L’OURAGAN FINANCIER, qui s’est abattu sur les Bourses, les banques, les compagnies d’assurance et les banques centrales, est loin d’être terminé et nous devrons attendre encore plusieurs mois, et peut-être même plusieurs années, avant de pouvoir évaluer les conséquences de cette crise.
Mais les dégâts sont déjà considérables et je rappelle que les sommes faramineuses englouties par la spéculation immobilière et boursière aux Etats-Unis nécessitent un plan de sauvetage bancaire dont le montant est pour l’instant évalué à 850 milliards de dollars.
Et pour l’Europe, il semble que les pertes dépassent 350 milliards d’euros !...
Nous en sommes au point où les pertes des banques ne se comptent plus en milliards d’euros, ni même en dizaines de milliards d’euros, mais en centaines de milliards d’euros !....
Cette crise financière est malgré tout temporaire ; ce n’est ni la première, ni la dernière, et j’espère que nos dirigeants sauront trouver les solutions pour que l’économie échappe à une forte récession, mais aussi que des réformes seront faites afin d’éviter qu’une telle situation – basée avant tout sur la cupidité - puisse se reproduire.
Mais il n’en demeure pas moins que ceux qui paieront l’addition de ces folles années de spéculation seront d’abord les contribuables.
Et ceux-ci auraient vraisemblablement préféré que cet argent soit consacré à des projets d’intérêt public et non à renflouer des institutions financières dont la principale devise a été « toujours plus d’argent ! »…
Mais que peut donc représenter 10 milliards d’euros, ou même 100 milliards d’euros, pour un citoyen ?...
Et bien, je vais essayer de donner une idée de ce qu’il aurait été possible de faire si ces sommes avaient été destinées à construire des grands voiliers pour les jeunes.
Il est bien sûr possible de prendre comme références des voiliers relativement récents comme le Lord Nelson, destiné aux handicapés, le Cisne Branco, voilier-école de la Marine brésilienne, ou encore le Gorch Fock voilier-école de la Marine allemande.
Mais je préfère retenir le Statsraad Lehmkuhl, voilier-école norvégien, de 98 mètres hors tout, qui est une superbe réussite car ce navire construit en 1914 pour la formation des élèves de la marine marchande allemande navigue toujours, avec 150 stagiaires à bord, depuis Bergen, pour des navigations entre les grands ports européens.
Et, pour le présenter, je reprends des extraits disponibles sur le site Stiftelsen Seilskipet Statsraad Lehmkuhl.
PRÉSENTATION DU « STATSRAAD LEHMKUHL »
" Imaginez-vous à la barre d'un trois mâts barque de 258 pieds, de 1914…
Ou dans le nid de pie, à regarder ...
Comme membre d'équipage à bord du « Statsraad Lehmkuhl », vous vivez à l’heure du navire et vous êtes de quart. Cela vous apporte l'occasion de vous familiariser avec la mer – avec les bons et les mauvais jours – comme tant de jeunes marins norvégiens l’ont fait pendant des générations.
Le « Statsraad Lehmkuhl » sent la nostalgie, le goudron et la mer salée.
Il n'a pas beaucoup changé depuis 1914.
Il a été rénové récemment.
Juste une légère touche de modernité.
C’est un rêve sous des voiles blanches – vers de nouveaux ports, de nouvelles aventures ...
Une expérience pour la vie! "
HISTOIRE
Après une fidèle et complète restauration, le « Statsraad Lehmkuhl » est peut-être le gréement carré le mieux préservé au monde.
L'histoire du navire commence en 1914 à Bremerhaven-Geestemünde où il a été construit comme voilier-école pour la marine marchande allemande sous le nom de « Grossherzog Friedrich ».
Après la Première Guerre mondiale, le navire est donné aux Britanniques au titre des dommages de guerre.
