Mains invisibles : Chapitre XXX.1 : Kiev (1/2)
Mains invisibles : Chapitre XXXI.1 : Commando « Sergent Guy Proudhon » (1/2)

Mains invisibles : Chapitre XXX.2 : Kiev (2/2)

 

Chapitre XXX.2

 

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Kiev (2/2)

 

Pendant que les ministres diplomates parlementent à Kiev, les états-majors s’activent.

« Charlotte » est en Normandie pour le week-end, avec femme, enfant et gardes du corps dont Shirley, dans ses bagages. Qui plus est, il n’a rien à refuser aux britanniques depuis qu’il est GCVO et pair du royaume : pas un homme à laisser dans la mouise des soldats en perdition pense-t-on de lui…

Landau n’a rien à refuser de son côté au président Obama depuis son retour de voyage officiel : il l’avait lui-même affirmé.

Et en attendant le feu vert des gouvernements réciproques, un Canadair de la sécurité civile de Marignane est convoyé avec ses pilotes en Pologne, près de la frontière.

Un Rafale biplace l’est de son côté à Carpiquet, l’aéroport de Caen et sa piste en dur, afin de convoyer Paul.

1.890 MN, un peu juste pour le chasseur, mais avec des réservoirs supplémentaires sous les ailes, il peut parvenir au point de rendez-vous de son passager en moins de 2 heures.

À peine arrivé pour le dîner, une estafette de gendarmerie attend le couple de Bréveuil et leur gamine, avec un téléphone de campagne crypté qui le met en relation avec le ministère, sur le bord de la route.

Départ le lendemain matin, à 6 heures.

Confirmation des britanniques via le SIS et Shirley.

« Mais comment font-ils pour programmer une mission sans retour, tes potes anglais ? »

C’est ça, les « Special Air Service » : la débrouille intégrale depuis les années 1940 et Dunkerque, et jusqu’en Irak en passant par les Falkland.

Avec une seule devise : « Soldat apte à tout ». 

Des militaires d’élite.

Le lever de soleil dans la course du chasseur, à 34.000 pieds d’altitude au-dessus de la couche nuageuse, est vraiment superbe et se passe en « accéléré » pour une route vers l’Est à Mach 1,6.

Il est à peine plus de huit heures, heure locale, quand Paul foule le tarmac d’une piste installée au fond d’un vaste lac desséché, lui-même né d’un impact d’une vieille météorite préhistorique.

« A-t-on idée d’installer une piste dans un trou pareil ! » en diront tous les pilotes français rassemblés au bar de l’aéro-club de Bircza.

« Non seulement, on ne l’a en visuel qu’au dernier moment, mais en plus, il faut faire une approche en piqué dans la dernière centaine de mètres pour ne pas emplafonné la bute ! »

Ils n’ont jamais vu l’aéroport de Bathpalathang, ville de Jakar au Bhoutan, perché à 2.500 mètres et entouré des massifs de l’Himalaya qui culminent à près de 4.000 mètres tout autour…

Pour peu qu’il y ait un peu de rafales de travers et une visibilité réduite à cause des nuages, ça laisse de quoi avoir quelques sueurs…

« Nous, nous sommes arrivés de nuit, » rapporte l’équipage du Canadair. « Il a fallu qu’on s’y reprenne par trois fois avant de toucher la piste ! »

« –Dites donc les gars, c’est la vodka polonaise qui vous monte au rachis, là ? A-t-on idée de picoler dès le petit-déjeuner !

– On aura eu tout le temps de dessaouler avant votre retour, si des fois vous revenez ! »

Ambiance…

Une petite demi-heure pour se faire raconter comment l’avion citerne anti-incendie se comporte en vol et à quoi servent toutes les commandes du tableau de bord et c’est le décollage en solo, direction Kiev : la sécurité civile française part attaquer des incendies fictifs dans la capitale de l’Ukraine prise de folie meurtrière !

Un vol un peu long avant de se poser à l’aéroport international de Kiev pour y refaire les pleins.

Un peu surpris, les ukrainiens, mais l’agent du consulat est au rendez-vous encadré par des « G-men » de l’ambassade pour assurer sa sécurité.

L’opération est enfin autorisée, Paul peut décoller en VFR, avec un plan de vol bizarroïde : il s’agit d’être à 12 heures pétantes sur les bords de rive-droite du Dniepr, d’embarquer en 10 minutes le commando et son matériel, de déjauger au plus tard à midi 15, direction au sud et de suivre l’autoroute vers Odessa à basse altitude. Ville qu’il conviendra d’éviter quand même pour être une zone russophone, et filer ensuite sur un point d’intersection aérien en Mer Noire pour y amerrir.

