Hommage Flux

« Roro-Card » n'est plus !

 

Hommage.

 

« Hérétique-huguenot » et militant socialiste, à partir de 1949, il est le candidat du Parti socialiste unifié (PSU) à l'élection présidentielle de 1969 où il recueille 3,6 % des voix, puis est élu député des Yvelines.

Il rejoint le Parti socialiste (PS) en 1974 et fait figure de rival de « Mythe-errant » en se voulant le dirigeant d'une « deuxième gauche », réformiste et anticommuniste.

Il occupe la fonction de Premier ministre de 1988 à 1991, à la tête d'un gouvernement d'ouverture sous la présidence de son rival. Par la suite, il est premier secrétaire du Parti socialiste (1993-1994), député européen (1994-2009) et sénateur des Yvelines (1995-1997).

Il est devenu ambassadeur de « Gauloisie-éclairée » chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique de 2009 à sa mort.

Un poste en déshérence depuis le week-end.

Il est nommé Premier ministre, le 10 mai 1988, au début du second septennat de « Mythe-errant ». Peu avant sa nomination à Matignon, ce dernier avait prophétisé à Ambroise Roux : « Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir (…) Mais vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au travers ».

Les résultats des élections législatives de juin 1988 entraînent la formation d'un second gouvernement « Roro-Card ». Pendant ses trois années en tant que premier ministre, il aura recours 28 fois à l'article 49 alinéa 3 !

Et on râle de « Menuet-Valse » et sa loi « El-Konnerie » !…

À ce titre, il est – et de loin – le premier ministre ayant le plus souvent utilisé cette procédure d'adoption d'un texte par l'Assemblée, immédiatement et sans vote.

Notez qu’il arrive au pouvoir dans une période de croissance économique (3,8 % en 1988) au moment où un dollar faible aide l'industrie exportatrice gauloise. Il bénéficie du fait de la progressivité de l'impôt de recettes fiscales exceptionnelles.

Ce qui ne l’empêche pas (au contraire) d’instaurer le revenu minimum d'insertion (RMI) le 12 octobre 1988, l’un des rares projets de loi votés à l'Assemblée à l'unanimité qui, présenté comme une assistance temporaire pour aider les chômeurs en fin de droits à se réinsérer, deviendra un véritable revenu à long terme : L’idée ancestrale de l’hélicoptère-monétaire, déjà !

Car l'absence de projet d'insertion et d'encadrement prévu à cet effet permit très rapidement à ses détracteurs de dire que du sigle RMI, le « I » d'insertion était « jeté aux oubliettes ».

Selon ceux-ci, le prétexte de la réinsertion était le motif nécessaire pour faire passer la loi, alors que ses promoteurs n'ignoraient pas que l'administration n'avait aucunement les moyens de suivre les bénéficiaires et de leur proposer des « projets d'insertion ».

Ce qui est toujours le cas, quoiqu’on en dise…

Malgré les rentrées fiscales importantes dont il bénéficie, il fait adopter par l’Assemblée le 19 novembre 1990 la loi sur la Contribution sociale généralisée (CSG), nouvel impôt prélevé à la source dont l'assiette est constituée de tous les revenus, qu'ils proviennent du travail ou du patrimoine.

Par la suite, le montant de la CSG s'est accru jusqu'à représenter en 2010 le double du produit de l'impôt sur le revenu, soit 6 % du revenu national.

Un impôt « social » qui a connu la plus forte progression en taux (et assiettes étendues à tous les types de revenus qu’ils reviennent ou non).

C’est l'instigateur, en 1991, du premier « livre blanc sur les retraites », un diagnostic général de l'état des finances qui soulignait la nécessité de modifier le système de retraites existant alors.

Par la suite, il conseillera le rapprochement du régime des fonctionnaires sur celui du privé, mais restera opposé à l'augmentation de l'âge de la retraite au-delà de 60 ans qui est, selon lui, « un chiffon rouge » qui cache la complexité des situations réelles. Selon lui, la réforme des retraites de 2010 permet de « gagner un répit de dix ans sur le plan comptable» sans résoudre le fond du problème : « Le problème des retraites reste devant nous. »

Ce qui reste absolument vrai, vous verrez dans quelques mois quand les partenaires sociaux vont être pris de vitesse par le gouvernement…

Décédé samedi, le « Roro-Card » aura marqué la vie politique gauloise.

