Presse Flux

Lettre ouverte à Madame Élise LUCET

 

Chère Madame,

 

Restant toujours réjoui (et même fier) de vos enquêtes, je tenais à vous remercier par courriel (https://fr-fr.facebook.com/EliseLucetOfficiel/ &https://www.facebook.com/cashinvestigationfrance2/?fref=mentions) et féliciter vos équipes et vous-mêmes : vous faites honneur à votre profession de journalistes d’investigation !

Et je dois dire que c’est assez rare pour être dignement salué, en cette époque de reprises de « communiqués » qui tournent en boucle, rédigés par les toujours mêmes agences de communication.

 

Toutefois, il est une question que je me (et vous) pose : pour quelle raison vous n’êtes pas encore « aller au bout » d’un scandale vraiment extraordinaire qui devrait secouer l’opinion publique quant à la fabuleuse possibilité permise par nos institutions (démocratiquement contrôlées) de dissimuler encore et toujours des détournements majeurs, vraiment « très majeurs », d’argent public ?

J’évoque là les détournements de l’argent de la guerre du Golfe de 1991…

Et ils se montent à plusieurs dizaines de milliards de dollars de l’époque : Ce qui est pour le moins CONSIDÉRABLE.

 

Version courte : « L’affaire » est très documentée sur au moins deux sites parmi des dizaines d’autres, notamment dans la presse francophone helvétique et Belge.

Alerte éthique de Monsieur Jean-Charles DUBOC :http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/ qui a découvert ce dossier par hasard en 1998 et (je vous recommande de prendre langue avec lui, même si je ne suis pas toujours d’accord avec ses analyses…) ;

Et sur celui de Monsieur Christian BASANO, BASA CODE : http://basacode.blogspot.fr/) qui a été au cœur du second volet de ces gigantesques détournements d’argent (lui-même devenu « très méfiant » depuis quelques « alertes » quant à la sécurité de sa personne).

 

Pour votre information –  car il y a « des risques » à soulever ce type de scandale « stratosphérique » – votre confère Julien COURBET avait déjà préparé un reportage sur le second sujet en l’an 2000. Son émission annoncée par l’opérateur télévisuel a été retirée du programme de la soirée au dernier moment…

Il en a dit que c’était la seule fois où il a été censuré par sa direction (qui est d’ailleurs la même que la vôtre…) et que c’est à cette occasion-là que ses locaux ont été dévastés par des « plombiers » nocturnes qui n’aurait emporté qu’un seul document…

Je vous laisse le soin de prendre langue avec lui-même.

 

Version moins courte : En août 1990, Saddam Hussein envahit le Koweït dont il sera délogé après seulement 100 heures de combats au sol par les troupes de la coalition après une longue préparation d’intenses bombardements aériens.

Il laisse un État dévasté avec près de 1.200 puits de pétrole en feu.

Coût des opérations militaires pour les koweïtiens : officiellement 84 milliards de dollars (http://www.nytimes.com/1992/09/08/world/gulf-war-s-cost-to-arabs-estimated-at-620-billion.html) pris en charge et depuis remboursés par les irakiens, via la CINUD, sis à Genève.

 

Au passage, la France reçoit 1 milliard de dollars en février 1991 (https://www.lesechos.fr/26/02/1991/LesEchos/15836-009-ECH_le-koweit-donne-un-milliard-de-dollars-a-la-france.htm). L’émir régnant en sera remercié par le ministre des affaires étrangères du moment (http://discours.vie-publique.fr/notices/912007900.html).

Sachez seulement que depuis, une poignée de députés de la précédente mandature demandaient quelques éclaircissements sur l’affectation de ces sommes, tant à l’ex-ministre de la défense (aujourd’hui ministre des affaires étrangères) qu’à l’ex-ministre des finances (dont l’un est désormais Président de la République) qui faisaient répondre officiellement et systématiquement par leurs services qu’il n’y avait AUCUNE TRACE DE SES FONDS en comptabilité publique…

 

À ce stade-là, sachez que vous vous attaquerez à « du lourd » si vous souhaitez aller plus loin dans vos « investigations » !

