Mains invisibles : Chapitre XXIX.1 : De Hong-Kong à Kiev en passant par Washington (1/2)
Mains invisibles : Chapitre XXX.1 : Kiev (1/2)

Mains invisibles : Chapitre XXIX.2 : De Hong-Kong à Kiev en passant par Washington (2/2)

 

Chapitre XXIX.2

 

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

De Hong-Kong à Kiev en passant par Washington (2/2)

 

En revanche, les échanges sur la situation mondiale, en Afrique, au Moyen-Orient et en Ukraine en particulier, sont cordiaux : les deux présidents ont les mêmes points de vue. Enfin, disons plutôt que la France adopte la position américaine sans même y réfléchir : dans ces conditions les deux dirigeants ne peuvent qu’être d’accord !

« Vous ne vous interdiriez donc pas de participer à quelques actions de maintien de la paix à Kiev et ses environs, si cela devenait nécessaire ? »

Et pourquoi donc, si c’est légal ?

C’est comme ça que, sans le savoir, Landau « autorise » une dizaine de jours plus tard, « Charlotte » pour un « raid » sur Kiev… qui lui-même fournira l’occasion de « réarmer » de son réacteur manquant le « Nivelle 001 » pour un raid au large de Toulon, et qui saura être utilisé pour une opération putschiste sur Paris un peu plus tard.

Un enchaînement porté par quelques « mains invisibles » ?

Mais en attendant, plus que ça : des avions de chasse français iront « sécuriser » la frontière en Pologne, à la demande de Varsovie.

Paul est rapidement happé de son côté par Harry Junior n°4 qui se promène de groupe en groupe avec Allen et quelques autres dans son sillage.

« Cher ami ! Très réussie votre opération en Chine. Bravo. Anjo a pu me confirmer que ça s’est passé sans aucune difficulté.

Le tout sera soldé dans quelques heures sans grosses vagues sur le Forex. »

Mais ne passera pas inaperçu pour le Bureau des Règlements Internationaux (BRI) non plus.

« Je vous propose de venir demain au Madison Square-Garden où une de mes fondations organise un gala de charité. J’ai quelques amis qui aimeraient vous poser des questions. Accepteriez-vous de jouer à la…. Comment dites-vous, déjà ? … « La vedette américaine », la guest-star ? »

Puisque c’était l’objet de cette invitation à Washington dans le train de Landau…

« Avez-vous confirmé mon opinion sur la liste des comptes que je vous ai remise ? »

Les comptes ? Ah oui. « Un beau travail. Pas d’américain dans cette liste comme vous le présumiez. Mais je subodore dès lors que nos … « petits-soucis » à venir ont une autre origine, même s’il s’agit de la même carambouille originelle. »

C’est-à-dire ?

« Je vous ai indiqué il y a un an qu’il fallait que vous preniez contact avec Basanix. Ce n’est pas un de nos membres, mais il en sait beaucoup plus qu’il ne le laisse apparaître. Il vous expliquera peut-être deux ou trois choses. »

Admettons.

Dès qu’ils sont seuls, un verre en main, Allen entretient De Bréveuil sur ce qui l’intéresse : son prototype n°2.

« Vous savez Paul, il est encore dans les feuilles de calculs. Il monte bien et se met en orbite correctement à 250 km d’altitude en un peu plus d’une heure, mais il n’a pas assez de carburant pour redescendre… »

Avec son avion porteur, Allen peut hisser la machine de de Bréveuil à 30 km d’altitude et Mach 0,8.

C’est toujours ça de prit.

« C’est vrai, mais ça représente une économie de seulement 5 % sur le carburant à emporter. Or, il en faudrait au moins 15 % de plus, sinon 20 pour que ça puisse rester confortable. »

Insoluble ?

Paul ne sait pas : « Peut-être en revenir à un carburant combiné à de l’hydrogène. Mais convenez que là, on perd l’aspect flexible du projet.

