Guerre du Golfe : lettre à Gilbert COLLARD
Présidentielle 2017 et Élections américaines

Les services de Renseignement

 

L’été a passé…

 

Qu’en ont-ils fait ?

 

Souvenez-vous, Georges Fenech, un député « Républicain-démocrate », co-auteur d’un rapport de la commission parlementaire sur les services de renseignement et le terrorisme, début juillet, remis au ministre de la sécurité et des cultes qui avait aussitôt opposé une fin de non-recevoir.

Juste un café, pour la forme…

Au lendemain de l’attentat de Nice, le député avait piqué une gueulante : « L'exécutif ne sait même pas ce qu'on a fait comme travail. Ils ne le savent pas. Seul « Nanar-Case-neuve » en a pris connaissance, pour finalement nous expliquer qu'il ne l'appliquera pas. Nous avons demandé à le remettre au président de la République. Il n'y a eu aucune réponse. » 

Ledit rapport pointait pourtant trois faiblesses persistantes du système « Gaulois » : Le renseignement territorial, le renseignement pénitentiaire et bien sûr le manque de coordination entre services et leur trop grand nombre, symbolisé par la multiplication d’acronymes plus barbares les uns que les autres.

L’attentat de Nice puis celui de Normandie ont passé dessus avec cette imprécation gouvernementale : La coordination et la coopération des services avait parfaitement fonctionné, que personne n’en doute !

Au fait, comment les services de renseignement fonctionnent-ils ?

Sans tenir compte de l’aspect judiciaire ou de l’organisation des forces d’intervention (le RAID, le GIGN et la BRI…) en fait personne ne semble savoir.

Rien que la liste ci-dessous a toutes les chances d’être incomplète.

 

On y trouve :

– La Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). Créée en 1982, elle est placée directement sous l’autorité du ministère de la Défense. C’est le service de renseignement extérieur du pays, chargé de l’espionnage et du contre-espionnage et donc aussi de la lutte anti-terrorisme.

– La Direction du Renseignement Militaire (DRM). Créée en 1992, elle dépend du Chef d’État-Major des Armées (CEMA) qui est lui-même placé sous l’autorité du Président de la République et du Gouvernement. Elle est chargée du renseignement tactique et stratégique sur les théâtres d’opération.

– La Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD). Créée en 1981, elle dépend directement du ministère de la Défense. Elle intervient manifestement « en matière de sécurité du personnel, des informations, du matériel et des installations sensibles ».

– La Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières (DNRED). Créée en 1988, elle est rattachée à la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects (DGDDI) du ministère des Finances et des Comptes publics. Elle est chargée de mettre en œuvre la politique du renseignement, du contrôle et de la lutte contre la fraude en matière douanière.

– Le service Traitement du Renseignement et de l’Action contre les Circuits Financiers clandestins (Tracfin). Créé en 1990, c’est une des directions du ministère des Finances et des Comptes publics, au même titre que la DGDDI. C’est un service qui enquête sur la fraude financière, notamment dans le cadre du financement du terrorisme.

– La Direction générale de la Sécurité Intérieure (DGSI). Créée en 2014 pour remplacer la DRCI elle-même issue de la fusion de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) et de la direction centrale des Renseignements Généraux (RG) en 2008. Elle dépend directement du ministère de l’Intérieur et est chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste à l’intérieur de nos frontières.

– La Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT). Créée Dieu seul sait quand, elle dépend de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) au sein de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) du ministère de l’Intérieur. Installée dans les mêmes locaux que la DGSI, elle est manifestement chargée des enquêtes liées au terrorisme.

– Le Service Central du Renseignement Territorial (SCRT). Créé en 2014, il dépend de la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP) au sein de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) du ministère de l’Intérieur. Ce service reprend manifestement les missions autrefois confiées aux Renseignement Généraux.

– La Direction du Renseignement de la Préfecture de Police de Paris (DRPP). Créée en 2008, elle fait partie de la Préfecture de Police de Paris qui est elle-même placée sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et des cultes. Il semble qu’elle assure les mêmes missions que le SCRT mais à Paris et dans la petite couronne.

– Le Bureau de la Lutte Anti-Terroriste (BLAT). Créé en 2003, il dépend de la Sous-Direction de la Police judiciaire (SDPJ) qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, dépend de la Direction Générale de la Gendarmerie nationale (DGGN). Le BLAT intervient dans le renseignement et la répression anti-terroriste.

– La Sous-Direction de l’Anticipation Opérationnelle (SDAO). Créée en 2013, elle dépend aussi de la Direction Générale de la Gendarmerie nationale (DGGN). La SDAO est un service de renseignement qui interviendrait, si j’ai bien compris, en soutien au BLAT.

