Maître Jean-Paul Baduel, avocat de Thérèse Houphouët Boigny
Affaire Basano/Ferrayé (V)

Démocratie directe et Sécurité extérieure (IV)

 

Sécurité extérieure et risque de collision d’une comète avec la Terre (2/2)

La vie sur notre planète a commencé à se développer dans les océans il y a 450 millions d’années.

On compte depuis cette époque près de cinq extinctions massives des espèces. La dernière a eu lieu il y a 65 millions d’années lorsqu’un astéroïde de 15 km de diamètre a percuté la Terre dans la région du Yucatan.

Ces cinq extinctions massives ont été causées par de gigantesques éruptions volcaniques ainsi que par la collision de comètes et d’astéroïdes, mais la sixième pourrait bien être provoquée par un nouveau venu dans l’évolution des espèces : l’homme !...

La première cause de l’anéantissement de l’espèce humaine, et de toute vie sur Terre, pourrait être le développement de nouveaux virus créés par la biologie de synthèse ; la seconde pourrait être causée par une intelligence artificielle hostile, tandis que la troisième serait une guerre nucléaire globale.

Cette dernière possibilité est traitée depuis des décennies dans différentes études et articles de presse ou encore dans des films comme le Docteur Folamour.

En 2014, avec un total de 16.300 têtes nucléaires, dont 4000 déployées, il y a suffisamment d’armes atomiques pour éradiquer toute vie sur la planète.

Les connaissances scientifiques, les sciences humaines, les relations internationales, n’ont pas réussi à arrêter cette croissance démesurée de l’arsenal nucléaire.

 

Au niveau mondial, le cout de développement et de déploiement des armes atomiques est de 730 milliards d’euros par décennie !...

Les USA vont dépenser 500 à 700 milliards de dollars dans les dix prochaines années pour améliorer le niveau de leurs armes nucléaires tactiques et stratégiques tandis que les autres pays nucléarisés, comme la France, vont consacrer des sommes considérables pour l’amélioration de ces armes.

Pour notre pays, la modernisation de notre arsenal nucléaire et la construction de la nouvelle génération de SNLE, à partir de 2020, vont représenter près de 40% des investissements de la Défense.

En pleine période de crise économique, et de restrictions budgétaires, cela représente un pourcentage suicidaire pour les investissements en armements classiques.

Le développement de la recherche et les efforts industriels sur ces nouvelles armes, comme dans le cas du Laser Mégajoule, représentent des investissements extrêmement importants et d’origines variées comme l’a souligné ICAN France qui vient de révéler l’implication de neuf institutions financières françaises dans leur financement.

Cette situation est complètement démentielle et on mesure à quel point l’être humain n’est, dans ce cas, qu’un « singe fou ».

Tout ceci est un véritable échec de la pensée, de la réflexion, du savoir.

Et si on faisait autre chose ?...

Il y aurait peut-être mieux à faire avec l’argent dépensé, et chacun a sa propre idée…

 

Pour ma part, je propose de construire des grands voiliers-écoles pour les adolescents, et les jeunes adultes, afin qu’ils découvrent la planète en navigant, en équipage, le long des côtes européennes, en transatlantique, en tour du monde, dans un but de formation maritime et humaine.

D’ailleurs, après une série de courrier au Premier ministre, j’ai présenté ce projet à l’École Navale en 2009 sur demande du Secrétariat général de la Mer.

Cela a été sans succès. La « Royale » n’a jamais commandé un seul grand voilier-école. Il y a d’autres urgences financières.

Malgré tout, imaginez la question suivante posée aux Françaises et aux Français par le président de la République lors d’un référendum: « Préférez-vous construire des grands voiliers-écoles pour les jeunes plutôt que des armes nucléaires ?... ».

Compte-tenu du vote des jeunes, et de celui des femmes qui vont très mal accepter de payer par leurs impôts la fabrication d’armes de destruction massive destinées à tuer en quelques minutes des millions de mamans chinoises, ou russes, avec leurs petits, on peut parier que la réponse serait « OUI !... ».

