Notre élite militaire, mais aussi la base, commencent à en avoir franchement marre de la corruption des dirigeants politiques et la meilleure démonstration tient dans le témoignage de Jean-Louis Porchier, contrôleur général des armées, devant les parlementaires le 15 décembre 2009.
La déposition du contrôleur général des armées permet d’en savoir nettement plus sur le contrat Agosta de la vente de sous-marins au Pakistan signé le 21 septembre 1994 par le gouvernement Balladur :
Le compte rendu de l’audition de Jean-Louis Porchier est absolument sidérante et met à mal toute défense future du ministre du Budget de l’époque.
Les lecteurs réguliers du site Alerte éthique connaissent tous les accusations que je porte contre François Mitterrand au sujet du détournement des indemnités de la guerre du Golfe et ils savent aussi que j’ai obtenu un soutien très important de la défense pour révéler et faire avancer le dossier.
C’est « l’Opération Haddock » telle est décrite dans le polar estival 2009 rédigé par « l’Ignoble Infreequentable » :
C’est le même type de source – militaire – qui m’a permis de prendre connaissance et de dénoncer le trafic de diamants du président "Valéry Gys-Car-Destin" que je viens de révéler sur ce blog :
Les militaires sont naturellement soumis au pouvoir politique – c'est-à-dire à la voix du peuple - mais cette soumission est tout de même conditionnelle : il faut que les élus méritent d’être leur respect, et nous en sommes bien loin…
Pour 2011, les tensions vont monter progressivement entre les militaires et les politiques et il faut s’attendre à un grand déballage qui laissera les Français effrayés de tant de manque de scrupule de notre élite politique.
Ce sera une nouvelle leçon de démocratie qui permettra d’améliorer le système démocratique et d’obtenir un meilleur contrôle des dirigeants par les citoyens.
Les gens sont méchants, surtout les "journalistes pédophiles" qui ont harcelé, une fois de plus, notre « Divin et Ô combien vénéré Président », à Lisbonne, le 19 novembre dernier.
En effet, à peine descendu du « Bling-bling One », pour le sommet de l’OTAN, notre « Bling-bling » a été une nouvelle fois questionné par un journaliste sur le « Karachi Gate » dans lequel des personnages aussi ignobles que « Vil-Pin » affirment qu’il a couvert, alors qu’il était ministre du Budget, le versement de rétro-commissions pour le financement de la campagne de « Balle-à-Mou ».
Avec de telles accusations, parfaitement infondées, il y a vraiment de quoi pendre « Vil-Pin » à un croc de boucher !...
Fort heureusement, notre « Ô combien vénéré président » sait mesurer ses paroles et ce qui est parfaitement adaptée à un Premier ministre ne l’est en aucune façon à un journaliste.
Aussi, notre « Bling-bling » a su trouver l’expression adéquate pour que les « Pov’kons » comprennent bien la situation dans laquelle il se trouve : il est harcelé par des journalistes pédophiles !...
Voilà le texte de la réponse de notre président à la demande d’explications d’un journaliste sur l’affaire de l’attentat de Karachi et les rétro-commissions : « Mais écoutez, on est dans un monde de fous. Il n’y en a pas un seul parmi vous qui croit que je vais organiser des commissions et des rétro-commissions sur des sous-marins au Pakistan ? C’est incroyable et ça devient un sujet à la télévision, (…) Et vous, j’ai rien du tout contre vous. Il semblerait que vous soyez pédophile… Qui me l’a dit ? J’en ai l’intime conviction. Les services. De source orale. Pouvez-vous vous justifier ? Et ça devient "je ne suis pas pédophile". »
Vidéo « "Bling-bling" et les "journalistes pédophiles" »
Ça c’est envoyé !...
Quelle répartie !...
Quel à-propos !...
M’enfin les journalistes ne réalisent même pas que notre « Divin et Ô combien vénéré président » se bat pour sauver le monde, que la réunion de l’OTAN était extrêmement importante pour le rapprochement de la Russie avec l’Otan, pour créer un bouclier anti-missiles afin de faire face à d’éventuels missiles iraniens, etc…
Et vous avez vu quoi ?...
Des "journalistes pédophiles" qui s’acharnent à déstabiliser notre « Bling-bling » lors d’une réunion internationale très importante pour la paix sur la planète !...
