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Enquête sur le traumatisme post-avortement

 

Aujourd’hui, je vais rédiger une note qui diffère totalement du thème « lutte contre la corruption », qui a été jusqu’à maintenant le sujet principal du blog « alerte éthique », pour aborder un problème de fond : celui de la grossesse, de la naissance, du début de la vie… Car l’éthique, c'est-à-dire les valeurs morales sur lesquelles sont basées nos mœurs, nos habitudes, nos lois, nos règlements, ne s’arrêtent pas aux problèmes financiers de la société !...

Et je commence par cette question fondamentale : « QU’EST-CE QUE L’ÉTHIQUE ?... »

Je reprends une définition disponible sur Wikipédia : « Éthique (du grec ηθική [επιστήμη], « la science morale », de ήθος, « lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère » et du latin ethicus, la morale est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure ».

Objet de l’éthique : « L’éthique générale - que nous appellerons simplement éthique dans la suite - établit les critères pour agir librement dans une situation pratique et faire le choix d'un comportement dans le respect de soi même et d'autrui. La finalité de l´éthique fait donc d’elle-même une activité pratique. Il ne s’agit pas d’acquérir un savoir pour lui-même, mais d'agir avec la conscience d’une action sociétale responsable. Elle est considérée de nos jours, comme la discipline au fondement de l’éthique appliquée, de l’éthique individuelle, de l’éthique sociale et des différentes formes d´éthiques spécialisées qui se confrontent aux problèmes normatifs de leur domaine particulier ».

Et bien il me semble nécessaire d’aborder dans le domaine de l’éthique tous les aspects de la vie et parmi ceux-ci la première, la plus importante, la plus fondamentale, est la conception de l’Être humain. Et ce sont les études scientifiques, médicales, psychiatriques, psychologiques, sociales, religieuses, qui peuvent nous faire avancer vers une société dans laquelle l’éthique est à la base de la réflexion philosophique, source de nos lois…

L’alerte éthique ne se limite pas à la dénonciation des élus corrompus ; elle concerne aussi des aspects de la vie qui sont soigneusement occultés par la « culture » ambiante.

Dans ce sens, et face à l’omerta qui règne sur la souffrance post-avortement, je ne peux que recommander « Enquête sur le traumatisme post-avortement », du père Jean-Régis Froppo, et disponible sur le site « liberté politique.com ».

Enquête sur le traumatisme post-avortement

Avortement Le traumatisme post-avortement est un sujet tabou en France (cf. Sabine Faivre, IVG et traumatisme, la recherche en panne, Décryptage, 5 février), mais il y a de nombreuses études en pays anglo-saxons depuis quinze ans qu’on ne peut ignorer. Voici une synthèse de 112 articles parus de 1985 à 2002 dans 43 revues médicales de haut niveau scientifique en provenance de Grande-Bretagne, États-Unis, Finlande, Canada, Belgique, Danemark, Australie. Au-delà des témoignages, la réalité objective est accablante.

L’existence d’un traumatisme post-avortement, en tant que traumatisme consécutif à une interruption volontaire de grossesse, commence à être bien connue des médecins gynécologues-obstétriciens ainsi que des psychiatres. La connaissance de ce traumatisme repose actuellement en France sur les témoignages de femmes ayant subi un avortement, comme ceux produits par exemple par l’émission TV « Ça se discute » du 13 février 2002.

Ces témoignages sont inestimables, mais les éléments recueillis sont forcément très subjectifs. D’autre part, il est bien connu aujourd’hui que les femmes ayant subi un avortement sont d’autant plus réticentes à en parler que le traumatisme subi a été plus important. Rappelons-en cependant quelques-uns parus dans la presse :

« Après mon IVG, j’ai pleuré pendant six mois. J’ai mis des années à m’en remettre, en traînant un état dépressif. Personne ne vous prévient du choc terrible qu’on subit »

« J’étais groggy en sortant de l’hôpital. J’ai mis du temps à réaliser. J’ai joué à la forte avant de m’effondrer en larmes en criant ‘mon bébé est à la poubelle’. Ne croyez pas ceux qui vous disent, ce n’est rien du tout ».

« J’ai avorté trois ans avant mon mariage, puis j’ai fait un mariage heureux et j’ai eu trois enfants. J’étais très heureuse dans mon couple et en famille. C’est seulement quinze années après que j’ai été prise par un état dépressif inexplicable : après en avoir cherché longtemps la cause, je me suis rendue compte que cela remontait à cette IVG et j’ai dû faire un long parcours de guérison ».