Non, je réfléchis déjà au n°3. Mais ça demandera plusieurs années de travaux, parce que c’est au moins un sinon deux sauts technologiques avec l’emploi de plasma dans les tuyères. Chaud, quoi ! Mes céramiques pourraient ne pas résister. »

Mais si ! « Les laboratoires de la NASA y travaillent déjà. Il faut que vous veniez visiter ça. »

Et le lendemain, Paul et Paul – Allen et de Bréveuil – refont leur numéro avec « n°4 » en maître de cérémonie.

Tout y passe, mais Paul s’abrite derrière le secret-défense à chaque occasion dans une sorte de dialogue avec des micros-baladeurs se promenant entre les tables dressées.

Oui, le crash du Boeing dans l’Atlantique, c’était lui !

« Et je dois vous avouer que mon arrivée dans le port de votre ville, accueilli comme vous savez le faire par vos bateaux pompes, reste un souvenir tout particulier dans ma mémoire. Je ne saurai jamais assez vous dire merci ! »

Applaudissements…

C’est lui qui remercie pour des remerciements et maintenant on le remercie pour ses remerciements de remerciements !

Oui, le tour du monde par les pôles et sans escale, c’est encore lui, mais co-piloté avec le cap’tain Haddock. « Je dois vous dire que les repas, le café et le thé ont été fournis par Miho Mihado, agent coréenne … du nord qui était à notre bord dans ce délire aéronautique. Vous pouvez lui rendre hommage, pour sa bravoure ou son inconscience, je ne sais pas, parce qu’elle est présente ce soir dans cette salle ! »

Et la miss de lever sa frêle silhouette de sa table désignée par un geste du bras de Paul, table qu’elle partage avec Shirley et Matilda au fond de la salle, pour saluer sous les applaudissements.

Un show, plus vrai que nature.

« Oui, Paul Allen, je partage ton ambition d’aller dans les étoiles et d’y envoyer le plus grand nombre possible observer notre planète d’en haut, c’est sûr. Mais il y a des étapes à franchir avant, tu le sais bien.

Et notamment, de se faire un peu d’argent en allant peut-être construire des drones pour les chinois voire même les russes, parce que je suis attendu dans ces deux pays, alors que le mien ne peut plus financer mon projet spatial.

Je te fais des infidélités, c’est sûr, bien que je sache que chez toi, l’argent n’est pas un problème. Mais j’y tiens comme d’une question de principe. »

Oui, il a piloté le T50 russe et le J20 chinois, en double commande : « Justement dans cette optique. Je ne peux pas vous en dire grand-chose, pour être tenu par le secret-défense. Ce sont de bons avions. L’un est puissant et l’autre a encore beaucoup de progrès à faire pour ne pas l’égaler encore. Soyez sûrs qu’ils n’ont pas la capacité, ni l’un ni l’autre de venir vous menacer jusque chez vous. Alors que l’inverse reste possible. »

Oui, la destruction de la fondation du Professor Risle, c’est lui aussi.

« Il paraît que j’ai fait perdre beaucoup d’argent et d’espoir à bon nombre d’entre vous.

Et, aussi odieux que cela puisse vous paraître, je m’en réjouis et ne vais même pas vous cacher plusieurs secrets personnels pour que vous compreniez bien.

D’abord, c’est une affaire extraordinairement familiale : mon frère, aussi gendre du professeur, et moi étions en danger de mort certaine pour avoir un foie histocompatible avec celui du professeur.

Autrement dit, j’ai achevé le mourant en mettant à l’abri mon frère en l’ayant fait passé pour mort.

Je me suis donc retrouvé en première ligne sans le savoir et en situation de légitime défense : un de nous deux ne pouvait pas survivre à cette rencontre que je n’ai pas choisie.

Parce que cette entreprise de greffe était purement et simplement criminelle. Risle choisissait ses victimes bien portantes uniquement pour prélever des organes sains pour soigner ses malades richissimes. Très facile à faire quand on maîtrise les techniques de cross-matching.