– Enfin, le Bureau du Renseignement Pénitentiaire (BRP). Créé allez savoir quand, il dépend de la Sous-Direction des Missions de la Direction de l’Administration Pénitentiaire du ministère de la Justice. Comme son le nom le suggère, le BRP est chargé des activités de renseignement dans les prisons.

 

Voilà, voilà ! Un vrai boxon administratif, même pas « chapeauté », qui forcément se marche sur les pieds des uns des autres, hors toute velléité de se glisser des peaux-de-banane sous les semelles, naturellement : Que des fonctionnaires assermentés œuvrant avec abnégation, courage et force d’âme, et une redoutable efficacité pour la protection de tous les citoyens !

Douze structures dont les missions et attributions me semblent parfois largement redondantes.

Douze structures qui ont leurs propres chaînes de commandement, leurs propres organisations, des systèmes peu ou pas partagés.

Douze structures qui « collaborent » même au-delà du nécessaire, cela va sans dire…

Ça marche tellement bien que cette organisation porte le sceau infamant des machins administratifs qui ne fonctionnent pas : Une Structure de Coordination !

Pis que ça, pas une structure mais… trois !

 

La coordination de nos efforts de renseignement est en effet assurée par :

– Le Conseil National du Renseignement (CNR). Créé en 2008 et présidé par le président de la République, il assure la coordination des six services constituant la « communauté française du renseignement » (la DGSE, la DGSI, la DRM, la DPSD, la DNRED et Tracfin).

– L’Unité de Coordination de la Lutte AntiTerroriste (UCLAT). Créée en 1984 et rattachée au cabinet du directeur général de la Police Nationale (ministère de l’Intérieur), elle est supposée coordonner la DGSI, la DGSE, le BLAT, la DNRED, le BRP et la DPSD.

– L’État-Major Opérationnel de Prévention du Terrorisme (EMOPT). Créé en 2015 et directement rattaché au ministre de l’Intérieur, qui coordonne le suivi des « personnes radicalisées » pour « s’assurer que celui-ci est bien effectif ».

Mais si !

Même avec les meilleurs spécialistes équipés des meilleurs outils, même en partant du principe que tous collaborent en mettant leur ego de côté, même en multipliant les financements et les dispositifs légaux, c’est sûr que ça ne peut pas marcher.

Même pas en rêve !

C’est d’ailleurs ce que dit la commission d’enquête parlementaire, celle dont le rapport a été enterré version « première-classe » avec palmes !

Il faut dire que les députés proposaient de « créer une agence nationale de lutte antiterroriste, rattachée directement au Premier ministre, en charge de l’analyse de la menace, de la planification stratégique et de la coordination opérationnelle. »

Un comité Théodule de plus tel qu’on pouvait se demander pourquoi ça n’existait pas déjà, puisque là, c’est pire que dans la multiplication des poissons sur les bords du Jourdain ?

Et puis il y a le fond : Tout d’abord, le renseignement de proximité a été le maillon faible de la grande réforme de « Bling-bling » dans sa tête (le bien-nommé), qui a abouti à la création de l’actuelle Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), issue de la fusion de la Direction de la Surveillance du Territoire et des Renseignements Généraux.

Les missions des RG dites en milieu ouvert (suivi des cités, des conflits sociaux…) ont été externalisées au sein d’une sous-direction de la police, qui porte le nom de Service central de renseignement territorial (SCRT), aux effectifs insuffisants.

Du coup, le fossé s’est creusé entre la DGSI et le SCRT, qui permet pourtant de détecter les premiers signes de radicalisation dans les quartiers sensibles.

Et encore, le SCRT a vu ses effectifs passer de 1.622 agents en 2008 à 2.350 aujourd’hui. Il ne s’occupait que d’une centaine d’individus « radicalisés » il y a deux ans, il en compte désormais environ 3.600.

Mais il laisse les plus dangereux (au nombre de 2.000) à la DGSI selon une répartition des tâches plus claires qu’auparavant.

Sauf que le SCRT doit aussi cohabiter avec deux autres entités territoriales : La Sous-direction de l’anticipation opérationnelle (540 analystes), créée en 2013 au sein de la gendarmerie, dont le rapport du député déplore qu’elle soit « encore trop absente des locaux de la DGSI » et la Direction du renseignement de la préfecture de Paris (DRPP), sorte d’État dans l’État, peu impacté par les réformes. 

Le rapporteur « soce » « Seb-Pierre-Sainte » prône d’ailleurs la création d’une seule direction générale du renseignement territorial, regroupant le SCRT, la SDAO et certaines missions de la DRPP. 

Autre faille béante pointée par le rapport : Les services pénitentiaires, qui n'ont fait leur entrée dans la « communauté du renseignement » que le mois dernier, après un an de tergiversations dues aux réticences de « T’oubliera », l’ex-Garde des Sceaux, merci à elle !

