Mains invisibles : Chapitre XXI.4 : Rome (4/5)
Mains invisibles : Chapitre XXII : Londres

Mains invisibles : Chapitre XXI.5 : Rome (5/5)

 

Chapitre XXI.5

Avertissement : Ceci est un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est purement, totalement et parfaitement fortuite ! 

 

Rome (5/5)

 

Ce sera un peu plus tard qu’ils atterrissent au « Aroma », situé via Labicana 125 I – 00184 Roma – une avenue bruyante, au-dessus de l'hôtel Glagiatori, dominant d’un côté le Colisée et de l’autre le parc di Traiano et ses cyprès. Une table gastronomique.

« Vous êtes banquier Monsieur Pisuerga ? » fait Paul juste après avoir trempé ses lèvres dans le cocktail local, le Sprizt, à base d’Apérol découvert à Venise, un alcool orange, proche du martini classique servi avec glaçons et vin blanc pétillant, en guise de bienvenue et une fois placés à leur table.

Absolument… Et le voilà qui vante « sa » boutique, tout fier, présente sur 4 des 5 continents pendant plusieurs minutes, le tout en français.

Pourquoi cette question ?

« Vous est-il possible de m’organiser discrètement quelques mouvements d’argent « pas à moi », pour le compte de mon gouvernement ? »

Ça veut dire quoi, « discrètement » …

« Avec une ou plusieurs fausses identités. »

Est-ce bien légal ?

« Je vous rassure tout de suite : pas du tout ! C’est même un vol organisé d’argent volé par des voleurs il y a bien longtemps. Et il s’agit seulement de rapatrier ses fonds qui appartiennent en fait à mon pays mais que détiennent des receleurs qui ne savent même pas pouvoir en disposer… »

La tête d’Anjo : Un vrai poème !

Un peu comme si on lui annonçait que l’évêque de Lisbonne se mariait en France dès le vote de la nouvelle loi, avec l’archevêque de Canterbury …

Tous ses canons de banquier qui volent en éclat en une seule phrase et sans prévenir !

Et puis il se ressaisit : « Vous êtes en principe mon supérieur et je reste de toute façon votre obligé. Combien de temps les sommes vont-elles restées dans nos livres et de combien s’agit-il ? »

Combien de temps, Paul ne sait pas.

« Le minimum. Il est probable que je ferai circuler l’argent de place en place pendant le week-end de Pâques… » Ou un autre.

Ils sont fermés à Pâques.

« … le temps qu’on me dise ce que je dois en faire. En principe, de virer ces fonds sur le compte du Trésor français, mais la dernière fois que j’ai fait ça, il a fallu en passer par des sociétés civiles à capital variable et je n’ai transmis que les parts sociales pour me retirer des dites sociétés à valeur au pair… »

Là, il s’oblige à réfléchir.

« Un hedge-fund alors ? »

Pourquoi pas…

« Nous pouvons vous en monter un aux Bahamas… »

Est-ce bien légal ?

« Ça l’est dans la mesure où, si notre activité de banquier, banque de dépôt et banque d’affaires, est très encadrée par les autorités monétaires nationales, européennes et internationales, cette réglementation ne concerne pas ni les hedge-funds ni les placements off-shore qui restent libres et non contrôlés. »

Même par les américains ?

« La FED n’est pas concernée. D’ailleurs, les autorités monétaires américaines ferment les yeux sur ces places, voire les encourage, du moment que ça ne concerne pas des résidents américains… Pour des raisons fiscales uniquement. Vous n’êtes pas résident américain, ni titulaire de la carte verte ? »

Il le sera peut-être un jour si les plans d’Allen avancent… Mais on n’en est pas encore-là.

 

Paul n’a pas précisé le montant…

« Entre 12 à 15 milliards d’euros ! »

Paul pense qu’il va avoir droit soit à une attaque cardiaque non-simulée, soit à un coup de poing dans la tronche quand il annonce le montant du « vol »…

Eh bien pas du tout… Une brève tétanie musculaire généralisée, puis un discret et court sifflement entre les dents et enfin un… grand sourire ravi !

