Quelques idées pour lancer un projet éducatif et maritime de référence pour la Région Normandie
Le 23 novembre 2016
Jean-Charles DUBOC
à
Hervé MORIN, président de la région Normandie
Conseil Régional de Normandie
Abbaye aux Dames
Place Reine Mathilde
CS 50523
14035 CAEN Cedex 1
Sujet : Projet « Un grand voilier-école pour la Normandie »
Monsieur le Président,
Une réunion était prévue le mardi 11 octobre 2016 afin de présenter au cabinet le projet « Un grand voilier-école pour la Normandie » suite à un courrier envoyé le 1er août 2016 (annexe 1).
Malheureusement, j’ai dû annuler cette réunion car j’ai été hospitalisé à cette date, pendant trois jours, car je suis soigné pour un cancer du rein qui a provoqué de sérieux ennuis cette année (chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie).
Je pourrai venir à la Région en période d’arrêt de la "chimio" et en cas de prise de décision positive sur ce dossier.
La « thérapie ciblée » au Sutent a lieu deux semaines sur trois et la prochaine période où je pourrai me déplacer est la semaine du lundi 12 décembre (ensuite semaine du 2 janvier).
Aussi, conformément à l’entretien avec Mme Coralie PANIE, je me permets de rédiger un texte qui vous permettra de mieux distinguer les caractéristiques de ce projet, sa complexité, son ambition, et le temps nécessaire à sa réalisation.
C’est ce que j’aurais exposé au Conseil Régional si j’avais pu venir.
Le projet « Un grand voilier-école pour la Normandie » reprend ce qui se fait, à moindre échelle, chez nous, dans les écoles de voile comme les Glénans.
Il consiste à assurer une formation humaine, éducative, à des jeunes par des stages embarqués à bord d’un grand voilier.
Vous pouvez voir des voiliers-écoles de ce type, tous les six ans, à Rouen, pour le rassemblement de « l’Armada de la Liberté ».
La prochaine édition aura lieu du 6 au 16 juin 2019.
Et quand on voit tous ces navires, on peut se poser cette question : « Pourquoi pas nous ?... ».
Effectivement, et si je devais prendre un exemple de grand voilier-école ce serait le « Statsraad Lehmkuhl » du nom du conseiller d’Etat norvégien qui a participé à sa sauvegarde
Ce voilier construit en 1914 navigue toujours, y compris l’hiver, pour des navigations en Mer du Nord, avec près de 100 stagiaires à bord.
Ce type d’investissement se fait sur le long terme !...
De nombreuses vidéos sont disponibles sur le web.
Néanmoins, la réalisation de ce projet présente de nombreux obstacles mais le principal est financier.
Aussi, je vais faire un ensemble de propositions pour réaliser ce projet de façon à ce qu’il soit au « moindre coût » pour le contribuable tout en assurant à la Région Normandie le contrôle de son développement sur le long terme.
Le financement du navire étant assuré par les dons de grandes entreprises qui pourront l’utiliser pour leur communication.
1.0 Un grand voilier-école : quel marché ?...
L’idée d’embarquer sur un grand voilier-école fait rêver. Des millions de Français et de Françaises se rendent régulièrement aux rassemblements de grands voiliers de Brest et du Havre. L’engouement est identique dans les autres grands ports européens où font escale la « Tall ships race » organisée chaque année.
Il y a manifestement une forte attraction du public pour ce type d’évènement.
Mais au-delà du rêve d’évasion, d’aventure, du souhait de « larguer les amarres », quels sont les besoins, quel est le marché ?...
1.1 L’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM) du Havre
Le projet « Un grand voilier-école pour la Normandie » est d’abord un projet éducatif, de formation des jeunes.
Aussi, avant que la Région ne se lance dans une telle aventure, il est souhaitable d’avoir l’avis de nos écoles maritimes régionales.
