Dominique Versini, défenseure des enfants, a rendu, le 20 novembre 2007, un rapport sur les "adolescents en souffrance" à Nicolas Sarkozy.
Je rappelle que la Défenseure des enfants assure la promotion des droits de l'enfant et organise des actions d'information sur ces droits et leur respect effectif, et que c’est à l'occasion de la journée internationale des droits de l'enfant, le 20 novembre, qu’elle présente au Président de la République, et au Parlement, un rapport annuel dans lequel elle établit le bilan de son activité.
Dominique Versini, conseiller d'Etat, ancienne secrétaire d'Etat chargée de la lutte contre l'exclusion et la précarité, a été nommée Défenseur des enfants par décret du Président de la République en date du 29 juin 2006.
Nos « ados » vont mal.
Dans notre pays, le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 25 ans.
Ainsi chaque année environ 40 000 adolescents attentent à leurs jours.
Mais il faut souligner que par rapport au début des années 2000, le nombre de suicides d'adolescents est passé de près de 1 000 en 1993 à 600 en 2004 en raison des plans de santé publique maintenant soucieux du malaise des adolescents.
Par contre, en dix ans, le nombre de jeunes qui sont devenus de véritables poly-addictés (alcool, tabac, cannabis) a doublé, et près d’un adolescent sur dix prend aujourd'hui des médicaments contre le stress, l'anxiété, la déprime, ou l'insomnie !…
Le "binge drinking", qui consiste à boire jusqu'à l'ivresse totale, s'est beaucoup développé et 28 % des 15 à 19 ans déclarent avoir été soûls plus de quatre fois dans l'année !...
Les troubles du comportement alimentaire sont en hausse, tout comme les scarifications, les phobies scolaires et les jeux dangereux...
Au total, 15% des 11-18 ans sont en grande souffrance.
Le lancement, à l’initiative de Bernadette Chirac, en 2004, des Maisons des adolescents a permis la création de lieux d'accueil et de partenariats Education Nationale/ Santé qui ont entraîné le recrutement de 300 infirmières scolaires sur cinq ans ainsi que le développement de comités d'éducation à la santé, dans les collèges et les lycées.
A ce jour, plus d’une vingtaine de Maisons d’adolescents sont en projet, mais les dix-huit Maisons qui existent sont peu repérables et pas toujours ouvertes aux heures qui conviennent aux adolescents.
Pour Dominique Versini, les efforts actuels sont insuffisants.
Des obstacles empêchent notamment les jeunes d’accéder aux soins : le numéro Fil santé jeunes (0800-235-236) est payant à partir d'un portable, et beaucoup de jeunes ignorent l’existence des lieux d'accueil.
L’adolescent demeure «le grand oublié des politiques publiques» car il est entre deux âges et encore trop rarement le destinataire des récents programmes spécifiques de prévention, regrette le rapport.
Dominique Versini s’est penchée sur le dispositif psychiatrique et médico-social qui est complètement saturé : il faut attendre de trois mois à un an avant d’obtenir un rendez-vous dans un centre !!!... Et en 2005, 800 postes de psychiatres et 15 000, postes d’infirmiers étaient vacants...
Or en quinze ans, la demande de soins a augmenté de 70 %, et, dans le même temps, le nombre de lits d’hospitalisation à temps plein en pédopsychiatrie est passé de 5 380 à 1 860 alors même que seize départements n’en disposent pas.
Mais nous devons aussi être conscient, et c’est le plus difficile à admettre, que certains adolescents présentent de véritables maladies mentales, comme la schizophrénie ou la psychopathie, et qu’ils sont parfois très difficilement guérissables.
Ce qui donne, malheureusement, une limite à l’action envers les adolescents.
Croire que tous les adolescents sont « guérissables » est une douce utopie car, parfois, la génétique, l’alcoolisme de la mère, un accouchement difficile, etc…, a provoqué une infirmité neurologique qui durera toute la vie.
C’est à la société de trouver des solutions humaines pour ces cas vraiment désespérés.
Mais, pour de nombreux adolescents - et c’est la très grande majorité - les troubles du comportement sont, avant tout, causés par une immersion dans UN MILIEU PATHOGÈNE, qu’il soit familial, culturel, ou sociétal…
Face à cette situation inquiétante, Dominique Versini plaide pour une véritable prise en charge des adolescents en souffrance psychique à travers un plan en 25 points :
1/ Mettre en place un Plan national pour régler la crise des Centres médicaux-psychologiques, débordés.