En 1921, il est récupéré par l'ancien ministre Kristofer Lehmkuhl, puis basé à Bergen. Il est ensuite utilisé à partir de 1923 comme navire-école jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
A l’exception des années de guerre de 1940 /1945 - lorsque les Allemands ont repris le navire et l'ont rebaptisé « Westwärts » - le « Statsraad Lehmkuhl » a été exploité par le ‘Bergens Skoleskib’ de 1923 à 1966.
En 1967, le magnat du transport maritime Hilmar Reksten a sauvé le voilier qui devait être vendu à l'extérieur du pays, et, en 1978, il en a fait don à la ‘Stiftelsen Seilskipet Statsraad Lehmkuhl’, une fondation qui exploite toujours le navire.
Le financement et l'entretien du « Statsraad Lehmkuhl » sont les deux principaux défis de la Fondation, mais, avec ses propres revenus ainsi qu’avec les contributions des autorités et un effort considérable de la ‘Statsraad Lehmkuhls Venner’ (association d’amitié) et de donateurs privés, le plus grand voilier de la Norvège est aujourd'hui entièrement restauré, comme au temps de son ancienne splendeur.
SPECIFICATIONS
Construction en 1914 par Johann C. Tecklenborg AG, Bremerhaven-Geestemünde (Allemagne)
Lancement: 14 Janvier 1914
Noms antérieurs: «Friedrich Grossherzog » (1914-1923) et «Westwärts» (1940-1945)
Type: trois-mâts barque / voilier-école
Longueur hors tout : 98,00 m
Longueur de coque : 84,60 m
Longueur à la flottaison : 73,00 m
Largeur : 12,60 m
Hauteur maximale : 48,00 m
Tirant d'eau maximal : 5,20 m
Tonnage brut : 1 516 t
Nombre de voiles : 22
Surface totale de la voilure : 2.026 m2
Vitesse maximale au moteur : 11 nœuds
Vitesse maximale à la voile : 17 noeuds
Nombre maximum de passagers pour les navigations dans les fjords: 350
Nombre maximum de stagiaires pour les croisières-écoles : 150
L'ASSOCIATION D’AMITIÉ ‘Statsraad Lehmkuhls Venner’
L'association d’amitié «Statsraad Lehmkuhl» a été créée en 1977, et est indépendante de la Fondation.
Le but de l'association est de maintenir le «Statsraad Lehmkuhl» à Bergen, en Norvège.
Il a été décidé par le conseil d'administration que les ressources de l'association doivent être utilisées dans l'intérêt exclusif du «Statsraad Lehmkuhl».
Cette association d’amitié est l'une des plus importantes de Norvège avec environ 4.500 membres.
LA FONDATION ‘Stiftelsen Seilskipet Statsraad Lehmkuhl’
La Fondation ‘Stiftelsen Seilskipet Statsraad Lehmkuhl’ a été créée en 1978.
Son principal objectif est l'entretien et la préservation du navire pour les générations futures mais avec le souci de créer des emplois, y compris pour la formation maritime, conformément à l’histoire du voilier.
Cette Fondation est situé dans le port de Bergen, et 5 personnes sont employées pour son administration qui gère aussi l'association ‘Statsraad Lehmkuhls Venner’.
L'administration gère toutes les facettes de l'exploitation et de la préservation du «Statsraad Lehmkuhl». Le navire a un complément de 22 personnes pendant de la saison de navigation ; un chiffre qui est réduit pendant la saison d'hiver.
LE "BOSMAN SAILOR’S TROPHY" accordé au « Statsraad Lehmkuhl »
Le premier prix annuel pour le ‘Sailing Team Opération’, organisé par la Fondation polonaise de voile, et coordonné par l'Agence BIS, le "Bosman Sailors' Trophy 2004", a été décerné au « Statsraad Lehmkuhl ».
Le prix est accordé pour l’exploitation d’un navire (armateur, capitaine, équipage, et associés divers) par les armateurs des plus grands voiliers (classe A) et le sera dans le futur par les plus importants magazines de voile.
