Le Califat de l’EI (1/3).
Le Califat de l’EI (3/3).

Le Califat de l’EI (2/3).

 

Un projet politique basé exclusivement sur le Coran

 

En novembre 2014, l’EI a diffusé une vidéo de promotion retraçant ses origines jusqu’à Ben Laden. Le film mentionnait Abou Moussab Al-Zarqaoui, le violent dirigeant d’Al-Qaïda en Irak de 2003 jusqu’à sa mort, en 2006, faisant de lui un mentor plus direct. Il citait également deux autres chefs de guérillas ayant précédé Abou Bakr Al-Baghdadi, le calife.

Aucune mention en revanche du successeur de Ben Laden et dirigeant actuel d’Al-Qaïda, le chirurgien ophtalmologiste égyptien Ayman Al-Zawahiri.

 

Al-Zawahiri n’a pas fait allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi et il est de plus en plus haï par ses confrères djihadistes. Son isolement est renforcé par son manque de charisme.

Mais la rupture entre Al-Qaïda et l’EI est amorcée depuis longtemps.

Et désormais, les deux mouvances sont en concurrence, comme on vient de le voir à travers les attentats parisiens d’une part, ceux de janvier étant revendiqués par Al-Qaïda, ceux de novembre à Paris par Daech ; et en réplique ceux du Mali, du Tchad et du Cameroun par Boko-Aram rattachés à Al-Qaïda…

Et on ne compte même pas les exactions d’Aqmi, au Yémen et ailleurs.

Une surenchère sanglante !

 

Une autre figure importante est aujourd’hui en disgrâce : Abu Muhammad Al-Maqdisi, un religieux jordanien de 55 ans qui est l’un des grands architectes intellectuels d’Al-Qaïda. Sur presque toutes les questions de doctrine, Al-Maqdisi et l’EI sont d’accord. Ils sont étroitement liés à l’aile djihadiste d’une branche du sunnisme appelée le « salafisme », d’après l’expression arabe al salaf al salih, « les pieux devanciers ».

Ces « devanciers » sont le Prophète lui-même et ses premiers disciples, que les « salafistes » honorent et imitent.

 

Al-Maqdisi a été le mentor d’Al-Zarqaoui, qui est allé en Irak avec ses conseils en tête. Avec le temps, l’élève a toutefois dépassé le maître, qui a fini par le critiquer.

Leur contentieux concernait le penchant d’Al-Zarqaoui pour les spectacles sanglants – et, d’un point de vue doctrinaire, sa haine des musulmans non salafistes, qui allait jusqu’à les excommunier et les exécuter – leurs ennemis, vous dis-je.

Dans l’islam, le « takfîr », ou excommunication, est une pratique dangereuse d’un point de vue théologique. Si l’accusateur a tort, alors il devient lui-même apostat car il s’est rendu coupable d’une fausse accusation – un acte puni de mort.

Et pourtant, Abou Moussab Al-Zarqaoui a imprudemment allongé la liste des comportements pouvant rendre les musulmans infidèles.

 

Abu Muhammad Al-Maqdisi a écrit à son ancien élève qu’il devait se montrer prudent et ne pas « émettre de larges proclamations de takfîr » ou « déclarer des personnes coupables d’apostasie en raison de leurs péché ».

La distinction entre apostat et pécheur est un des désaccords fondamentaux entre Al-Qaïda et l’EI : L’un est nettement plus radical que l’autre et c’est tout ce qui les sépare.

Le musulman, qu’il soit chiite ou sunnite, il peut avoir peur du Califat.

 

D’autant que si nier la sainteté du Coran ou des prophéties de Mahomet relève clairement de l’apostasie, Abou Moussab Al-Zarqaoui et l’organisation qu’il a créée estiment que de nombreux actes peuvent justifier d’exclure un musulman de l’islam, comme vendre de l’alcool et des drogues, porter des vêtements occidentaux, se raser la barbe ou encore voter lors d’une élection.