Son parler-vrai, ses idées iconoclastes et ses convictions auront animé la sphère publique.

« Comme leader de parti, Michel Rocard a marqué l'histoire de la gauche. Comme chef de gouvernement, il laisse des réformes précieuses », écrit Libé (ce torchon…), qui consacrait plusieurs pages à l'ancien Premier ministre. Il laisse « surtout une morale de l'action qui servira longtemps de modèle à ceux qui veulent gouverner », assure le quotidien.

Sans rire…

Pour Le Figaro, « Roro-Card » restera « dans l'histoire comme le père de la social-démocratie à la « Gauloise », héraut d'une deuxième gauche ». Et de titrer en une L'Humanité, n'est en revanche pas très tendre : « Avec lui, une époque s'en va, sans legs pour l'avenir. »

Ils n’ont rien vu venir de la « France des insoumis » de « Mes-Luches », eux.

« Reste un homme de convictions », reconnaît toutefois l'éditorialiste.

L'homme « a marqué la vie politique française par sa fidélité à ses idéaux, son intégrité et sa liberté de parole », affirme La Croix.

« Personne n'a jamais pu l'accuser ni de renier ses valeurs ni d'avoir trahi ses idées », martèle dans Les Échos qui rappelle qu'« à gauche Michel Rocard a été le seul, à une époque, à parler d'économie de façon réaliste ».

Là, je veux bien l’admettre…

Pour La République des Pyrénées, « il aura incarné pendant plus cinquante ans le meilleur de la politique. Il va manquer dans le débat public ».

« Il existe deux sortes de personnalités politiques : les bateleurs et les serviteurs. Michel Rocard était un homme d'État correspondant au second groupe », assène La Presse de la Manche.

Les Dernières Nouvelles d'Alsace, y voit « un inspirateur pour toute une génération d'élus, socialistes mais pas seulement ».

Une « source d'inspiration de toute la gauche Gauloise et au-delà pendant un demi-siècle », estime le Midi libre.

Le Républicain lorrain, rappelle qu'il « fut laissé sur le bord de la route », voire « trahi ».

Par « son propre camp et ses électeurs, les mêmes qui le célèbrent aujourd'hui », déplore le Courrier picard.

Mais « ses idées ont irrigué la gauche et l'ont finalement emporté : elles sont aujourd'hui au pouvoir. »

Ses héritiers seraient « Menuet-Valse » ou « Aima-nue-elle Mc-Rond » analyse Sud-Ouest qui conclut : « Puisse sa mémoire inspirer l'espoir aux nouvelles générations de la gauche.»

Mais de qui parle-t-on ?

« Rêveur réaliste » pour votre Premier ministre, « socialiste libéral » selon lui-même, c’était une personnalité dont les saillies verbales resteront dans les mémoires. Mais ce sont surtout ses contradictions qui peuvent être souligner : Instigateur du RMI et de la CSG comme il vient d’être dit, il estimait que le RMI serait temporaire.

Quant à la CSG, elle ponctionnait les gaulois alors que les caisses de l’État étaient pleines et est devenue depuis le premier de tous les impôts directs, devant l’impôt sur le revenu (mais loin derrière la TVA…).

En revanche, il avait effectivement tiré la sonnette d’alarme à propos de l’état catastrophique des retraites dès 1991 (je me souviens encore de son Livre-Blanc sur le sujet, une pale-copie des analyses de mon prof’ de droit de la sécurité sociale 13 ans auparavant, lui aussi « soce »), arguant même, plus tard, que la réforme de 2010 n’avait fait que donner un répit sans résoudre le problème.

En revanche, personne ne l’a entendu défendre les tentatives infructueuses de « Juppette » sur le sujet…

Car il soutenait qu’il ne fallait pas augmenter l’âge de départ à la retraite.

Donc, soit réduire les droits-acquis, soit augmenter les cotisations, soit un mix des deux positions…

Auteur de la célèbre phrase : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », il était aussi un défenseur de l’Union Européenne, notamment de l’entrée de la Turquie dans l’Union.

Que des paradoxes…

Remplacé au poste de Premier ministre par « Les-dites-la-Salade », il défendra l’idée que le Parti Socialiste devait être rénové (le fameux « big bang » du PS, autre célèbre saillie).

Il soutiendra cette idée en allant jusqu’à critiquer le mouvement « Nouveau Parti Socialiste » de « Monte-et-Bourre-la ».

