Extrait Assemblée Nationale – première séance 4 décembre 1991
Question au Gouvernement N° 94335 de M. Jean-Sébastien Vialatte du 22/03/2016

Et ça n’étonne personne ?

 

« Poux-tine » a encore surpris son monde…

 

Ce qui confirme le diagnostic de la CIA : Les uns le disent « génial » et l’encensent, d’autres restent étrangement absents, ou semblent vouloir seulement espérer une sortie de « crise-syrienne » par le haut, politique ou diplomatique.

Moi, je m’interrogeais et cherchais des réponses logiques : Qu’allait-il faire dans ce merdier-là ?

1 – J’y vois d’abord la confirmation de ce qu’on rapportait en février 2015 : Imprévisible pour le commun des mortels, c’est un des traits logiques d’un Asperger.

Pas plus tard que le 9 mars dernier (2016), je m’inquiétais : La situation syrienne semblait inextricable.

« Vlad » a dû lire mon post, forcément que ce n’est pas possible autrement, et se rendre compte de l’impasse dans laquelle il s’était fourré sans s’en rendre compte.

Il a réagi avec intelligence ce qu’est en général un Asperger.

D’ailleurs, je m’inquiétais également d’un « trafic » inhabituel sur ce blog – un peu avant – (depuis début février), qui s’est heureusement épuisé depuis.

Eh bien, sur ces époques-là, une bonne partie des visiteurs venaient consulter ce blog-ci depuis la « Russie-éternelle ».

Or, depuis une semaine, ils ont mystérieusement disparu des statistiques fournies par « Gogol » !

Et pour « Poux-tine », avec ses troupes engagées sur ordre, sans compter les 3 millions de dollars par jour (montant estimé) claqués en poudre et kérosène, ce n’était pas si facile que ça !

Plus d’un demi-milliard depuis le début des opérations, pour un pays au bord de la faillite et de l’explosion sociale, ce n’est pas forcément très confortable.

L’économie russe s’est encore contractée de – 3,3 % en 2015, subissant de plein fouet l’effondrement du prix du pétrole qui représentait la moitié de ses recettes budgétaires et les populations s’en sont prises plein la gueule avec l’embargo, alors que le pays importe normalement 35 % de sa consommation alimentaire, embargo qui met aussi à genoux nos producteurs de porc et de lait !

On en a déjà parlé ici-même

Et qu’il a toujours sur les bras les séparatistes du Donbass Ukrainien à gérer : La crise n’a pas faibli, même si les armes lourdes se sont tues.

On est toujours à la recherche d’une « sortie-politique » honorable pour tout le monde et qui soit durable, tant à Kiev qu’à Moscou : Il va falloir que « Vlad » dégage un peu de temps et d’astuce pour s’en préoccuper utilement.

Quelques atouts de crédibilité en plus, pour la suite (le coup d’après des joueurs d’échecs), ne lui est donc pas tout-à-fait inutile.

2 – La presse-aux-ordres tente de vous fournir quelques explications : On était au bord, ou encore assez proche, d’un cataclysme nucléaire en cas d’escalade et là, depuis le cessez-le-feu, plus rien.

Seule la livre Syrienne s’est cassée la gueule !

Même le turc s’est emmuré dans un silence étonnant au lieu de crier victoire face à ce repli, lui qui imaginait déjà rentrer dans le lard des russes avec l’appui de l’OTAN.

Bon d’accord, il aura obtenu quelques milliards d’euros de « Mère-qu’elle », mais elle est restée ferme sur le reste : « La candidature de la Turquie dans l’UE n’est pas d’actualité ! »

Et ne le sera sans doute jamais, notamment tant que le cas de Chypre ne sera pas réglé (on en reparlera, car avec le Liban, ce sont les prochains « points de chaudes frictions » lourds prévisibles, mais ils ont eu le temps de dire « Ciao » à la Troïka avec quelques avances sur le calendrier prévisionnel !)

3 – Les « experts » restent pour l’heure cois. Alors vous restez sur votre faim. Il n’y a pourtant aucun mystère dans tout cela : Seule la date et l’enchaînement des événements restaient aléatoires.

Pour le reste, tout est logique.

– a) « Poux-tine » a lui aussi ses propres « faucons », ses Tchétchènes et autres islamistes sur le dos.

Il a fait des pieds et des mains pour récupérer Sébastopol en abandonnant Odessa, deux ports militaires sur la Mer Noire.

