Le projet Euroclippers a retenu l’attention du Secrétariat général de la Mer et il a été présenté à l’École Navale le 23 avril 2009 sur demande du Premier Ministre.
La Fondation Euroclippers aura notamment pour objectif le financement et l’armement de grands voiliers-écoles destinés à la formation maritime des élèves de l’École Navale ainsi que ceux de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM) et des lycées maritimes professionnels.
Tout d’abord, il faut souligner que le financement des voiliers-écoles proposés sera assuré par les dons des Français à la Fondation Euroclippers.
Je rappelle que les quatre voiliers retenus sont pour l’instant : le « Tarangini », voilier-école de la Marine indienne ; la goélette « Atlantic », qui a détenu le record de la traversé de l’Atlantique pendant 75 ans ; le « Cisne Branco », voiler-école de la Marine brésilienne ; et le « Statsraad Lehmkuhl », voilier-école norvégien.
Une flotte de grands voiliers-écoles mis à la disposition de la Marine Nationale, de l’ENSM ( les « Hydros ») et des lycées professionnels maritimes, par la Fondation Euroclippers, permettrait de réaliser des économies d’échelle tout en leur permettant d’avoir des navires prestigieux chaque année, pendant quelques semaines, ou quelques mois ; ce qui est inaccessible à l’heure actuelle.
Ainsi, les lycées professionnels maritimes pourraient utiliser une goélette « Atlantic », ou tout autre voilier, à tour de rôle ; ce qui permettrait de naviguer à bord de magnifiques voiliers inabordables pour l’Éducation nationale.
De la même façon, l’ENSM ne peut pas armer deux trois-mâts barques, l’un pour l’Atlantique et la Manche, l’autre pour la Méditerranée, en raison de coûts d’armements exorbitants ; et il en est de même pour la Marine Nationale qui a d’autres urgences.
La Fondation Euroclippers permettra de réduire sensiblement la charge financière des Écoles car l’affectation des voiliers sera temporaire et adaptée aux besoins de chacun. Une économie bienvenue au moment où les budgets de la Défense, de l’Éducation Nationale, du ministère de l’Écologie (pour l’ENSM), et des collectivités territoriales, sont plus que serrés.
Un exemple avec deux « Statsraad Lehmkuhl »
Il y a plusieurs types de voiliers-écoles qui pourraient intéresser nos écoles maritimes, mais je vais me limiter à une hypothèse unique : celle de l’affectation de deux « Statsraad Lehmkuhl » à la Marine Nationale, aux « Hydros », et aux lycées maritimes professionnels.
Une étude qui est adaptable bien sûr à d’autres types de voiliers.
Et en essayant aussi de répondre à ces questions : pour quels besoins, à quel coût, avec quelle structure juridique, et avec quels financement et subventions ?...
La Marine Nationale
La Marine emploie plus de 40 000 personnes. Son budget annuel était de 5,8 milliards d'euros en 2008. Elle se place au 5e rang mondial des marines militaires.
Elle est appelée familièrement « La Royale », peut-être parce qu'avant d'être impériale, ou nationale, elle a été royale et qu'on lui prête un attachement nostalgique à la monarchie (Wikipédia)
Différentes écoles de la Marine Nationale pourraient être intéressées par la mise à disposition de grands voiliers-écoles par la Fondation Euroclippers.
L’École Navale
L’Ecole navale et le Groupe des Ecoles du Poulmic sont installés sur la base de Lanvéoc, en face de Brest :
1/ L’Ecole Navale assure la formation initiale des officiers de marine d’active : 1500 élèves par an et 25 formations délivrées.
L’École forme les futurs chefs de la Marine nationale qui assumeront très vite des responsabilités importantes à bord des navires, des sous-marins, des aéronefs et des commandos.
Un officier de marine, c’est un ingénieur, un marin, et un chef militaire.