Il est évident que si les écoles maritimes « n’accrochent pas » ce n’est pas la peine de continuer, car comment proposer des navigations aux élèves de l’enseignement supérieur, et des lycées, si les principaux intéressés ne sont pas prêts à s’investir dans le projet ?...
Aussi, il me semble absolument nécessaire, avant toute chose, de s’assurer qu’un grand voilier-école satisfait bien à une demande et à des besoins de nos écoles maritimes.
L’école la plus importante, au point de vue régional et national, est l’Ecole Nationale Supérieure Maritime du Havre (ENSM) qui s’est installée récemment dans ses nouveaux locaux au 10, quai Frissard.
Aussi, il me semble qu’il est souhaitable de présenter un « avant-projet » - c’est le but de cette brochure – afin de savoir si la direction de l’ENSM et les élèves sont prêts à s’investir dans les études nécessaires (ex : contact architecte naval, contact fondation « Statsraad Lehmkuhl », contact école maritime danoise, etc…), pour ensuite suivre la construction et être prêts à organiser et à participer à des navigations.
Cela pourrait être un sujet d’un « projet d’élèves » au même titre que HYDROS Ride, Projet Norvège et Hydro Sailing Team.
Je tiens à souligner que les élèves-officiers de la Marine marchande danoise bénéficient lors de leur formation d’un embarquement sur le « Danmark », lancé en 1932, de 74 mètres hors-tout.
1.2 Les lycées professionnels maritimes Anita Conti de Fécamp et Cherbourg
De la même façon, il est souhaitable d’avoir le sentiment du lycée professionnel Anita Conti de Fécamp et du lycée maritime et aquacole de Cherbourg, pour savoir s’ils sont, eux aussi, intéressés et prêts à s’investir dans sa réalisation.
Le lycée professionnel maritime Anita Conti de Fécamp accueille pour l'année scolaire 2016/2017 plus de 140 élèves, répartis dans dix classes de CAP Maritime de Matelot, Baccalauréats Professionnels Maritimes spécialités Conduite et Gestion des Entreprises Maritimes (CGEM) ou Electromécanicien Marine (EMM) et BTS Maritime option Maintenance des Systèmes Electro-Navals (MASEN).
L'augmentation constante des effectifs depuis quelques années se double d'un développement de la qualité des enseignements et de l'accueil des élèves. Ainsi lors de la session de juin 2016, plus de 95% des élèves ont obtenu leur examen. Le taux d'insertion des étudiants à l'issue de leur scolarité est aussi excellent notamment pour les six élèves de BTSM puisque deux poursuivent leurs études en Officier Chef de Quart Machine (OCQM) et quatre rejoignent le monde du travail dont deux au sein de la Marine Nationale.
Le Lycée professionnel maritime et aquacole Daniel Rigolet de Cherbourg est un des centres de formation maritime du Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (MEEM), chargé du transport, de la mer et de la pêche.
Le réseau du secondaire maritime est constitué de 12 lycées en France métropolitaine et Corse (Boulogne s/mer - Le Portel, Fécamp, Cherbourg, St Malo, Paimpol, Le Guilvinec, Etel, Nantes, La Rochelle, Ciboure, Sète et Bastia).
Les référentiels pédagogiques et les examens du secondaire sont mis en place par l'inspection générale de l'enseignement maritime (IGEM) et son unité des concours (UCEM).
Pour organiser la structuration des équipes pédagogiques, les enseignants titulaires sont des agents issus des corps d'enseignement du Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.
Le lycée dépend, pour la gestion d'une partie du personnel de nos établissements et pour la mise en place des textes et actions nationaux, de la sous-direction des gens de mer (SDGM) et plus globalement de la direction des affaires maritimes (DAM) sise dans les locaux du MEEM à Paris-La Défense Tour Séquoïa.
La tutelle rectorale assurée par la direction inter-régionale de la mer Manche Est Mer du Nord (DIRM MEMN) est située au Havre. Elle organise les jurys d'examen pour la formation continue et appuie administrativement l'organisation de la formation initiale des lycées maritimes de Boulogne s/mer - Le Portel, Fécamp et Cherbourg.
