Entre déclin et libéralisme (V)
Wikileaks et les écoutes de la NSA

Robots financiers, « illiquidité » et « bulle financière »

 

On a un problème…

 

Celui du pognon qui circule à travers les frontières.

 

C’est mon « muet n° 1 » (vous ne connaissez pas, moi non plus d’ailleurs) qui donne l’alerte discrètement depuis la rade de Brest (discrètement parce que d’habitude il reste « muet » mais n’en pense pas moins pour autant).

Celui-là, il passe ses soirées à guetter les « Drovnis » au-dessus de la rade où mouillent habituellement nos sous-marins nucléaires, vous savez, la force de dissuasion qui coûte un maximum et qui ne doit surtout jamais servir. Sans ça, il n’y aurait plus de dissuasion possible, mais un vrai carnage planétaire.

 

Plusieurs choses avant d’attaquer le sujet du pognon :

 

– La force de frappe, elle a essuyé un sérieux échec le 4 mai 2013 au large du Finistère avec l’explosion d’un « pétard » de missile M51 à 120 M€ pièce de vos « bons impôts » : « François III » s’offrait un petit feu d’artifice pour saluer le premier anniversaire de son élection !

Tout de suite après, tout le monde annonçait la poursuite du programme de modernisation de la dissuasion nucléaire dans toutes ses composantes en « sanctuarisant » les budgets : Pas touche !

 

Je ne l’avais pas prévu (même s’il n’y rien d’aliène dans l’épisode) mais c’est la suite logique d’une pièce de théâtre en trois actes, dont il manque le dernier acte d’ailleurs : « Aux Plaisirs du palais ».

Où sont mises en scène le départ du « Chi » et l’arrivée de « Bling-bling » à l’Élysée en 2007.

Presque « du vrai », puisqu’il est indiqué comment on peut annuler l’ordre de tir de la riposte nucléaire, depuis le bureau présidentiel avec un simple bouton mural, même après les premiers tirs de missile !

Je ne le savais pas, mais « François III » aura voulu vérifier « in vivo »…

 

Depuis, on balance au Moyen-Orient des charges nucléaires tactiques et Daech aurait accumulé assez de matière première pour faire sa propre bombe…

Tout va bien, n’est-ce pas ?

Deux pas décisifs vers la terreur atomique

 

– « Muet n°1 » se tient au courant des messages (f)ummistes qui déferlent désormais via « twister ». Et il aura noté quelques « prédictions » relatives aux errements des marchés financiers ultra-informatisés.

Manipulations faciles pour des « technologies-avancées » parce qu’aliènes.

Globalement, c’est vrai qu’ils font à-peu-près n’importe quoi avec votre pognon : Le « ultra-high-speed-trading » enchaîne les ordres sur toutes les places de marchés boursiers à chaque nanoseconde qui passe, mais il n’y a aucun « gagnant », comme si leur travail était neutralisé…

L’argent ne vaut plus rien, puisqu’il est rémunéré à des taux proches de zéro, de toute façon inférieurs à ceux de l’inflation de la monnaie support…

Et il y en a tellement de disponible chez les « zinzins » (les z’investisseurs z’institutionnels) qu’on ne sait même plus comment en conserver la valeur quand il change de poche.

 

Ce que ne sait pas « Muet n°1 », c’est que les logiciels qui gèrent les robots s’énervent en général au matin, à l’ouverture, pour dénouer ou nouer les positions « intraday » et ensuite avant la fermeture desdits marchés pour solder lesdites positions.

Le reste du temps, sauf exception, ils restent inertes pour éviter la contagion de comportements moutonniers propre à leurs algorithmes.

Je ne dis pas qu’ils sont « débranchés », mais on a déjà vu deux « flash-crack » ces dernières années obligeant les autorités de marché à les fermer.

Pas de marché ouvert, pas de business ! Mauvais pour les « affaires », ça…

Donc, extrême prudence des gestionnaires de fortune et autres patrimoines financiers, tel que les volumes se réduisent à la part congrue en séance et là, de toute façon les robots ne détectent plus aucune opportunité.