Là, un sous-marin britannique fera surface et embarquera le commando et son matériel.

Retour en faisant une boucle par la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie avant de remettre l’appareil à son équipage à Bircza.

« Au sud, vous serez guidé par un Awacs américain déployé au-dessus de la Mer Noire qui commandera également deux drones rivés en altitude, armés pour l’interception, au cas où les ukrainiens ou les russes aient des envies de vous faire des misères. Ils sont déjà en rotation de patrouille au-dessus de nos têtes.

En cas de pépin, on vous fait confiance pour voler assez bas et être capable de vous poser sur une « flaque d’eau », la plus proche. Dans ces conditions, vous auriez intérêt à suivre les cours d’eau. Il y a deux fleuves qui descendent dans deux vallées différentes vers la mer. Le Dnister, à l’ouest qui mène au port d’Odessa et le Dnipro.

Prenez le premier et à l’occasion, sautez au second qui vous rapproche de votre point de rendez-vous.

Encore une chose : vous avez trois heures pour rejoindre le sous-marin. Après ça, sa présence pourrait mobiliser quelques patrouilleurs de la marine russe, ce qui, malgré la proximité de bâtiments de l’Otan, pourrait compromettre sa sortie vers Istanbul.

Des questions ? »

On se les posera après, n’est-ce pas ?

Décollage et virage à droite. Paul survole la ville qui a l’air calme, vue « d’en haut », même s’il ne monte pas très haut et fait se lever les têtes.

Quelques passants surpris saluent l’avion jaune et rouge qui bourdonne au-dessus de leurs têtes.

Il n’y a qu’à suivre le fleuve qui traverse la ville, faire un 360° et une fois un 270° pour « estimer » la direction et la force du vent à la dérive de la trajectoire, vitesse réduite et volets sortis.

Puis il se lance dans un amerrissage en direction de la pointe repérée où il est censé retrouver les SAS.

C’est un peu compliqué, parce que ladite « plage » choisie pour le RDV est fangeuse et entourée de maisons à proximité.

Mais ça marche quand même. Il parvient à hisser l’engin sans rien abîmer autour et faire son demi-tour sur le tricycle du train d’atterrissage quand les paras britanniques font leur sortie et prennent d’assaut les portes du Canadair.

Sur le coup, Paul en est surpris.

« – Snowboard, Cap’tain !

– Charlotte !

– No ? Incredible ! « The » Charlotte ?

– Yes : « The » Charlotte ! »

Et ils ne sont pas peu fiers d’être pilotés et pris en charge par une légende vivante…

Puis c’est le déjaugeage, comme à la parade. Prise d’altitude, 900 pieds et contact radio avec « Pancake », l’Awacs après un signalement de routine au centre de contrôle de Kiev. Cap au sud-sud-ouest.

Les minutes puis les heures passent sans aucune alerte : tout le monde se détend. Les gars piquant un roupillon entre les citernes dans l’allée centrale de visite pourtant si exiguë et les sacs de leur matériel.

L’avion vole tout droit, prend encore un peu d’altitude pour sauter le relief et file vers son point de RDV sans absolument aucun problème, ni même une alerte à signaler.

Justement, une fois arrivé sur place, guidé par le GPS du bord, pas de trace du sous-marin.

Paul fait une rotation pour « tâter » l’air et finit par pendre un axe qu’il juge optimum face à la direction du vent estimé d’après l’allure des vaguelettes avant de toucher la mer calme et mettre en panne pour économiser le carburant.

Une minute passe, tout le monde est sur le qui-vive.

Deux, puis 5 minutes avant qu’un gros bouillonnement n’apparaisse sur bâbord arrière : c’est leur rendez-vous !

« Hello ! »

Hello…

Les SAS débarquent sur les canots envoyés par le submersible.

« –Bye and thank you very much “Charlotte” !

– Bye ! Have a good trip ! »

La manœuvre ne demande pas 10 minutes et Paul remet les gaz pour un vol sans histoire, toujours sous la surveillance de « Pancake », l’Awacs qui croise en altitude.

Mission, absolument sans aucun accroc.

Il sera de retour chez lui pour le dîner et l’équipage du Canadair rejoindra ses bases au milieu de la nuit.

Un « raid » qui ne laissera pas indifférent ni les autorités russes ni celles d’Ukraine, qui n’ont d’abord rien vu venir.

Et qui aura quelques conséquences inattendues, quatre mois plus tard au large de Toulon.