Et, par exemple, être chiite est aussi un motif d’exclusion, car l’EI estime que le chiisme est une innovation, or innover par rapport au Coran revient à nier sa perfection initiale !

Ainsi pas moins de 200 millions de chiites sont directement menacés de mort…

Les racines de tous les excès qui tuera le Califat.

Il en va de même pour tous les chefs d’État de tous les pays musulmans, qui ont élevé le droit des hommes au-dessus de la charia en se présentant à des élections ou en appliquant des lois qui ne viennent pas de Dieu…

 

Conformément à sa doctrine sur l’excommunication, l’EI s’engage à « purifier le monde » en exterminant de larges groupes de personnes.

Les publications sur les réseaux sociaux laissent penser que les exécutions individuelles se déroulent plus ou moins en continu et que des exécutions de masse sont organisées à quelques semaines d’intervalle.

Les « apostats » musulmans sont les victimes les plus nombreuses.

Il semble en revanche que les chrétiens qui ne résistent pas au nouveau pouvoir échappent à l’exécution automatique.

Abou Bakr Al-Baghdadi les laisse vivre tant qu’ils paient un impôt spécial, appelé « jizya », et qu’ils se soumettent.

 

Des siècles se sont écoulés depuis la fin des guerres de religion en Europe. Depuis, les hommes ont cessé de mourir en masse pour d’obscurs différends théologiques.

C’est peut-être pour cette raison que les Occidentaux ont accueilli la théologie et les pratiques de l’EI avec tant d’incrédulité et un tel déni.

 

De nombreuses organisations musulmanes traditionnelles sont même allées jusqu’à affirmer que l’EI était « contraire à l’islam ».

Elles devraient être plus virulentes à son égard, puisque l’organisation menace directement les fidèles !

Toutefois, les musulmans qui emploient cette expression sont souvent « embarrassés et politiquement corrects, avec une vision naïve de leur religion » qui néglige « ce qu’elle a impliqué, historiquement et juridiquement », suggère un chercheur de Princeton d’origine libanaise et expert de premier plan sur la théologie de l’EI.

 

Selon ce dernier, les rangs de l’EI sont profondément imprégnés d’ardeur religieuse. Les citations du Coran sont omniprésentes. Pour lui, l’argument selon lequel l’EI a déformé les textes de l’islam est grotesque et on ne peut le soutenir que par ignorance volontaire.

« Les gens veulent absoudre l’islam », explique-t-il, « d’où le mantra affirmant que ‘l’islam est une religion pacifique’. Comme s’il existait un ‘islam’ !

Ce qui compte, c’est ce que font les musulmans et comment ils interprètent leurs textes. Les membres de l’EI ont la même légitimité que n’importe qui d’autre. »

Tous les musulmans reconnaissent que les premières conquêtes de Mahomet ont été chaotiques et que les lois de la guerre transmises par le Coran et les récits sur le règne du Prophète étaient adaptées à son époque troublée et violente.

Ce chercheur estime que les combattants de l’EI représentent un authentique retour à un islam ancien et qu’ils reproduisent fidèlement ses pratiques guerrières. Cela englobe un certain nombre de pratiques que les musulmans modernes préfèrent ne pas reconnaître comme faisant partie intégrante de leurs textes sacrés.

 

« L’esclavage, la crucifixion et les décapitations ne sont pas des éléments que des(djihadistes) fous sélectionneraient dans la tradition médiévale », affirme-t-il.

Les combattants de l’EI sont « en plein dans la tradition médiévale et ils la transposent dans son intégralité à l’époque contemporaine ».

Le Coran précise que la crucifixion est l’une des seules sanctions permises contre les ennemis de l’islam.