Ces deux lycées professionnels maritimes devraient être intéressés par le projet et participer à son développement sous l’égide de la Région Normandie.
Il est évident que si l’ENSM et les lycées professionnels maritimes de la Région ne sont pas intéressés par le projet, ce n’est pas la peine d’essayer de continuer.
Mais, à partir du moment où l’ENSM et les lycées maritimes décident de participer au projet, il sera possible d’aller plus loin et de démarcher ensuite les grandes écoles, les universités et les IUT de la Région Normandie, sans oublier les possibilités d’action sociale pour les « zones de non-droit ».
La première de mes propositions est de contacter nos écoles maritimes régionales pour leur demander leur avis sur ce projet.
2.0 Création d’un Fonds de dotation
La réalisation de ce projet est difficile tant dans ses particularités que dans son financement. Cela explique pourquoi notre pays ne possède aucun grand navire-école civil. La majeure partie des grands voiliers-écoles sont sous le drapeau national et destinés à former les équipages militaires.
La réalisation d’un projet civil est assez complexe si l’on veut qu’il soit d’un « moindre coût » pour le contribuable.
2.1 Le Fonds de dotation euroclippers (annexe 2)
Après avoir assuré la présidence des « Clippers de Normandie » pendant trois ans, à partir de novembre 1993, j’ai continué à essayer de développer un projet identique au projet actuel et je suis arrivé à la conclusion que la meilleure solution pour le financement d’un ou plusieurs navires est la création d’un « Fonds de dotation » qui est une structure assez semblable à une Fondation, mais plus adaptée à la mise à disposition d’un navire à une structure publique relevant de l’intérêt général.
Le Fonds de dotation Euroclippers a ainsi été créé le 10 novembre 2010.
2.2 Refus du rescrit fiscal (annexe 3)
Après une première demande de rescrit fiscal celui-ci a été refusé le 23 mai 2011.
Une seconde demande a été faite mais, par courrier du 19 décembre 2011, la Direction régionale des Finances publiques de Haute Normandie et du Département de la Seine Maritime m’a informé que « le Collège confirme que les dons reçus par le Fonds de dotation Euroclippers ne sont pas éligibles à la réduction d’impôt prévue par les articles 200 et 238 bis du Code général des impôts ».
Sans rescrit fiscal, il est devenu impossible d’accorder aux donateurs un quitus fiscal qui représente une réduction d’impôt de 60% pour les entreprises.
Le projet de financer des grands voiliers-écoles par des dons des entreprises était "mort-né" compte-tenu de l’inadaptation de la réglementation fiscale.
2.3 Dissolution du FDD Euroclippers
A la suite du double refus du rescrit fiscal, nous n’avons pas eu d’autre choix que de dissoudre le FDD Euroclippers (annexe 4).
2.4 Un échec garanti sans rescrit fiscal
Il faut bien admettre que la Région Normandie courrait à l’échec si elle se lançait dans un tel projet sans avoir de rescrit fiscal.
C’est ce qui bloque le projet du « Grand voilier-école » de l’amiral Pierre-François FORISSIER : ils n’ont pas obtenu, à ma connaissance, le rescrit…
2.5 Comment obtenir le rescrit fiscal ?...
La seule solution est une modification de la réglementation fiscale par la Direction générale des finances publiques.
Il faut savoir que la DGI n’acceptera d’accorder le rescrit fiscal à un Fonds de dotation qui ambitionne de construire des grands voiliers-écoles que si la perte de recettes fiscales est très largement compensée par les aspects positifs de la construction et l’armement d’un voilier-école.
Par exemple, pour un voilier de 50 millions d’euros le quitus fiscal atteint 30 millions d’euros.
Comment compenser cette perte de recettes fiscales ?...
En fait, il faut faire la somme de tous les avantages du projet pour savoir si celui-ci a un intérêt général indiscutable.