S’il y en a un qui se présente à l’achat ou à la vente, de toute façon, les autres veillent et il n’y a plus ni d’emballement, ni même de gains possibles…

Les marchés sont « figés », autrement dit, ils deviennent « illiquides ».

 

C’est là où je voulais en venir en ce début de semaine (alors qu’une fois de plus l’actualité s’emballe quant à elle de son côté, et qu’il faudrait que je vous parle de « Poux-tines » venu en péninsule ritale la semaine dernière, alors même que c'est le boxon au terminal 3 de l'aéroport de Rome qui a cramé le mois dernier et est fermé à tous les passagers depuis récemment), parce que ça angoisse nos « sachants » internationaux.

Depuis la crise de 2008, les politiques des banques centrales ont produit un afflux de liquidités et un paradoxe se dessine affreusement.

En effet, la mise en œuvre de politiques monétaires non conventionnelles a généré un important excédent de liquidité. D’un autre côté, une série de chocs récents semble indiquer que ce phénomène serait devenu associé à une grave « illiquidité » des marchés qui n’était pas perçu jusque-là : 

 

– On vient de le dire, les taux d’intérêt directeurs se situent aux alentours de zéro tandis que la base monétaire (c’est-à-dire l’argent émis par les banques centrales sous forme d’espèces et de réserves liquides des banques commerciales) a littéralement explosé – doublant, triplant, voire quadruplant aux Etats-Unis –, par rapport à la période d’avant-crise.

Ceci a permis de maintenir les taux d’intérêt de court et long terme à un faible niveau (voire à un niveau négatif dans certains cas, comme en Europe et au Japon), mais aussi de réduire la volatilité des marchés obligataires, ainsi que d’élever le prix de nombreux actifs (parmi lesquels les actions, l’immobilier, ainsi que les obligations à revenu fixe des secteurs privé et public).

 

– Dès lors, les craintes ont effectivement débuté au moment du « flash crash » de mai 2010, qui a vu en seulement une demi-heure les principaux indices boursiers américains chuter de presque 10 %, avant de se rétablir rapidement.

Elles perdurent ensuite avec la politique du « tapering » au printemps 2013, qui a vu les taux d’intérêt américains à long terme grimper de 100 points de base (plus de 1.000 pour la dette grecque actuellement), après que le président de la Fed, à l’époque Ben Bernanke, ait laissé entendre que la Fed allait cesser ses achats mensuels de titres à long terme.

 

– De même, en octobre 2014, les rendements du Trésor américain ont chuté d’environ 40 points de base en seulement quelques minutes, dans le cadre de ce que les statisticiens considèrent comme ne pouvant se produire qu’une fois tous les trois milliards d’années. Le dernier épisode a eu lieu tout juste le mois dernier, lorsqu’en l’espace de quelques jours les rendements des obligations allemandes à dix ans sont passés de cinq points de base à presque 80 ! On avait alors déjà signalé le problème ici même, sur ce blog, mais sans aucun recul, juste pour s’alarmer.

 

Ces différents événements font naître la crainte que les marchés les plus ancrés et les plus liquides – de type actions américaines, ou encore obligations gouvernementales aux États-Unis et en Allemagne – pourraient en fin de compte ne pas l’être suffisamment.

Et plusieurs explications sont avancées par les experts pour se rassurer :

 

– Sur les marchés des actions, les traders haute fréquence (THF), qui utilisent ces programmes informatiques algorithmiques afin de suivre les tendances du marché, représentent une part majeure des transactions. Ceci crée naturellement un comportement de troupeau.

En effet, le trading effectué aujourd’hui aux États-Unis se concentre principalement sur l’ouverture et la dernière heure du jour de bourse. Pendant le reste de la journée, les marchés présentent une « illiquidité », avec peu de transactions réalisées : C’est un constat que nous venons de faire ci-avant.