2/ L’Ecole Militaire de la flotte (EMF) accueille les formations dites courtes (inférieures à un an) des officiers de la marine.
Elle a été créée par la loi du 20 décembre 1969 pour délivrer une formation adaptée aux officiers de marine ou officiers spécialisés de la marine issus du recrutement interne. Sa section « officier de marine » a été intégrée en 2002 à l’Ecole navale en qualité de recrutement interne.
3/ Les cours des métiers du marin forment principalement les officiers mariniers et équipages des spécialités à dominante nautique (navigateurs-timoniers, manœuvriers, guetteurs sémaphoriques).
Cet ensemble assure la formation initiale de la plupart des officiers de la Marine et constitue le point de passage obligé de tout le personnel équipage des spécialités à dominante nautique. L’Ecole navale s’enrichit ainsi de la présence des différentes écoles implantées sur le même site, réunies autour d’une vocation : former à la navigation et à la manœuvre.
La pratique de la voile à l’École Navale participe directement à la formation maritime des élèves.
Elle est organisée pour deux objectifs :
. L’instruction de base qui donne aux élèves un minimum de sens marin.
. La participation à des régates dans le cadre du club sportif, section voile.
Les installations de l’école permettent de caréner les navires et d’en refaire le gréement. La voilerie de l’école dessine, coupe et assemble des voiles spécifiques à l’école, dont certaines conçues sur place. (Source : École Navale).
D’autres écoles et établissements de la Royale pourraient aussi être intéressés par l’embarquement de leurs stagiaires à bord de grands voiliers-écoles :
4/ L’Ecole de manœuvre et de navigation (EMN), école d’équipage héritière de l’école des gabiers et qui est chargée de la formation de l’ensemble des spécialités à dominante nautique. Elle accueille aujourd’hui environ 500 élèves.
5/ L’Ecole des mousses , qui, vingt et un ans après sa fermeture en 1988, a ré-ouvert ses portes à Brest, en septembre 2009, sur le site du Centre d'instruction naval(CIN) avec 150 garçons et filles de 16 à 17 ans.
6/ L’Etablissement Public d’Insertion de la Défense (EPIDE)
La mission de l'EPIDE est d'assurer l'insertion sociale et professionnelle de jeunes, âgés entre 18 et 22 ans, en difficulté scolaire, sans qualification ni emploi, en risque de marginalisation, et volontaires au terme d'un projet éducatif global. Les besoins sont importants car les journées d’appel de préparation pour la défense (JAPD) permettent d’identifier chaque année environ 60 000 jeunes en difficulté sur 800 000.
La possibilité d’embarquer à bord de grands voiliers serait extrêmement gratifiante pour ces jeunes qui ont besoin d’être reconnus, d’avoir une responsabilité sociale, de découvrir un milieu fort, et, en fait, de trouver une nouvelle famille capable de les structurer d’une façon saine.
7/ D’autre part la Marine Nationale a commencé à développer un Erasmus des Écoles Navales.
En effet, à l’initiative du Contre-amiral Pierre Soudan, directeur de l’École Navale, dix-sept commandants des plus grandes écoles navales européennes et américaines se sont rassemblés à Lanvéoc, le 11 avril 2008, en vue de développer la coopération entre leurs écoles.
Tous les pavillons des nationalités présentes ont alors été hissés sur le mât.
Une raison supplémentaires pour avoir des voiliers prestigieux afin de développer la coopération entre les grandes écoles navales européennes, américaines, mais aussi d’Amérique du Sud et d’Asie.
Car qu’avons-nous pour l’instant à proposer ?...
En conclusion, les besoins de formation au sein de la Marine Nationale sont considérables et présentent une opportunité important pour la mise à disposition de grands voiliers-écoles par la Fondation Euroclippers.
