Entre déclin et libéralisme (IV)
Entre déclin et libéralisme (V)

Grèce : vers la sortie de la zone euro et de l’Union européenne ?...

 

Grexit rapide ou immédiat ?

 

J’ai toujours autant de mal à y croire vraiment.

 

 Je me trompe peut-être, lourdement sans doute, puisqu’il y a une sorte de consensus général à soutenir ce que certains pensent inéluctable.

Et pourtant…

 

D’un côté, le murmure enfle : Les Européens veulent à tout prix éviter une panique bancaire. Ils auraient donc décidé d'un plan d'urgence si Athènes ne trouve aucun accord avec ses créanciers d'ici la fin de la semaine, affirmait le Süddeutsche Zeitung mardi dernier à 14 jours des échéances (intenables) faute d’avancée sur des propositions nouvelles d’accord…

D’ailleurs, les autorités bancaires macédoniennes, par la voix du gouverneur de la banques centrale Dimitar Bogov, viennent d’annoncer qu’il devient impossible pour les banques grecques de transférer du cash ou des liquidités chez eux.

C’est donc l’instauration de fait d’un contrôle des changes destiné à parer par avance aux conséquences déstabilisantes d’un « Grexit »… sachant que la Grèce elle-même se refuse à prendre de telle dispositions.

Laissant ainsi s’échapper jusqu’à 13 % de son PIB des disponibilités-liquides détenues par des résidents vers des comptes « off-shore » européens depuis janvier…

Nous l’avons déjà évoqué.

D’ailleurs, instaurer le contrôle des changes est le plus sûr moyen de précipiter la catastrophe que l’Europe cherche à éviter.

 

D’un autre côté, les « eurocrates » bâtissent des plans sur la comète qui visent à préparer un « contrôle des flux financiers » en provenance de Grèce pour empêcher une fuite des capitaux, à l'image des restrictions décidées à Chypre lors de la crise financière de 2013, totalement levées depuis mars dernier.

Si les négociations destinées à sauver la Grèce d'un défaut de paiement demeurent dans l'impasse, il s'agirait « à partir de la semaine prochaine » de « fermer les banques grecques quelques jours » pour les préparer à cette limitation des transactions, qui devrait encore être entérinée par le Parlement grec convoqué sur cette question dans l’urgence.

Dans cette hypothèse, poursuit-on en Allemagne, les retraits aux distributeurs automatiques de billets pourraient ensuite être restreints, de même que les paiements électroniques réalisés en Grèce comme à l'étranger.

Des mesures déjà mises en place en 2013 et 2014, qui ont montré toute leur inefficacité et ont fait prospérer l’économie parallèle jusque dans « les îles ».

Et elles sont nombreuses, les îles, en Grèce… 

 

Lundi, après l'échec du nouveau cycle de négociations, les positions de la Grèce et de ses créanciers sont restées figées, malgré la double urgence financière à laquelle fait face Athènes – payer ses fonctionnaires et retraités à la fin du mois et rembourser près d'1,6 milliard d'euros au FMI d'ici le 30 juin.

En cas de non-remboursement, le gouvernement grec devrait affronter les conséquences d'un défaut de paiement, une première dans la zone euro et un scénario qui alimente depuis des mois le spectre d'une sortie de la Grèce de la monnaie unique.

 

La crainte se précise à mesure que le blocage se radicalise. Athènes ne semble plus vouloir bouger : « Nous attendrons patiemment jusqu’à ce que les institutions se rallient au réalisme », a signifié, lundi dans une déclaration écrite au quotidien de gauche « Ephimerida ton Syndakton », le Premier ministre « Tsi-tsi-prasse », en accusant ses créanciers« d’opportunisme politique » après cinq années de « saccage » de l’économie du pays. 

 

Du côté des bailleurs de fond, les propositions grecques de réformes et de mesures budgétaires sont toujours jugées « incomplètes », car elles ne permettront pas au pays de financer ses besoins pour les prochaines années.

Il manque toujours, de leur point de vue, une réforme des retraites et une hausse de la TVA, ce qui ferait des ravages dans une économie déjà à l’agonie suite à tous les plans d’austérité jusque-là engagés.

La Grèce serait pourtant à présent d’accord sur les objectifs d’excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) souhaités par l’UE et le FMI pour cette année (1 % du PIB) et l’an prochain (2 %), ce qui était un gros point d’achoppement, les Grecs ne voulant pas, initialement et respectivement, dépasser 0,6 % et 1,5 %. 

 

Aucun rendez-vous entre Athènes et ses créanciers n’est prévu avant la réunion régulière des ministres des Finances de la zone euro, aujourd’hui jeudi.

En repoussant au 30 juin le remboursement d’une échéance de 1,6 milliard d’euros au FMI, la Grèce a gagné du temps.

