Guerre du Golfe : lettre à Patrick HETZEL, député du Bas-Rhin
Guerre du Golfe : lettre à Nicolas D’HUICQ, député de l’Aube

Guerre du Golfe : lettre à Michel VOISIN, député de l’Ain

 

Commission de la défense nationale et des forces armées du 16 février 2016

 

Le 29 août 2016

 

Monsieur Jean-Charles DUBOC

à

Monsieur Michel VOISIN

Député de l’Ain

Assemblée nationale

126 Rue de l'Université

75355 PARIS 07 SP

 

Objet : les milliards disparus de la Division Daguet

 

Monsieur le Député,

Vous êtes intervenu auprès de Monsieur Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense, au sujet des interrogations de certains membres de la commission qui ont évoqué le fait qu’un milliard de dollars ne serait pas rentré dans les caisses de Bercy.

Compte rendu n° 35 du mardi 16 février 2016 de la séance  de 17 heures, de la commission de la défense nationale et des forces armées

— Audition de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, sur les conditions d’emploi des forces armées lorsqu’elles interviennent sur le territoire national pour protéger la population…

(…)

  1. Michel Voisin : « Certains membres de la commission ainsi que les médias ont évoqué l’opération Daguet, affirmant qu’un milliard de dollars ne serait pas rentré dans les caisses de Bercy, ou bien se serait perdu depuis. Avez-vous des précisions à nous donner sur ce point ?»

(…néant : Le ministre parle d’autre chose, mais le député revient à la charge) :

  1. Michel Voisin : « Lorsqu’on se rapporte aux archives, un communiqué de M. Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères en 1991, affirme que l’émir du Koweït a annoncé que la France bénéficierait d’un milliard de dollars de dommages de guerre pour sa participation à la guerre du Koweït.»
  2. le ministre : « L’information n’est pas parvenue au ministère de la Défense.»
  3. Michel Voisin : « Faut-il créer une commission d’enquête parlementaire pour comprendre où est passé ce milliard de dollars ?»
  4. le ministre : « Merci de m’avoir alerté sur le sujet.»

Absolument ahurissant dans une démocratie !...

Le ministre évacue la question par un remerciement !...

La réponse est pour le moins hasardeuse et je me suis permis de l’inclure dans le livre « Les milliards disparus de la Division Daguet » (page 114) que vous trouverez avec la présente.

Nous savons maintenant qu’après moult tractations secrètes, le Président François Mitterrand a été informé par l'émir du Koweït de sa décision de contribuer à hauteur d’un milliard de dollars à l'effort militaire français pour libérer son pays.

Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères explique : « Au moment où les soldats français sont engagés dans l'action terrestre destinée à mettre fin à une longue et cruelle occupation, la France apprécie hautement cette manifestation de solidarité ».

L’information a été commentée par le quotidien « Le Monde », daté du 27 février 1991 en ces termes : « POUR aider la France à financer sa participation à la guerre, le Koweït va lui verser 1 milliard de dollars (environ 5 milliards de francs). L'émir du Koweït l'a fait savoir directement, lundi 25 février, au président de la République ».

Une bonne nouvelle pour les finances de l'État : M. Michel Charasse, ministre délégué au budget, n'a pas manqué de s'en féliciter immédiatement. Un don toujours bon à prendre, mais les Français aimeraient sans doute aussi participer plus activement à la prochaine reconstruction du pays.

Appréciant le "geste" de l'émir, M. Charasse ajoutait : "C'est une grosse contribution, mais qui n'a rien d'exceptionnel." Effectivement, la guerre du Golfe a ceci d'original qu'elle réunit, au sein des forces alliées, deux types de pays : ceux qui ont de l'argent mais des armées maigrichonnes (le Koweït, l'Arabie saoudite, mais aussi l'Allemagne et le Japon) et ceux qui ont de puissantes forces militaires mais pas beaucoup de moyens financiers (les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France). Tels des mercenaires, ces derniers travaillent... » etc…

L’info est disponible sur le site du ministère des Affaires étrangères :

Capture écran Don de Un milliars du  Koweït (1)

Ainsi, il ne fait aucun doute qu’UN milliard $ a été viré à la France à cette époque, mais on ne trouve aucune trace de ce virement ni au ministère des Finances (voir la réponse à l’UNSOR sur mon site Alerte éthique), ni au ministère de la Défense comme ont pu le constater les sept députés qui ont écrit au ministre, dont vous-même !…

Monsieur Roland DUMAS, ministre des Affaires étrangères au moment des faits, (et son administration), est-il un menteur, ou messieurs les ministres de la défense, de l’Economie, du Budget et des Douanes, sont-ils des menteurs ?...

Ou alors, s’ils ne le sont pas, comme on veut bien le croire, faut-il en déduire qu’un milliard de dollars s’est perdu avant d’arriver à Paris ?...

Dans ce cas-là, qu’a-t-il été entrepris par les gouvernements successifs actuels et antérieurs pour retrouver ces fonds en cette période difficile pour les budgets ?...

Une véritable question de fonds.

L’interrogation sur les fonds manquants donnés par l’Emir du Koweït est toujours d’actualité, mais est-ce judicieux de reposer une question au gouvernement qui s’entête avec toujours la même réponse ?...

Car, plutôt que de reposer la même question, dont on connaît déjà la réponse, ne faudrait-il pas mieux créer une commission d’enquête parlementaire, comme vous le proposez très justement, compte-tenu que les faits sont avérés : un milliard a été donné à la France, mais lorsqu’on le cherche dans la comptabilité publique il n’y en a aucune trace !...

Il me semble que la représentation nationale devrait essayer d’en savoir plus, ou tout du moins de confirmer cette disparition, car l’affaire n’est tout de même pas mince.

En valeur actuelle, cela fait environ 2,5 milliards euros.

« I-Cube » a rédigé, sur cette période de la guerre du Golfe 1991, le roman « Laudato si… » (Loué sois-tu…), et vous trouverez avec ce courrier une copie du chapitre XV de ce roman qui retrace notamment, d’une façon romanesque, l’évacuation d’une partie des 48 milliards $ déposés à la banque Centrale du Koweït et au Palais de l’Emir lors de l’invasion irakienne d’août 1990.

Je vous recommande aussi la lecture des deux précédents chapitres et les suivants (http://flibustier20260.blogspot.fr/).

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Député, l’expression de ma plus haute considération.

 

Jean-Charles DUBOC

 

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