Car il tombe sous le sens que s’il n’y a aucune trace en comptabilité publique, c’est que ces fonds n’ont jamais franchi la frontière de notre pays bénéficiaire…

 

D’autant que certaines sources « autorisées » (mais encore à recouper) ont fait mention de divers « dédommagements » de l’engagement de nos troupes à hauteur de 7,5 milliards de dollars.

Vous n’étiez peut-être pas encore au fait de l’actualité du moment à cette époque-là, mais on retrouve une partie de ces données dans les débats – un peu confus il est vrai – de fin d’année 1991 au JO des débats de l’AN à l’occasion du vote de la loi de finances de 1992, où il est indiqué par un député en réponse au ministre concerné que finalement, cette opération « guerrière » aura été « une bonne affaire » pour les finances du pays.

Effectivement, à l’époque, contribuable encore assidu à mes devoirs de citoyen, je m’attendais soit à une contribution exceptionnelle, soit à un « grand-emprunt » à souscription obligatoire (façon « impôt sécheresse » de Monsieur GISCARD-D’ESTAING) et je n’ai rien vu venir.

 

Avant d’aller plus en avant – mais vous vous ferez confirmer cette « affaire » par votre confère J. COURBET – il faut noter que les incendies des puits de pétrole koweïtiens, étouffés en un temps record, ont fait l’objet d’une escroquerie montée par des notaires et juristes français et suisses, sous couvert du ministre de l’économie et de l’industrie de l’époque.

Il s’agit d’un contrat de 22 milliards de dollars qui ont également disparus.

Probablement, je suppose que l’émir régnant à fait lui aussi « une bonne affaire », s’il ne s’était pas aperçu par la suite qu’il avait payé deux fois : une fois en Suisse où il se faisait soigner, et une autre fois au Koweït aux mains d’un de ses héritiers aujourd’hui à la tête d’un des premiers « fonds souverain » du monde, doté de … 22 milliards de dollars dès sa constitution !

 

Enfin, encore une mention passée inaperçue à l’époque, mais retrouvées depuis : les irakiens ne sont pas repartis de Koweït-City les mains vides en février 1991.

La « menue-monnaie » nécessaires aux dépenses courantes de l’émirat était entreposée dans le Palais et comptait quelques 48 milliards de dollars au dernier inventaire (billets, or, pierres précieuses, valeurs, etc.).

Les irakiens n’en auront restitués que 8…

Un milliard de dollar de billets de 100 dollars, c’est un mètre-cube, une tonne de papier imprimé.

Vous vous souvenez que le frère de l’émir (grand admirateur de Monsieur Michel PLATINI) aura été abattu au moment de la prise dudit palais.

Où quand on vous prévient que c’est « du lourd »…

 

Version plus longue : Découvrant cette « affaire » pour le moins « rigolote » en 2008, je n’adhère pas du tout à la version qu’on m’en donnait sur le moment, à savoir un enrichissement personnel du Président de la République de 1992 (qui s’était déplacé à Ryad et probablement à Doha juste avant l’offensive terrestre, pour ensuite faire une escale passée inaperçue à Luzerne : des officiers ont payé de leur vie pour « savoir » ce détail).

Pas lui, absolument impossible et ça se serait vu, telle a été ma réaction.

D’ailleurs même sa fondation n’est pas si richement dotée. Quant à ses proches…

Et l’argent, ça ne disparaît pas comme ça, par magie !

Les « éliminations », naturellement, il y en a eu jusqu’en son palais (Messieurs BÉRÉGOVOY, GROSSOUVRE et j’en passe une tripotée), pour protéger « son secret » : on sait depuis bien longtemps que la « raison d’État » peut parfois amener à commettre l’irréparable, même à son corps-défendant, et au moins depuis l’affaire BOULIN.

C’est que logiquement, il poursuivait un autre objectif.

 

Politique celui-là : abattre la Vème République, son ennemie intime, en montrant et démontrant qu’elle pouvait être « pourrie », et facilement en plus, depuis sa tête. Son testament politique devant l’éternité. Après sa mort, après son centenaire.