La taxe imposée aux chrétiens est clairement légitimée par la sourate At-Tawbah, neuvième chapitre du Coran, qui intime aux musulmans de combattre les chrétiens et les juifs « jusqu’à ce qu’ils versent la capitation (la taxe) de leurs propres mains, après s’être humiliés ».

 

Lorsque l’EI a commencé à réduire des gens en esclavage, même certains de ses sympathisants ont renâclé.

Néanmoins, le califat a continué à pratiquer l’asservissement et la crucifixion.

« Nous conquerrons votre Rome, briserons vos croix et asservirons vos femmes », a promis Mohamed Al-Adnani, porte-parole de l’EI, dans l’un des messages qu’il a adressés à l’Occident.

« Si nous n’y parvenons pas, nos enfants et nos petits-enfants y parviendront. Et ils vendront vos fils sur le marché aux esclaves. »

Le dernier califat historique, c’est l’Empire Ottoman qui a connu son âge d’or au XVIèmesiècle, avant de subir un long déclin jusqu’à sa disparition en 1924.

De nombreux sympathisants de l’EI mettent en doute la légitimité de ce califat-là, car il n’appliquait pas intégralement la loi islamique, qui requiert lapidation, esclavage et amputations, et surtout parce que ses califes ne descendaient pas de la tribu du Prophète, les Quraychites.

Or, Abou Bakr Al-Baghdadi a longuement insisté sur l’importance du califat dans le sermon qu’il a prononcé à Mossoul. Il a expliqué que faire renaître l’institution du califat – qui n’a existé que de nom pendant environ mille ans – était une obligation commune.

Lui et ses fidèles se sont « empressés de déclarer le califat et de nommer un imam » à sa tête, a-t-il déclaré.

« C’est le devoir des musulmans, un devoir qui a été négligé pendant des siècles… Les musulmans commettent un péché en l’oubliant et ils doivent constamment chercher à l’établir. »

Comme Oussama Ben Laden avant lui, Abou Bakr Al-Baghdadi s’exprime avec emphase, utilisant de nombreuses allusions coraniques et en affichant une grande maîtrise de la rhétorique classique.

Mais contrairement à Ben Laden et aux faux califes de l’Empire ottoman, il est Quraychite !

 

Le califat n’est pas uniquement une entité politique mais également un véhicule du salut.

La propagande de l’EI relaie régulièrement les serments de « bay’a » (allégeance) des autres organisations djihadistes.

Et de pouvoir citer un proverbe attribué au Prophète selon lequel mourir sans avoir fait vœu d’allégeance revient à mourir « jahil » (ignorant) et donc à « mourir hors de la foi ».

 

Pour être calife, il faut en effet remplir les conditions précisées par le droit sunnite : Être un homme musulman adulte descendant de Quraych, manifester une probité morale, une intégrité physique et mentale, et faire preuve de « ’amr », c’est-à-dire d’autorité.

Ce dernier critère est le plus difficile à remplir et il exige que le calife ait un territoire sur lequel faire régner la loi islamique.

Voilà là seulement le point-clé de la guerre en Syrie et en Irak.

 

D’ailleurs, après le sermon d’Abou Bakr Al-Baghdadi, les djihadistes ont commencé à affluer quotidiennement en Syrie, plus motivés que jamais. Jürgen Todenhöfer, auteur allemand et ancienne figure politique qui s’est rendu dans les territoires contrôlés par l’EI en décembre 2014, a déclaré avoir vu affluer, en deux jours seulement, 100 combattants au poste de recrutement installé sur la frontière turque.

Tous considèrent le califat comme le seul gouvernement légitime des musulmans : C’est la logique des textes coraniques.

Le principal objectif politique est que l’EI reflète la loi de Dieu, la charia.

 

Avant le califat, « environ 85 % de la charia n’était pas appliquée. Ces lois étaient en suspens jusqu’à ce que nous ayons un khilafa (un califat), et c’est maintenant le cas ».

Depuis, sur son territoire, elles sont passées à 100 %.