Vidéo « les cadettes de la Marine allemande à bord du Gorch Fock »
L’Ecole nationale supérieure maritime (ENSM)
La formation des officiers de la marine marchande, pont et machine, est assurée par l’Ecole Nationale Supérieure Maritime qui est composée des quatre « Hydros » du Havre, de Saint-Malo, de Nantes et de Marseille.
La plus ancienne « Hydro » est celle de Saint-Malo. Elle puise ses origines en 1669 avec la décision de Colbert, ministre de la marine, de créer une Ecole royale d’hydrographie. L’établissement est situé intra-muros et bénéficie d’une vue superbe sur la baie de Saint-Malo, du cap Fréhel au cap de Rothéneuf.
Parallèlement à l’ENSM se trouve douze lycées professionnels maritimes qui sont orientés principalement vers la pêche maritime et l’aquaculture. Ils assurent aussi des formations de marins du commerce et des formations maritimes continues courtes.
L’ENSM et les lycées professionnels maritimes assurent de plus la formation à la plaisance professionnelle depuis l’application du décret Fouliard-Thomas, du 22 avril 2005, qui permet aux jeunes Officiers et marins de la filière Yachting professionnel (Gepy) d’avoir un déroulement de vie professionnelle véritablement structuré.
La Marine marchande connait une grave crise due à une pénurie de navigants puisqu’en 2008 le déficit de navigants était estimé à 600 officiers en France, et à 4000 au niveau européen…
La pénurie de navigants : une crise mondiale
« La demande en officiers et marins qualifiés excède aujourd'hui largement l'offre et génère de fortes difficultés de recrutement pour les armements du monde entier: au niveau mondial les dernières estimations de l'ISF ont été revus à la baisse depuis 2000, mais font néanmoins état d'un manque de 10 000 officiers en 2005 (soit 2 % de l'effectif mondial évalué à 466000) et d'une prévision de 27000 officiers manquants en 2015.
Ce manque d'officiers et de marins qualifiés a une double conséquence.
D'une part, en terme de sécurité quand on sait que 80 % des accidents sont dus à des erreurs humaines. Il faut souligner que le personnel navigant des pays du tiers monde est en général moins bien formé que le personnel européen.
D'autre part, comme menace sur la qualité du recrutement terrestre des entreprises maritimes et para-maritimes, car elles ont un besoin crucial des compétences des anciens navigants (plus de 30 000 emplois en France) qui y font traditionnellement leur 2ème carrière : services à terre des compagnies, ports, écoles, assurances, banques, courtiers, bureaux d'études, cabinets d'avocats, sociétés de classification, travaux publics maritimes, médias, etc…
Dans un marché du travail mondialisé, le haut niveau de qualification et la réputation de fiabilité des officiers européens de niveau direction (capitaines, chefs et seconds) leur assurent une part élevée des emplois à bord des navires de la flotte mondiale (46,5 %).
Les pays de l'UE ont ainsi du mal à tirer parti de la croissance continue du trafic maritime mondial depuis vingt ans et voient diminuer leurs parts du marché mondial. Ainsi pour satisfaire aux standards de qualité et de sécurité de leurs industries maritimes, les pays de l’UE se heurtent aujourd'hui aux limites de politiques d'emploi et de formation insuffisamment prospectives et volontaristes pour maintenir les compétences indispensables à leur compétitivité: faiblesse du nombre d'officiers formés, manque d'emplois pour les jeunes officiers, freins à la promotion sociale, baisse d'attractivité, sorties prématurées de la profession et vieillissement de la population des officiers.
Cette évolution compromet à court et moyen terme les possibilités de relève des officiers et des marins qualifiés qui quittent la profession ou partent à la retraite. Le problème est donc non seulement d'attirer des jeunes et de bien les former, mais aussi d'arriver à les garder ». Source : « Emploi et formations maritimes au commerce » du bureau GM1 de la direction des affaires maritimes dirigée par Marc Fouliard.
La gravité de la situation est telle que certains armateurs ne peuvent plus immatriculer leurs navires sous pavillon français faute de trouver les officiers français pour les commander.