Mais la Vème République est « plus forte » que son principal détracteur…

Il y en a eu d’autres qui ont espéré reprendre le flambeau. Je vous passe le camarade Mélenchon qui a probablement perdu son avenir dernièrement, mais je vous fais remarquer qu’il y en a eu au moins deux autres, tous deux devenus ministres démissionnaires et candidats lors de la primaire socialiste de 2017 qui ont en commun d’avoir participé activement à la commission d’enquête parlementaire sur la moralisation de la finance dans les années 2000 : également tous les deux de fervents promoteurs de la VIèmeRépublique… restée depuis dans le flou des « cartons ».

Pas vraiment un hasard. Vos équipes peuvent confirmer mon propos assez facilement : tous les deux avaient d’excellentes raisons pour avoir été « bien formés »…

Les minutes des auditions de cette commission d’enquête sont d’ailleurs d’une lecture passionnante : feu Joël BLUCHER (un de plus de ces « disparus prématurément »…) me les a fait découvrir.

 

D’ailleurs, vous aurez aussi noté que l’entrée dans le IIIème millénaire aura été justement marquée par des « affaires » de corruption graduellement de plus en plus intenses : on est parti d’Urba et des lycées d’Île-de-France, en passant par les obus iraniens, pour aller vers les frégates taïwanaises, les sous-marins pakistanais, les mirages également taïwanais, les systèmes de télécommunications militaires d’Arabie-Saoudite et même jusqu’aux « Mistral » russes.

On continue probablement avec les Rafale égyptiens, indiens, les mêmes « Mistral » égyptiens, etc. Mais peu importe.

Ce qui est important, c’est le processus et le déclenchement par vos confrères de la presse écrite des deux affaires « Clearstream », la banque des banques et ses comptes fantômes.

La piste est bonne, puisque tout transite à travers les compensations interbancaires.

 

Il en manque d’ailleurs, même s’ils sont postérieurs (et actuellement à l’instruction) sur les comptes de campagne de 2007 et même de 2012 d’un ex-président. D’autres devraient vous intéresser comme le financement du « Bling-bling-au-thon » (*) où on n’a pas bien vu comment la trésorière de l’époque a pu s’emmêler les pinceaux dans les chiffres (au point que les comptes ont été séquestrés par le président d’alors du parti avant « épuration ») ni comment il se fait que le Trésor public n’a toujours pas vu l’équivalent en demande de crédit d’impôt au titre de l’IR de l’année suivante (comme la loi le prévoit).

Bien sûr, il y en a d’autres à venir, comme « Providence LLC » (cf.http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/05/la-providence-llc-et-les-macrondleaks.html) ou comme le financement du parti et de la campagne de l’actuel locataire de l’Élysée qui devrait vous émouvoir, puisqu’il y en a été obligé de rester ministre jusqu’à la fin juillet 2016, alors qu’on le pressait de passer à l’action depuis plusieurs mois…

(Premiers posts à venir sur le sujet le 10 décembre prochain sur mon blog :http://flibustier20260.blogspot.fr/ (**).)

Nous vous attendons tous sur ces dossiers-là, naturellement.

 

Mais ça ne répond toujours pas à cette question-première : où sont donc passés les « Milliards de la division Daguet » (d’autant que les vétérans, lâchés dans la nature ne sont toujours pas soignés des effets délétères sur leurs organismes des poussières d’obus anti-char à l’uranium appauvri employés sur le théâtre d’opération et qu’ils se réveillent) ?

Car l’armée, ses soldats, ses sous-officiers, ses officiers, ses généraux sont tous impliqués à des degrés divers – même si les générations passent, les dossiers restent – au point que la « grande-muette » a obtenu ce qu’elle voulait de l’ex-ministre de la Défense durant 5 ans et à peu près ce qu’elle veut dès le budget 2018.

Un hasard ou une nécessité ? Je vous laisse juge.

 

Pour ce qui est des fonds « français », ils ont probablement été utilisés pour financer la réunification des deux Allemagnes.