Sans califat, par exemple, il n’y a pas d’obligation d’amputer les mains des voleurs pris en flagrant délit.

Avec l’établissement d’un califat, cette loi ainsi que toute une jurisprudence reprennent soudain vie et vigueur absolue.

Et en théorie, tous les musulmans sont obligés d’émigrer vers  le territoire où le calife applique ces lois.

 

Pour les « salafistes », la charia est mal comprise en raison de son application incomplète par des régimes comme l’Arabie Saoudite, qui décapite les meurtriers et ampute les mains des voleurs.

« Le problème c’est que des pays comme l’Arabie Saoudite appliquent uniquement le code pénal et ne mettent pas en œuvre la justice socio-économique de la charia. Et ils ne font qu’engendrer de la haine pour la loi islamique » en prétendent-ils !

Cet ensemble de mesures inclut la gratuité pour tous du logement, de la nourriture et des vêtements, même si tout le monde a bien sûr le droit de travailler pour s’enrichir.

 

L’EI applique peut-être des sanctions médiévales contre les crimes moraux, mais son programme d’aides sociales est, du moins à certains égards, suffisamment progressiste pour plaire à des commentateurs de la gauche occidentale.

Les soins de santé y sont gratuits.

Fournir des aides sociales n’est pas un choix politique, mais une obligation en vertu de la loi de Dieu.

Ceci expliquant cela.

 

On aura noté également que les pétromonarchies Wahhabites, dont est issu le « salafisme », font des donations somptueuses à leurs œuvres et fondations sociales partout autour du monde, à l’adresse de tous les musulmans.

On dit ici qu’il s’agit de financer des mosquées, et pas seulement.

C’est un devoir coranique, pas plus, pas moins !

Mais nous reviendrons sur ce point : Le Wahhabisme n’est pas le « salafisme » comme certains veulent en faire assimilation.

 

Par ailleurs, tous les musulmans s’accordent à reconnaître que Dieu est le seul à savoir de quoi sera fait l’avenir. Ils s’entendent aussi à dire qu’il nous en a offert un aperçu dans le Coran et les récits du Prophète.

L’EI s’écarte cependant de presque tous les autres mouvements djihadistes actuels car il pense être le personnage central des textes sacrés.

 

Oussama Ben Laden mentionnait rarement l’apocalypse et, quand c’était le cas, il semblait partir du principe qu’il serait mort depuis longtemps quand le glorieux châtiment divin se produirait enfin. « Ben Laden et Al-Zawahiri sont issus de familles sunnites appartenant à l’élite, qui méprisent ces spéculations et les voient comme une préoccupation des masses », affirme Will McCants, qui travaille pour la Brookings Institution et a écrit un livre sur la pensée apocalyptique de l’EI.

Or, pendant les dernières années de l’occupation américaine en Irak, les fondateurs directs de l’EI voyaient, au contraire, de nombreux signes de la fin des temps. Ils s’attendaient à l’arrivée sous un an du Mahdi, la figure messianique destinée à conduire les musulmans vers la victoire avant la fin du monde.

On y revient donc toujours et encore…

 

Pour certains croyants – ceux qui rêvent de batailles épiques entre le bien et le mal – les visions de massacres apocalyptiques répondent à un profond besoin psychologique.

Parmi les sympathisants de l’EI, certains aspects apocalyptiques n’ont pourtant pas encore le statut de doctrine.

D’autres éléments viennent de sources sunnites traditionnelles et apparaissent partout dans la propagande de l’EI.

Il s’agit notamment de la croyance qu’il n’y aura que 12 califes légitimes (Abou Bakr Al-Baghdadi étant le huitième), que les armées de Rome se rassembleront pour affronter les armées de l’islam dans le nord de la Syrie et que la grande bataille finale de l’islam contre un antimessie se déroulera à Jérusalem après une dernière période de conquête islamique.