On aurait alors l’obligation de désarmer nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), de démanteler toutes nos armes atomiques, de supprimer les missiles ASMP, avec leur tête nucléaire de 300 kt, qui équipent les Rafale.

L’aspect positif est que cela ferait d’énormes économies que l’on pourraient utiliser pour construire un deuxième porte-avions, renforcer nos moyens pour les OPEX, construire des grands voiliers-écoles, ou encore autre chose !...

Chaque missile M51 coûte 120 millions d’euros, soit le coût de trois grands voiliers-écoles.

Sachant qu’un SNLE emporte 16 missiles M51, cela signifie que, pour le prix d’une seule salve tirée vers la Chine ou la Russie, et qui va tuer des dizaines de millions de Russes et de Chinois, on pourrait construire 48 grands voiliers de 100 mètres pouvant embarquer chacun 120 jeunes !...

Ma conclusion est que, plutôt que de fabriquer des armes nucléaires d’apocalypse, on pourrait créer des liaisons maritimes, avec des grands voiliers-écoles, entre les ports français et St-Pétersbourg, Mourmansk, Shanghai, Hong-Kong, etc…, pour développer l’amitié entre les peuples.

La construction et la modernisation de nos quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), de la classe « Le Triomphant », ont coûté, en 25 ans, près de 15 milliards d’euros tandis que le développement du missile M 51 et l’adaptation des infrastructures de l’Île Longue ont eu un coût de 8,5 milliards d’euros.

Ce qui fait un total de 24 milliards d’euros !...

De quoi construire 600 grands voiliers-écoles de 84 mètres au pont !...

Chaque voilier étant capable d’embarquer 120 jeunes pour des tours du monde il y a de quoi faire un programme de grands voiliers-écoles pour l’ensemble des jeunes Européens.

Et pas un seul grand voilier-école n’a été construit !...

Pour quelles raisons ?...

 

En fait, c’est juste une histoire de « Eros et Thanatos », de conflit entre l’amour de la vie et la destruction, de lutte entre la néguentropie et l’entropie.

Pour l’instant, « Thanatos » pèse encore très lourd…

Jusqu’à quand ?...

L’apocalypse ?...

Aussi, la dénucléarisation de la planète s’impose.

Et si on essayait de transformer le but de ces armes – tuer des millions d’êtres humains en quelques instants – en un but qui permettrait de protéger notre planète d’un danger qui est loin d’être négligeable ?...

Et ce danger, c’est le risque de collision d’une comète avec la Terre.

J’ai déjà abordé ce sujet dans la note précédente et il est nécessaire de faire le point sur nos capacités à intercepter une comète par une sonde spatiale.

C’est la première étape qui permet de définir les caractéristiques d’un projet de destruction d’une comète avec une arme thermonucléaire.

 

Les premières sondes spatiales vers les comètes

C’est en 1978 que la NASA et l’agence spatiale européenne (ESA) ont envoyé la première sonde vers une comète.

La sonde ISEE/ICE a eu pour destination la comète Giacobini-Zinner qu’elle a croisée en 1985. Elle a ensuite, en 1986, observé la comète de Halley à une distance de 32 millions de km.

En décembre 1984, les Russes ont envoyé les sondes Véga 1 et Véga 2 destinées à mieux connaître la comète de Halley qu’elles ont croisée à 8900 km et 3000 km.

Puis, en janvier 1985, les Japonais ont envoyé la sonde Sakigake vers la comète de Halley dont elle s’est approchée à 7 millions de km.

Mais c’est indiscutablement la sonde Giotto qui a obtenu la meilleure observation de la comète de Halley puisqu’elle a pu s’en approcher à une distance de 540 km en mars 1986.