Ce que Berlin a remboursé depuis, et avec des taux d’intérêt qui étaient à l’époque de l’ordre de 5 à 6 % par an, soit entre 55 et 57 milliards d’euros actuels.

Et plus tard comme fonds de la BERD, dirigée à son origine par Monsieur « D’Jack-@talus » (*), ex-sherpa et conseiller du premier-cercle du Président « Mythe-errant » (*).

Depuis, ils ont été recyclés dans le « Grand-Emprunt » du Président « Krabe-zozo-ski » (dit aussi « Bling-bling », notre ex-« vénéré-président ») (*).

On les retrouve d’ailleurs encore aujourd’hui dans la Caisse des dépôts et consignations (http://www.caissedesdepots.fr/investissements-davenir).

Il faut se rappeler la façon dont le premier « PIA » a été présenté à la presse le lundi 14 décembre 2009 (loi de finances rectificatives de mars 2010) : « C’est 13 milliards de remboursement attendus des banques au moment de l’effort de refinancement du début d’année (le plan de relance de 26 milliards de Monsieur « Dévide-gens » (*).)

C’est un peu plus de 10 milliards de rachat de papier arrivé à terme effectué sur les marchés par l’Agence France-Trésor depuis quelques semaines.

C’est donc seulement entre 11 et 12 milliards empruntés directement sur la place. »

Très fort : tu empruntes pour te faire rembourser et en redonner à peu-près autant…

 

Les 10 milliards de rachat, c’est probablement l’équivalent de 15 milliards de dollars prêtés secrètement par une agence américaine (les taux de change du moment s’y prêtent) pour « calmer » l’émir en 1992 ou 1993 quand il s’est aperçu qu’il s’était fait roulé par « ses alliés » (cf. ci-avant).

Une exigence de Messieurs « Bou-bouche » (*), père et fils, rencontrés « hors de vue » par le Président français lors de ses courtes vacances sur la côte-Est, qui venaient solder les comptes du vainqueur du moment qu’ils avaient consciencieusement soutenu (cf. le désistement de Monsieur « Déesse-Khâ » (*) à la primaire socialiste au profit de la « cruchitude », Miss « Ségololo » (*)…).

Pour ce qui est des fonds « recueillis » par « les alliés », nous en avons perdus la trace. Une partie a probablement servie à « calmer » l’émir koweïtien en 1992 ou 1993. L’autre sert tout aussi probablement à financer des missions secrètes, « hors-budget ».

C’est « anesthésié ».

Or, justement…

 

Justement, après les affaires « Cleastream », dont on rappelle que ce sont justement les agents de la CIA qui en sont à l’origine pour avoir « cornaqué » Monsieur « La-Houde » (*), ce qu’ont montré les enquêtes judiciaires, l’affaire des fuites de la HSBC-Swiss par un informaticien « travaillé » par les mêmes à Genève, l’arme des « Wikileaks » à travers le consortium des journalistes dont vous faites partie, nous sort successivement les « Panama-papers » puis les « Paradise-papers ».

La première bordée dénonce des fraudes, la seconde des « optimisations » légales. Le point commun des deux (et de tous les autres) reste la recherche de « l’argent ».

Et vous savez naturellement qui finance ces recherches que vous vous chargez d’exploiter avec d’autres, pour notre « bonne information » à tous.

 

On en attend d’autres, puisque pour l’heure, il n’y a pas la trace des « milliards disparus ».

Si 57 sont localisés à la Caisse des Dépôts et Consignations française, on en attend plus du double, voire le triple en comptant les « intérêts », situés « par ailleurs ».

 

Ce modeste courrier n’a d’autre vocation que de vous mettre sur la piste des premiers, hors vous indiquer que les « citoyens-lambda » que nous sommes ne sont « pas dupes ». On sait avant que vous nous le disiez.

 

Mais aussi de vous mettre en garde : L’actuel Président de la République française n’est pas un « élu du hasard » et seulement de l’inconsistance (pour ne pas dire pire) du personnel politique français.