Et ce défaut pour lequel tout le monde veut se faire peur en le redoutant (même Wall-Street plonge !) n’interviendra pourtant pas à la fin du mois…

Puisque je vous le dis et l’affirme !

 

D’abord, parce que le non-paiement de cette dette entraînerait l’ouverture d’un délai de grâce d’un mois.

Ensuite, parce que les agences de notation (Moody’s, Standard and Poor’s) ont déjà prévenu qu’elles ne placeraient pas la Grèce en défaut de paiement en cas de non règlement. Standard and Poor’s l’a encore rappelé lundi dernier : Elle ne dégradera pas la note de la Grèce en « défaut sélectif ».

L’explication ? L’agence américaine, tout comme sa concurrente Moody’s, ne voient pas le FMI comme un créancier normal, mais comme un créancier public et en fonction de ce critère, l’État qui manque une échéance ne serait pas techniquement en défaut de paiement.

Surtout, et pour la même raison, Standard and Poor’s prévient que cette décision vaut aussi pour une banque centrale, autrement dit la BCE !

Or, la Grèce va faire face à une échéance encore plus importante le 20 juillet avec un remboursement de 3,5 milliards à la BCE.

Pour les agences, la Grèce ne serait alors pas non plus techniquement en défaut.

Ce qui n’enlève rien au fait qu’Athènes pourrait se voir priver, dans ce cas, de l’aide de la BCE pour maintenir ses banques, mais aussi ses finances à flot, alors que les caisses sont vides.

 

Cela n’empêche pas d’ailleurs Standard And Poor’s de dresser un état des lieux critique des finances grecques. L’agence a récemment abaissé la note de la Grèce à « CCC » et menace encore de le faire, sans aller jusqu’au défaut de paiement.

Enfin, un rappel qui a de l’importance, un éventuel défaut de paiement de la Grèce ne se traduirait pas mécaniquement par une sortie de la Grèce de la zone euro.

Même si elle rendrait difficile à gérer la position de la Grèce vis-à-vis de ses partenaire.

Car ce n’est juridiquement pas possible, nous allons y revenir.

 

Quant au risque de contagion, il est en théorie contenu. D’abord par la création du Mécanisme européen de stabilité financière (le fameux « MESF ») fort de 500 milliards d’euros de réserves.

Ensuite parce que l’essentiel de la dette grecque est détenu par des États ou des organismes internationaux (BEI, BCE, MESF…), autrement dit, l’exposition des banques et assureurs européens est aujourd’hui plus limitée qu’il y a trois ans.

Le risque financier des États, estimé autour de 300 milliards d’euros, paraît important en tant que tel, mais la dette grecque détenue par les États ne représente que 3 % du PIB de la zone.

Le risque ne semble donc pas de nature systémique.

Enfin le programme massif de rachats d’actifs (QE) de la BCE peut servir d’amortisseur… 

 

Mais en pratique, la montée de la volatilité sur les marchés obligataires et la forte réactivité des marchés actions aux dissensions entre la Grèce et ses créanciers, depuis quelques semaines, montrent que « les marchés » ne sont pas forcément à l’abri d’une correction d’ampleur, notamment dans les pays périphériques (Espagne, Portugal, Italie…). Tout le monde aurait à y perdre.

Et pour de nombreux investisseurs, ce serait en tout cas une plongée dans l’inconnu. 

 

En revanche, « des banques grecques feront certainement faillite dans les douze mois en l’absence d’accord entre le gouvernement grec et ses créanciers », a fait savoir, en fin de semaine dernière, l’agence Standard & Poor’s, dégradant de « CC+ » à « CCC- » la note de dette long terme des quatre principaux établissements du pays.

À court terme, « les banques grecques ont encore près de 30 milliards d’euros d’actifs qu’elles peuvent apporter en collatéral en échange de financements d’urgence auprès de la Banque nationale grecque (BNG) », estime l’économiste en chef de la Société générale.

Pour gérer ce stock qui s’amenuise au fil des retraits massifs de dépôts, la Grèce pourrait alors imposer un contrôle des capitaux, ce que d’autres commencent à faire à sa place, puisqu’elle s’y refuse encore momentanément.

Toute la question est de savoir si la BCE laissera fonctionner ce dispositif de financements d’urgence qu’elle renouvelle chaque semaine et dont le montant atteint désormais 83 milliards d’euros.

« À ce stade, les grandes banques grecques sont solvables et les collatéraux qu’elles apportent sont adéquats », a déclaré « Super-Mario Drague-hi », lundi à Bruxelles. Sans couper le robinet, la BCE pourrait toutefois durcir les conditions d’éligibilité des actifs apportés en garantie.

La situation des banques grecques n’est donc pas désespérée mais elle se complique jour après jour.