2/ Créer des lits d'hospitalisation à temps complet dans les départements qui en sont dépourvus et réserver partout des lits de pédopsychiatrie "spécifiques adolescents".
3/ Développer, dans chaque département, des relais diversifiés de post-hospitalisation (unités de soins études, internats scolaires, places pour ados en hôpitaux de jour).
4/ Admettre les adolescents en pédopsychiatrie jusqu'à 18 ans.
5/ Organiser un accueil spécifique pour les ados dans les urgences hospitalières.
6/ Se donner l'objectif d'une infirmière à plein temps par établissement d'enseignement et augmenter le nombre de médecins scolaires.
7/ Etendre les plages de disponibilité du numéro national Fil-Santé-Jeunes - 0800 235 236 - et assurer la gratuité des appels à partir des téléphones portables. Faire connaître ce numéro.
8/ Conforter le financement des « points accueil écoute jeunes » et favoriser leur implantation en zone rurale.
9/ Créer un portail grand public rassemblant toutes les informations utiles pour les jeunes et leurs parents.
10/ Concrétiser, dans les trois ans, l'objectif d'une Maison des adolescents par département.
11/ Créer des équipes mobiles pour aller vers les jeunes.
12/ Soutenir la constitution de groupes interdisciplinaires de travail en professionnels au contact des ados.
13/ Renforcer les actions menées en partenariat entre les ministères de la Santé et de l'Education nationale.
14/ Former les personnels de l'Education nationale à la psychologie des adolescents et au repérage des signes d'alerte.
15/ Rendre obligatoire la formation des médecins généralistes et scolaires, des pédiatres et des urgentistes au "Référentiel d'observation pour un repérage précoce des souffrances psychiques", élaboré en 2006 par la Fédération française de psychiatrie.
16/ Rétablir les stages des auditeurs de justice dans les milieux non judiciaires comme l'Aide sociale à l'enfance ou la pédopsychiatrie et former les magistrats à la psychologie des jeunes.
17/ Mettre en place une ligne nationale d'écoute réservée aux parents confrontés à la souffrance psychique de leur enfant.
18/ Mieux intégrer les parents dans les différents dispositifs de repérage de prise en charge et de suivi.
19/ Diminuer l'accessibilité des mineurs aux boissons alcooliques.
20/ Veiller à une bonne application des textes surtaxant les boisson ciblées jeunes (prémix, alcopops).
21/ Renforcer l'éducation à la prévention.
22/ Organiser un dépistage précoce de l'alcoolisation et de la consommation de cannabis lors de toute consultation médicale.
23 Financer des recherches-actions-formations associant chercheurs et acteurs de terrain pour mieux cerner les problématiques.
24/ Harmoniser la collecte des données épidémiologiques concernant la santé mentale des ados.
Voilà une suite de résolutions qui méritaient d’être rapportées, mais je ne peux que me poser cette question : « COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ ? »
Tout ceci est la conséquence d’un ensemble de facteurs aussi variés que la perte de repères culturels stables qui provoquent une anomie et des comportements suicidaires chez de nombreux jeunes, ou encore l’effondrement de l’autorité qui a été remplacée par des slogans irresponsables comme celui-ci : « Un pétard chez soi est moins dangereux que de l'alcool avant de prendre sa voiture… », ou la crise économique, ou la difficulté de travailler et de se loger, etc…
Mais, quelles que soient les causes du malaise des « ados », il y a d’excellents moyens de formation humaine des jeunes qui, s’ils étaient développés, apporteraient une amélioration rapide au comportement autodestructeur de nombre d’entre eux..
Pourquoi n’ouvrons-nous pas, pour les jeunes, des structures d’accueil pour qu’ils puissent naviguer en haute mer, ou faire des course en haute montagne, car ces deux types d’activité sont extrêmement formatrices ?...
Et j’en viens à la restructuration mentale des jeunes par la navigation en équipage, à bord de grands voiliers, qui reprend des thérapies éprouvées comme celles développées au Centre de soins en Milieu maritime des Sables-d’Olonne.
L'expérience de l'Hôpital Mazurelle, de la Roche-Sur-Yon, qui a fait naviguer 1500 malades en 10 ans à bord d'un voilier de 12 mètres, permet de développer, dès maintenant un projet psychiatrique ambitieux destiné aux jeunes en souffrance psychique.