Il est en « mission-commandée ». Il a donc « son calendrier ». Et vous pourriez lui être utile, comme vous pourriez le « contrarier ».

À vous de voir et de nous le faire découvrir.

 

Des suites données à ce message dépendront ce qu’il faudra en conclure.

Je ne vous cache pas qu’à mon âge (avancé) ça n’a plus aucune espèce d’importance : j’ai fait mon temps.

En revanche, je « romance » et j’aimerai donner un sens cohérent au prochain opus (**), par simple respect pour mes quelques lecteurs.

 

Très respectueusement à vous et vos équipes,

Je vous prie d’agréer, Chère Madame, l’expression de mon infinie gratitude.

I(***)

 

(*) Je « maquille » les noms propres : je ne suis pas comme vous à pouvoir m’abriter derrière une carte de presse et une audience flatteuse et méritée, pour assumer des procédures oiseuses pour diffamation. Tout rapprochement avec des personnes, des lieux, ou des organisations existants par ailleurs ne peut donc qu’être absolument fortuit.

(**) Dans la droite ligne de ce qui vient d’être dit, je ne peux pas non plus faire autre chose que des « romans », pures constructions de l’esprit, soumises au régime des droits d’auteur et de la création « artistique ».

Absolument pas diffamatoire ni même injurieuse.

(***) Je me cache également depuis toujours derrière un « pseudonyme-absurde » (à l’origine « I² », un nombre « imaginaire ») devenu « incroyable » depuis que j’ai inventé la « Cotisation Sociale sur les Produits Manufacturés » (CSPM) et que, miracle, mes pauvres simulations ont pu montrer tout le bénéfice pour mon pays : c’est aussi une question de respect pour mes divers employeurs, fonctions et clients.

De plus, je communique depuis l’étranger où je trouve un refuge très relatif pour ma sécurité personnelle, et communique en usant du serveur d’un ami qui serait bien surpris d’apprendre l’usage que j’en fais…

Pas possible de me joindre autrement que par courriel.

Et je réponds seulement si « je le veux bien ».

Et le peux encore…

I3

Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2017/11/lettre-ouverte-madame-elise-lucet.html

 


Hommage à Jean-Edern Hallier

 

A la suite de la note « Lettre humoristique à Edwy Plenel », « Jo » a fait ce commentaire :

« Drôle d'idée que de s'adresser à Edwy Plenel concernant un sujet aussi grave.

Sans vouloir amalgamer la rédaction de Médiapart à l'un de ses fondateurs, on se souviendra concernant M. Plenel, alors directeur de la rédaction du Monde, de sa brillante prestation vis-à-vis de Denis Robert lorsque que celui-ci révèle péniblement l'affaire Clearstream (la vraie, celle qui concerne une chambre de compensation luxembourgeoise d'envergure internationale, pas le feuilleton de série Z franco-gaulois opposant Sarkozy et de Villepin) :

http://www.acrimed.org/article3735.html

Une belle marque de courage et d'intégrité.

Vous vous adressez aux mauvaises personnes, cher Ami-râle... »

 

Il est possible que le comportement d’Edwy Plenel soit parfaitement critiquable, mais ma première réaction au commentaire de « Jo » a été de considérer qu’Edwy Plenel était ῝mauvais῝, comme tous les ῝autres῝ !...

Comme tous les autres journalistes qui ont couvert le détournement, par François Mitterrand et quelques complices, des 15 milliards d’euros d’indemnités attribuées à la France par le Koweït, l’Arabie Saoudite, et les Emirats Arabes-Unis, au titre des frais de guerre relatif à l’Opération Daguet.

Et puis, je me suis dit que, là, il y avait quelque chose qui ῝clochait῝…

Comment une telle infamie est-elle possible ?...

En fait, cela signifie qu’une suite d’événements s’étalant sur plus de trente ans, a muselé les journalistes.

C’est aussi simple que cela.

Le premier de ces événements est le ῝suicide῝ de Robert Boulin.