 

Par ailleurs, cela fait déjà cinq ans que les Européens négocient pour tenter de maintenir la Grèce dans la zone euro. Mais si jamais l’issue contraire du « Grexit » s’imposait, il est possible que cela débouche là aussi sur des longs mois de discussions tortueuses : Nous y revenons !

Car une sortie de l’euro est un territoire complètement inconnu : Les traités européens ne prévoient absolument pas cette éventualité. Les tables de la loi de l’UE mentionnent au contraire, et à plusieurs reprises, le caractère « irrévocable » du taux de change entre l’ancienne monnaie nationale et la monnaie unique, notamment dans l’article 140, alinéa 3.

Après tout, la faillite de la Californie il y a quelques années (et de quelques autres États fédérés depuis) ne s’est pas traduite par « une sortie » du dollar…

 

La seule porte de sortie qui soit réellement fléchée, c’est celle de la sortie de l’Union européenne dans sa globalité.

L’article 50 a d’ailleurs été ajouté en 2009 par le traité de Lisbonne, et prévoit les conditions de négociations entre celui qui rend sa carte du club et les autres.

L’accord de sortie doit être approuvé par une majorité qualifiée d’États, ainsi que par le Parlement européen. Les textes prévoient une durée maximale de deux ans pour de telles négociations.

Ce que n’a pas bien lu les suppôts de « Marinella-tchi-tchi » dans leur propre autisme.

En bref, ça ne se fera pas en claquant dans les doigts, je vous le disais…

 

Car la plupart des juristes ont conclu de la lecture de ces traités européens que la Grèce devrait donc quitter l’UE pour sortir de la zone euro. Une étude de la BCE de 2009 – avant la crise – tirait la même conclusion.

Ce qui priverait Athènes des aides européennes à un moment où elle en aurait dramatiquement besoin pour faire face à la situation d’extrême tension financière, c’est vrai.

Sauf recours à un prêteur russe ou chinois : Un comble pour les eurocrates !

 

De plus, il faut noter que le seul cas de figure prévu pour une sortie de l’UE est celui d’une sortie volontaire, et non pas d’une expulsion forcée !

Or, le gouvernement grec a toujours dit son attachement à l’appartenance à l’euro et à l’Union européenne, excluant toute sortie.

Botter la Grèce hors de la zone euro promet donc d’être un casse-tête juridique insurmontable, puisque ce n’est pas prévu, sauf à réviser les traités.

Ce qui peut demander infiniment de temps, notamment concernant la ratification des parlements nationaux et des palabres sans fin…

 

Faute d’accord avec ses créanciers, le gouvernement grec risque pourtant et rapidement d’être à court d’euros, surtout si la BCE interrompt l’aide d’urgence.

« Les autorités peuvent alors être tentées, par exemple, de revenir à une nouvelle monnaie pour honorer leurs échéances internes», indique une autre économiste de la SociétéGénérale.

Nous en avions indiqué l’émergence de l’idée, sur le plan théorique lundi dernier (pour ceux qui suivent un peu), en marge d’un autre problème plus sérieux, « l’illiquidité » des marchés qui pointe son nez.

Parce que pour régler les salaires, les retraites ou encore les fournisseurs, Athènes pourrait procéder par « IOU » (I owe you : « Je vous dois »), autrement dit de simples reconnaissances de dette, échangeables, cessibles et transmissibles… des billets de banque de substitution, en somme !

On fonctionnait déjà comme ça au moment des « grèves dures » de la SNCM en « Corsica-bella-Tchi-tchi », il y a quelques années, faute de billet de banque.

Plutôt que de régler par virement bancaire ou en billets, le gouvernement grec remettrait alors aux bénéficiaires des reconnaissances de dettes et s’engagerait à échanger ces « papiers » contre de vrais euros, ultérieurement.

Ces « IOU », qui fonctionneraient comme des obligations garanties par le gouvernement, risquent d’être très impopulaires, les bénéficiaires préférant bien entendu recevoir des euros…

Mais à défaut de merle, on se contente de grives en disait déjà ma Grand-mère dans un autre millénaire. 

 

Créer une nouvelle monnaie, en dehors des délais techniques liés à sa création physique, risque de toute façon de générer des pressions inflationnistes selon un schéma classique.

La dévaluation favorise les exportations, mais renchérit les achats à l’étranger : C’est d’ailleurs l’angoisse de ma petite-sœur (celle qui si elle n’existait, il faudrait quand même l’inventer)… La compagnie aérienne qui la rapatrierait de son lieu de vacances grec, aura-t-elle l’argent nécessaire pour acheter le kérosène du voyage jusqu’à Athènes ?