Cette thérapie est théorisée par des psychiatres de renom et vous trouverez leurs analyses et réflexions dans le document intitulé "VOILE EN TÊTE VI", présenté lors des régates de La Rochelle le 24 octobre 1997 :
« …la déstructuration du processus pathologique dont il s'agit ici, est une constante fondamentale de presque toutes les thérapies, aussi bien biologiques et organicistes que psychothérapiques, qu'elle qu'en soit la profondeur. On peut donc placer en hypothèse, que plus on élimine de facteurs environnementaux ayant participé à l'élaboration morbide, ou en ayant seulement témoigné, plus importante est la déstructuration. »
« Sur ces bases, il a été établi depuis 1962 en Vendée, que les régions naturelles les plus élémentaires étaient la haute mer, le désert, la haute montagne. L'expérimentation s'y est faite depuis cette date, en Mer. On trouve en ce milieu avec le maximum de prégnance, de spécificité, et de pureté, l'Air, l'Eau, le Temps et l'Espace. Tout s'y déroule en outre, au sein d'un groupe restreint permanent ».
« Les exigences, voire les contraintes de la vie à bord, sollicitent obligatoirement toutes les fonctions psychiques et physiques de la Vie de Relation. Elles nécessitent leur réorganisation, harmonieuse, dans toutes les dimensions de l'Être intégré (psychique, corporel, social, cosmique). »
« Ce sont peut-être ces caractéristiques dynamiques mais plus sûrement encore l'environnement qui font que le marin se distingue assez nettement du terrien. A cet égard, pour ce qui nous concerne, on insiste généralement sur la présence constante de l'autre dans les activités coopératives indispensables, qui stimulent grandement la socialité inhibée ou négativée du patient. »
« Une différence est à faire entre la simplicité extrême de la structure de l'environnement en haute mer et la proximité persistante des éléments de la vie habituelle dans la navigation côtière, en se souvenant que le maximum de dépouillement environnemental sollicite en réaction un maximum de fonctions physiologiques fondamentales. »
« La relativité du temps devient aussi très vite dans ce contexte, une évidence pour tous. Le cosmos s'impose comme seul recours pour l'évaluation de la durée. Mais outre cette temporalité sidérale, il faut intégrer aussi celle du bord, rythmée par les impératifs de la navigation (quarts) et de l'inévitable vie du groupe (repas, sommeil). »
« La durée optimale de l'épreuve thérapeutique interroge inévitablement dès les premières étapes de l'expérience. Plusieurs années de réflexion nous amènent à penser que l'unité utile de temps thérapeutique est le mois. Si l'on dispose de moins de temps tout reste possible cependant, il suffit alors d'adapter, peut être de répéter les croisières ou de prolonger le "rêve du voyage". »
« La temporalité maritime, marquée de ses particularités, n'est pas un temps suspendu dans le cours de la vie. La croisière nécessite une préparation avant l'embarquement, dans un sas institutionnel, à terre si possible, où se retrouvent tous les participants, soignants et soignés. »
« Au retour on ménage symétriquement un temps de restitution pour l'évaluation, les bilans individuels et collectifs, les projets, les suites du programme collectif, et de chaque programme individuel ».
« Nous avons pu noter, sans équivoque possible, que même après vingt ans, le groupe marin ainsi formé, perdure et se reconstitue spontanément. Chaque patient reste en effet très marqué par l'expérience vécue et parle à son propos de "bout du tunnel", de "temps de normalité", de "ciel bleu dans l'enfer". "Quand repartons-nous ?" devient un leitmotiv. »
« Il est souhaitable qu'il s'agisse toujours d'un "voyage de rêve", qui remplit spontanément l'imaginaire pendant le temps de préparation (images, sons, lectures, récits) et qui se retrouve à l'identique, ensuite, dans la réalité du concret. »
« Cette expérience, d'une grande intensité vécue, appelle la critique, voire l'autocritique de l'imaginaire délirant. Il y a là un support psychothérapique utilement exploitable pendant de nombreuses années. »
« A travers leurs multiples expériences, les équipes soignantes insistent toujours sur l'importance de points particuliers, notablement répétitifs, sinon constants :
- La responsabilisation : l'homme de barre sent peser sur lui la charge de la vie de tous les passagers, et retrouve un niveau de vigilance et d'attention depuis longtemps oublié.
A l'inverse de la situation thérapeutique habituelle, c'est, ici, le patient qui contrôle : le pouvoir change de camp.