Mais il y en a eu d’autres, comme les ῝suicides῝ de Pierre Bérégovoy et François de Grossouvre.

Progressivement, le premier des contre-pouvoirs s’est effacé face à un niveau de corruption, d’exigence de soumission, de peur, de crainte, atteint dans aucune autre grande démocratie de la planète.

Et puis, j’ai pensé à la disparition de Jean-Edern Hallier, qui ne m’avait pas plus troublé que cela il y a une quinzaine d’années.

 

Jean-Edern Hallier, écrivain polémiste, pamphlétaire, journaliste, critique littéraire, animateur de télévision, est né le 1er mars 1936 à Saint-Germain-en-Laye.

Il est décédé le 12 janvier 1997 à Deauville.

Jean-Edern Hallier est le fils du général André Hallier (1892-1988), héros de la Première Guerre mondiale, qui possédait un manoir familial à Edern dans le Finistère, et de Marguerite Leleu (1903-1984), d'origine protestante alsacienne.

Se situant à ses débuts dans la mouvance du nouveau roman, celui qui fut directeur de « Tel Quel » en 1960, en est exclu en 1963, à la suite d'une virée rocambolesque de Philippe Sollers, dans sa famille, en Suisse.

Après de multiples péripéties, Hallier a hébergé en 1977 la première radio pirate déclarée — « Radio Verte », de tendance écologiste — qui fera beaucoup parler d'elle en tant qu'écho d'un phénomène nouveau.

Dans la lignée des événements de Mai 68, il a également créé en octobre 1969 le journal satirique « L'Idiot international » - patronné à ses débuts par Simone de Beauvoir qui, par la suite, prendra ses distances avec le journal -, ce qui vaudra plus tard à Hallier d'être accusé d'entretenir un réseau « rouge-brun ».

Aux yeux de certains journalistes, le polémiste était d'autant plus suspect qu'il avait, depuis quelques années, entamé un dialogue avec Alain de Benoist, publiant notamment un de ses essais aux éditions Libres-Hallier : Les Idées à l'endroit (1979).

En 1982, l'écrivain est soupçonné d'avoir simulé son propre enlèvement et commandité un attentat contre l'appartement de Régis Debray.  Les sources de ces faits rapportés sont nombreuses : récemment l'auteur de sa biographie a confirmé le fait, ainsi que Gilles Ménage.

Un authentique ῝allumé῝ !...

En juin 1991, National Hebdo affirme que Jean-Edern Hallier va rallier le Front national. Dans un entretien accordé au Monde, l'écrivain dément, mais ajoute : « Le Pen représente beaucoup de Français de la France profonde. Il faut réconcilier Doriot et Thorez », tout en se déclarant « de gauche ».

Critique littéraire, il est également animateur d'émissions littéraires sur Paris Première avec le « Jean-Edern's Club », où il se permettait tout, même de jeter les livres par-dessus son épaule ou dans une poubelle, et sur M6, avec « A l'ouest d'Edern »…

 

Le pamphlétaire, alors en villégiature à Deauville (Normandy Barrière), meurt le matin du 12 janvier 1997.

A ce sujet, je reprends un article de Harware.fr :

Il enfourche sa bicyclette pour rallier le Cyrano, bar des jockeys. Toujours très entouré, cette escapade matinale, est l’un des très rares moments de solitude du polémiste.

En guise de petit-déjeuner, un viandox. C’est sur le chemin du retour, peu avant 8 heures que se produit l’accident. Sans témoins. C’est l’employé d’un casino qui découvre son corps. Son visage face contre le bitume baigne dans une mare de sang.

Des ecchymoses sur le dessus des mains laissent à penser qu’il n’a pas eu le réflexe de se protéger lorsqu’il a chuté, sans doute déjà inconscient. « Malaise cardiaque » pour les uns, « embolie cérébrale » pour d’autres, autant d’hypothèses qui ne seront jamais confirmées. Faute d’autopsie.
 