Attention les yeux : Le service mobilise aujourd’hui 114 agents en équivalents temps-plein, pour 189 prisons et 68.000 détenus !

« Si les renforcements en effectifs déployés depuis un an vont permettre de professionnaliser ces services, ils ne constituent pas encore le « saut capacitaire » que la délégation parlementaire au renseignement appelait déjà de ses vœux dès 2014 », remarque poliment le rapport…

Celui-ci pointe ainsi le manque persistant de coordination globale des services, symbolisée par l’absence de fichier consolidé des individus dangereux.

« Tout au long de ses investigations, la commission d’enquête a éprouvé de grandes difficultés pour obtenir le nombre d’individus, identifiés comme représentant une menace pour la sécurité nationale, faisant l’objet d’un suivi de la part de l’ensemble des services en charge de la lutte antiterroriste. »

À l’ère des datas, ça fait un peu tache…

La Commission appelle donc à la création d’une base de données commune tout en notant quand même des progrès notables dans le partage d’informations : « Avec la création de la cellule Allat en juin 2015, qui regroupe des officiers de liaison des différents services sous la houlette d'un commissaire de la DGSI, les infos circulent beaucoup mieux, c’est une vraie révolution », en dit le chef de l’un des services concerné.

Mais ces efforts restent largement insuffisants et le rapport s’inquiète de la multiplication intempestive des structures. Ainsi, l’unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), placée au sein de la police, était déjà censée permettre d’unifier les efforts de tous les ministères…

« Les réunions de l’Uclat ne m’ont jamais servi à rien », balance, lapidaire, un des participants. Et comme si cela ne suffisait pas, le ministre s’était adjoint une nouvelle cellule resserrée : L’état-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) !

En réponse aux attentes, rappelez-vous que le « Capitaine-de-pédalo-à-la-frais-des-bois » a veillé à ne parler que des veilles recettes au lendemain de l’attentat du 14 juillet à Nice : Augmenter les frappes, prolonger l’État d’urgence et le déploiement de la force Sentinelle, etc.

Trois propositions qui ont montré leur inanité dans l’instant : On a bien vu par exemple que la force Sentinelle n’avait même pas eu le droit d’intervenir au Bataclan…

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’auteur de l’attentat de Nice n’était pas fiché pour terrorisme et même pas pour « radicalisation » soudaine…

L’enquête parlementaire a montré que les auteurs des attentats du 13 Novembre étaient tous connus des services de police et par la justice, et que personne ne les a empêché de passer à l'action…

Et le mode opératoire d’un camion jeté à pleine vitesse contre une foule rassemblée, ça évoque quoi aux autorités ?

Le patron de la DGSI, en aurait dit qu’il va y avoir des attentats avec des voitures piégés.

On l’attendait à Calvi, souvenez-vous, à l’occasion la clôture de son festival « Calvi on the rocks », mais d’autres voix en disent que c’était à Cannes…

Résultat, le « garde des sots », s’est résigné au début de l’été à revoir les rapporteurs et le rendez-vous doit toujours ne se tenir qu’en ce mois septembre, malgré les urgences. 

La proposition phare à l’ordre du jour sera surtout de créer cette « grande agence nationale de lutte antiterroriste », rattachée à Matignon, sur le modèle américain. Elle serait chargée de gérer la base de données commune, de l’analyse globale de la menace et de la planification stratégique.

« Elle regrouperait en son sein des spécialistes issus à la fois de la fonction publique, des services de renseignement et du monde académique ».

Les universitaires sont ainsi peu impliqués chez nous…

Le ministre de l’intérieur, de la sécurité et des cultes reconnaît qu’il faudrait une plus grande centralisation. Selon Le Monde, il s’est ainsi montré favorable au renforcement du rôle du coordonnateur national du renseignement, très puissant aux États-Unis.

Mais entre-deux, les « cultes » se sont réunis pour envisager un « discours anti-Djihad », une transparence des financements des mosquées par des puissances étrangères, la création de centres et cursus universitaires obligatoires pour devenir Imam.

Vous l’ai-je déjà dit ?

Oui, c’était le 3 août dernier (et encore auparavant d’ailleurs), vous pouvez vérifier : Le terrorisme-islamique n’a rien à voir avec l’islam.

C’est juste une récupération « politique » du Califat et le fait de quelques « désocialisés » de nos zones de non-droit, de nos ghettos-déscolarisés.

Et il me semble, sauf erreur ou omission de ma part, que cette réalité n’est toujours pas prise vraiment en compte : C’est vous dire si je fulmine…

Autrement dit, il ne s’est rien passé d’utile cet été pour la protection de vos chérubins (et accessoirement de vous-même) !

Merci qui ?

Mais aux autistes que vous avez portés au pouvoir en 2012, tiens donc…

 

Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/09/lete-passe.html

 

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