Une souffrance interdite

Constitué d’un ensemble de symptômes, variables d’une personne à l’autre, « le traumatisme post-avortement » apparaît à plus ou moins long terme, souvent de façon sournoise, alors même que la femme a l’impression d’avoir oublié. Après l’IVG, la femme éprouve un sentiment de soulagement : son problème semble réglé. Mais peu à peu ce soulagement fait place aux troubles : culpabilité, perte de l’estime de soi, perte de l’appétit, insomnies et cauchemars, état dépressif persistant. Des problèmes apparaissent avec le conjoint, avec les autres enfants et l’entourage. Il faut savoir que 50% des couples qui vivent une IVG se séparent dans un délai assez bref.

Tous ces symptômes s’amplifient chaque fois que la femme rencontre un événement qui évoque son avortement : nouvelle grossesse, amie enceinte, et surtout le jour anniversaire de l’IVG ou de la date où l’enfant aurait dû naître.

En France, cette souffrance est encore « interdite », car très peu de personnes sont disposées à l’écouter : mari, compagnon, famille, médecins et psychothérapeutes, sont peu à l’écoute d’une détresse vécue dans le silence et la solitude. On prétend que ce traumatisme n’affecte que des femmes ayant déjà éprouvé des troubles antécédents, ou que cette culpabilité est d’origine religieuse. Mais cette position ne tient plus : pratiquement toutes les mères qui ont subi une IVG éprouvent des troubles à des degrés divers, dans tous les pays du monde et dans toutes les cultures, qu’elles soient croyantes ou non.

Les conclusions proposées ci-dessous ne sont pas fondées sur des témoignages ou des enquêtes menées auprès de femmes ayant subi un avortement, mais répertorient les actes médicaux concernant ces personnes avant et après leur IVG. Cela donne des éléments sûrs et vérifiés d’ordre scientifique et statistique dont il est difficile de contester l’objectivité.

Les principales conséquences physiologiques

Les conséquences de l’avortement pouvant entraîner la mort à court terme sont : les hémorragies, les infections, les embolies, l’anesthésie, les grossesses extra-utérines non diagnostiquées.

En comparaison des femmes qui ont mené leur grossesse à terme, celles qui ont avorté dans l’année précédant leur mort ont 60% de plus de risque probable de mourir d’une cause naturelle, sept fois plus de mourir de suicide, quatre fois plus de mourir de blessures consécutives à un accident. On dénombre en France, d’après une enquête de l’OMS sur les années 1979 à 1989, 10 à 13 morts maternelles chaque année pour 220.000 IVG (exactement 13 en 1981). En Suède, où l’IVG est pratiquée au-delà de 12 semaines, le taux de mortalité atteint 40 décès pour 100.000 avortements. Cette mortalité est deux fois supérieure à celle observée lors d’un accouchement à terme.

Pour le risque de cancer, les femmes qui ont avorté ont un risque probable 2,3 fois plus élevé d’avoir un cancer du col de l’utérus, des ovaires ou du foie. Pour le cancer du sein, le risque est 2,4 fois plus élevé pour les femmes jeunes qui ont avorté leur première grossesse (c’est le cas de 12.000 adolescentes chaque année en France).

Entre 2 à 3 % des femmes ayant subi une IVG peuvent souffrir de perforation de l’utérus ou de lacérations du col de l’utérus. Ces femmes ont 1,89 plus de risque probable d’avoir un accouchement prématuré ou retardé ; l’avortement accroît le risque de complications à la naissance, celui d’un développement anormal du placenta pouvant entraîner un handicap pour le fœtus ou le nouveau-né. Il est significativement associé à un risque de grossesse extra-utérine pouvant menacer la vie de la mère ou entraîner une stérilité. Des patientes qui ont eu une infection par chlamydia au moment de l’avortement, 23% développeront une infection pelvienne dans un délai de 4 semaines (réduction possible de la fertilité).

La moitié environ des cas de stérilité sont consécutifs à l’avortement : infection des trompes, adhérences utérines, dilatation excessive du col de l’utérus.

Les plus communes complications mineures sont : infection, saignement, fièvre, douleurs abdominales chroniques, vomissements, perturbation du cycle menstruel. On constate qu’une ou plusieurs IVG sont associées à un abaissement général du niveau de santé : pendant la première année qui suit un avortement, les femmes consultent leur médecin de famille 80% de plus pour toutes sortes de raisons, et 180% de plus pour des raisons psychologiques. Au contraire, une grossesse menée à terme est un facteur de bonne santé générale et psychologique.
Les risques de complications sont en général plus élevés pour les adolescentes, ou lors d’avortements multipliés.

Les principales conséquences psychologiques.