Une autopsie relève de l’autorité judiciaire lors d’un accident sur la voie publique. Elle est réclamée par le Parquet dans le cas d’une mort brutale ou simplement suspecte. N’importe quel quidam un tant soit peu connu a droit à son autopsie. C’est le privilège de la notoriété, une façon pour les autorités de se prémunir contre les rumeurs qui accompagnent souvent le décès d’une « personnalité ».
 
Hallier n’y a donc pas droit. On prend quand même soin de lui pourtant.
 
Moins de deux heures après son décès, ses proches ont la surprise de constater que son visage a été embaumé à la morgue. Il est comme « plâtré ». Initiative prise sans autorisation de la famille, par on ne sait qui, avec pour seule explication le souci de le rendre « présentable ».
 
Au même moment, sa suite de l’hôtel Normandy reçoit beaucoup de visiteurs. Un mystérieux policier qui exhibe une carte tricolore, d’autres non identifiés mais bien renseignés.

Dans la confusion des allées et venues qui suivent le décès, disparaissent du coffre de sa chambre une importante somme d’argent (1 million de francs), un dessin de Picasso et plusieurs dossiers confidentiels concernant ses têtes de turcs préférées : Mitterrand, Dumas et quelques autres. Indélicatesse d’un proche ? Barbouzerie ? Aucune enquête ne s’attachera à l’élucider.

Toutes les plaintes déposées par sa garde rapprochée et notamment pour « assassinat » sont classées sans suite sous des prétextes divers.
 
Mais y a-t-il une affaire Hallier ? Pas pour la presse.

Pourtant habituellement friande de « mort mystérieuse », elle traite cette disparition comme un non-événement.

Depuis des années sa religion est faite. Mythomane, maître chanteur, alcoolique, mégalo, escroc, le triste sire ne mérite guère que l’on s’attarde sur son cas.
 
Voilà le portrait que dresse Dominique Jamet : « Menteur, mythomane, escroc, plagiaire, comploteur, cynique, voyou. Hallier n’avait pas l’ombre d’une conviction. La bassesse conformiste de l’époque a seule fait de l’équipée de l’Idiot international, pépinière de talents, une aventure, la routine de la télévision a donné du relief à son émission littéraire. Ci-gît Jean-Édern Hallier, connu surtout par sa notoriété. »

Tontonphile notoire, Jamet sera remercié de sa fidélité par la présidence de la Très Grande Bibliothèque de France, mais c’est lui qui tient à souligner dans cette nécro la « bassesse conformiste » des années Mitterrand.
 
Pour le dixième anniversaire de sa disparition refait néanmoins surface dans plusieurs ouvrages.
 
Le plus captivant, « La mise à mort de Jean-Édern Hallier », n’est pas le plus chroniqué. Rien que de très normal. Ne commettant pas l’erreur de s’embarquer sur des hypothèses invérifiables, de vraies fausses pistes sur ce qui a pu se passer ou pas à Deauville ce 12 janvier, les auteurs Dominique Lacout et Christian Lançon se contentent, si l’on peut dire, de nous faire revivre la longue traque dont Hallier fut l’objet sous deux septennats sans que personne n’y trouve à redire.
 
Ils dressent en particulier l’inventaire effarant des moyens de l’État et d’ailleurs, mobilisés pendant ces années pour réduire au silence un homme qui, quoique puissent être par ailleurs ses diverses tares, y avait ajouté celle de refuser de se taire ou tout simplement de se soumettre.

Enjeu principal de ce duel, on le sait, la vie privée du chef de l’État, sa deuxième famille et bien au-delà son passé interdit : les relations avec Pétain, la Francisque, et encore son cancer que Jean-Édern Hallier avait tenté - sans succès - de mettre sur la place publique quelques semaines seulement après le 10 mai 1981, dans son bloc-notes du Matin de Paris.

L’homme le plus écouté de France.
 
Secrets de famille, secrets de jeunesse, secrets médicaux, que la raison d’État imposait à Mitterrand de préserver.

Hallier allait, plus tard, aggraver son cas en s’attaquant à quelques-uns des puissants barons de la mitterrandie.

