûté aux pays Arabes 620 milliards $, selon un rapport officiel paru dimanche.
Le « Rapport économique Arabe », une étude annuelle effectuée par le Fonds monétaire arabe, la Ligue arabe, l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole, et d’autres institutions importantes, ont déclaré que la destruction des puits de pétrole et des pipelines, des télécommunications, des routes, bâtiments et usines ont coûté au Koweït 160 milliards $ et 190 milliards à l’Irak.
Le rapport, dévoilé lors d’une réunion des banquiers centraux aux Emirats Arabes-Unis, révèle qu’en plus, les gouvernements d’Arabie Saoudite, du Koweït et des Emirats du Golfe ont fait pour 84 milliards $ de paiements directs aux Etats-Unis, à la Grande Bretagne et à la France pour les dépenses militaires. Les officiels ont déclaré que des paiements à l’Egypte et à la Syrie, qui était membres de la coalition opposée à l’Irak, ont pu totaliser entre 3 milliards $ et 5 milliards $.
Le support logistique direct pour les 600.000 troupes américaines et alliées en Arabie Saoudite entre août 1990 et mars 1991, plus les travaux pour construire des piste d’atterrissage militaires et des bases, ont coûté 51 milliards $ supplémentaires, qui ont été largement payés par l’Arabie Saoudite et le Koweït.
Pour retrouver la source de l’information, il suffit de contacter le « Fonds Monétaire Arabe » !...
Le site Internet (Arab Monetary Fund) est celui-ci :
Là, on décrit une réalité : « les gouvernements d’Arabie Saoudite, du Koweït et des Emirats du Golfe, ont versés 84 milliards de dollars en paiements directs aux Etats-Unis, à la Grande Bretagne et à la France pour les dépenses militaires ».
Sachant que, d’après différents sites américains, le coût militaire de la guerre du Golfe 1991 est de 61 milliards de dollars, et bien il reste, sur 84 milliards versés, 23 milliards pour la Grande Bretagne et la France.
De plus, comme les Britanniques étaient deux fois plus nombreux que les Français, on arrive à environ 7 milliards de dollars virés à notre pays !...
En valeur actuelle, cela fait environ 15 milliards d’euros.
Je continue :
« Cependant malgré les recherches effectuées en ce sens par les services du ministère, aucun élément d’information susceptible de confirmer ou d’infirmer ces allégations n’a pu être trouvé. En outre, les documents auxquels vous faites allusion sont inconnus du ministère »
Bien sûr que les services du ministère n’ont trouvé aucun élément d’information susceptible de confirmer ou d’infirmer ces allégations !...
Je ne vois pas comment les Douanes, qui sont chargées de vérifier les flux d’argent rentrant en France, ou encore le Trésor Public, auraient pu trouver quelque chose !...
Si les fonds ont été virés en Suisse, ou ailleurs, il n’y a, naturellement, aucune ligne dans la comptabilité du pays ni dans aucun document au ministère des finances à ce sujet.
La deuxième réponse est celle d’Hervé Morin, ministre de la Défense :
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
Le Ministre
Paris, le 26 février 2009 – 002572
Monsieur le Président,
Par une lettre du 12 août dernier vous aviez appelé l’attention de Madame Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’Industrie et de l’emploi, qui m’a transmis votre correspondance concernant un prétendu détournement des indemnités attribuées à la France pour sa participation à l’Opération « Tempête du Désert ».
Depuis plusieurs années, Monsieur Jean-Charles Duboc, bien connu de mes services et qui n’a de cesse d’intervenir de manière polémique, revient régulièrement sur cette affaire.
Ces allégations, qui ne reposent sur aucun élément sérieux, n’apparaissent pas fondés, et il n’est, dès lors, pas donné suite à ces propos.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération distinguée.
Hervé Morin
Destinataire ; Une association de militaires en retraite
Analyse de cette lettre.
« …Un prétendu détournement des indemnités attribuées à la France pour sa participation à l’Opération « Tempête du Désert ».
On voit bien qu’Hervé Morin, ministre de la défense, ne lit pas le New York Times, en tout cas pas celui du 8 septembre 1992 !...
Il aurait alors réalisé qu’il y avait une ῝anguille sous roche῝ de 84 milliards de dollars !...
D’ailleurs, ce serait plutôt une « baleine » !...
Et une ῝baleine῝ de cette taille, de plusieurs dizaines de milliards de dollars, c’est vraiment difficile à cacher…
« Depuis plusieurs années, Monsieur Jean-Charles Duboc, bien connu de mes services… ».
Ce n’est pas tout à fait ça.
J’étais bien connu à l’Etat-major des Armées !...
Ce n’est quand même pas ῝mes services῝ !...
J’étais très connu à l’Etat-major de la Royale car j’avais fondé, en octobre 1993, un laboratoire d’idées, les Clippers de Normandie, qui avait pour objet :
1/ De participer, à partir de stages embarqués sur des grands voiliers assurant une pratique de la voile et la découverte de la mer, à l’éducation, la formation et la réinsertion d’adolescents et d’adultes.
2/ De rechercher au préalable des partenaires publics ou privés pour le financement et l’exploitation de ses bateaux à voile.
J’étais très honoré d’en être le président, car j’avais, en tant que membres du Bureau, d’éminentes personnalités du monde maritime dont le Vice-amiral d’escadre Charles-Henri Méchet, préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord, qui fut ensuite nommé président de la Mission interministérielle à la Mer.
Cette association est devenue par la suite les « Clippers de France ».