À chaque vie sauvée par un greffe, quand il y parvenait, correspondait un meurtre, un assassinat, un « accident », des vies brisées, des pleurs et des drames.

Pour quelques paquets de dollars et parfois seulement quelques jours de survie de ses patients…

Mais je vais vous en dire plus ce soir : mon père était le juge d’instruction qui enquêtait justement sur une liste anormale de décès des victimes de Risle à ses débuts en Normandie, il y a bien des décennies de ça  maintenant.

Lui a été assassiné prématurément pour ne sauver que ce commerce d’organe frais. Il aurait survécu et réussi, tout cela n’aurait jamais existé. »

Émotion silencieuse dans la grande salle du Madison Square-Garden

« Je ne savais pas tout ça, je l’ai appris au fil du temps et soyez sûrs que ce n’est pas ce qui aurait arrêté ou encouragé mon geste. D’ailleurs, une de mes comparses à qui je dois la vie à ce moment-là, peut en témoigner, puisqu’elle aussi est dans la salle : je vous présente l’agent Shirley du SIS de sa très gracieuse majesté Elisabeth II, assise à la même table que Miho… qui à cette occasion m’a sauvé la vie. »

Applaudissements quand la miss se lève à son tour, tout sourire gracieux.

« Ne lui en voulez pas, c’est un agent secret détaché jusqu’ici pour m’espionner. Comme je n’ai rien à cacher…

Enfin si, une chose que je n’ai jamais dite à personne et que je vais vous révéler. »

Grand silence.

« J’en profite, ma femme n’est pas là ! »

Rires polis.

« Mon papa et moi, quand j'étais petit et qu'il était encore en vie et rentrait tard du tribunal dans la nuit, il venait me faire un bisou sur le front, dans mon lit. Souvent je faisais semblant de dormir, mais en fait je le guettais tous les soirs et quand il oubliait, j’en faisais la remarque amère à ma mère le lendemain.

Depuis son assassinat, nous communiquions encore, pas tous les soirs, mais souvent. Il venait dans mes rêves d’adolescent et puis d’adulte. On parlait de plein de choses dont je ne me souvenais plus à mon réveil. Parfois on se disputait sur des sujets que j’oubliais tout aussi régulièrement.

Cette « présence » était rassurante. Et a duré de longues années même si les intervalles s’allongeaient.

Je l’ai revu une seule fois après cet épisode de la fondation Risle, et depuis, plus rien.

Il était sur une plage que je ne connaissais pas. Pourtant je les connais toutes ! »

Rires dans l’assistance. Même si le moment est poignant…

« …Il y avait plein de lumière et ça sentait bon un mélange de vanille et de cannelle.

Il était habillé d’une tunique blanche comme le sable et la lumière, ainsi que trois ou quatre personnages qui l’entouraient, dont peut-être ma mère, je ne sais pas, et il me tournait le dos.

Mais je savais que c’était lui.

Je me suis mis à courir dans sa direction, le cœur plein d’allégresse.

En fait, de prime abord, j’ai pensé qu’ils venaient me chercher et cette pensée me faisait vraiment et réellement plaisir. Je vous assure.

J’allais mourir, mais j’allais le retrouver, les retrouver, c’est dire ma très grande joie.

Il s’est alors retourné, m’a souri et m’a fait signe de stopper et de rester.

Et je lui ai obéis une dernière fois.

Je me suis réveillé abruptement … complétement en larmes ! »

C’est Harry qui desserre le premier sa gorge : « Et après ça, vous allez prétendre que vous n’êtes pas un « distingué », mon cher Paul ! Pas un « éveillé » ! Mais peu de personne ici ce soir peuvent nous raconter un pareil vécu, soyez-en sûr ! »

Ce doit pourtant être si commun : « La psychologie moderne peut parfaitement expliquer ses détours de l’inconscient par les traumatismes vécus, savez-vous Harry ? »

Tout ça, « c’est pour vous dire qu’à cause de Risle, j’ai perdu deux fois mon père. Mais que si c’était à refaire, je le referai sans hésitation. Sauf que si j’avais su, je me serai débrouillé pour ne pas mettre en danger une créature aussi sublime que Miss Shirley ! »

Rires et applaudissements, l’atmosphère s’est re-détendue.