 

– Une deuxième explication réside en ce que les actifs à revenu fixe – de type obligations gouvernementales, d’entreprise, et obligations des marchés émergents – sont pour la plupart négociés hors cote sur des marchés « illiquides » par nature, de gré à gré.

 

– Troisièmement, non seulement les revenus fixes présentent davantage « d’illiquidité », mais la plupart de ces instruments – qui ont considérablement augmenté en nombre, en raison de l’émission proliférante de dettes publiques et privées – sont aujourd’hui détenus dans le cadre de fonds communs de placement dont les investisseurs sont autorisés à s’extraire du jour au lendemain. 

 

Dès lors, imaginez une situation dans laquelle une banque investirait dans des actifs « illiquides », tout en permettant à ses déposants de récupérer leurs espèces du jour au lendemain : En cas de ruée sur ces fonds, la nécessité de vendre les actifs « illiquides » pourrait très rapidement faire s’effondrer leur prix, dans le cadre de ce qui s’apparenterait à une véritable vente au rabais.

 

– Quatrièmement, antérieurement à la crise de 2008, les banques étaient teneurs de marché s’agissant des instruments à revenus fixes. Elles détenaient un important stock de ces actifs, fournissant ainsi une liquidité et atténuant les excès de volatilité des prix.

Or, les nouvelles réglementations étant venues sanctionner de telles transactions (au moyen de charges de capital plus élevées), les banques et autres institutions financières ont réduit leur activité de tenue de marché.

Elles ne sont plus là pour agir en tant que stabilisatrices.

 

C’est ainsi que lorsque surviennent des situations inattendues – par exemple lorsque la Fed annonce la fin anticipée des taux d’intérêt zéro, lorsque les prix du pétrole explosent, ou que la croissance de la zone euro amorce une reprise – la nouvelle notation des actions, et particulièrement des obligations, peut se révéler abrupte et dramatique : Chacun pouvant alors se retrouver coincé avec les mêmes transactions, dès lors qu’il s’agit de s’en extraire rapidement.

Et alors, si de nombreux investissements s’inscrivant dans le cadre de fonds « illiquides », et face à l’absence des teneurs de marché qui habituellement atténuent la volatilité, les vendeurs n’ont d’autre choix que de concéder des rabais importants pour éviter le défaut.

 

C’est donc une véritable bombe à retardement : Plus vous créez de la liquidité afin d’éliminer la volatilité à court terme, plus grossit une bulle sur les prix des actions, des obligations, et des autres marchés d’actifs.

 

Ceci étant, à propos d’actifs financiers ne valant plus rien, il faut aussi envisager la sortie de crise de la dette publique grecque, qui impacte jusqu’au récent G7 et finalement, tous les marchés.

Un banquier, ça déteste l’incertitude.

Et le jeu de poker-menteur a désormais assez duré.

 

Attention sont en jeu non pas le « bonheur des grecs » (ceux qui ont eu des avoirs en banque les ont extrait depuis le mois de janvier 2915 [30,8 milliards d'euro, soit 13 % du PIB ce qui est colossal alors que la croissance des dépôts était jusque-là de + 4 % par an !], du pays pour se réfugier en devises qui reviennent au fil des besoins des familles [parce que pour l'essentiel ce mouvement est le fait de particuliers] sous forme de « billets tout neufs », sans doute sortis des rotatives de la BCE…), mais la crédibilité de l’Euro et donc son avenir.

Soit les négociations avec l’Eurogroupe aboutissent pour éviter le « défaut » et on repart pour un tour plus ou moins long et difficile.

Soit elles échouent et les « solutions provisoires » seront mises en œuvre.

Et d’habitude, vous le savez, le provisoire finit pas devenir « durable »…

 

Parmi les plus brillantes, à mon sens, et qui ont toutes les chances d’être activées parce qu’elles sont déjà évoquées dans les milieux et allées du pouvoir-politique et monétaire, c’est l’hypothèse de la « double-monnaie ».

Le « Geuro » cohabiterait avec « l'euro-sans-G », l'un n'étant utilisé qu'en interne, l'autre seulement pour les échanges commerciaux entre pays.