Il n’allait pas en plus laisser tomber Tartous sur les côtes syriennes, pas plus que sa base aérienne avancée à Lattaquié : La Syrie est un allié ancien qui a toujours offert un asile militaire aux Russes en Méditerranée (en attendant Gibraltar : On ne sait jamais et on peut toujours rêver !)

La Syrie et son pouvoir Alaouite est aussi l’alliée de Téhéran. Or, l’Iran revient dans le concert des nations après d’âpres et longues négociations à « 5 + 1 » dont la Russie, sur le nucléaire …

Tout cela est très logique et s'enchaîne bien.

– b) Par ailleurs, si les américains et leurs alliés testent en permanence leurs nouveaux matériels militaires de pointe sur le terrain (ils viennent de mettre à l’eau le Gérald Ford, un porte-avions de 90 appareils à 15 milliards de dollars le bout de ferraille) ce qui reste « vendeur » – comme vous aurez pu le noter avec les ventes de Rafale et autres – les industriels russes n’ont pas cet avantage commercial : Même le T50, ce chasseur russe de 5ème génération, monté en coopération offerte à l’Inde n’a plus la côte à New-Delhi qui lui préférerait justement le Rafale…

Un comble, mais un comble qui tarde à se matérialiser.

Car, pour vendre, il faut ce label « Éprouvé au combat ». Et l’Ukraine n’offrait pas cette possibilité.

Une bonne guerre des plus classiques sur un théâtre d’opération sans risque pour la population permet de tester tous les nouveaux types d’armement.

On a vendu des Exocet à l’Irak parce que les argentins avaient dégommé un destroyer anglais au large des Malouines, vous rappelle-je…

Ici, même cause, même effet.

D’autant que ça permet d’améliorer lesdits matériels engagés.

On nous a présenté les opérations russes comme « glorieuses » et efficaces. 9.000 sorties de l’aviation russe et un seul avion abattu … par deux vieux F16 turcs !

C’est dire que des progrès restent à faire !

On en a déjà parlé : http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/12/jen-sais-desormais-un-peu-plus-sur-le.html

Et presque 6 mois d’opération juste pour reprendre un lopin de terrain, une autoroute et quelques villes-avancées, là où souvenez-vous « la coalition » avait mis à terre la 4èmepuissance irakienne au monde en 100 heures d’opérations terrestres en 1992…

Les moyens n’étaient pas les mêmes, faut-il rajouter.

Pendant ce temps-là, les iraniens engageaient leur très vieux F4 Phantom, une technologie de pointe en… 1968, date de la guerre du Vietnam, et les « Gaulois » n’ont pas été capables de sortir plus de 6 avions à la fois.

Et le « Capitaine-de-pédalo-à-la-fraise-des-bois » se permet de triompher.

Une misère : Malgré les budgets, il n’y a que 20 avions de combat engagés dans les OPEX, hors la flottille du Charles-de-Gaulle…

Par ailleurs, personne ne l’a noté mais ça transparaît dans quelques rapports pour l’heure secrets, les russes ont des soucis à se faire avec leurs missiles de croisière : Plusieurs se sont perdus.

Idem avec leurs drones si peu mis en avant et quelques types de bombes « intelligentes ».

Les défenses anti-aériennes n’ont pas pu être testées, mais on connaît l’efficacité des BUK de la génération précédente, on ne doute donc plus de rien.

En revanche, les matériels terrestres livrés aux militaires syriens ont su faire la différence sur le terrain : Il faut dire que Daech et Al-Nostra n’en sont pas équipés.

Et puis, mêmes les Kurdes commencent à reprendre des positions abandonnées préalablement faute d’équipement, même légers…

Et, bien que centrée sur la défense de son territoire, l’armée russe a montré qu’elle est aussi capable de projeter rapidement et efficacement des forces hors de ses frontières.

Ça, c’est nouveau et il faudra en tenir compte, d’autant que les patrouilles d’avions russes à long rayon d’action et de navires militaires tout autour de l’Europe se sont multipliées pendant la période.

Tout ceci reste donc logique : Après 6 mois de tests, ayant montré et démontré quelques faiblesses, il était temps de remballer les joujoux des « militareux ».

4 – Restait donc à trouver la bonne « fenêtre » avant que les choses ne se dégradent trop visiblement.

Là, tout « Asperger » qu’il est, je reconnais à « Poux-tine » un certain talent et une bonne équipe qui l’entoure (ce qui est déjà un talent pour être « patron », sinon l’indispensable).