C’est incroyable tout de même !...
Déjà qu’il a un ministre de la « Kul-ture » pédophile notoire, voilà maintenant que c’est les journalistes qui s’y mettent !...
Dans quel monde vivons-nous ?...
Attention, avec toutes ces agressions verbales, notre « Bling-bling » va finir par perdre son calme !…
Capitaine Haddock
Avertissement : les billets signés « Capitaine Haddock » sont des textes satiriques et humoristiques.
Le Karachi Gate est un scandale dont ne se remettra jamais notre « Ô combien vénéré président ». Cette affaire de rétro-commissions pour la construction de sous-marins au Pakistan va revenir régulièrement tout au long de la fin de son quinquennat et éliminera toute chance de réélection en 2012.
Voici l'intégralité de l'audition de Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, par le juge Van Ruymbeke ; audition durant laquelle il confirme pour la première fois devant la justice qu'il y a bien eu des rétro-commissions dans les dossiers gérés par le gouvernement Balladur en 1994 et 1995.
« Question : La présente information a pour but de rechercher les auteurs du délit d'entrave dénoncé par les parties civiles. Elles dénoncent le fait que leur ont été cachée l'existence des deux rapports Nautilus des 11 septembre et 7 novembre 2002 dont elles n'ont eu connaissance que fin 2008 dans le cadre d'autres investigations judiciaires
Les rapports Nautilus énoncent que la cause de l'attentat commis le 8 mai 2002 résulte de l'arrêt du versement des commissions exigées lors de la signature du contrat Agosta, dont une part était destinée à corrompre des décideurs politiques et militaires pakistanais et l'autre à verser des rétro-commissions.
Avez eu connaissance de ces rapports ?
Réponse : Jamais.
Question : Les rapports font un lien entre l'attentat et l'arrêt du versement des commissions. Dans quelles circonstances êtes-vous intervenu lors de l'arrêt du versement des commissions dans le contrat Agosta et Sawari II ?
Réponse : Après les élections présidentielles de 1995, j'ai été nommé ministre de la Défense. Dans les quinze jours qui ont suivi, le président de la République m'a demandé de procéder à la révision des contrats d'armement et de vérifier dans la mesure du possible s'il existait des indices sur l'existence de rétro-commissions.
Question : Le président de la République vous a-t-il fait part de ses propres doutes ?
Réponse : Si ma mémoire est bonne, le président de la République m'a dit, comme il l'a déclaré lors d'une conférence de presse aux alentours du 14 juillet, qu'il souhaitait une moralisation de la vie publique et politique et qu'il y avait trop de bruit autour des contrats d'armement dû à l'existence de rétro-commissions. Il m'a donc demandé de faire procéder à une vérification sur tous les contrats."
Des contrats ont été confirmés, par contre d'autres contrats ont donné lieu à une révision et même à une annulation. Cela a été le cas du contrat Agosta.
Question : Est-ce que cela a été le cas également pour Sawari II ?
Réponse : Je le crois.
Question : Comment avez-vous procédé ?
Réponse : J'ai demandé à mon cabinet d'alerter toutes les directions pour qu'elles procèdent à des vérifications
A mon cabinet, c'est Marwan Lahoud qui en était responsable sous la responsabilité du directeur de cabinet.
Question : Y a-t-il eu des écoutes visant des collaborateurs de François Léotard, François Lépine, Patrick Molle et Pierre-Louis Dillais ?
Réponse : Oui. Je les ai sollicitées auprès du Premier ministre, M. Juppé, en la personne de son directeur de cabinet M. Gourdeau-Montagne, aujourd'hui Ambassadeur. C'est mon directeur de cabinet Jean-Louis Chaussende qui l'a contacté. François Lépine, Patrick Molle et Pierre-Louis Dillais avaient reçu des menaces de mort et c'est la raison pour laquelle les écoutes ont été ordonnées. Il s'agissait d'une procédure officielle, les écoutes étant réalisées, je crois, au Centre des Invalides.
Question : Qu'ont donné ces écoutes ?
Réponse : Rien.
Question : Selon un article du Monde du 9/07/1993, cité page 221 du livre Le Contrat, des écoutes auraient été effectuées sur le contingent de la DGSE placé sous l'autorité du Ministre de la Défense. Est-ce exact ?