Très critique aussi vis-à-vis du mouvement ATTAC, il le qualifie de « monument de bêtise économique et politique » ce qui n’est pas faux.

Dans l’une de ses dernières interviews, il fustigeait encore la « Gôche Gauloise » : « Dans toute l’Europe, la gauche française est celle qui a été la plus marquée par le marxisme (…)On peut admettre que la pensée politique marxiste, ou ce qu’il en reste, est rétrograde ».

Là encore, ce n’est pas faux…

C’était un admirateur du système économique de l’autogestion de la Yougoslavie dans les années 70, un vrai massacre dont il n’avait pas voulu voir que derrière les mots, il s’agissait d’une économie kolkhozienne-décentralisée, mais tenue d’une main de fer par le dictateur local.

Je sais, j’y ai fait un tour à l’époque de Dubrovnik à Sarajevo, à même croiser le « Maréchal à vie » tellement sûr de sa popularité qu’il y avait un militaire en arme tous les 20 mètres sur son parcours routier…

Mais il avait pourtant impulsé dans les années 80 la traduction en « Francilien-natif » des ouvrages de… Hayek !

C’est dire à quel point l’homme était plein de contradictions.

Je pense l’avoir croisé lors d’une réunion de travail avec son Trésorier de campagne, le « Conseiller » « j’y-pet-Kosse-Hun », un fiscaliste hors-pair, qui laissera à la postérité un phénoménal pavé sur la consolidation-fiscale devenu osbolète, aux côtés duquel je formais l’élite des ingénieurs-fiscalistes de l’époque, une autre époque, dans une « autre vie ».

Sa particularité du moment (à « Roro-Card ») c’était de parler très vite, d’enchaîner les virgules à l’infini, sans mettre de point à ses phrases.

Impossible à suivre ni même à contredire…

« Juppette » usait du même procédé à cette époque-là : Ils ont dû s’entendre causer comme larrons-en-foire à l’occasion de la commission du « Grand-emprunt » de « Bling-bling » en 2010, ces deux-là…

Ah oui, parce qu’il était aussi premier-ministre au moment de la guerre Koweït/Irak, des opérations « Bouclier et Tempête du désert », de la « Division Daguet »…

Je vous en cause de temps-en-temps jusqu’ici-même : Lui, n’a rien vu des détournements qu’il y a pu avoir et débouchent désormais sur une succession de dénis ministériels !

Ni pendant, ni même après, au moment de la « gestion des 35 milliards » récupérés par « Bling-bling »…

Le seul qui a vu, c’est « Béret-go-voit », le successeur de sa successeuse, et pour cause : Il était aux finances.

Ce dernier avait d’ailleurs commencé à verser les « primes de risque » promises par le gouvernement à la soldatesque engagée.

Puis « le Château » y avait mis un « holà », stoppé l’opération, imposé des remboursements par voie de … « fermeté » et viré ce premier-ministre-là avant de jeter, de façon très cynique « sa mémoire aux chiens ».

Même que « Grosse-Ouvre », il se savait visé pour être lui aussi tenu au secret de son « ami de trente ans » à lui : Une balle de gros-calibre, plus une luxation de l’épaule (l’autre, pas celle du bras qui aurait tenu son arme à lui, mais de « petit-calibre ») et quelques hématomes crâniens plus tard, il aura disparu avec ses secrets…

Lui aussi !

Le 7 juillet, un hommage national lui sera rendu aux Invalides, à Paris. Il sera incinéré à Paris et ses cendres seront inhumées à Monticello, en Balagne (Haute-Corse), où réside sa dernière épouse (mais aussi celle de « Xav’-Berre-trans »).

Qu’il repose en paix.

I3

Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/07/roro-card-nest-plus.html

 


Hommage à Jean-Edern Hallier

 

A la suite de la note « Lettre humoristique à Edwy Plenel », « Jo » a fait ce commentaire :

« Drôle d'idée que de s'adresser à Edwy Plenel concernant un sujet aussi grave.

Sans vouloir amalgamer la rédaction de Médiapart à l'un de ses fondateurs, on se souviendra concernant M. Plenel, alors directeur de la rédaction du Monde, de sa brillante prestation vis-à-vis de Denis Robert lorsque que celui-ci révèle péniblement l'affaire Clearstream (la vraie, celle qui concerne une chambre de compensation luxembourgeoise d'envergure internationale, pas le feuilleton de série Z franco-gaulois opposant Sarkozy et de Villepin) :

http://www.acrimed.org/article3735.html

Une belle marque de courage et d'intégrité.

