Les difficultés de la jeunesse actuelle, les mutations de société, la globalisation de l’économie, la multitude des informations disponibles, demandent de nouveaux moyens de formation des jeunes qui devront, plus que jamais, avoir des bases solides afin qu’ils puissent devenir de véritables citoyens du Monde…
L’expérience de la navigation à bord d’un voilier-école est unique et comparable à aucune autre par la proximité du danger, la solidarité nécessaire, la responsabilité individuelle et collective, le voyage…
Vous trouverez ci-dessous un texte de Madame Rosemary Mudie, ancienne directrice de la rédaction de Tall Ships News, journal officiel des courses de grands voiliers au Royaume-Uni, et relatif à la vie à bord d’un grand voilier.
UNE EXPERIENCE QUI CHANGE LA VIE...
« Les jeunes d’aujourd’hui vivent sous l’influence des téléphones portables, de l’Internet, des fast-foods et de la menace d’un conflit international. La majorité des jeunes qui s’intéressent au sport le pratique en spectateurs.
La formation sur les grands voiliers apporte une réalité à part entière à ces types de vie. Il a lieu dans un environnement qui n’est pas artificiel, mais est sujet à des événements imprévus, et parfois même dangereux. Ceux qui ne se destinent pas à une carrière dans la marine militaire, ou marchande, peuvent très bien ne faire qu’un stage de voile pendant une semaine, dix jours, un mois, ou plus.
Certains se promettront de ne jamais réitérer cette expérience, mais ils s’en souviendront pour leur vie entière, de même que des amitiés forgées lors de leur stage.
Beaucoup d’autres y retourneront encore et encore, et certains deviendront membres d’équipage à part entière, habilités à naviguer en tant que professionnels et formant à leur tour les stagiaires.
Les élèves officiers, civils et militaires, passent de plus longues périodes en mer avant de rejoindre des navires propulsés simplement par un moteur.
Pour eux, l’expérience acquise sur un grand voilier sera, sans doute, la plus longue période de leur vie qui leur apprendra, comme dit un capitaine, à « savoir ce que c’est que de recevoir des paquets d’eau de mer glacée en pleine figure ». Une expérience essentielle, qui, dit-il, leur permet de connaître la mer et ses dangers…
Stagiaires et élèves officiers se posent nombre de questions en embarquant : "Aurais-je le mal de mer? Devrais-je grimper en haut du mât? Comment seront les autres membres de l’équipage? Vais-je m’y retrouver à bord de ce navire, et à travers cette multitude de cordages ?..."
Les élèves officiers sont déjà sous une discipline militaire. Mais pour les autres stagiaires la première chose qu’ils doivent faire est de « signer un engagement ». Par celui-ci, ils s’engagent à une obéissance totale au commandant du navire (C’est un choc pour des jeunes qui ont parfois l’habitude « de faire ce qu’ils veulent »).
Le nouveau stagiaire est ensuite placé dans un groupe appelé “quart” – C’est dans ce quart qu’ils partageront les tâches de navigation, de jour comme de nuit.
Ces stagiaires peuvent être de différentes couleurs, religions, nationalités ou avec un mode de vie complètement différent. Très rapidement ce quart deviendra « sa propre famille », ils travailleront, apprendront, dîneront et se distrairont ensemble.
Comme toute famille, il y aura des dissensions entre les uns et les autres. Comme toute famille, ils formeront un front uni face aux autres, et surtout face aux autres quarts qui partagent le même souci de compétition pour être les meilleurs.
L’organisation de la vie à bord du voilier pourra paraître surprenante pour la plupart des jeunes.
Ils prendront de solides repas, régulièrement, en compagnie des autres – une nouveauté pour beaucoup. Ils nettoieront le bateau, une autre nouveauté, et seront, à tour de rôle, aux cuisines, afin de préparer les repas, serviront les plats et débarrasseront les tables.