Réponse : C'est possible. Je ne me souviens pas qui a procédé aux écoutes. Je sais que cela a été fait dans le cadre de la réglementation.
Question : Des agents de la DGSE ont-ils procédé à des vérifications de contrats ?
Réponse : Je pense. Le patron de la DGSE était M. Dewatre, aujourd'hui à la retraite.
Question: MM. Léotard, Donnedieu de Vabres et Douffiagues, ont-il eux aussi été placés sous écoutes ?
Réponse : Non, pas à ma connaissance. Le souvenir que j'en ai est que ce sont les collaborateurs qui auraient reçu des menaces de mort.
Question : Page 223 du livre, les auteurs écrivent que vous leur avez dit que ces surveillances visaient des collaborateurs menacés de mort, entre juillet et octobre 1995. Vous êtes cité en ces termes : "D'ailleurs quand Léotard l'a appris, il m'a appelé complètement paniqué, il pensait que nous avions découvert tous les secrets de Balladur sur les ventes d'armes" ?
Réponse : Je confirme que Léotard, qui avait appris qu'il y avait des écoutes, m'avait demandé un rendez-vous pour m'interroger sur les raison de ces écoutes. Je l'ai reçu et je le lui ai dit. A cette occasion, il m'a précisé qu'il trouvé inélégant qu'on puisse enquêter sur des contrats conclus alors qu'il était ministre.
Question : A-t-il fait état de secrets du gouvernement Balladur sur des ventes d'armes
Réponse : Non.
Question : Les services secrets ont-ils été chargés par le ministère de la Défense de tracer les mouvements de fonds issus des rétro-commissions comme vous l'avez indiqué en citant des pays aux auteurs du livre (page 225) ?
Réponse : Je leur ai dit exactement que la DGSE avait recherché s'il y avait des dépôts de sommes qui relevaient de contrats de commissions liés à l'armement et il est apparu qu'il y avait des mouvements dans les pays cités par les auteurs mais jamais la DGSE n'est pas parvenue à avoir une preuve tangible de ces dépôts et mouvements. C'est Dewatre qui supervisait ces opérations.
Question : Vous avez indiqué aux auteurs du livre que des traces avaient été retrouvées dans des banques en Espagne, en Espagne, en Suisse à Malte et au Luxembourg. Le confirmez-vous ?
Réponse : Oui, de mémoire, selon les rapports oraux qui m'avaient été faits par des agents de la DGSE.
Question : Les agents vous ont-ils fait part de leurs soupçons sur des rétro-commissions ?
Réponse : Non. La requête portait sur les mouvements de fonds.
Question : Pourquoi avoir mis fin à ces commissions ?
Réponse : Quand il y avait des doutes on arrêtait. Pour le contrat pakistanais, au vu des rapports des services secrets et des analyses qui ont été effectuées par les services du ministère, on a eu une intime conviction qu'il y avait rétro-commissions. Cela a été le cas du contrats Agosta et Sawari II.
Question : Pourquoi ces deux contrats ?
Réposne : Parce que l'on est arrivé à des conclusions positives, on a acquis une intime conviction sur ces deux contrats en particuliers.
Question : Quels éléments vous ont conduit à avoir une intime conviction sur ces deux contrats en particulier ?
Réponse : Je n'en sais rien. Je me suis basé sur les rapports qui m'ont été faits verbalement par la DGSE.
Question : Vous avez également rapporté aux auteurs du livre page 214 la scène suivante lors de la passation des pouvoirs avec M. Léotard : ' J'étais persuadé que Léotard allait me parler des affaires réservées ou de la menace terroriste. Eh bien non, il me dit, très fébrile, qu'il faut absolument que j'aille en Arabie Saoudite pour mener à bien un contrat qu'il avait engagé sous Balladur. Je n'en revenais pas."? Le confirmez-vous ?
Lors de la campagne
présidentielle de 2010, j’ai été très étonné de constater que Nicolas Sarkozy n’a
jamais abordé le problème de la corruption des élus alors que les « affaires »
défrayent la chronique depuis des décennies, et qu’il serait peut-être temps de
penser à résoudre ce problème.