Après l’avortement, la femme éprouve un sentiment de soulagement, elle se sent libérée d’un souci immédiat. Comme l’avortement est autorisé par la loi et même remboursé comme un acte médical ordinaire, elle se sent « bonne conscience ». Les troubles psycho-émotionnels de gravité variable apparaissent dans les mois qui suivent, et parfois au bout de plusieurs années.

Pratiquement toutes les femmes qui ont subi un avortement souffrent de troubles à plus ou moins long terme et à des degrés divers. Beaucoup utilisent le refoulement comme mécanisme de défense et d’autant plus qu’il s’agit encore en France d’une « souffrance interdite ». Elles peuvent vivre une longue période de déni avant de rechercher une aide psychologique. Ces sentiments réprimés peuvent causer des troubles psychosomatiques et de comportement. Les praticiens pensent que la détresse résultant d’un avortement quand elle est méconnue, est un facteur déclenchant pour leurs patientes, même si elles sont en recherche d’une thérapie apparemment sans rapport avec leur avortement.

D’après une étude faite auprès de mères, 8 semaines après leur avortement, 44% se plaignent de désordres nerveux, 36% constatent des troubles du sommeil, et 11% ont eu recours à une prescription de médicament psychotrope par leur médecin. Une étude rétrospective sur 5 années montre que 25% des femmes ayant avorté ont consulté un psychiatre contre 3% en temps normal.

Approximativement la moitié des mères ayant avorté présentent des symptômes d’un véritable « syndrome » : peur et culpabilité intense, dépression, perte de l’estime de soi ou du contrôle de soi. Ce syndrome est un disfonctionnement psychique qui résulte d’une expérience fortement traumatisante ; il submerge les mécanismes de défense d’une personne normale.

30 à 50 % des femmes ayant avorté sont victimes de dysfonctionnement sexuel, de durée plus ou moins longue. Ces problèmes peuvent inclure une ou plusieurs conséquences : baisse du plaisir éprouvé, douleurs, aversion envers le partenaire, développement de conduites désordonnées : échangisme, vagabondage sexuel.

Environ 60% des femmes qui expérimentent des séquelles post-avortement, ont des idées suicidaires et 28% font des tentatives de suicide dont la moitié répètent une deuxième fois cette tentative. En Finlande, le taux de suicide moyen annuel pour les femmes est de 11,3 pour 100.000. Pour les femmes ayant avorté, le taux monte à 34,7, tandis que pour les femmes ayant mené une grossesse à terme, le taux tombe à 5,9 ! On peut dire sans risque d’erreur que le fait d’être enceinte, d’accepter l’enfant et de le mener à terme est un élément certain de santé psychologique.

Conspiration du silence

Le stress post-avortement est lié d’une manière significative à des conduites addictives : abus de tabac, d’alcool, de médicaments et de drogues, des désordres de l’alimentation, comme la boulimie et l’anorexie. On constate des problèmes de maltraitance sur les autres enfants, des problèmes de couples entraînant séparations et divorces. Un père s’exprimait ainsi : « Après cet avortement, l’équilibre de notre foyer fut compromis…l’amour que nous nous portions avec ma femme était mort avec l’enfant à qui nous avions refusé la vie ». Enfin, on constate de plus en plus des difficultés avec les enfants « survivants » qui ont appris que leur propre mère était passée par une IVG.

Quant à la souffrance de l’enfant avorté, elle est complètement méprisée : pourtant, quelque soit la « méthode », cet enfant meurt soit empoisonné, soit écartelé.

Quand on réfléchit, ne serait-ce que quelques instants à ce qu’est une opération d’IVG notamment par la méthode d’aspiration (présentée comme une méthode « propre » !), on comprend qu’il s’agit d’une violence extrême faite à la femme : avec cet enfant vivant qui lui est brutalement arraché, c’est une part du corps même de la mère et de son psychisme qui est violentée ; cela ne peut pas ne pas avoir de sérieuses conséquences !

Il faut prendre la mesure de la véritable « conspiration du silence » qui entoure en France ce «traumatisme post-abortif ». Que ce soit au Planning familial, dans les Centres sociaux des quartiers et des banlieues, dans les services d’orthogénie des hôpitaux, le discours est toujours le même : « Madame, si vous avez un problème avec votre grossesse, la seule solution est l’IVG et elle est sans danger pour vous ! » Combien de temps va-t-on encore tromper les femmes sur ce sujet grave entre tous ?

 *Le père Jean-Régis Froppo enseigne au séminaire de la Castille, diocèse de Fréjus-Toulon. Il a publié, avec le docteur Françoise Allard, Le Traumatisme post-avortement (Salvator, 2007).