Par exemple, on peut retenir que le projet soit construit sur un chantier naval français comme les CMN.
Le chiffre d’affaire induit serait de 50 M d’euros dans ce cas.
Il faut aussi compter sur tous les autres aspects de l’exploitation d’un navire : activités portuaires, programmes éducatifs, aspects touristiques, développement des relations interrégionales au niveau européen.
Ainsi, seule une bonne définition des avantages industriels, éducatifs, sociaux, de développement international, que procurera l’exploitation d’un grand voilier-école, permettra au ministère des finances de changer la réglementation.
Ainsi, la seconde proposition est de modifier la réglementation fiscale.
Cela ne peut être fait qu’à l’initiative du pouvoir politique.
2.6 Création d’un Fonds de dotation
A partir du moment où la modification de réglementation est acquise il sera possible de créer un Fonds de dotation qui captera les fonds de donateurs intéressés par ce projet.
Une entreprise peut d’ailleurs fonder ou être membre fondateur d’un Fonds de dotation.
La région devrait pouvoir être membre du Fonds de dotation.
Parmi les problèmes que posent la construction, et l’armement d’un grand voilier-école, celui de la structure d’exploitation n’est pas la moindre.
Il y a bien sûr la possibilité de créer une compagnie maritime, avec des actionnaires, mais est-ce vraiment la meilleure solution, la plus économique, alors que le projet est avant tout destiné à la formation humaine des jeunes ?...
Il y a différentes possibilités dont celle du Groupement d’Intérêt Public.
3.0 Création d’un Groupement d’intérêt public (GIP)
3.1 Les « Clippers de Normandie » ont étudié les différents types d’armement et c’est Yvon Menguy, trésorier de l’association et magistrat à la Chambre régionale des comptes de Haute-Normandie », qui a proposé de créer un Groupement d’intérêt Public (GIP) pour armer les navires.
Compte-tenu de la présence de partenaires publics et privés, et de l’intérêt général du projet, le GIP est effectivement une structure parfaitement adaptée à une école de voile de haute mer.
C’est d’ailleurs la structure retenue pour faire naviguer le « Marité », le dernier terre-neuvier français en état de prendre la mer.
3.2 Le GIP « Marité »
Les membres du GIP « Marité » sont : Les Amis du Marité, la Fondation du patrimoine maritime et fluvial, la Ville de Fécamp, la Ville de
Granville, la Ville de Saint-Vaast-la-Hougue, le Conseil général de la Manche et la communauté d’agglomération Seine-Eure.
3.3 L’expérience du « Marité » et la création d’un Groupement d’intérêt public.
La sauvegarde du « Marité », et la création du GIP « Marité », est une magnifique opération de sauvegarde d’un ancien voilier.
L’expérience acquise dans l’armement de ce navire permettrait d’avoir une base solide pour passer à un projet beaucoup plus ambitieux : le financement, la construction et l’armement d’un trois-mâts à but éducatif.
Le navire, une fois construit par le Fonds de dotation, serait mis à disposition du GIP pour les navigations.
C’est la troisième proposition : créer un Groupement d’intérêt public pour armer un grand voilier-école.
4.0 Création d’une Fondation
Le but de cet opuscule est de faire un ensemble de propositions qui permettront d’obtenir un coût de construction et d’armement d’un grand voilier-école le plus faible possible pour la Région Normandie.
4.1 L’intérêt d’une Fondation
Si un Fonds de dotation permet d’avoir un coût extrêmement faible pour la construction d’un voilier ce sera grâce à une décision du ministère des finances qui estimera que la perte de recette sera contrebalancée par les effets économiques, humains et touristiques conséquentes de cette nouvelle activité.
Mais il restera à financer les journées de navigation et cela pourrait être fait, en partie, par une Fondation.
A titre d’exemple c’est une Fondation qui permet au « Statsraad Lehmkuhl », voilier-école norvégien, ainsi qu’au « Lord Nelson » et au « Tenacious », voiliers-écoles britannique, de naviguer à prix réduit pour les stagiaires.