Bien que le Président
de la République m’ait fait part de son intérêt pour le dossier du
détournement des indemnités
de la guerre du Golfe par François Mitterrand, jamais, à ma connaissance,
il ne s’est réellement penché sur cette affaire, tout du moins dans ses aspects
politiques et juridiques.
Pour quelles raisons notre président
reste-t-il totalement inactif face à la corruption en France alors que notre
pays est régulièrement montré du doigt par Transparency
International ?...
Et si c’était parce que Nicolas Sarkozy était
lui-même compromis dans une importante affaire de détournement de fonds ?...
Horrible hypothèse qu’il faut commencer à
prendre au sérieux.
Aussi, je me fais l’écho du dernier développement
du « Karachi Gate »,
le scandale des rétro-commissions sur la vente des sous-marins au Pakistan dont
l’annulation aurait couté la vie, en 2002, à 11 techniciens et ingénieurs
travaillant à Karachi.
Le président a déjà été questionné lors d’une
conférence de presse au sujet de cette affaire, et il en avait été, pour le
moins, troublé :
Vidéo de la
conférence de presse du Président de la république
au Conseil
européen du 19 juin2009.
Vous trouverez quelques articles plus récents
sur cette affaire.
Bonne lecture.
Jean-Charles Duboc
………………………
Tout d’abord
un article de Fabrice Arfi et Fabrice
Lhomme paru dans MEDIAPART
du 2 juin 2010 :
Un
rapport de la police luxembourgeoise désigne Nicolas Sarkozy comme
l'architecte, en 1994, d'un dispositif occulte utilisé pour le financement
illicite de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur. «Une partie des fonds qui sont passés par le
Luxembourg reviennent en France pour le financement de campagnes politiques
françaises», affirment les policiers.
Ensuite, sur
Rue 89 du 2 juin 2010, un article intitulé « Karachi : Sarkozy et Balladur directement impliqués. »
Selon un rapport, une société off-shore
créée avec leur accord a permis le financement illégal de campagnes politiques
en France.
C'est une nouvelle pièce dans le dossier de
l'attentat de Karachi. Dans un rapport, dont le contenu est révélé ce mercredi
par Mediapart, la police
judiciaire luxembourgeoise décortique l'activité d'une société off-shore mise
en place par la DCN (Direction des constructions navales) pour distribuer des
commissions. Une off-shore créée « directement » sur accord de
Balladur et de Sarkozy. Avec la trace de commissions qui ont financé des
« campagnes politiques françaises ».
Cela fait deux ans que les pièces s'accumulent dans les armoires des enquêteurs
chargés d'analyser le système de financement des contrats d'armement de la DCN
dans les années 90. Trois (grosses) affaires sont au cœur de leurs
recherches :
. Le contrat des Frégates de Taïwan, six
navires vendus 2,4 milliards d'euros ;
. Le contrat des trois sous-marins Agosta B,
vendus 826 millions d'euros au Pakistan ;
. Le contrat Sawari 2, trois frégates vendues
3 milliards d'euros à l'Arabie Saoudite.
Cette information
est aussi reprise par lepoint.fr du 2
juin 2010 :
PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy est
mentionné dans un rapport de police luxembourgeois concernant le paiement de
commissions occultes de dizaines de millions d'euros en marge d'une vente de
sous-marins français au Pakistan en 1994.
Ce document daté du 19 janvier 2010 est aux mains
de deux juges d'instruction français qui enquêtent sur la Direction des
constructions navales (DCN), l'entreprise ayant construit les sous-marins, a
dit mercredi une source judiciaire, confirmant une information du site
Mediapart.
Les paiements ayant été interrompus après
1995, un lien est soupçonné entre les opérations de corruption en marge du
contrat et l'attentat de Karachi, qui a fait 14 morts, dont 11 ingénieurs et
techniciens français de la DCN travaillant sur le contrat des sous-marins, en
2002 au Pakistan.
Analysant des documents saisis lors de leur
enquête au Grand-Duché, le policiers luxembourgeois évoquent l'implication de
Nicolas Sarkozy, ministre du Budget en 1994, dans la création d'une société au
Luxembourg, Heine, qui a reçu des dizaines de millions d'euros en marge du
marché.
