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Mains invisibles : Chapitre XXXIII.3 : Au large de Toulon (3/3)

 

Chapitre XXXIII.3

 

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Au large de Toulon (3/3)

 

La descente commence vers Orange où les techniciens ont sorti le « Nivelle 001 » du hangar.

Le plein de kérosène est fait et « Paul » et « l’Amiral » prennent la direction de la salle de briefing après avoir passé chacun une combinaison anti-G qu'ils ajustent.

Il y a là quelques officiers supérieurs, le préfet maritime de Toulon et un contre-amiral qui décrivent « l’espace de jeu » autour des intrus.

La situation n’a guère évolué : ils ne peuvent que constater que le destroyer « Admiral Levchenko » et son support, le bâtiment d’écoutes électromagnétiques « Liman », de la flotte russe, croisent paisiblement à 10 nœuds, à environ 13 à 15 milles nautiques au large de Toulon, en restant toujours dans les eaux internationales qui commencent à 12 nautiques de la côte.

Un passage à 300/500 pieds au-dessus et entre les navires est défini afin de rester le plus stable possible pendant ce survol à très haute vitesse.

« Par précaution, la zone au sud des îles de Port-Cros et du Levant ont été interdites de navigation et le trafic maritime suspendu ou détourné jusqu’à 14 heures. Mais rien ne nous dit qu’il n’y aura pas quelques plaisanciers où des pêcheurs dans cette zone.

Par ailleurs, sitôt les navires russes dépassés, le Nivelle devra cabrer jusqu’à 80 ° ou plus par rapport à l’horizontale, pour éviter une propagation de son bang jusque sur les côtes. »

Une belle chandelle à tirer à la verticale, qui risque de les envoyer en voile noir, le cerveau vidé de son sang, à en devenir aveugle…

Ils viendront de loin après un détour vers les Baléares, cap sur Palma de Majorque, à vitesse subsonique et 30.000 pieds comme d’un avion de ligne classique, pour être sûrs d’être repérés par les radars du destroyer et écoutés par son bâtiment-espion.

20 à 25 minutes plus tard, ils mettront cap au sud puis virant lentement vers l'est, comme venant de Madrid et en direction de l’Égypte ou de Malte, tout en descendant lentement, jusqu’à 1.000 pieds. Puis à proximité du sud de la Sardaigne, ils seront pris en charge par « Big Mama », l’Awacs de l’armée de l’air, chargé de les guider sur leur cible et de les faire arriver entre les deux navires.

La partie la plus difficile du vol.

Car après coup, pour éviter de faire voler en éclat toutes les fenêtres du littoral, ils auront moins de 10 secondes à tout casser pour arrondir à la verticale et propulser le cône du bang hors d’atteinte des habitations côtières ou de façon très atténuée.

Mission casse-gueule. Le capitaine de frégate Paul de Bréveuil et « l’Ami-Râle » s’installent à bord, se sanglent, effectuent la check-list avant mise en route puis démarrent le moteur.  

« Vous avez pensé à faire changer les sièges-baquets. C’est bien ça, les autres auraient été vraiment trop inconfortables pour nos acrobaties ! »

Paul propose à « l’Ami-Râle » de faire le décollage, ce qu’il accepte avec plaisir car c’est pour lui un extraordinaire privilège de pouvoir piloter un avion affichant de telles performances. 

Le « Nivelle 001 » s’aligne. La poussée, puis la postcombustion, sont appliquées. L’avion roule normalement. La rotation a lieu à 180 nœuds avec une forte accélération.

Le train est rentré dès que le variomètre devient positif, puis l’avion accélère à 300 nœuds, les portes d’arrivée d’air se refermant sur l’Atar qui étouffe, pendant qu’elles s’ouvrent sur les statoréacteurs dont seulement un tiers des buses est ouvert pour modérer la poussée et la consommation instantanée, avec un taux de montée de 40.000 pieds par minute.

Le niveau 200 est atteint en 30 secondes.