« Ah oui, Londres. Juillet 2012. Je n’en ai rien à dire. Je passais par-là. Un voyou qui promenait une munition nucléaire bricolée dans les montagnes Afghanes coule bêtement le voilier à qui vous avez fait les honneurs des bateaux-pompes, et cela devant le Tage portugais.

Alors je suis colère à patauger dans l’eau froide de l’Atlantique et le poursuis de ma haine de naufragé.

Et cette course m’a emmené jusqu’au-dessus de la Manche où j’ai dézingué son appareil pour lui rendre la pareille. Bon, oui d’accord, le jeu de mot est plus subtil en français, reconnais-je. »

Rires dans l’assistance pourtant pas spécialement francophone…

« Ah mais non ! Pas du tout. »

Là, c’est Harry Harrison qui s’agite près du pupitre.

« Le petit gars que vous avez devant vous … » rires quand par des gestes du bras n°4 rend compte de leur différence de corpulence et de taille, « … non seulement il est décoré du GCVO britannique emportant le titre de « Sir » pour cet exploit, ce qui explique la présence d’une agent très secrète du SIS dans cette salle, parce qu’ils y tiennent, mais aussi de l’Ordre Suprême de Notre Seigneur Jésus-Christ, directement reçu des mains du Pape Benoît.

Je n’y étais pas, mais la troisième comparse, à la table là-bas derrière qui le surveille aussi, n’est autre qu’un agent du très select et secret Service d’Information du Vatican, le summum en matière d’intelligence-service planétaire, derrière notre CIA, bien sûr, qui y tient tout autant et qui a assisté à cette cérémonie, m’a-t-on dit… »

Et Miss Matilda de se lever à son tour…

Décidément, question discrétion, la soirée aura été « top-totale ».

« Je tiens absolument à vous signaler que ce petit-monsieur, il en a fait plus que nous tous ici réunis, malgré son jeune-âge. Et vous me connaissez, je pèse mes mots d’habitude. Encore qu’il ne vous a pas dit tous les services qu’il a pu rendre à notre pays, parce qu’ils sont couverts par le secret-défense, ni même à son pays jusqu’à la semaine dernière. Mais là, c’est secret d’État. C’est dire si nous tenions à vous le présenter ce soir, puisqu’il nous fait l’honneur d’être dans notre ville ! »

Puis Paul Allen : « Moi je retiens que tu préférerais mettre ton talent et tes compétences au service des chinois ou des russes, plutôt que de venir nous aider à mettre au point un bouclier thermique pour nos futurs avions spatiaux.

Et en plus, tu nous dis que c’est juste pour une question d’argent et de principe. Je la trouve saumâtre, pour tout te dire. »

Ouh là !

« Mon cher Harry, peut-être faudra-t-il que tu nous fasses une soirée caritative uniquement pour récolter assez de fonds afin que ce monsieur daigne venir travailler avec nous… »

Éclats de rire dans la salle.

« Paul, sois sûr que toi, tu peux venir quand tu veux dans notre usine de céramique. Nos ateliers et bureaux d’études et de recherche te sont ouverts si nous obtenons l’un et l’autre l’autorisation de faire de nos gouvernements respectifs.

Profites-en, mon président est encore avec le tien pendant au moins une journée ! Alors dépêche-toi de finir ton verre et file ! »

Nouveaux éclats de rire général dans la salle…

Le mieux, c’est que cette visite se fera à l’occasion du salon aéronautique du Bourget en juin 2015.

Quatre ans après leur première rencontre. 

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