Vous vous adressez aux mauvaises personnes, cher Ami-râle... »

 

Il est possible que le comportement d’Edwy Plenel soit parfaitement critiquable, mais ma première réaction au commentaire de « Jo » a été de considérer qu’Edwy Plenel était ῝mauvais῝, comme tous les ῝autres῝ !...

Comme tous les autres journalistes qui ont couvert le détournement, par François Mitterrand et quelques complices, des 15 milliards d’euros d’indemnités attribuées à la France par le Koweït, l’Arabie Saoudite, et les Emirats Arabes-Unis, au titre des frais de guerre relatif à l’Opération Daguet.

Et puis, je me suis dit que, là, il y avait quelque chose qui ῝clochait῝…

Comment une telle infamie est-elle possible ?...

En fait, cela signifie qu’une suite d’événements s’étalant sur plus de trente ans, a muselé les journalistes.

C’est aussi simple que cela.

Le premier de ces événements est le ῝suicide῝ de Robert Boulin.

Mais il y en a eu d’autres, comme les ῝suicides῝ de Pierre Bérégovoy et François de Grossouvre.

Progressivement, le premier des contre-pouvoirs s’est effacé face à un niveau de corruption, d’exigence de soumission, de peur, de crainte, atteint dans aucune autre grande démocratie de la planète.

Et puis, j’ai pensé à la disparition de Jean-Edern Hallier, qui ne m’avait pas plus troublé que cela il y a une quinzaine d’années.

 

Jean-Edern Hallier, écrivain polémiste, pamphlétaire, journaliste, critique littéraire, animateur de télévision, est né le 1er mars 1936 à Saint-Germain-en-Laye.

Il est décédé le 12 janvier 1997 à Deauville.

Jean-Edern Hallier est le fils du général André Hallier (1892-1988), héros de la Première Guerre mondiale, qui possédait un manoir familial à Edern dans le Finistère, et de Marguerite Leleu (1903-1984), d'origine protestante alsacienne.

Se situant à ses débuts dans la mouvance du nouveau roman, celui qui fut directeur de « Tel Quel » en 1960, en est exclu en 1963, à la suite d'une virée rocambolesque de Philippe Sollers, dans sa famille, en Suisse.

Après de multiples péripéties, Hallier a hébergé en 1977 la première radio pirate déclarée — « Radio Verte », de tendance écologiste — qui fera beaucoup parler d'elle en tant qu'écho d'un phénomène nouveau.

Dans la lignée des événements de Mai 68, il a également créé en octobre 1969 le journal satirique « L'Idiot international » - patronné à ses débuts par Simone de Beauvoir qui, par la suite, prendra ses distances avec le journal -, ce qui vaudra plus tard à Hallier d'être accusé d'entretenir un réseau « rouge-brun ».

Aux yeux de certains journalistes, le polémiste était d'autant plus suspect qu'il avait, depuis quelques années, entamé un dialogue avec Alain de Benoist, publiant notamment un de ses essais aux éditions Libres-Hallier : Les Idées à l'endroit (1979).

En 1982, l'écrivain est soupçonné d'avoir simulé son propre enlèvement et commandité un attentat contre l'appartement de Régis Debray.  Les sources de ces faits rapportés sont nombreuses : récemment l'auteur de sa biographie a confirmé le fait, ainsi que Gilles Ménage.

Un authentique ῝allumé῝ !...

En juin 1991, National Hebdo affirme que Jean-Edern Hallier va rallier le Front national. Dans un entretien accordé au Monde, l'écrivain dément, mais ajoute : « Le Pen représente beaucoup de Français de la France profonde. Il faut réconcilier Doriot et Thorez », tout en se déclarant « de gauche ».

Critique littéraire, il est également animateur d'émissions littéraires sur Paris Première avec le « Jean-Edern's Club », où il se permettait tout, même de jeter les livres par-dessus son épaule ou dans une poubelle, et sur M6, avec « A l'ouest d'Edern »…

 

Le pamphlétaire, alors en villégiature à Deauville (Normandy Barrière), meurt le matin du 12 janvier 1997.

A ce sujet, je reprends un article de Harware.fr :

Il enfourche sa bicyclette pour rallier le Cyrano, bar des jockeys. Toujours très entouré, cette escapade matinale, est l’un des très rares moments de solitude du polémiste.