Le blog « Alerte éthique »
a l’ambition d’éliminer la corruption des dirigeants politiques en développant
l’alerte éthique en France, mais aussi à l’étranger, car la dénonciation d’un
dirigeant corrompu est le meilleur moyen d’éliminer rapidement la corruption,
véritable cancer qui ronge les États, appauvrit encore un peu plus les plus
pauvres, et enrichit ceux qui sont déjà riches.
En France, le niveau de corruption des dirigeants politiques
des trois dernières décennies dépasse l’imagination. Nous nous sommes adaptés
progressivement à l’absence d’un véritable contrôle des derniers Présidents de la République qui ont
pu devenir des « Monarques mafieux » détournant en toute impunité des
fonds considérables.
Cela a été rendu possible par les assassinats de Robert
Boulin, Pierre
Bérégovoy, et de François
de Grossouvre. Ces meurtres ont neutralisé, par la crainte inspirée, tous
les contre-pouvoirs… La peur, pour ne
pas dire la terreur, indissociable de ces crimes, fait peser sur l’ensemble des
élus, des médias, des citoyens, une menace qui n’a d’équivalent dans l’Histoire
que les monstruosités des systèmes totalitaires nazis, ou communistes, où
l’élimination physique garantissait le maintient au pouvoir des dictateurs.
Car nous vivons dans des régimes totalitaires - de type
mafieux - qui permettent au monde financier de se protéger des lois par le
secret bancaire, notamment dans les
« Paradis fiscaux ». Mais le
pire est que, parfois, les dirigeants corrompus bénéficiant de ce système pervers
n’hésitent pas à éliminer les gêneurs, comme l’étaient ces trois hommes
politiques.
Mais les craquements de notre « Mur
de la Corruption » commencent néanmoins à se faire sentir et le
dernier scandale qui monte, le « Karachi
Gate », pourrait porter un coup fatal à la Vème république. En effet,
il est tout à fait possible que, si la pression continue à monter sur cette
affaire, Nicolas Sarkozy puisse être amené à démissionner comme l’a fait Richard Nixon à la suite
du scandale du Watergate.
Ensuite, d’autres affaires de corruption, bien plus graves, pourraient être
rendues publiques, comme le détournement des indemnités
de la guerre du Golfe attribuées à la France en 1991…
Mais ilfaudra de
très nombreux scandales de ce type, et peut-être même un effondrement financier planétaire,
pour réaliser que les flux financiers doivent être contrôlés sur l’ensemble de
la planète. Et ce sera d’abord aux citoyens d’être les principaux acteurs de ce
contrôle (au moyen de l’alerte éthique) car ce sont eux qui sont directement
concernés par la juste répartition des richesses planétaires.
D’autre part, l’alerte éthique ne pourra se développer que
si les aviseurs d’un ministère, ou d’une organisation internationale, sont
rémunérés afin de couvrir les risques inhérents aux dénonciations.
En effet, le système de “whistleblowing” anonyme,
mis en place dans les sociétés internationales pour signaler les manquements à
l’éthique, représente des risques considérables pour les dénonciateurs si leur identité
est, malgré tout, levée.
De plus, la
dénonciation peut avoir une efficacité limitée, comme j’ai pu le voir dans le
cas du détournement des indemnités
de la guerre du Golfe, en raison de la soumission naturelle, et parfois
aveugle, des fonctionnaires qui tiennent à leur carrière, ou à leur vie… En
fait, dénoncer des dirigeants politiques malhonnêtes, qui, de plus, tiennent
d’une main de fer la police, et la justice, de leur pays, est quasiment voué à
l’échec dans les États les plus corrompus.
Aussi, je propose, qu’en plus des
dispositifs internationaux actuels de lutte contre la corruption, soit créée une
structure supra-nationale où les aviseurs pourraient apporter les preuves des
détournements de fonds et percevoir, en retour, un pourcentage sur les sommes
détournées CAR UN DIRIGEANT CORROMPU NE VAUT PAS PLUS QU’UNE DÉNONCIATION ET
UNE DEMANDE DE PRIME
En effet, si les fonds de la corruption sont placés sur les
grandes places internationales, il faut faire de même dans la lutte contre la
corruption : c'est-à-dire se donner les moyens de l’internationalisation
et apporter une forte motivation à ceux qui prennent le risque d’une
dénonciation.