L’équipe du « Statsraad Lehmkuhl » a reçu le prix en raison de ses réalisations exceptionnelles pour :
- la formation à la navigation à la voile
- la fidélité aux traditions
- le diversité et l'attrait des destinations lors des navigations
- les compétences générales de la direction
- la situation financière et l’appel de fonds
- la participation à des programmes de charité
- la promotion de la voile et de l’école de voile
- la participation aux festivals de grands voiliers ainsi qu’aux courses
Le prix du "Bosman Sailors' Trophy" a été reçu par M. Per Langhelle à Szczecin, Pologne, le samedi 12 Juin 2004, à bord du Kruzenshtern, lors du festival des grands voiliers (11 au 13 juin 2004).
UN RÊVE sous des voiles blanches ! …
"Imaginez-vous à la passerelle du plus grand des trois-mâts barques, ou bien à la manœuvre pour établir plus de 2000 m2 de voiles en moins d'une heure !...
Vous n'avez besoin d'aucune expérience préalable de voile; les marins professionnels vous formeront alors que vous êtes à bord.
Le «Statsraad Lehmkuhl» n'est pas un navire à passagers.
Vous venez à bord en tant que marin stagiaire ; ce qui signifie que vous participez aux activités de l’équipage. Vous travaillez avec les marins professionnels – ce qui consiste à avoir toutes sortes de fonctions comme être de quart, barrer le navire, ou travailler dans la cuisine.
Les traditions maritimes sont conservées, en particulier les manœuvres à la voile.
Pour de nombreuses personnes, grimper dans la mature, afin de serrer ou de déployer les voiles, est l'une des choses les plus excitantes qui soit à bord du navire (basé sur le volontariat).
Et il y a bien sûr les moments pour entonner un " shanty ", ou apprendre à faire des nœuds de marin...
Votre couchette est sous les ponts ; c’est un hamac, comme cela a été le cas pendant des générations.
Vous rencontrez des personnalités différentes, de différents pays et de formations diverses.
La chose la plus étrange est que, lorsque vous êtes en mer, la camaraderie est ce qui compte le plus.
L'atmosphère à bord est indescriptible ; c’est une expérience à découvrir !... "
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UNE DESCRIPTION qui incite franchement à « mettre les voiles » à bord du « Statsraad Lehmkuhl » !...
Mais revenons à la crise financière qui ébranle la finance mondiale et essayons de savoir ce que nous aurions pu faire avec les centaines de milliards d’euros qui se sont évaporés.
PREMIÈRE QUESTION : quelle est la valeur d’un navire du type « Statsraad Lehmkuhl » capable d’embarquer 150 jeunes à bord pour un tour du monde ?...
Une première estimation est possible en comparant ce navire avec le Gorch Fock, voilier-école de la Marine allemande, dont les caractéristiques sont sensiblement équivalentes, et qui coûte environ 35 millions d’euros (HT) pour une construction sur un chantier naval européen.
Que représente donc 10 milliards d’euros ?...
Et bien, cette somme permettrait de construire 285 voiliers du type « Statsraad Lehmkuhl » !...
Que pourrions-nous faire avec une telle flotte de navire ?...
Et bien, par exemple, il serait possible d’embarquer annuellement :
- pour une circumnavigation : 42 750 jeunes!...
- pour une croisière-école de 3 mois (ex : aller-retour Antilles) : 171 000 jeunes !!...
- pour une croisière d’un mois le long des côtes européennes : 470 000 jeunes Français !!!...
Voilà un projet pour la France et qui pourrait être développé sur une période de 20 ans.
Il y a, bien sûr, d’autres types de grands voiliers parfaitement adaptés à ce type de projet.
Un tel projet serait tout à fait possible, à la condition que l’exploitation des navires soit confiée à la Marine Nationale et que soit institué un Service civique (ou militaire) volontaire de façon à réduire les charges d’exploitation et à garantir un niveau opérationnel élevé.
L’investissement serait de 500 millions d’euros chaque année ; c'est tout à fait dans les moyens de la France, surtout si l’on compare ce coût avec les pertes financières actuelles !...