Elle a compté jusqu’à trente amiraux dont trois anciens chefs d’Etat-major de la Marine.
Mais, malgré le fait que nous avions au sein de l’association l’élite du monde maritime français, nous n’avons jamais réussi à convaincre les dirigeants politiques de construire des grands voiliers-écoles pour les jeunes.
Aussi, je dois en conclure que, pour un dirigeant politique qui détourne des fonds publics d’un montant considérable, c’est mentalement impossible de financer des grands voiliers pour les jeunes.
On se demande bien pourquoi…
J’étais aussi très connu à l’Etat-major de l’Armée de l’Air, mais pour une autre raison.
C’est expliqué dans la note « Un gigantesque OVNI au-dessus de Paris ».
Vous pouvez aussi consulter, sur le même sujet, la vidéo numéro trois de la note « Le secret américain », où j’apparaît à côté du général Bernard Norlain, ancien chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air.
Je continue : « … et qui n’a de cesse d’intervenir de manière polémique… ».
Ce n’est pas du tout une polémique.
Je demande simplement au ministère des finances des explications sur les ῝Frais῝ de guerre de l’Opération Daguet remboursés à la France.
Plusieurs sources étrangères en parlent, mais aucun ministre, aucun dirigeant politique, aucun journal, aucun média national, ne les a jamais évoqués.
C’est quand même curieux…
Le bouquet final : « Ces allégations, qui ne reposent sur aucun élément sérieux, n’apparaissent pas fondés, et il n’est, dès lors, pas donné suite à ces propos. »
Promis !...
Je vais me fendre d’un abonnement au New York Times pour Hervé Morin afin qu’il en sache un peu plus sur cette affaire !...
Et puis, il aurait aussi pu prendre connaissance de l'article paru dans Courrier International du 26 novembre 1998 :
Mille millions de mille sabords !...
Jean-Charles DUBOC
Et comme ces sommes sont "sorties", forcément elles sont "rentrées" par ailleurs.
Or, les ministres affirment qu'elles ne sont jamais "entrées" dans les caisses du Trésor, logiquement, elles sont donc ailleurs encore...
Les ministres auraient pu nous raconter que cette affaire-là était couverte par le "secret-défense" ou la "raison d'Etat", tous motifs qui signifient "circulez, il n'y a rien à voir"!
Mais non, ils nient contre toutes évidences.
C'est bien la preuve d'un détournement, non ?
Une "arsouillerie" de plus ?
Rédigé par : I-Cube | 26 février 2014 à 14:21
Bien sûr qu’elles sont rentrées !...
Mais pas chez nous !...
Et c’est bien là le problème…
Les associations de contribuables commencent à s’intéresser au dossier.
Cela risque de devenir amusant dans les semaines et les mois qui viennent.
Jusqu’à quand nos dirigeants, de droite comme de gauche, vont-ils pratiquer la politique de l’autruche ?...
Ce ne sera officiellement un détournement que lorsque la destination des fonds aura bien été identifiée.
Mais, auparavant, il y aura une crise politique majeure liée à la Divulgation de cette affaire…
Rédigé par : JEAN-CHARLES DUBOC | 26 février 2014 à 14:53
Bon : J'en rajoute une couche...
http://infreequentable.over-blog.com/article-la-cinu-communique-122737209.html
Bien à tous !
Rédigé par : I-Cube | 26 février 2014 à 18:33
Ils ne pourront pas dire! qu'ils n'étaient pas au courant de cette affaire!!! quand celui-ci sera révélée au grand publics!!!!!
Rédigé par : vincent | 27 février 2014 à 11:49
Rédigé par : JEAN-CHARLES DUBOC | 28 février 2014 à 12:19
L’article disponible sur le New York Times du 8 septembre 1992, est celui-ci :
Gulf War's Cost to Arabs Estimated at $620 Billion
By YOUSSEF M. IBRAHIM,
Published: September 8, 1992
PARIS, Sept. 7— The Iraqi invasion of Kuwait and the resulting Persian Gulf war have cost Arab countries $620 billion, according to an authoritative report issued on Sunday.
The Arab Economic Report, an annual study by the Arab Monetary Fund, the Arab League, the Organization of Arab Petroleum Exporting Countries and other leading institutions, said the destruction of oil wells and pipelines, telecommunications, roads, buildings and factories cost Kuwait $160 billion and Iraq $190 billion.
The report, released at a central bankers' meeting in the United Arab Emirates, said that in addition, the governments of Saudi Arabia, Kuwait and the gulf emirates made $84 billion in direct payments to the United States, Britain and France for military expenses. Officials said payments to Egypt and Syria, who were also members of the coalition opposing Iraq, may have totaled $3 billion to $5 billion.
Direct logistical support for the 600,000 American and allied troops in Saudi Arabia between August 1990 and March 1991, plus the rush to build military airstrips and camps, cost another $51 billion, which was paid largely by Saudi Arabia and Kuwait.
Arab officials said the balance was accounted for by estimates from data supplied by several countries, including Jordan, Egypt, Yemen and the Sudan, which suffered severe economic blows from the invasion and the war.
The report said the war contributed to a drop in gross national product for the 21 Arab countries estimated at 1.2 percent in 1990 and 7 percent in 1991.
Much of this decline came from the suspension of oil exports from Kuwait and Iraq and an inflation rate that rose to an average of 20 percent a year as imports and exports were disrupted.
Rédigé par : JEAN-CHARLES DUBOC | 01 mars 2014 à 15:13