Pour héberger, et financer, une telle structure, il pourrait
y avoir des candidats tout à fait honorables (ex : Nouvelle-Zélande,
Norvège). Cela permettrait une protection des aviseurs et leurs donneraient des
revenus se substituant à ceux qu’ils peuvent perdre dans leur pays d’origine
s’ils sont licenciés ou obligés de fuir.
En attendant qu’une telle structure soit créée, abordons le dernier
classement de Transparency International
qui a placé la France au 24ème
rang des pays les moins corrompus.
Je reprends le texte de
Transparency International (Berlin le 17 novembre 2009) : « La corruption
menace la reprise économique mondiale et pose de graves problèmes aux pays en
conflit » :
Alors que l’économie
mondiale enregistre les premiers signes d’une reprise économique, et que des
nations continuent à lutter contre les conflits et l’insécurité permanents, il
apparaît clairement qu'aucune région du monde n’est à l’abri des dangers de la corruption.
Ce sont les conclusions de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2009
de Transparency International, publié aujourd’hui, et qui évalue la corruption
affectant le secteur public d’un pays.
Vidéo d’Huguette Labelle, Présidente
de Transparency International (en anglais).
« En ce moment, des
mesures de stimulations très importantes sont mises en œuvre partout dans le
monde, parallèlement à des versements accélérés de fonds publics et des
tentatives de stabiliser les différents processus de paix. Si nous voulons
briser le cycle vicieux de la corruption, il est indispensable de déterminer
quels sont les nœuds qui empêchent à la fois une bonne gouvernance et une
obligation de rendre des comptes », déclare Huguette Labelle, Présidente de
Transparency International (TI).
La grande majorité des
180 pays faisant partie de l’Indice 2009 obtiennent une note inférieure à cinq
sur une échelle de 0 (haut degré de corruption perçu) à 10 (faible degré de
corruption perçu). L’IPC évalue la perception du niveau de corruption affectant
l’administration publique dans un pays donné. Il s’agit d’un Indice composite,
fondé sur 13 enquêtes différentes menées auprès d'entreprises ou d'experts.
L’édition 2009 attribue un score à 180 pays, soit autant que dans l'IPC 2008.
Les États fragiles et
instables, marqués par la guerre et les conflits permanents, demeurent en bas
du classement. Il s’agit de la Somalie avec un score de 1,1, l’Afghanistan avec
1,3, le Myanmar avec 1,4 et le Soudan au même niveau que l’Irak avec un score
de 1,5. Ces résultats indiquent que les pays perçus comme les plus corrompus
sont également ceux qui sont meurtris par des conflits de longue date, et dont
l’infrastructure de gouvernance a été détruite.
Lorsque les
institutions de base sont faibles ou inexistantes, la corruption se développe
hors de tout contrôle tandis que le pillage des ressources publiques alimente
l’insécurité et le sentiment d’impunité. A cause de la corruption, la perte de
confiance fragilise les institutions et les gouvernements naissants, ceux-là
mêmes qui sont chargés d'assurer la survie et la stabilité, sans que cela
semble anormal.
Les pays en bas de
classement ne doivent pas être mis à l’écart des efforts de développement. Au
contraire, l'Indice souligne le besoin pour ces pays de renforcer leurs
institutions. Les investisseurs et les bailleurs de fonds doivent conserver la
même vigilance sur l'ensemble des opérations qu’ils mènent et rendre des
comptes de leurs propres actions, tout comme ils exigent transparence et
responsabilité de la part des pays bénéficiaires.
« La lutte contre la
corruption nécessite un contrôle fort des parlements, un appareil judiciaire
efficace, des organismes d'audit et de lutte contre la corruption indépendants
et disposant de ressources suffisantes, une application vigoureuse de la loi,
une transparence dans les budgets publics, un apport d’aides et de finances,
ainsi que de la place laissée à une presse indépendante et une société civile
énergique, » souligne Huguette Labelle. « La communauté internationale doit
inventer des solutions efficaces pour aider les pays déchirés par la guerre à
se développer et à soutenir leurs propres institutions. »
Les notes les plus
élevées dans l’IPC 2009 sont attribuées à la Nouvelle-Zélande avec 9,4, au
Danemark avec 9,3, à Singapour et à la Suède dont le score est identique avec
9,2 et à la Suisse avec 9,0. Ces chiffres témoignent d’une stabilité politique,
d’une régulation des conflits d’intérêt mise en place depuis longtemps et
d’institutions publiques solides et efficaces.