La montée est maîtrisée ensuite au pilote automatique réglé sur 2.000 pieds minutes, jusqu’au niveau 330, à l’allure de 340 nœuds au badin extérieur. Un vol normal.

Paul fait le radio et roule de centre de contrôle en centre de contrôle pendant une petite demi-heure.

« Bon maintenant, on met le transpondeur sur la fréquence 1.200, on fait silence radio et on descend en vol plané en virant lentement au Sud-Est, Commodore ! »  

À 10.000 pieds, Paul reprend les commandes et ils inversent leurs rôles dans le cockpit.

« Faut régler sur la fréquence de « Big-mama » et se signaler. »

À 120 milles nautiques de la côte, « L’Amiral » est à la radio. Une fois le contact établi avec l’AWACS, Paul prend le cap nord par la gauche, vers le destroyer, puis descend tranquillement jusqu’à 600 pieds au-dessus de la Méditerranée, non sans avoir relancé l’Atar, volets sortis, pour ralentir la machine à en étouffer les statoréacteurs.

Un dernier cap est donné par l’Awacs. Ils s’alignent.

80 nautiques. Tout droit. Il faut rentrer les volets et là, la machine commence à s’emballer…

Une fois stabilisé, avec un cap d’interception vers le destroyer, Pedro, le dernier modèle de pilote automatique, maintient parfaitement le vol horizontal.

À 70 nautiques de la côte, les deux statos pulsent et accélèrent rapidement le « Nivelle 001 » tels que les pilotes sont acculés au fond de leurs sièges.

Et puis dépassé Mach 1,8, la machine vibre, se cabre, redescend, remonte, décroche de son cap originel, revient.

La sangle jugulaire du casque d’Haddock ayant été mal capelée, son casque joue au bilboquet sur son crâne partiellement dégarni.

« Annoncez-moi l’altitude… »

Le pauvre, il ne voit plus rien avec son casque qui lui tombe sur les yeux.

« Big-mama » s’inquiète : « Tenez votre cap Carlita ! 1 degré à gauche. Vous allez passer à côté de votre cible ! Corrigez, corrigez ! »

« Je voudrais les y voir, tiens ! »

La mer se rapproche, puis s’éloigne des dizaines de fois par seconde.

En deux minutes, l’appareil atteint 1.525 nœuds, soit Mach 2,29 ou encore 780 mètres par seconde. 46,800 km/minute. Il faut tenir encore 50 secondes à ce rythme d’enfer.

Alors que dans le sillage de l’avion, la « mer fume », écrasée par l’onde de choc.

La surprise est totale à bord du superbe destroyer de 165 mètres de longueur « Admiral Levchenko ». Le radar de veille lointaine avait bien vu passer au loin un vol commercial par le sud de la Sardaigne, vitesse et descente faibles.

Puis l’avait perdu à cause de la rotondité de la terre.

90 secondes avant le passage du prototype, le radar doppler de poursuite détecte un mouvement supersonique au ras des flots, en convergence rapprochée.

Un missile ?

Pas possible : on n’est pas en guerre !

L’officier de quart tente de communiquer avec la passerelle avant de déclencher l’alarme.

Mais plus les choses se précisent, plus l’alerte de combat devient impérative.

Là, c’est la passerelle qui communique avec le PC radar.

« Vecteur aérien par les 9 heures ! En rapprochement très rapide ! »

Aux jumelles, on ne voit rien qu’une tâche blanche d’écume à l’horizon qui grossit rapidement à vue d’œil.

Même pas le temps de voir le bolide passer entre les deux navires. Que déjà c’est l’assourdissante explosion du « bang » et sa volée d’embruns qui inonde les antennes du « Admiral Levchenko ».

L’onde de choc, dans un énorme fracas, secoue le navire. Des hublots éclatent en même temps qu’un abri des radars de détection sous l'effet de la convergence du cône incurvé de l'onde de choc quand le prototype part en chandelle, qui fait comme une énorme roulement de tonnerre démultiplié en une fraction de seconde.

La panique s’empare momentanément de l’équipage : les alarmes sonnent dans tous les sens.