 

L’EI accorde ainsi une importance cruciale à la ville syrienne de Dabiq, près d’Alep.

Il a nommé son magazine de propagande d’après elle et il a organisé de folles célébrations après avoir conquis (non sans mal) les plaines de Dabiq, qui sont inutiles d’un point de vue stratégique.

C’est ici, aurait déclaré le Prophète, que les armées de Rome installeront leur camp. Les armées de l’islam les y affronteront et Dabiq sera pour Rome l’équivalent de Waterloo.

 

Les propagandistes de l’EI se pâment à cette idée et sous-entendent constamment que cet événement se produira sous peu.

Le magazine de l’EI cite Abou Moussab Al-Zarqaoui, qui aurait déclaré : « L’étincelle a été allumée ici, en Irak, et sa chaleur continuera de s’intensifier jusqu’à brûler les armées des croisés à Dabiq. »

Maintenant qu’il s’est emparé de Dabiq, l’EI y attend l’arrivée d’une armée ennemie, dont la défaite déclenchera le compte à rebours précédant l’apocalypse.

« Nous enterrons le premier croisé américain à Dabiq et nous attendons avec impatience l’arrivée du reste de vos armées », a proclamé un bourreau masqué dans une vidéo de novembre 2014 montrant la tête tranchée de Peter Kassig, travailleur humanitaire qui était retenu en otage depuis 2013.

 

Après la bataille de Dabiq, le califat s’agrandira et ses armées pilleront Istanbul.

Certains pensent qu’il se lancera ensuite à la conquête de la Terre entière, même si pour d’autres il ne dépassera jamais le Bosphore.

Dajjal, un antimessie de la littérature musulmane apocalyptique, arrivera de la région du Khorasan, à l’est de l’Iran, et tuera un grand nombre des combattants du califat jusqu’à ce qu’il n’en reste que 5.000, piégés à Jérusalem.

Alors que Dajjal se préparera à les éliminer, Jésus – le deuxième Prophète le plus vénéré dans l’islam – reviendra sur Terre, transpercera Dajjal d’une lance et conduira les musulmans jusqu’à la victoire.

Ainsi, selon cette théorie, même les revers essuyés par l’EI n’ont pas d’importance.

Dieu a de toute façon ordonné d’avance la quasi-destruction de son peuple.

 

Désormais, l’EI doit mener une politique étrangère agressive maintenant qu’il est a fondé le califat.

Il a déjà entrepris le « djihad offensif », conformément à la charia, soit l’expansion par la force dans des pays qui ne sont pas gouvernés par des musulmans.

« Jusqu’à présent, nous ne faisions que nous défendre », déclare Anjem Choudary. Sans califat, le « djihad offensif » est un concept inapplicable.

En revanche, faire la guerre pour agrandir le califat est un devoir crucial du calife.

 

La loi islamique n’autorise que des traités de paix temporaires ne durant qu’une décennie.

De la même manière, accepter des frontières est anathème, comme l’a déclaré le Prophète et comme le répètent les vidéos de propagande de l’EI.

Si le calife consent à une paix à plus long terme ou à une frontière permanente, il sera dans l’erreur.

Les traités de paix temporaires sont renouvelables, mais ils ne peuvent s’appliquer à tous les ennemis en même temps : Le calife doit mener le djihad au moins une fois par an.

 

Il faut insister sur le fait que l’EI pourrait être paralysé par son radicalisme. Le système international moderne, né de la paix de Westphalie, en 1648, repose sur la disposition de chaque État à reconnaître des frontières, même à contrecœur.

D’autres organisations islamistes, comme les Frères musulmans et le Hamas, ont succombé aux flatteries de la démocratie et à la perspective d’une invitation au sein de la communauté des nations.

Pour l’EI, ce n’est pas envisageable : Ce serait une apostasie !

 

Il faudra s’y faire…

 

À suivre.

 

I3

Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/11/le-califat-de-lei-23.html

 

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.