C'est également ce que note le rapport établi par le Cluster Maritime Français, selon lequel l'une des manifestations, inquiétante, de cette pénurie, est le « dépavillonnement » forcé de certains navires de compagnies françaises en raison du manque d'officiers.
La pénurie d’officiers au niveau mondial pose aussi de redoutables problèmes de sécurité maritime en raison de l’accroissement de la taille des navires qui deviennent gigantesques.
Bien que la crise économique ait modifié sensiblement la situation depuis 2008, le problème redeviendra crucial avec la reprise de la croissance.
Des flottes de navires géants
La course au gigantisme des navires actuels apporte de nouvelles contraintes technologiques, juridiques et humaines, car les nouveaux pétroliers et porte-containers dépassent largement les 300 mètres de long tandis que les derniers paquebots, comme le Genesis de RCCL construit à Saint-Nazaire, embarquent plus de 5.000 personnes.
La perte d’un porte-containers de 15.000 containers EVP (équivalent 20 pieds) se chiffrerait autour du milliard d’euros tandis que celle d’un paquebot pourrait atteindre 3 milliards d’euros.
La responsabilité des officiers de la marine marchande devient ainsi de plus en plus importante et il est indispensable que le niveau de formation soit excellent afin de garantir un niveau de sécurité très élevé sur l’ensemble des mers.
Ainsi un important effort portant sur l’amélioration des programmes de formation des officiers de la marine marchande est nécessaire pour attirer les meilleurs étudiants et les garder.
Le cas particulier du Danemark
La compagnie maritime danoise Maersk, première compagnie de porte-containers de la planète avec 470 navires, forme ses équipages au SIMAC (Svendborg International Maritime Academy) en partenariat avec l’autorité maritime danoise.
Il faut souligner que le Danemark est le seul pays européen qui n’a pas de pénurie d’officiers de la Marine marchande. Ceci est dû à un investissement de longue date de la part de l’Etat danois mais aussi des compagnies maritimes qui ont compris l‘intérêt vital de participer activement à la formation des équipages.
Mais il y a un autre facteur qui doit être pris en compte : c’est le choix d’assurer une partie de la formation des officiers et marins sur un trois-mâts barque, le Danmark, qui rend la formation maritime très attractive
Il semble souhaitable de s’inspirer de cet exemple de formation à bord d’un grand voilier-école et de l’inclure dans le cursus de formation de ENSM car il apportera aux « Hydros » une image prestigieuse évoquant l’aventure maritime ; c'est-à-dire motivante pour les jeunes.
La navigation sur ce type de voilier serait tout à fait adaptée à nos élèves officiers mais aussi aux lycéens qui suivent un enseignement maritime professionnel.
Vidéo « Dans la mâture du Stad Amsterdam »
Les lycées professionnels maritimes (LPM)
L'équipage d'un navire comprend un capitaine, des officiers pont et machine, et du personnel d'exécution.
Les métiers sont divers: matelot, mécanicien, électricien, pompiste... Dans le langage du marin, on parle en général de service "pont" et de service "machine". Le service pont s'occupe de la navigation, de l'entretien peinture, de l'amarrage, de la cargaison. Le service machine s'occupe de la conduite et de l'entretien des machines de propulsion, de production d'électricité, des apparaux de pont, grues, pompes, etc... Ces deux métiers de base peuvent être réunis dans une fonction "polyvalente".
Aujourd’hui ces compétences sont définies au niveau international par la convention STCW95 et nul ne peut exercer à bord des navires de commerce s’il ne possède les aptitudes et les qualifications correspondant à la fonction exercée.
Les futurs marins sont formés dans douze Lycées Professionnels Maritimes dispensant des formations préparant à la marine marchande.