Les machines mettent subitement en panne, plusieurs durites s’étant « décrochées » faisant gicler de l’huile brûlante et de la vapeur pour une autre, dans la cale devenue provisoirement impraticable.

Paul a tiré d’un coup sur le manche jusqu'en butée pour une ressource extraordinaire, puis l’enfonce pour éviter le vol noir. Cap tout droit. L’avion monte tout droit sans même ralentir, plus à l’aise dans les couches moins denses de l’atmosphère : il ne « flotte » plus !

« Dites donc, heureusement que vous étiez bien ficelé à votre siège. Sans ça, on vous retrouvait collé au plafond de la cabine. »

Et ensuite étalé comme une crêpe sur la moquette du plancher…

« Sacré piège ! J’ai bien cru qu’on allait à la baille plus qu’à mon tour. On est passé où ? Je n’ai rien vu des navires ! »

C’est « Big-mama » qui répond à la question : « Bravo les gars ! Entre les deux cibles. Vous pouvez mettre cap à l’Est et rentrer par l’Italie en mode « ma non tropo ». »

Tu parles d’un cirque !

« Big-mama » : « Accusez réception et cessez de grimper de la sorte : vous êtes déjà au niveau 900… »

Faudrait que la machine veuille bien répondre.

« « Carlita » à vous ! Il y a encore un pilote où vous êtes tous complétement sonnés ? »

Il y a du monde aux écouteurs, sous les tonnes de sueur ruisselante. « Cap à l’Est. »

Ils montent comme ça jusqu’au niveau 1.500, pas un record, sauf pour la machine elle-même, qui finit par étouffer ses statoréacteurs dans l’air raréfié et ralentit sa course pour ensuite dégringoler en mode décrochage, alarme « Stall » vrillant les oreilles.

Paul contrôle un départ en vrille, à plat…

L’AWACS signalera plus tard que le destroyer a mis en panne et dérive lentement vers la côte. À tel point que son escorte l’a pris en remorque vers le large à faible allure en début d’après-midi…

Un Atlantic aura pris films et photos d’une petite fumée noire s’échappant de la soute par quelques hublots du bord. À l’allure de 5 nœuds, ils en ont pour plusieurs semaines avant de rejoindre la Syrie.

Mission accomplie.

Après un tour au mess des officiers, vivement congratulés, ils repartiront en milieu d’après-midi.

Pour un vol sans histoire qui les mènera devant la ballastière d’Arques-la-Bataille en fin d’après-midi.

« Dites donc, mon cher Paul, pourquoi c’est sur vous, je veux dire sur nous, sur qui retombent toujours ces missions d’hurluberlu ? »

Bof, si il savait…

« Vous le gardez pour vous, mais depuis notre dernier vol, j’ai fait tellement de choses qui n’ont jamais fait la Une des journaux… ah si tout de même. J’ai fait sauter votre ami « DLK » de son piédestal. Quoique finalement, il n’est pas tombé dans mon piège fignolé pour lui, mais pour se jeter dans une affaire incongrue. J’ai juste ramené une petite vidéo de cet épisode-là. »

Quoi, l’affaire du Sofitel de New-York ?

« Je ne vous ai rien dit, Commodore. Excusez-moi. Et s’il n’y avait eu que ça… »

Il passera sous silence l’épisode au-dessus de la Manche, il va y avoir deux ans de ça, sa visite, et dans les mêmes douze mois, chez le Pape Benoît, la reine d’Angleterre et chez Obama…

Et son détour par HK pour finir de ruiner leur bonhomme.

Et puis un coq à l’âne… «Tiens à propos, imaginez que l’Allemagne et l’Argentine passent l’étape des demi-finales du mondial de foot, croyez-vous que les deux papes regarderont le match ensemble ? »

Drôle d’idée, après ce qu’ils venaient de vivre ensemble.

« En tout cas, je suis partie prenante pour un prochain vol. »

Si ça marche, ce sera pour une première : un vol suborbital, histoire de tester les céramiques du bouclier thermique… Avec ou sans Allen.

« Vraiment ? Alors j'en suis, figurez-vous ! »

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