C’est Matilda qui réagit la première.

« Tu parles bien de milliards, là ? Tu sors d’où tout cet argent ? »

Là, c’est une histoire compliquée. Que Paul essaye de résumer.

« Disons que cet argent a été détourné à l’occasion de la première guerre du Golfe. Tu en as entendu parler ? »

Elle peut être cruche à bien des égards, mais pas blonde pour autant et là, elle sait de quoi il s’agit.

« Y’a eu un inventeur qui a imaginé un système pour éteindre les puits de pétrole koweïtiens en feu. Et derrière, quelques ministres et dirigeants de mon pays ont pu capter ses brevets. C’est un peu compliqué, mais les brevets ont été payés deux fois, et la première fois, ils ont servi à alimenter un trust anglais opaque qui devait être révélé au public en 2016. Pour le centième anniversaire de mon Président d’alors. »

Et pourquoi donc ?

« Pour détruire notre Vème République qu’il détestait, démontrant ainsi que n’importe qui pouvait taper dans la caisse sans que personne ne s’en rende compte. En fait, il l’a d’abord fait avec les indemnités de guerre reçues en paiement de la libération du Koweït… »

Il y a eu plus de 84 milliards de dollars qui ont ainsi changé de titulaires et le peuple irakien rembourse encore à la petite semaine sous l’égide de l’ONU.

« C’est un peu compliqué, parce qu’il a fallu qu’il en rende une partie, celle non-encaissée par notre Trésor public, mais avec le reste, il a financé discrètement la banque pour la réunification des deux Allemagnes. Des sommes qui ont ensuite fait des « petits » et qui ont été rapatriées via le « Grand-emprunt » de Krasoski il y a trois ans… »

Il sait tout ça comment, le Paul ?

« C’est moi qui l’ai fait, en mission pour mon gouvernement. Le problème, c’est qu’on croyait avoir tout ramené, mais il reste des bouts de minoritaires à travers des parts de FCPI, SCI, SSII dont les titulaires ne se sont jamais manifestés pour être totalement ignorants de ce qui a été fait dans leur dos… Pour leur nuire au moment opportun. Comprenez qu’on aimerait bien faire le ménage avant que tout ça se répande sur la place publique en 2016. »

On est en train de faire l’inventaire des comptes et des identités…

« Ça à un rapport avec les comptes cachés de votre ministre du budget ? » demande soudainement le banquier portugais, sorti de sa torpeur.

« Probablement. Sauf que lui se savait titulaire d’une grosse fortune, sans doute pour l’avoir découvert par hasard à l’occasion de ses propres turpitudes. Mais j’en ai plusieurs milliers d’autres qui ne savent même pas… »

Comme des comptes japonais du Président Rackchi.

« Même mécanisme, en effet… Vol d’identité, ouverture d’un compte fantôme à l’étranger, versements de quelques produits récurrents et le tour est joué : le type est définitivement piégé pour ne même pas se savoir receleur et on pourra le présenter un jour comme d’une ordure, une crapule !

Vous comprenez qu’on s’inquiète de récupérer le tout et d’effacer tout ça ! »

Tous les deux admettent comprendre.

 

« Mais pour effacer, j’ai besoin de vider lesdits comptes jusqu’à au moins un niveau ridicule, de brouiller les pistes autour de la planète pour pas qu’on retrouve la trace jusqu’à remonter à l’origine des comptes piégés et de poser le tout dans un établissement discret pour le faire revenir ensuite au Trésor public. »

Pour le « brouillage de piste », il faut savoir que tout est tracé dès que ça circule.

« Seule l’IOR du Vatican y échappe, et encore, pour une faible partie seulement. Mais je ne vous conseille pas de les solliciter : ils sont déjà sur la sellette. »

Idem pour des établissements américains, britanniques ou d’ailleurs en Europe ou en Orient.

« En revanche, les Bahamas, sur un fond-pourri, ça peut passer sans que le BRI ne signale le procédé, à condition d’y aller par millions successifs et différenciés par centaines de milliers, pas par milliards… »

Peut-il organiser tout ça ?