4.2 Création d’une Fondation
Une Fondation présente une structure plus classique que le Fonds de dotation et permettra plus facilement, à partir du moment où elle sera reconnue d’intérêt public, de financer des navigations.
Les donateurs pourront alors bénéficier d’un quitus fiscal.
La quatrième proposition est la création d’une Fondation destinée à financer les jours de mer.
4.3 Une « usine à gaz » ?...
On pourra objecter que modifier la réglementation fiscale, puis créer un Fonds de dotation, créer un Groupement d’intérêt public et ensuite créer une Fondation, représente une véritable « usine à gaz » juridique et fiscale.
Malheureusement, ce sont les seules solutions, à ma connaissance, pour construire un grand voilier-école et l’exploiter à des coûts faibles à très faibles pour la Région Normandie.
5.0 Quel type de grand voilier-école ?...
Si l’on veut réaliser une étude pour la construction d’un grand voilier-école à un coût très modique, il faut s’en tenir à ce qui est disponible sur le marché car l’élaboration de plans par une société d’architecture navale est loin d’être gratuite.
Aussi, je vais proposer deux types de voiliers, l’un de 85 mètres de longueur de coque, l’autre de 60 mètres, de construction récente.
5.1 Le « Cisne Branco » et le « Stad Amsterdam »
Le « Cisne Branco », qui signifie en portugais "Cygne Blanc", est une réplique des ‘Clippers extrêmes’ du milieu du XIXèm siècle qui participaient chaque année à la fameuse course du thé vers l’Asie.
Il a été livré à la Marine brésilienne, en janvier 2000, par le chantier naval Damen Oranjewerf d’Amsterdam, et possède un sister-ship, le « Stad Amsterdam », lancé en 1998 pour le Millénium.
Le « Cisne Branco », et son sister-ship le « Stad Amsterdam », ont pour designer le bureau d’études Gérard Dijkstra & Partners basé à Amsterdam.
Si les formes de ces deux voiliers ne sont pas aussi extrêmes que celles de certains clippers américains de la grande époque, elles n'affichent pas une différence fondamentale par rapport aux meilleurs marcheurs des années 1860 et restent proches, par exemple, de celles du fameux clipper du thé « Thermopylae ».
Les caractéristiques du « Cisne Branco » (et du « Stad Amsterdam ») sont les suivantes :
Longueur entre perpendiculaires : 55,84 m;
Longueur au pont : 60,50 m;
Longueur hors tout : 78 m;
Largeur max. : 10,50 m;
Tirant d'eau : 4,8 m;
Tirant d'air max : 46,50 m;
Déplacement : 1038 tonnes;
Vitesse au moteur : 11 kt;
Vitesse sous voile max : 17,5 kt.
Le navire est aussi équipé d’un moteur principal de 1014 CV, et d’un propulseur d'étrave de 420 CV.
Conformément à la tradition, toutes les voiles carrées sont rentrées par l'intermédiaire de cargues classiques car les systèmes modernes à rouleaux ne sont pas de mise sur le « Cisne Branco » qui reste un voilier authentique, de la grande époque de la Marine à voile.
Le « Cisne Branco » porte jusqu'à 2200 m2 de toile, pour 31 voiles, et sa vitesse maximale est de 17,5 nœuds; ce qui correspond aux meilleures performances des anciens clippers.
Les études informatiques, contrôlées par le bureau du Lloyd's de Londres, ont permis de calculer les efforts supportés par le gréement en fonction des différentes allures et conditions de navigation.
Les bas-mâts et le beaupré sont en acier tandis qu'un aluminium spécial a été choisi pour les mâts de hune, les mâts de flèche, le bout-dehors et les vergues.
Afin de réduire les frais d'entretien, nombre de ferrures sont réalisées en acier inoxydable, tout comme les étais des voiles d'avant, tandis que le reste du gréement dormant est en câble d'acier galvanisé.