Avec ceux-là Dumas, Kiejman, Lang, Hernu, Tapie, Charasse, Hallier n’avait jamais rien partagé. Mitterrand lui avait octroyé le privilège rare d’être son avocat, et c’est le même Mitterrand qui l’avait placé comme écrivain « au premier plan de sa génération ».
 
En vertu de quoi, Hallier sera l’homme le plus écouté de France. 640 écoutes téléphoniques illégales (prouvées !) pour la seule période du 4 septembre 1985 au 19 mars 1986 et réalisées par la fameuse cellule de l’Élysée dont la mission originelle consistait à lutter contre le terrorisme.

Femmes de chambre, imprimeurs, relations, bistrots fréquentés par l’écrivain, aucune ligne n’échappe ainsi à l’indiscrétion des hommes du Président.

Autant d’informations qu’il s’agit ensuite d’exploiter.

C’est l’ensemble des moyens de l’État qui est ainsi mis à contribution pour le réduire au silence. Les banques sont invitées à lui couper les vivres, le fisc à lui réclamer subitement de régler ses impôts. Éditeurs, imprimeurs sont eux informés des « risques » encourus à le publier…

La suite sur :http://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Actualite/jean-edern-hallier-sujet_71320_1.htm

 

En fait, la lecture de ce texte nous replonge dans une époque qui semble terriblement lointaine.

Celle où internet n’existait pas, et où le pouvoir se devait de maîtriser l’information à un niveau à peine imaginable aujourd’hui.

Je rappelle que peu de temps après la découverte du corps d’Edern-Hallier, il a été constaté que le coffre-fort de sa chambre d'hôtel — qui contenait des photocopies de documents concernant François Mitterrand et Roland Dumas — avait été vidé.

Son appartement parisien avait également fait l'objet d'une visite semblable.

Il devait déjeuner quelques heures plus tard avec le journaliste Karl Zéro, qui fut d'ailleurs appelé pour l'identification du cadavre.

L'hypothèse de son assassinat a été plusieurs fois avancée, notamment par son frère, Laurent Hallier dans une entrevue accordée à Christian Lançon pour le magazine Généreux en novembre 1998, ou par le même Christian Lançon et Dominique Lacout dans « La Mise à mort de Jean-Edern Hallier ».

Cependant, les plaintes déposées contre X n'ont pas été jugées recevables.

Edern Hallier connaissait-il le scandale du détournement des fonds de la Division Daguet ?...

Probablement, car, comme j’ai pu le constater, l’information était bien connue à l’Etat-major des armées à la fin 1997.

Il ne faut pas oublier que son père était général et que le fiston était tout désigné pour recevoir des informations sur le détournement des indemnités de la guerre du Golfe

Et de les rendre public.

Si c’est cela, il n’avait aucune chance de s’en sortir.

Les tueurs de Béré et Gros-Souvre étaient encore là, et terriblement dangereux…

 Fidèle, à sa réputation de ῝tête brûlée῝, Jean-Edern Hallier a vraisemblablement eu l’intention de révéler ce scandale.

 Peut-être l’a-t-il payé de sa vie…

 

 Ainsi, les journalistes d’un certain âge, comme Edwy Plenel, ont vécu dans une ambiance hostile absolument incroyable.

Ce qui explique la peur, pour ne pas dire la terreur, que provoque chez encore beaucoup de journalistes toute révolte, toute critique sérieuse du pouvoir.

Les ravages de l’horrible mentalité des années où l’Arsouille était au pouvoir se font encore sentir.

N’y voyez rien d’autre comme cause principale au mutisme de la presse et des médias sur le scandale du détournement des indemnités de la guerre du Golfe par François Mitterrand.

La peur sévit encore.

Mais le monde change, et les vieux schémas comportementaux sont en train de s’effondrer progressivement.

Les jeunes ne tolèrent plus cet aveuglement qui les condamne à vivre dans une société qu’ils rejettent.

Il suffit de lire un article récent du Monde sur le malaise d’une jeunesse qui rêve d’en découdre.

Comme Jean-Edern Hallier l’a fait ?...

 

Jean-Charles DUBOC