Il faut se demander quelles sont les raisons pour lesquelles nous avons toléré la spéculation financière de la dernière décennie alors que nous n’avons construit pendant cette période aucun grand voilier pour les jeunes Français !...
En effet, plutôt que de voir s’évaporer des dizaines de milliards d’euros n’aurait-il pas mieux valu construire des dizaines, ou des centaines de grands voiliers, pour les millions de jeunes Français, et de jeunes Françaises, qui aimeraient partir en croisière transatlantique ou même en tour du Monde, comme le font, chaque année, les élèves de l’École Navale !...
Il me semble que le principal obstacle à la réalisation du projet Euroclippers – la construction en série de grands voiliers pour les jeunes – est d’abord d’origine psychologique.
Et j’y vois d’abord la peur de la liberté, la peur de la prise de risque, la peur de l’aventure, de la part de nos dirigeants et des citoyens…
Il faut demander à nos adolescents, à nos jeunes adultes, ce qu’ils pensent de la folie bancaire actuelle et du fait qu’ils sont bien souvent laissés inactifs, sans avenir, sans motivation, sans rêve, et en tout cas sans pouvoir réaliser le rêve de partir naviguer autour du monde.
La jeunesse est l’avenir de nos sociétés, de la planète, et nous avons le devoir d’apporter à nos jeunes la meilleure formation humaine possible et celle-ci passe par la découverte de la planète, l’aventure, la prise de risque maîtrisée, le travail en équipage, l’apprentissage du sens de la responsabilité, plutôt que par la spéculation boursière effrénée, stupide, aveugle et cupide à laquelle nous avons assisté.
Et puisque les fonds dilapidés se comptent en centaines de milliards d’euros, que représente 100 milliards d’euros ?...
Et bien, une telle somme permettrait de construire une flotte de 2 851 voiliers du type « Statsraad Lehmkuhl » !...
Et que pourrions-nous faire avec une telle flotte de grands voiliers ?...
Et bien il serait possible d’embarquer annuellement :
- pour un tour du monde en équipage : 427 500 jeunes !....
- pour une croisière de trois mois vers les Antilles (A/R) : 1 710 000 jeunes !!...
- pour une croisière d’un mois le long des côtes européennes : 4 700 000 jeunes Européens !!!....
Voici un projet pour l’Europe des jeunes, et qui pourrait être développé sur deux décennies. !...
Bien qu’un tel projet exigerait, pour des raisons opérationnelles et pour réduire les charges d’exploitation, de confier les navires aux Marines d’Etat des pays maritimes de l’Union européenne il est tout à fait réalisable.
Les investissements seraient de 5 milliards d’euros chaque année ; c’est dans les moyens d’une Europe de 500 millions de citoyens.
Il faut simplement une volonté politique européenne.
J’espère que la crise financière permettra de remettre en cause un système économique perverti qui a fait de l’argent une finalité au détriment du développement de véritables valeurs humaines.
J’espère aussi qu’il sera ensuite possible de réaliser de nouveaux projets éducatifs pour les jeunes Européens.
Et pourquoi pas le projet Euroclippers ?...
Jean-Charles Duboc
C'est bien ma vaine! Un marin! Sacre bleu! Vous n'avez pu y échapper l'ami! Vous avez gagné un lien chez les méchants réacs de 5YL!
Rédigé par : MT | 25 octobre 2008 à 18:06
Oui, pourquoi ne pas aider les jeunes à découvrir qui ils sont vraiment ?
Beau projet mais hélas on préfère des abrutis frustrés consommateurs de produits factices et inutiles. Une vie virtuelle sur console qui rend folle et après hop c'est l'industrie des calmants qui leur vend leur came.
Mais c'est sûr qu'une telle expérience remettrait pas mal de pendules mentales à l'heures chez tout ces gens coupés d'eux-même.
Rédigé par : Lolo | 26 octobre 2008 à 02:23