« On peut, mais ça vaut de l’argent : il faut mettre une salle de marché à disposition sur plusieurs jours. C’est pour en faire quoi, une fois rassemblé sur le hegde-fund ? »

Paul le réaffirme : le restituer au Trésor français.

« Quand nous aurons réussi, on sera en mesure de tout basculer rapidement. Combien pour cette opération ? »

Le chiffre de 1 pour mille est avancé…

100 millions d’euro ? C’est cher. « J’aurai presque intérêt à financer la création d’une salle des marchés, plutôt ! »

C’est lui qui voit.

Ce n’est pas de l’argent qui lui appartient : il faudrait qu’il en réfère à ses tutelles.

« Ils vont vous le proposer gratuitement, puisqu’ils sont équipés… Ne faites pas ça, vous perdriez votre anonymat d’emprunt ! »

Oui, probablement, et comme il vient de se tamponner un IC à l’huile de noix de cabestan plus tordu que nature…

« 1 pour 100.000 ! »

« Monsieur de Bréveuil, vous n’y pensez pas, tout de même… Avec tous les risques et les frais que cela comporte pour bien faire ! »

1 pour 10.000…

« Bon, on n’en parle plus. Laissez tomber : je me débrouillerai autrement, voire j’y renonce tout de suite. Pas du tout envie de me faire engueuler par ma hiérarchie qui va encore penser que je fais du favoritisme pour m’en mettre plein les poches au passage. J’abandonne ! »

2.000.000 d’euros et Paul fournit les papiers d’identité.

« Et je vous laisse le lieutenant pour faire les liaisons et même la nuit si elle en a envie, en prime ! » fait-il dans un moment de grossièreté inimaginable…

Oh le mufle ! Un vrai maquereau.

Elle qui en a tellement envie, elle se sent obligée de protester vertement.

« Vous plaisantez mon ami Anjo ! Avec un million, je dois pouvoir me débrouiller. Alors c’est un peu cher pour ses beaux yeux et pour quelques nuits qui sont occupées par ailleurs… Oubliez tout, on n’en parle plus ! »

Et si, pendant le temps de décision entre le rapatriement et le versement final, on partageait les fruits du portage sur les dérivés à créer ?

 

Paul sait, depuis sa rencontre de Noël dernier avec Harrison à Venise, que là, le banquier va en faire comme s’il en disposait de 30 fois plus…

Même sur des taux réduits propres aux courtes durées d’exposition, ça fait déjà des paquets avec le speed-trading !

Plus d’1,15 million par semaine de banque et par demi-point d’intérêt… pour être précis avec une grosse louche.

Paul fait mine de réfléchir…

« C’est à voir. Je vais y réfléchir ! »

Même si tout bien pesé, Harry Harrison lui aurait vendu une « vraie banque » pour un prix équivalent. Mais avec les emmerdements en plus.

« Je serai éventuellement ok pour vous mandater, si et seulement si, les profits sur les dérivés sont partagés avec les commissions. 50 % pour votre établissement, 40 % pour les fonds gérés qui reviendront à l’État français et 10 % à ma disposition pour dédouaner Matilda de ses efforts de… liaisons », histoire de compenser l’affront précédent…

Mais non ! Elle n’est pas une pute, même si l’intention reste …« élégante » !

« Pourquoi Matilda ? »

Parce qu’elle est là sous la main et qu’elle peut encore dire non.

Anjo en deviendrait presque fou… Jamais il n’a eu à négocier 12 milliards dans de pareilles conditions !

Et c’est pourtant son métier.

« De toute façon, mes amis, je ne vous demande pas de réponse immédiate. Moi-même, il faut que j’obtienne des « assurances » préalables ! »

Bien sûr, bien sûr…

Et Matilda refuse de toute façon.

Il est descendu dans quel hôtel, à propos ?

Non, il rentre… Il trouvera bien un vol dans la soirée si la limousine accepte de l’emmener jusqu’à l’aéroport. 

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