On a entendu dire par un stagiaire lorsqu’il épluchait des pommes de terre pour la première fois de sa vie : “Tu dois me promettre de ne jamais raconter ceci à maman”.
Pour le nouveau stagiaire, le travail demandé à bord d’un bateau est nouveau et exigeant. Mais aussi gratifiant !...
Monter en haut du mât pour la première fois est quelque chose qu’il n’oubliera jamais. Passer d’une sorte d’échelle au cordage qui plie sous son poids, se tenir au hauban qui semble si petit et regarder tout en bas vers le pont et vers la mer – ceci ne fait pas partie de la vie de tous les jours !...
Gouverner un voilier de nuit, savoir que tout le monde est en train de dormir, mis à part son quart, et que donc tous comptent sur vous, c’est une incroyable responsabilité et quelque chose d’inoubliable.
Les stagiaires et les élèves officiers découvrent la véritable nature de la mer et son imprévisibilité. Les prévisions météo prennent une autre dimension, et la discipline devient compréhensible car indispensable à la sécurité du navire et de l’équipage, et n’est plus alors un moyen de contrôle.
Pour l’individu, c’est le sens du travail en équipe qui s’opère lorsqu’il faut, par exemple, brasseyer correctement. Apprendre à naviguer a une valeur certaine lorsqu’on entre dans un port et que l’on a pointé les bouées sur la carte et sondé les fonds.
Naviguer sur son bateau soit pour le plaisir ou pour une régate pendant des miles et des miles avec une météo bonne ou non et arriver dans un port étranger, cela fait partie des expériences inoubliables.
Participer à la course des grands voiliers est un phénomène en plein essor, cette course accueille, chaque année, des milliers de jeunes prêts à concourir et à partager des moments forts. Cette course est également chérie par des milliers de spectateurs venus visiter et regarder ces navires dans les ports et lors des défilés des grands voiliers.
Les stagiaires sont profondément marqués par cette expérience, en général pour le meilleur. Lorsqu’ils embarquent sur leur bateau, ils laissent derrière eux leur réputation (bonne ou mauvaise) et s’ils le veulent, ils peuvent se réinventer eux-mêmes ; en fin de compte, ils peuvent repartir à zéro.
L’éducateur d’un grand voilier a rapporté ces propos : “Les mères sont agréablement surprises lors du retour de leurs garçons”. “Ces garçons sont physiquement plus grands et en bien meilleure santé, ils sont étonnement plus mûrs alors qu’ils n’ont passé que quelques mois en mer avec nous”.
Aux Bermudes, après une course transatlantique à bord des grands voiliers, un des pères a dit : “Ma fille est totalement différente depuis qu’elle est partie naviguer jusqu’à Cadix. Désormais, vous pouvez parler avec elle, chose que l’on ne pouvait pas faire avant.”
De nos jours avec les paquebots, les pétroliers, les portes containers et les avions, cela peut sembler étrange d’utiliser la force du vent pour aller d’un endroit à l’autre, et encore plus lorsque l’on embarque des jeunes sur un voilier. Ceux qui y sont impliqués sont convaincus de son efficacité.
Les études basées sur la fréquentation des jeunes ayant navigué sur les voilier-écoles démontrent une nette augmentation de la confiance en soi. Les jeunes qui en ont fait l’expérience n’ont d’ailleurs pas besoin de ces études pour savoir ce que la formation sur les voiliers écoles peut apporter ».
Ce texte de Rosemary Mudie est absolument remarquable, et décrit très bien la vie à bord d’un grand voilier et les réels bénéfices que peuvent tirer les jeunes de la navigation, en équipage, à bord de grands voiliers.
Une activité que nous devons développer, à grande échelle, en France, et à l’étranger…
Jean-Charles DUBOC
Très bien ! Bonne continuation et bon courage !
Rédigé par : MOUTON NOIR | 22 janvier 2007 à 17:59