– a) Il peut se déployer honorablement en fondant officiellement sur « l’éradication du terrorisme », à la demande de son allié qui plus est, et se replier tout aussi honorablement, sans qu’on le lui ait demandé, après constat d’avoir « largement réalisé ses objectifs ». Même si finalement la « mission » du contingent russe a réservé ses frappes aux forces anti-Assad et nullement contre l’EI, qui conserve la maîtrise d’Alep et d’une partie du territoire syrien, même si Palmyre pourrait tomber dans quelques semaines. 

Du coup, le retrait russe a répondu à plusieurs impératifs, politiques, économiques, diplomatiques et militaires :

– Changement de rapports des forces sur le champ de bataille. Longtemps cantonnée à la défense du réduit alaouite, à l’ouest du pays, l’armée loyaliste a commencé la reconquête du territoire. Prêt de s’écrouler, en septembre 2015, le régime de « Blabla-char » sort miraculeusement indemne d’une guerre qui, au seuil de sa sixième année, a fait près de 300.000 morts, autant de blessés, et déplacé près de 5 millions de personnes.

6 ans… 6 mois, pourquoi ne pas être intervenu plus tôt, SVP ?

– Sur le front politique, en montrant sa capacité d’intervention, le Président russe peut se targuer d’avoir remis spectaculairement la Russie, grande puissance globale, au centre de la scène internationale.

Il peut même se prévaloir désormais d’avoir « préventivement » évité l’une des causes, selon lui, du désordre mondial : Un changement de régime déclenché par une puissance extérieure, sans légitimité donc fragile démocratiquement et exposé à la violence djihadiste qui émerge dans son sillage !

– b) D’où l’impératif de s’extraire d’une guerre « asymétrique » et donc chère : Au Moyen-Orient, la promesse d’éradiquer totalement le terrorisme est matériellement impossible à tenir.

L’engagement de fermer la frontière entre la Syrie et la Turquie est un échec royal.

Et le souvenir de l’enlisement de l’armée rouge en Afghanistan hante encore l’état-major russe.

Donc, mission « à moitié accomplie », la Russie peut profiter d’un cessez-le-feu, même provisoire et partiel pour s’extraire d’une guerre qu’elle ne gagnera jamais sans intervention au sol.

Et la conférence de Genève sous l’égide de l’ONU qui reprend ses travaux, avec comme objectif la formation d’un gouvernement de transition, lui en a donné l’occasion tout en espérant capitaliser sur ses acquis et peser de tout son poids pour devenir l’ordonnateur d’une paix que l’intransigeance d’Assad rendait impossible.

– c) Car pour Moscou, « Blabla-char » n’est plus qu’un des paramètres d’une négociation plus large où comptent d’abord les intérêts de la Russie qui entend être récompensée de ses bons offices par une présence désormais incontestée dans ses deux bases militaires et dans la région.

Et pour y parvenir « Poux-Tine » veut imposer « ses » interlocuteurs valables à la table des négociations (avec peut-être les kurdes, évincés des pourparlers et une fraction seulement des représentants de l’ASL-Armée syrienne libre, armée par Washington qui s’est aussi refusé à intervenir sur le terrain : Eux aussi « savent »).

Conclusion toute aussi logique : La télévision d’État pouvait montrer dès lundi des soldats russes embarquant dans des Iliouchine 76 transporteurs de troupes et accueillis en fanfare sur les aéroports de destination.

La désescalade peut commencer.

En revanche, la catastrophe humanitaire subsiste.

Quant à la question kurde, elle va être un test majeur pour la diplomatie iranienne. Les iraniens ont appuyé leurs dirigeants « modérés » à l’occasion des dernières élections et il est fort à parier que, sous l’influence de l’axe diplomatique Moscou-Téhéran, nous allons assister à une stabilisation de la région du fait du recul des nuisances occidentales.

En cas d’échec, il sera toujours temps d’y revenir : Mais l’échec est interdit à Moscou, même si ses troupes casernent sur place.

Ce serait l’occasion d’une perte de crédibilité mondiale de la diplomatie russe entrainant probablement le retour des occidentaux, notamment au Liban si la situation dégénérait une nouvelle fois dans ce pays-là.

Et le seul cocu de l’affaire, c’est Ankara.

En en attendant d’autres.

Rien que de très logique, finalement d’autant qu’on reconnaît la patte du joueur d’échecs pour garder toujours « un coup d’avance ».

On aura au moins appris à le mieux connaître : Bravo !

 

http://flibustier20260.blogspot.fr/2016/03/et-ca-netonne-personne.html

 

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