En guise de petit-déjeuner, un viandox. C’est sur le chemin du retour, peu avant 8 heures que se produit l’accident. Sans témoins. C’est l’employé d’un casino qui découvre son corps. Son visage face contre le bitume baigne dans une mare de sang.

Des ecchymoses sur le dessus des mains laissent à penser qu’il n’a pas eu le réflexe de se protéger lorsqu’il a chuté, sans doute déjà inconscient. « Malaise cardiaque » pour les uns, « embolie cérébrale » pour d’autres, autant d’hypothèses qui ne seront jamais confirmées. Faute d’autopsie.
 
Une autopsie relève de l’autorité judiciaire lors d’un accident sur la voie publique. Elle est réclamée par le Parquet dans le cas d’une mort brutale ou simplement suspecte. N’importe quel quidam un tant soit peu connu a droit à son autopsie. C’est le privilège de la notoriété, une façon pour les autorités de se prémunir contre les rumeurs qui accompagnent souvent le décès d’une « personnalité ».
 
Hallier n’y a donc pas droit. On prend quand même soin de lui pourtant.
 
Moins de deux heures après son décès, ses proches ont la surprise de constater que son visage a été embaumé à la morgue. Il est comme « plâtré ». Initiative prise sans autorisation de la famille, par on ne sait qui, avec pour seule explication le souci de le rendre « présentable ».
 
Au même moment, sa suite de l’hôtel Normandy reçoit beaucoup de visiteurs. Un mystérieux policier qui exhibe une carte tricolore, d’autres non identifiés mais bien renseignés.

Dans la confusion des allées et venues qui suivent le décès, disparaissent du coffre de sa chambre une importante somme d’argent (1 million de francs), un dessin de Picasso et plusieurs dossiers confidentiels concernant ses têtes de turcs préférées : Mitterrand, Dumas et quelques autres. Indélicatesse d’un proche ? Barbouzerie ? Aucune enquête ne s’attachera à l’élucider.

Toutes les plaintes déposées par sa garde rapprochée et notamment pour « assassinat » sont classées sans suite sous des prétextes divers.
 
Mais y a-t-il une affaire Hallier ? Pas pour la presse.

Pourtant habituellement friande de « mort mystérieuse », elle traite cette disparition comme un non-événement.

Depuis des années sa religion est faite. Mythomane, maître chanteur, alcoolique, mégalo, escroc, le triste sire ne mérite guère que l’on s’attarde sur son cas.
 
Voilà le portrait que dresse Dominique Jamet : « Menteur, mythomane, escroc, plagiaire, comploteur, cynique, voyou. Hallier n’avait pas l’ombre d’une conviction. La bassesse conformiste de l’époque a seule fait de l’équipée de l’Idiot international, pépinière de talents, une aventure, la routine de la télévision a donné du relief à son émission littéraire. Ci-gît Jean-Édern Hallier, connu surtout par sa notoriété. »

Tontonphile notoire, Jamet sera remercié de sa fidélité par la présidence de la Très Grande Bibliothèque de France, mais c’est lui qui tient à souligner dans cette nécro la « bassesse conformiste » des années Mitterrand.
 
Pour le dixième anniversaire de sa disparition refait néanmoins surface dans plusieurs ouvrages.
 
Le plus captivant, « La mise à mort de Jean-Édern Hallier », n’est pas le plus chroniqué. Rien que de très normal. Ne commettant pas l’erreur de s’embarquer sur des hypothèses invérifiables, de vraies fausses pistes sur ce qui a pu se passer ou pas à Deauville ce 12 janvier, les auteurs Dominique Lacout et Christian Lançon se contentent, si l’on peut dire, de nous faire revivre la longue traque dont Hallier fut l’objet sous deux septennats sans que personne n’y trouve à redire.
 
Ils dressent en particulier l’inventaire effarant des moyens de l’État et d’ailleurs, mobilisés pendant ces années pour réduire au silence un homme qui, quoique puissent être par ailleurs ses diverses tares, y avait ajouté celle de refuser de se taire ou tout simplement de se soumettre.

Enjeu principal de ce duel, on le sait, la vie privée du chef de l’État, sa deuxième famille et bien au-delà son passé interdit : les relations avec Pétain, la Francisque, et encore son cancer que Jean-Édern Hallier avait tenté - sans succès - de mettre sur la place publique quelques semaines seulement après le 10 mai 1981, dans son bloc-notes du Matin de Paris.