On a même pu dire que dans les cas les plus remarquables d'implication du sujet dans la situation de navigation, la folie l'avait déshabité. Sans doute parce qu'elle n'a plus de sens alors, ni plus de place dans cette nouvelle économie existentielle. Le choix est clair dit-on souvent avec insistance : vivre, ou parler son délire…, ou barrer!!
- Le plaisir, en contrepoint de l'angoisse ou de la peur, se décline sous toutes ses formes pendant le voyage et surtout après. Il constitue un des piliers de la thérapeutique de restructuration. Nul ne le conteste dans le milieu maritime des soins qui rejette massivement le dolorisme comme philosophie fondatrice du soin et de la santé.
« La mer et le bateau suscitent des déferlements fantasmatiques universels. Leur puissance, que vérifient les investissements démesurés, imaginatifs ou tangibles, ne peut laisser insensible le thérapeute toujours à la recherche d'une plus grande efficacité. En ces lieux sont accumulés les énergies des origines, archaïques, qui fondent le vivant tout entier et l'humain notamment. »
« Cette puissance, ainsi mobilisée, n'a guère d'équivalent pour se mesurer, s'opposer, se substituer aux monstruosités envahissantes de l'univers intérieur dans les déviations pathologiques de la réalité objectale… »
Extrait de « Pistes pour une théorisation et pour le développement d'une pratique » du Docteur Pierre Pennec.
Si l’expérience de l’Hôpital Mazurelle a été destinée à une population réellement spécifique, celle des malades mentaux, elle a permis de définir une pratique et une théorie qui permet d’extrapoler ce type d’action restructuratrice à des publics en souffrance psychique comme le sont les jeunes marginalisés, ou les toxicomanes…
Il est nécessaire de créer, maintenant, de nouveaux moyens de formation humaine des jeunes.
Et c’est ce que je propose dans le projet Euroclippers que vous découvrez sur ce blog a l’ambition de proposer aux jeunes Européens la possibilité de naviguer, en équipage, à bord de grands voiliers.
Compte tenu de nos très importants problèmes sociaux, ma proposition est de faire construire, chaque année, vingt voiliers du type Royalist , voilier-école du Sea Cadets Corps britannique, pour la métropole, et dix pour l’Outre-mer.
Ce voilier, de 22 mètres hors tout, permet d’embraquer vingt quatre cadets, entre 13 ans ½ et 18 ans, pour des navigations le long des côtes européennes.
Un navire de ce type vaut environ 3 millions d’euros, et un projet annuel de 30 navires ne dépasserait pas 100 millions d’euros, ce qui est tout à fait raisonnable et dans l’enveloppe des grands projets dont nous avons l’habitude en France.
L’ambition du projet Euroclippers, est, en effet, la construction, en une dizaine d’années, d’un voilier par quartier difficile, de façon à proposer une véritable action sociale à l’échelon national.
Ce projet, que j’ai déjà proposé pour les jeunes en difficulté, est tout à fait adapté aux jeunes en souffrance psychique qui nécessitent une hospitalisation ou un placement dans une « Maison des adolescents ».
Une telle flotte comporterait ainsi entre 300 et 400 navires pour l’ensemble de la Métropole et de l’Outre-mer.
Cela peut sembler important, mais il faut savoir qu’avec la somme détournée par François Mitterrand, les indemnités de la guerre du Golfe 90/91, près de 3,5 milliards de dollars, il aurait été possible de construire environ 1200 voiliers de ce type…
Et j’en viens à la principale cause de la situation actuelle qui est celle-ci « Et si le malaise des jeunes était d’abord causé par les choix politiques aberrants menés par les dirigeants corrompus et irresponsables des trois dernières décennies, et en particulier par les dirigeants socialistes ?... »
Et si je mettais en avant la SOCIOPATHIE de François Mitterrand ?...
Car en effet, il faut admettre cette horrible évidence : « S’il n’y a pas d’argent pour construire des grands voiliers pour les jeunes, il y en a eu pour l’Arsouille et sa bande de mafieux !!!... »
Il est vraiment dommage de finir une note avec ce type de commentaire mais il faut avoir le courage d’aller au fond des choses et de rappeler l’inadmissible : L’Arsouille a réussi à transformer progressivement la République Française en un authentique totalitarisme mafieux, soumis à sa botte de parrain…
Et nous n’en sommes pas sortis !!!...
Nos « ados » vont mal ?...
Faut-il s’en étonner ?...
Jean-Charles Duboc
Commentaires