L’ensemble des
résultats mis en évidence par l’Indice 2009 est très inquiétant. Ils indiquent
que la corruption continue à exister là où règne l’opacité, alors que les
institutions ont encore besoin de se renforcer et que les gouvernements n’ont
pas mis en œuvre des cadres juridiques de lutte contre la corruption.
Même les pays
industrialisés n’ont aucune raison de faire preuve de complaisance :
l’utilisation de pots-de-vin et la facilitation de la corruption sont souvent
le fait d’entreprises basées dans ces pays industrialisés. Et certaines
compétences territoriales disposant du secret financier, qui ont un lien avec
de nombreux pays en tête de classement de l’IPC, affaiblissent grandement les
efforts menés pour lutter contre la corruption et recouvrir les avoirs volés.
« L’argent corrompu ne
doit pas trouver de havre de paix. Désormais, nous ne devons plus nous trouver
des excuses », déclare Huguette Labelle. « Le travail de l’OCDE dans ce domaine
est le bienvenu, mais il faudrait proposer plus de traités bilatéraux sur les
échanges d'information afin de mettre définitivement un terme au régime du
secret. En même temps, les sociétés doivent cesser de travailler avec les
centres financiers véreux. »
Les pots-de-vin, les
cartels ainsi que les autres pratiques de corruption sapent la concurrence et
provoquent une perte massive des ressources destinées au développement dans
tous les pays, et particulièrement les plus pauvres. Ainsi que l’a démontré un rapport récent de TI, entre 1990 et 2005, plus de
283 cartels internationaux privés étaient connus au grand jour, entraînant pour
les consommateurs du monde entier un surcoût d'environ 300 milliards de
dollars.
Étant donné que la
grande majorité des pays de l’Indice 2009 obtient une note inférieure à 5, le
défi de la lutte contre la corruption reste incontournable. Le Groupe des 20 s’est engagé sérieusement à faire en sorte
que l’intégrité et la transparence constituent la pierre angulaire d’une toute
nouvelle structure de réglementation. Alors que le G20 entreprend des réformes
économiques et portant sur le secteur financier, il apparait essentiel de
considérer la corruption comme une menace réelle pour le devenir d'une économie
durable. Par ailleurs, le G20 doit continuer à rechercher l’appui du public
pour ses principales réformes, en créant des institutions telles que le Conseil
de la Stabilité Financière et en prenant des décisions sur les investissements
destinés aux infrastructures, qui devront être transparents et ouverts aux
suggestions de la société civile.
A l’échelle mondiale
et nationale, des institutions de contrôle et des cadres juridiques
effectivement appliqués, associés à des réglementations plus efficaces et plus
judicieuses, permettront d’atteindre des niveaux plus faibles de corruption. Ce
qui au final conduira à un accroissement nécessaire de la confiance dans les
institutions publiques, une croissance économique soutenue et une aide au
développement plus efficace. Mais d’abord et avant tout, il permettra de
réduire l'importante échelle des souffrances humaines endurées dans les pays
les moins performants de l'Indice de Perception de la Corruption.
La lutte contre la corruption est une des priorités pour résoudre
les nombreux problèmes de la planète : absence de démocratie, injuste répartition
des richesses, déforestation, développement de la désertification, épuisement
des ressources halieutiques, épuisement des réserves pétrolières, réchauffement
climatique, absence de Gendarmerie planétaire digne de ce nom, etc..
Mais, tout est lié, et les progrès dans un domaine
permettent aussi aux autres priorités de progresser.
En conclusion, la lutte contre la corruption est la première
des priorités pour le développement de la planète car elle a pour but que les
citoyens CONTRÔLENT LEURS DIRIGEANTS, DEVIENNENT AINSI PLUS LIBRES ET PRENNENT EN
MAIN LEUR AVENIR.
Et l’alerte éthique est l’un des moyens les plus efficaces
pour arriver à cette fin.