Ces écoles délivrent des Brevets d'Etudes Professionnelles Maritimes (BEPM), et deux Baccalauréats professionnels, l'un de Conduite et Gestion d'Entreprise Maritime (Bac pro CGEM ), l'autre d'Electromécanicien Marine (Bac pro EM).
Des lycées dont les élèves pourraient tirer le plus grand profit d’une navigation océanique à bord d’un grand voilier-école.
Mais quelle est la structure la plus adaptée pour armer deux trois-mâts barques pour les « Hydros » et les lycées maritimes ?...
La création de deux groupements d’intérêt public (GIP)
L’armement de deux « Statsraad Lehmkuhl » pour l’ENSM, et les lycées professionnels maritimes, demande une structure juridique qui permette un partenariat public/privé.
Le Groupement d’Intérêt Public (GIP) est la structure la mieux adaptée à cet objectif.
Le GIP est une personne morale de droit public dotée d’une structure de fonctionnement légère et de règles de gestion souples. C’est un partenariat entre au moins un partenaire public et des organismes privés ayant un objectif déterminé. Le groupement d'intérêt public a une mission administrative ou industrielle et commerciale. Il met en commun un ensemble de moyens et existe pour une durée limitée.
Un exemple : Le « Marité », dernier trois-mâts goélette terre-neuvier français, a été sauvé grâce à la création du GIP Marité.
Les membres du « GIP Marité » sont : Conseil général de la Manche, Ville de Fécamp ; Communauté d'agglomération Seine-Eure ; fondation du Patrimoine Maritime Fluvial ; Association pour le retour du Marité en Normandie ; Association des amis de la fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial ; avec le soutien financier du Conseil régional de Haute-Normandie et du Conseil général de Seine-Maritime ainsi que de Total.
L’expérience des partenaires du « GIP Marité » permet d’envisager la création d’un « GIP Hydro le Havre » qui rassemblerait par exemple : La Fondation Euroclippers, le Ministère de l’Écologie (au titre de l’ENSM) ; le Ministère de la Défense (pour le détachement de volontaires aux armées) ; la ville du Havre ; le Conseil Général de la Seine Maritime ; la Région Haute-Normandie.
De la même façon un « GIP Hydro Marseille » pourrait être créé dans la cité phocéenne pour former les élèves de l’Hydro Marseille. Les « Hydros » de Saint-Malo et de Nantes, ainsi que les lycées professionnels, pourraient bien sûr être membres de ces GIP.
Les officiers de ces voiliers pourraient être d’anciens de la Royale car les équivalences de brevets sont maintenant possibles entre la Marine marchande et la Marine nationale.
Le partenariat entre l’Ecole navale et les ENSM est déjà une réalité puisque deux partenariats-voile ont été lancés entre l’Ecole Navale et « l’Hydro Marseille ». Le premier concerne un équipage mixte et le deuxième consiste en l'accueil d’élèves de la marine marchande sur un monotype « J/80 » de l'Ecole navale lors de son traditionnel Grand Prix de l'Ecole navale en rade de Brest.
Cette coopération se développerait d’une façon encore plus forte avec la construction de grands voiliers-écoles du type « Statsraad Lehmkuhl » pour les « Bordaches » et les « Hydros » qui seraient ainsi formés sur le même type de navire
Charges d’armement
Les charges équipages sont plus faibles pour deux navires.
En effet, si, pour un navire unique, il faut deux équipages ; pour deux navires, il faut seulement trois équipages…
Ceci en comptant une moyenne annuelle de 220 jours de mer par équipage ; ce qui représente une économie de près de 30% de charge équipage pour chaque voilier.
Les charges d’armement annuel d’un grand voilier comme le « Statsraad Lehmkuhl » peuvent être définies avec précision car ce voilier est très proche du « Gorch Fock », voilier-école de la Marine allemande.