 

Après la fuite du président ukrainien qui pensait que les paras anglais signalés avaient mission de l’abattre personnellement, le 22 février, le Parlement suspend le ministre de l'Intérieur, Vitaly Zakhartchenko. Par ailleurs la résidence de Mejyhiria du président, près de Kiev, est ouverte et accessible à la population, quoique gardée pour prévenir les pillages.

Les manifestants continuent à occuper la rue malgré l'accord de « sortie de crise ».

Les défections se succèdent dans le camp présidentiel, dont celle du président du Parlement, Vladimir Rybak, remplacé par Oleksandr Tourtchynov, bras droit d’Ioulia Tymochenko et qui agira désormais comme Premier ministre par intérim.

Selon Hennady Moskal, un membre du parti Batkivchtchyna, des documents, découverts après la fuite du président, démontrent l'existence d'un plan de liquidation des manifestations d'Euro-Maïdan. Les opérations, financées par les Services secrets ukrainiens, portaient les noms de code de « Vague » et « Boomerang ».

Les documents semblent impliquer également l'assistance de « conseillers » russes et indiquent que les snipers de la rue de l'Institut (Instytoutskaïa) appartenaient à des unités spéciales détachées auprès du ministère de l'Intérieur, dont une unité spéciale « Omega ».

Néanmoins, des écoutes entre le Premier ministre estonien Urmas Paet et la commissaire européenne Catherine Ashton indiquent que ces snipers auraient étés embauchés par les leaders de l'opposition et auraient tiré à la fois sur les manifestants et la police.

Ils sont désormais « neutralisés » grâce aux britanniques dont personnes ne parlera jamais.

Au mieux, dispersés.

À Lviv, la police, l'armée et les services secrets ont capitulé devant les protestataires. À Kharkiv, en revanche, le gouverneur, Mikhaïl Dobkine, de tendance séparatiste, appelle à « s'opposer au nouveau pouvoir » et ouvre un congrès des régions pro-russes qui remet en cause l'autorité du nouveau Parlement.

Dans l'après-midi, démentant les annonces de la presse, Ianoukovytch annonce depuis Kharkiv, sur la chaîne privée « 112 », qu'il ne démissionnera pas et dénonce un coup d'État. Cependant la Rada, constatant la vacance du pouvoir, prononce sa destitution et fixe au 25 mai la tenue de la prochaine élection présidentielle. Des individus armés d'extrême droite ayant molestés les parlementaires, la légitimité de ce vote restera contestée, même si le scrutin aura bien lieu le même jour que les élections du parlement européen.

Valentin Nalyvaïtchenko retrouve provisoirement son ancien poste à la tête du SBU. En Crimée, essentiellement pro-russe et où vivent beaucoup de binationaux, les manifestants pro-russes s'en prennent violemment aux anti-Ianoukovytch, comme à Kertch. Selon la chaîne en ligne espresso.tv, Viktor Pchonka, ancien procureur général, et Klimenko, ministre des Recettes et Dépenses, auraient été bloqués alors qu'ils cherchaient à passer la frontière russe dans l'oblast de Donetsk en compagnie de gardes armés, qui auraient riposté et n'ont pu être arrêtés.

Dobkine et Kernes, respectivement le gouverneur et le maire de Kharkiv, se seraient réfugiés en Russie.

Ianoukovytch aurait lui-même tenté sans succès de s'envoler pour la Russie.

Sur Maïdan, des milliers de personnes sont venues rendre hommage aux manifestants avec des bougies et des fleurs. Le soir même, Ioulia Tymochenko, qui vient d'être libérée, s'adresse à la foule sur cette même place, saluant les « héros de l’Ukraine », demande « pardon » aux manifestants et les exhorte à rester mobilisés.

Toutefois, les manifestants ne demandaient pas sa libération et la perçoivent plutôt comme un membre de « l'establishment » politique qu'ils dénoncent.

Confirmant un basculement de régime, des atterrissages d'avions privés sont signalés à Vienne, ville dans laquelle des oligarques ukrainiens ont déposé des avoirs bancaires.

Le Haaretz a rapporté que Secteur Droit et Svoboda ont distribué des traductions récentes de Mein Kampf et du Protocole des Sages de Sion sur la place Maïdan. Il fait aussi état de sa préoccupation de la présence importante de membres de ces deux mouvements ultra-nationalistes parmi les manifestants…

La suite, tout le monde la connaît : la sécession de la Crimée après un vote référendaire et son rattachement à la Russie, sous l’impulsion des forces pro-russes et de milices armées sous uniforme mais sans signe distinctif d’identification, les heurts et menaces jusqu’aux élections du 25 mai et une « normalisation » émaillées de violences répétitives qui ira jusqu’à l’été.   

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