Pour éviter les risques d'électrolyse entre ces différents matériaux, les constructeurs ont utilisé diverses matières isolantes telles que le caoutchouc et le nylon.
Le poids de l'appareil propulsif et celui des aménagements intérieurs correspond au poids d'une cargaison de thé embarqué sur un clipper comme le « Cutty Sark », dont les dimensions sont sensiblement les mêmes que celles du « Cisne Branco ».
Pour que l'extérieur du navire présente l'aspect d'une construction métallique traditionnelle, les œuvres mortes sont bordées à clin et des tôles de 1,20 mètre de large, au lieu de 2 mètres standard, ont été laminées.
Le « Cisne Branco » est destiné à la formation des équipages de la Marine brésilienne.
Il est équipé pour 8 officiers, 12 marins professionnels et 58 midships.
C’est un voilier remarquable qui bat régulièrement tous ses concurrents dans les courses de grands voiliers en raison de la puissance de sa voilure et de ses caractéristiques hydrodynamiques.
Le « Stad Amsterdam » fait régulièrement escale au Havre et à Rouen et il est aisé de l’évaluer sachant qu’il organise des croisières au départ des ports européens.
Le prix à la construction est disponible auprès de l’architecte naval Gérard Dijkstra & Partners.
Il doit être compris entre 35 millions et 40 millions d’euros, en fonction des finitions et aménagements.
5.2 « Shabab Oman II »
Il est aussi possible de construire un voilier un peu plus grand, si les besoins s’en font sentir.
De la même façon, je ne peux que recommander de prendre comme modèle de bateau, pour une première-étude, un navire récent et destinée à la navigation océanique en équipage.
A ma connaissance, le seul grand voilier-école de plus de 80 mètres construit récemment est le « Shabab Oman », voilier-école de la Marine d’Oman.
Le « Shabab Oman II », un grand trois-mâts de 87 mètres, a été livré le 12 septembre 2013 par le chantier Damen de Flessingue, aux Pays-Bas. Son port d’attache est Mascate.
Armé par un équipage de 58 marins, il peut accueillir 34 cadets.
« Ce nouveau navire naviguera sur tous les océans, sur lesquels il portera un message de paix et d’amitié », a déclaré le commandant Khalifa, de la marine du sultanat d'Oman.
Doté d’un gréement inspiré de celui des grands clippers du XIXème siècle, le « Shabab Oman II » dispose de trois mâts de 50 mètres de haut, fabriqués en acier et en aluminium.
La surface totale de la voilure est de 2700 m2. Son design a été développé par le cabinet d’architecture navale Gerard Dijkstra, spécialisé dans les grands voiliers.
Sa coque en acier a été construite aux chantiers Damen de Galati, en Roumanie. Elle a ensuite été remorquée à Flessingue où elle a reçu son gréement et son plan de voilure, divisée en 28 voiles.
Des essais en mer ont été réalisés avec l’aide d’une partie de l’équipage du « Stad Amsterdam » qui a pu constater que le navire se comportait bien à la mer. « Il est également capable de mieux remonter au près que ses prédécesseurs, grâce aux innovations mises en place pour lui par Dijkstra », précise Arnold Both, qui a supervisé le projet chez Damen.
Ce navire doit pouvoir être évalué à Mascate mais les coûts de déplacement risquent de rebuter les responsables d’une étude.
Dans un premier temps il est possible d’évaluer le « Statsraad Lehmkuhl », voilier-école norvégien basé à Bergen et très proche par ses caractéristiques du « Shabab Oman ».
La cinquième proposition est de prendre contact avec le cabinet de design Gerard Dijkstra à Amsterdam afin de connaître les coûts à la construction de ces deux navires.
Le coût à la construction d’un tel navire doit être compris entre 45 millions et 50 millions d’euros.
6.0 L’Enseignement supérieur, les lycées et collèges, et le développement des relations interrégionales.
Lorsqu’un avant-projet sera rédigé par la Région, il sera nécessaire de démarcher les établissements de l’enseignement supérieur afin de savoir combien d’entre eux seront prêts à participer à des navigations le long des côtes européennes et en transatlantique.