Le « Geuro » pourrait – et même devrait – être sensiblement dévalué par rapport au « sans-G », ce qui ne manquerait pas de rendre à l'économie grecque sa compétitivité, notamment parce que le coût du travail s'en trouverait abaissé.

La Grèce finirait ainsi par être remise sur pieds et par réintégrer l'euro-sans-G…

 

Sauf que…

 

– Les effets de l’inflation ainsi générée finiront par ruiner les « autochtones », comme nous l’avons vécu sous l’ère « Mythe-errant » et ses dévaluations compétitives successives.

 

– On voit mal pourquoi les grecs feraient un retour définitif.

Pourquoi renoncer à une santé économique tout juste retrouvée ? Pourquoi retourner en enfer alors qu'on vient juste de le quitter ?

C'est absurde, et il est certain que le voyage vers la « double monnaie » serait un aller simple.

 

C'est pourquoi d'autres économistes proposent de transformer l'euro en « monnaie commune » – et non plus unique – de manière définitive.

Et non pas seulement pour la Grèce mais pour tout le monde !

Il conviendrait « de tester la mise en place d’un système de monnaie commune : conserver l’euro pour les transactions extérieures et permettre des ajustements réguliers pour l’euro-drachme. » 

 

C’est là que ça m’amuse beaucoup : D’un côté, les marchés financiers perdent leur boussole tellement il y a trop d’argent et de l’autre côté, les dirigeants européens, par pur dogmatisme, n’en ont pas assez pour soutenir l’économie grecque (11,124 millions d’âmes, pas plus !) et auraient oublié que de 1999 à 2002 les pays de la zone euro ont déjà vécu avec ce système !

Les monnaies nationales étaient utilisées pour les transactions internes, l’euro pour les transactions externes. La seule différence, c’est qu’à l’époque « les parités nationales étaient figées, non ajustables ».

Ici, on le voit, la seconde monnaie, celle qui n'est utilisée qu'en interne, est nommée « euro-drachme » et « flotte ». 

 

« La dualité monétaire, qui a déjà existé au XIXème siècle, permettrait à des pays comme la Grèce de regagner en compétitivité ». Et de rappeler : « Il est possible que les deux monnaies ne convergent pas et soient amenées à coexister durant une longue période. Ce n'est pas une idée nouvelle. Lors des discussions sur l'union monétaire au début des années 1990, on avait envisagé que la monnaie commune ne soit pas une monnaie unique. Il y a vingt ans, cette éventualité ne constituait pas une construction théorique limitée à des discussions marginales. C'était une véritable alternative historique ». 

 

Avouez que c’est bien ce qui est jeu : La monnaie commune, et non plus unique, autrement dit un retour aux mécanismes du « serpent monétaire » pour tous à terme.

Et chacun de pouvoir ainsi retrouver des marges de manœuvres de politique monétaire, d’endettement ou d’équilibre…

Je ne vous dis pas le gras que vont se faire tous les robots financiers !

 

Ce qui est dramatique, c’est qu’aucune vraie solution politique ne se dégage toujours pas de ces « bras de fer » stériles euro-grecs, et que tout le monde a oublié l’erreur de n’avoir pas fait une union politique (et fiscale et sociale) avant de passer de l’Ecu à l’Euro.

Dommage, parce que l’Histoire est pavée du cheminement normal d’une monnaie unique : Un seul pouvoir central et politique peut en imposer l’usage depuis avant l’antiquité, un peu comme d’un achèvement impérialiste.

Dès que l’empire se défait, la monnaie se disperse et il faut des siècles d’effort pour la recréer.

 

Notez que c'est une des raisons pour lequelles je ne crois toujours pas pour ma part à la disparition rapide de l’Euro : Les « eurocrates » vont devoir imposer ces solutions de sauvetage, parce que trop d’intérêts sont en jeu, y compris au-delà des océans.

 

I3

 

Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/06/on-un-probleme.html

 

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