L’École Navale a développé des échanges depuis quinze ans avec la Deutsche Marine et il devrait être possible d’obtenir des informations sur les charges équipages ; les assurances ; les vivres ; les équipements individuels (habits, harnais) ; la consommation annuelle de gas-oil ; la périodicité du changement des voiles et des manœuvres ; les taxes et charges portuaires ; les frais de représentation ; les réparations ; etc…
Pour une première approximation, il faut savoir que toutes ces charges représentent annuellement environ 15% du prix neuf d’un voilier-école.
Si la Marine allemande a eu les moyens d’armer pendant 50 ans le « Gorch Fock », nous devrions pouvoir faire pareil, et même mieux, si l’on prend en compte les besoins de la Royale et le développement de la coopération entre les Marines de la planète.
Des matelots et officiers « volontaires des armées »
Les risques inhérents à la navigation à bord d’un grand voilier (ex : grimper dans la mâture) nécessitent un équipage nombreux afin que les stagiaires soient encadrés dans les meilleures conditions de sécurité. Mais ceci augment considérablement les charges équipages qui doivent être aussi faibles que plus possible.
Une réduction non négligeable des charges équipages devrait être possible si des « volontaires des Armées » embarquent en tant que matelots ou officiers.
Une solution qui est bien sûr à développer entre les partenaires.
Vidéo de Présentation du « Statsraad Lehmkuhl »
Les différentes subventions
Il faut souligner que des navigations communes avec des élèves officiers étrangers devraient bénéficier des fonds européens, au titre d’Erasmus, ou encore des fonds de l’OTAN au titre de la formation et des échanges interarmées dans le cadre du développement de la coopération internationale.
A titre d’exemple, le nouveau secrétaire général de l'OTAN, et ancien Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a affirmé le lundi 4 avril 2009, à Istanbul, sa volonté de développer la coopération et les échanges avec le monde musulman.
Je dois souligner que des grands voiliers du type « Statsraad Lehmkuhl » (ou autre) permettraient de développer les échanges avec les Marines des pays musulmans. Faut-il souligner que dans la religion musulmane « Le trône de Dieu était sur l’eau » (la mosquée de Casablanca est construite au-dessus de la mer pour cette raison) et que la navigation à bord de grands voiliers pourrait être prisée par les jeunes Musulmans?...
Mais il est à souligner que l’enseignement dispensé à bord doit l’être dans un environnement laïc qui exclu toute distinction religieuse. De plus, les adolescentes et les jeunes femmes devront être partie intégrante des équipages.
Le développement d’un « Erasmus des Écoles Navales » devrait pouvoir être financé en partie par des programmes internationaux, civils et militaires, et rendre ainsi ce projet particulièrement attractif pour la Marine Nationale.
IL y a d’autre part de nombreuses autres possibilités de subventions qui pourraient apparaître comme celle du Programme européen Interreg qui favorise le développement des relations entre les Régions européennes.
La possibilité de bénéficier de subventions par les ports et les régions visitées lors des escales ne doit pas être négligée car les collectivités territoriales tirent un bénéfice touristique certain lors de la présence de grands voiliers.
CONCLUSION
Je vous ai présenté un ensemble de propositions (liste non exhaustive) qui méritent, bien sûr, un développement approfondi, mais l’intérêt manifesté par l’Amiral Pierre Soudan, ainsi que par les officiers responsables de l’enseignement à l’Ecole Navale, en 2009, rend tout à fait possible d’envisager la construction de deux « Statsraad Lehmkuhl » destinés à la Marine Nationale, à l’ENSM, et aux Lycées professionnels maritimes.
De plus, la construction de deux grands voiliers-écoles, accessibles aux jeunes Français, et aux jeunes Françaises, serait extrêmement bien perçue par le public en raison d’une crise économique majeure, particulièrement déstabilisatrice, où les jeunes, et les moins jeunes, ont besoin de retrouver des repères, et des valeurs.
Jean-Charles Duboc
Sondage École Navale ; ENSM ; lycées professionnels maritimes
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