Car l’une des grandes difficultés sera d’assurer un remplissage et une rentabilité du projet tout au long de l’année sachant que les mois d’hiver seront le moment de navigations vers les Antilles, la Guyane, et même plus loin.
6.1 Un « Erasmus maritime »
L’intérêt de ce projet est de pouvoir créer une forme « d’Erasmus maritime » où des étudiants de différentes nationalités embarqueront sur le voilier tout en suivant une partie de leur cursus universitaire.
Il sera souhaitable, avant de se lancer dans l’aventure, de connaître l’avis des directeurs d’études mais aussi des étudiants eux-mêmes.
Si une liste des établissements intéressés (ex : ESC Le Havre et ESC Rouen) pourra être établie en quelques mois, il faudra aussi commencer à réfléchir sur les régions européennes avec lesquelles il sera possible d’établir des relations régulières.
C’est la partie la plus intéressante du projet : définir les écoles européennes et les régions associées qui permettraient un développement de nouvelles relations entre régions maritimes européennes.
A une époque où toutes les craintes deviennent possibles, y compris l’éclatement de la zone euro, et même de l’Union européenne, cet aspect pourrait apporter un nouveau type de développement interrégional vigoureux en phase avec la tendance actuel d’autonomie de plusieurs régions (ex : Ecosse).
Pourquoi ne pas créer un partenariat privilégié, par exemple, avec Dublin, Glasgow, Hambourg, Copenhague, Malmö, Oslo, St-Pétersbourg, et leurs régions ?...
Une multitude de possibilités vont apparaître sachant que l’espace maritime européen est l’un des plus beaux et des plus vastes de la planète.
6.2 Les Caraïbes, la Polynésie, la Réunion et la Nouvelle-Calédonie
Notre pays possède la deuxième surface maritime de la planète et les possibilités de navigation sont remarquables.
Des partenariats privilégiés peuvent être développés avec la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, pour assurer la rentabilité du navire pendant l’hiver.
Il faut simplement développer un projet et voir quel est l’intérêt des élus des régions ultramarines de notre pays pour avoir une idée des besoins.
6.3 Les tours du monde
Le type de navire retenu a des capacités de tour du monde.
C’est l’ensemble de la planète qui devient accessible pendant la « belle saison ».
Il est possible d’envisager des tours du monde qui permettront de faire des escales dans des ports situés en Asie, en Amérique du Nord et du Sud. Des ports qui pourraient être prêts à développer un partenariat culturel dans le sens d’un « Erasmus global ».
L’effort financier est tout à fait admissible pour de nombreuses régions riches de « l’autre bout du monde » qui cherchent à développer leurs relations internationales et leur influence.
6.4 Les collèges et lycées.
De la même façon qu’il sera souhaitable d’avoir le sentiment des enseignants et des élèves de l’Enseignement supérieur sur ce projet, il est aussi nécessaire de démarcher les collèges pour connaître l’intérêt des plus jeunes et leur volonté d’embarquer pour telle ou telle destination.
La sixième proposition est de démarcher, lorsque le projet sera déjà bien avancé, les établissements universitaires et scolaires de la région ainsi que les régions européennes et ultramarines de l’Union européenne afin de définir le « marché ».
7.0 L’action sociale
7.1 Navigations thérapeutiques
Dans le courrier du 1er août dernier, j’ai développé l’aspect navigations thérapeutiques pour des personnes en « crise existentielle ».
La référence est le Centre de soins en milieu maritime des Sables-d’Olonne qui a été créé par le docteur Pierre PENNEC.
Cet aspect ne doit pas être sous-estimé ; il y a déjà des patients et des soignants qui embarquent chaque année sur des voiliers lors des régates de « Voile-en-tête ».