Dans cette hypothèse, à défaut d’un coup de pouce sur les salaires, le choc sur le pouvoir d’achat des ménages serait alors très net.

Quant à la banque centrale, elle sera tentée d’augmenter les taux d’intérêt pour éviter les sorties massives de capitaux ce qui aggraverait aussi la situation.

En outre, les dettes, publiques et privées, sont libellées en euros, leur conversion en monnaie locale risque d’en alourdir sensiblement le fardeau.

 

Notez aussi que si la Grèce devait faire défaut à la fin du mois, ce serait avant tout un échec politique pour « Tsi-tsi-prasse » qui n’aura pas su convaincre ses partenaires européens de « l’exception grecque ».

Élu sur un programme anti-austérité, il avait promis à ses électeurs qu’il parviendrait à imposer une nouvelle ligne économique sans sortir de la zone euro. Il comptait sur la « Gauloisie-impécunieuse » et « l’Italie-ruinée » pour mettre en place une politique moins « orthodoxe » que celle revendiquée par l’Allemagne « d’Angèle-la Mère-quelle ». Mais il n’a pas obtenu ces soutiens, ni de « François III » assis sur son pédalo, hermétique à tout ce qui se passe autour de lui, ni de « Mario-Rennes-z’y » qui a bien du mal à mener sa barque et ses réformes, et il a persisté dans une stratégie jusqu’au-boutiste à la recherche d’un accord politique avec « Das Groβ Deutschland » en solo, sans céder sur le concret des exigences de ses créanciers, à l’exemple des islandais…

 

Et il n’a pas été non plus en mesure de proposer une alternative économique crédible et viable.

Les mesures de lutte contre l’évasion fiscale, notamment, se font attendre et il en a oublié qu’on n’est jamais propriétaire que de ses dettes.

Une rupture des discussions avec l’ex-troïka et le défaut qui s’en suivrait auraient pour conséquence une nouvelle crise politique gravissime en Grèce avec à la clé de probables élections législatives ou un référendum pour trouver auprès du peuple grec les solutions que l’équipe au pouvoir n’aura pas su trouver.

Avec le risque, très réel, de retrouver cette fois au pouvoir l’extrême droite et les nationalistes d’« Aube dorée » après l’alternance « gôchiste » qu’il porte.

De quoi faire rugir tous les « Mes-luches » de la planète…

Comme d’une vaste répétition de ce qui nous attend en « Gauloisie-despotique » en 2017 !…

 

Un chiffre pour mesurer les enjeux : La dette grecque représente 175  % du PIB national, soit 322 Md€.

À comparer avec celle du Japon atteignant 250 % de son PIB, troisième plus gros PIB mondial derrière la Chine et les USA, se montant à 4.770 Md$.

Je rappelle, la Grèce, c’est un peu plus de 11 millions de résidents, pas plus…

 

Si ce taux d’endettement record pour l’Europe doit être ramené autour de 157 % en 2016, ce niveau paraît insoutenable pour un pays dont la timide reprise est en passe d’être cassée (– 0,2 % de croissance au premier trimestre 2015 après + 0,8  % en 2014).

Surtout, Athènes va devoir rembourser 8,3 milliards d’euros au FMI et à la BCE entre le 30 juin et le 20 août.

Or, la signature éventuelle d'un accord avec ses créanciers ne lui permettrait de déboucler qu'une nouvelle aide de 7,2 milliards d’euros de la part de la Troïka.

La question de la dette grecque ne serait donc en rien réglée.

 

La zone euro pourra-t-elle dans ces conditions faire l’économie d’une nouvelle renégociation ? Sans doute pas à moyen terme. Mais à court terme, la question d’un rééchelonnement, voire d’un effacement d’une partie de cette dette semble difficile à envisager.

Car le contexte politique ne s’y prête pas à quelques mois d’importantes élections générales en Espagne.

Difficile aussi de faire aveu de faiblesse alors que se profilent d’importantes négociations avec la Grande-Bretagne, qui brandit aussi la menace d’un « Brexit » dont ne veut pas « la City » qui prépare déjà sa délocalisation sur le continent !

 

Toutes ces raisons me font penser que tôt ou tard, l’économie grecque devra être mise sous perfusion européenne, d’une façon ou d’une autre.

Quand on ne possède que des dettes, on est mis sous tutelle par ses créanciers, même en « Gauloisie-impécunieuse » et ses procédures de surendettement.

Et encore, c’est « cadeau ».

Et ce n’est qu’une fois la situation provisoirement rétablie qu’on pourra alors envisager la sortie de la Grèce de l’UE.

Pas avant et pas immédiatement.

Mais peut-être me trompe-je lourdement : On verra bien.

 

Source : http://flibustier20260.blogspot.fr/2015/06/grexit-rapide-ou-immediat_18.html

 

 

 

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