L’homme le plus écouté de France.
 
Secrets de famille, secrets de jeunesse, secrets médicaux, que la raison d’État imposait à Mitterrand de préserver.

Hallier allait, plus tard, aggraver son cas en s’attaquant à quelques-uns des puissants barons de la mitterrandie.

Avec ceux-là Dumas, Kiejman, Lang, Hernu, Tapie, Charasse, Hallier n’avait jamais rien partagé. Mitterrand lui avait octroyé le privilège rare d’être son avocat, et c’est le même Mitterrand qui l’avait placé comme écrivain « au premier plan de sa génération ».
 
En vertu de quoi, Hallier sera l’homme le plus écouté de France. 640 écoutes téléphoniques illégales (prouvées !) pour la seule période du 4 septembre 1985 au 19 mars 1986 et réalisées par la fameuse cellule de l’Élysée dont la mission originelle consistait à lutter contre le terrorisme.

Femmes de chambre, imprimeurs, relations, bistrots fréquentés par l’écrivain, aucune ligne n’échappe ainsi à l’indiscrétion des hommes du Président.

Autant d’informations qu’il s’agit ensuite d’exploiter.

C’est l’ensemble des moyens de l’État qui est ainsi mis à contribution pour le réduire au silence. Les banques sont invitées à lui couper les vivres, le fisc à lui réclamer subitement de régler ses impôts. Éditeurs, imprimeurs sont eux informés des « risques » encourus à le publier…

La suite sur :http://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Actualite/jean-edern-hallier-sujet_71320_1.htm

 

En fait, la lecture de ce texte nous replonge dans une époque qui semble terriblement lointaine.

Celle où internet n’existait pas, et où le pouvoir se devait de maîtriser l’information à un niveau à peine imaginable aujourd’hui.

Je rappelle que peu de temps après la découverte du corps d’Edern-Hallier, il a été constaté que le coffre-fort de sa chambre d'hôtel — qui contenait des photocopies de documents concernant François Mitterrand et Roland Dumas — avait été vidé.

Son appartement parisien avait également fait l'objet d'une visite semblable.

Il devait déjeuner quelques heures plus tard avec le journaliste Karl Zéro, qui fut d'ailleurs appelé pour l'identification du cadavre.

L'hypothèse de son assassinat a été plusieurs fois avancée, notamment par son frère, Laurent Hallier dans une entrevue accordée à Christian Lançon pour le magazine Généreux en novembre 1998, ou par le même Christian Lançon et Dominique Lacout dans « La Mise à mort de Jean-Edern Hallier ».

Cependant, les plaintes déposées contre X n'ont pas été jugées recevables.

Edern Hallier connaissait-il le scandale du détournement des fonds de la Division Daguet ?...

Probablement, car, comme j’ai pu le constater, l’information était bien connue à l’Etat-major des armées à la fin 1997.

Il ne faut pas oublier que son père était général et que le fiston était tout désigné pour recevoir des informations sur le détournement des indemnités de la guerre du Golfe

Et de les rendre public.

Si c’est cela, il n’avait aucune chance de s’en sortir.

Les tueurs de Béré et Gros-Souvre étaient encore là, et terriblement dangereux…

 Fidèle, à sa réputation de ῝tête brûlée῝, Jean-Edern Hallier a vraisemblablement eu l’intention de révéler ce scandale.

 Peut-être l’a-t-il payé de sa vie…

 

 Ainsi, les journalistes d’un certain âge, comme Edwy Plenel, ont vécu dans une ambiance hostile absolument incroyable.

Ce qui explique la peur, pour ne pas dire la terreur, que provoque chez encore beaucoup de journalistes toute révolte, toute critique sérieuse du pouvoir.

Les ravages de l’horrible mentalité des années où l’Arsouille était au pouvoir se font encore sentir.

N’y voyez rien d’autre comme cause principale au mutisme de la presse et des médias sur le scandale du détournement des indemnités de la guerre du Golfe par François Mitterrand.

La peur sévit encore.

Mais le monde change, et les vieux schémas comportementaux sont en train de s’effondrer progressivement.

Les jeunes ne tolèrent plus cet aveuglement qui les condamne à vivre dans une société qu’ils rejettent.

Il suffit de lire un article récent du Monde sur le malaise d’une jeunesse qui rêve d’en découdre.

Comme Jean-Edern Hallier l’a fait ?...

 

Jean-Charles DUBOC