La Région Normandie est à la pointe de cette activité avec un service dédié de l’EPSM (Etablissement public de santé mentale) de Caen
L’Activités Physiques et Sportives Intersectorielles (APSI) « Sport à l’hôpital » de l’EPSM de Caen, adhérente de l’association Sport en tête, a été l’écho de nombreux témoignages de soignants ayant participé au séjour thérapeutique « voile en tête » ou à son organisation.
En octobre 2014, l’activité Voile a été inscrite dans un projet de soin grâce à la volonté du Dr Caroline AGOSTINI, de soignants et du partenariat avec la Ville de Caen.
7.2 Les jeunes marginalisés des « no-go zones »
De la même façon qu’il est possible de restructurer mentalement des personnes en état de souffrance mentale, il est possible (pas toujours) de restructurer des jeunes vivant dans des zones de « non-droit » et qui risquent de suivre les premiers cinglés venus.
Il est nécessaire de ce côté-là d’évaluer les besoins lorsque le projet sera suffisamment avancé.
La septième proposition est d’évaluer les besoins pour les navigations thérapeutiques ainsi que pour les jeunes marginalisés.
- 8.0 Etablissement d’un compte d’exploitation prévisionnel
A partir du moment où le type de navire sera choisi, que nous saurons si le projet est retenu par l’Ecole Nationale Supérieure Maritime, par d’autres établissements de l’enseignement supérieur, par des lycées et collèges, et qu’il devrait intéresser des régions européennes et ultramarines, il sera possible d’envisager d’établir un bilan d’exploitation prévisionnel.
Il faudrait peut-être se rapprocher du « GIP Marité » qui a l’expérience de la gestion d’un voilier…
La huitième proposition est de rechercher une société de comptabilité capable d’établir un bilan d’exploitation prévisionnel.
9.0 Un ambassadeur pour la Normandie
Un grand voilier-école serait un magnifique ambassadeur de la Région Normandie, de son dynamisme, de son ouverture sur l’Europe et les autres régions du monde.
C’est un projet magnifique, et notre région serait la première en Europe à se lancer dans l’aventure.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
Jean-Charles DUBOC
nice job j charles , que ce projet aboutisse , avec mes vœux de rétablissement amts
Rédigé par : gilles | 04 janvier 2017 à 19:00
Salut Gilles !...
Heureux de te voir sur mon blog !..
Cela me fait revenir 40 ans en arrière alors que nous étions élèves-pilotes à St-Yan.
J'avoue que je revivrais bien cette époque car piloter un Falcon 20 à 23 ans c'est quand même extraordinaire... Quelle machine !....
Ce projet de voilier est l'aboutissement de deux décennies d'effort.
Je tiens cela de ma famille de marin mais aussi du fait que parcourir la planète pendant 25 ans aux commandes d'avions de ligne apporte une dimension planétaire à la vue du monde.
Enfin, Hervé Morin et son équipe ont les clés pour faire le projet.
Rien de bien difficile si l'on a le pouvoir.
Amitiés
Jean-Charles
Rédigé par : JEAN-CHARLES DUBOC | 10 janvier 2017 à 15:29
Beaucoup mieux !
Merci pour tous ces efforts !
J'aime bien le point "9.0".
Pour peu que l'équipage prévoit de surfer sur internet avec de petits-films reportage à diffuser dans les lycées, ékoles et chez les partenaires, ça peut devenir "viral"...
Bien à vous !
I-Cube
Rédigé par : I-Cube | 10 janvier 2017 à 16:39
Bien sûr !...
Mais c’est un peu tôt car dépendant de la possibilité de faire évoluer la réglementation fiscale.
Dans un deuxième temps, il suffira, effectivement, que les médias et journaux locaux s’emparent du projet et le présentent au public par des exemples comme le « Statsraad Lehmkuhl » de Bergen ou le voilier « Europa » qui chaque année fait un voyage en Antarctique.
Bien à vous !...
Haddock
Rédigé par : JEAN-CHARLES DUBOC | 12 janvier 2017 à 23:13