En novembre 1998, les Américains ont envoyé la sonde Deep Space 1 vers la comète Borrelly qu’elle a observée, trois ans plus tard, à une distance de 2200 km ce qui a permis d’obtenir des détails de seulement 45 m sur son noyau.

 

La sonde Stardust

En février 1999, la sonde petite sonde Stardust, de 400 kg, a été lancée vers la comète 81P/Wild (5 km de diamètre) afin de recueillir des « poussières de comète ».

Après une accélération gravitationnelle lors d’un passage près de la Terre, Stardust est passée dans la queue de la comète à une distance de seulement de 236 km ce qui a permis de capturer des milliers de particules ramenées ensuite sur notre planète.

La capsule de retour, d’un poids de 46 kg, est rentrée dans l'atmosphère à la vitesse très élevée de 12,8 km/sec (46.400 km/h) puis a ouvert son parachute au-dessus du désert de l’Utah.

Cette mission a été un remarquable succès qui a permis de connaître nettement mieux la composition des comètes et leur formation.

 

La sonde « Deep Impact »

Il a fallu attendre la sonde « Deep Impact » pour qu’un objet artificiel percute une comète afin de découvrir sa structure et sa résistance.

Lancée en janvier 2005, la sonde Deep Impact s’est approchée de la comète Tempel 1 (diamètre de 6,5 km) et a lancé, en juillet de la même année, un impacteur de 350 kg.

Celui-ci a créé un cratère de 30 mètres de large et provoqué l’éjection dans l’espace de près de 5000 tonnes de glace et de poussières.

Cette interception a aussi démontré que, dans le cas le plus favorable, il était possible de lancer un objet sur une comète et de la percuter avec une vitesse importante, de 36.000 km/h dans ce cas précis.

Le premier pas pour détruire une comète au moyen d’une arme nucléaire a été fait avec cette petite sonde de 970 kg et cela pour un coût modique estimé à 230 millions de dollars.

 

La sonde Rosetta

En août 2014, la connaissance de la composition des comètes vient de franchir une étape supplémentaire avec l’interception de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko (4 km de diamètre) par la sonde Rosetta lancée, dix ans plus tôt, le 2 mars 2004.

Il a fallu, en effet, dix ans d’un long parcours, avec des accélérations gravitationnelles de la Terre et de Mars, pour que cette sonde de 3000 kg arrive près de cette comète périodique et se mette en orbite autour d’elle.

L’objectif suivant est d’envoyer, en novembre 2014, l’atterrisseur Philae sur la comète 67P avec une dizaine d’instruments qui réaliseront des mesures en surface.

Cela nous permettra de mieux comprendre la composition d’une comète et la formation du système solaire ainsi que d’avoir des informations précieuses sur sa tenue et sa densité – des paramètres fondamentaux pour définir les caractéristiques d’une ogive nucléaire qui percuterait une comète de ce type à la vitesse de 55 km/sec.

La mission Rosetta nous donne aussi une idée du temps et du coût nécessaire pour construire une sonde et l’envoyer sur une comète périodique.

Il a fallu dix ans pour construire cette sonde et dix années supplémentaires de voyage dans l’espace pour intercepter, à 400 millions de km de la Terre, une comète bien connue.

Une mission d’un coût total de 1,3 milliards d’euros.

Si, un jour, nous arrêtons de construire des armes nucléaires destinées à faire la guerre, et que nous décidions de lancer un programme spatial planétaire afin de détruire une « comète de l’apocalypse », il faudra développer un projet progressif sur 50 ans, au minimum, pour un coût de plusieurs centaines de milliards d’euros.

Cette proposition n’a rien d’originale.

 

Les astronautes Edward Tsang Lu, Rusty Schweickart, et la Mission « Sentinel »

C’est en 2001 que les deux astronautes américains Ed Lu et Rusty Schweickart ont présenté des stratégies de déviation d’un astéroïde lors d’une réunion au Centre spatial Lyndon Johnson à Houston.

Un an plus tard, en octobre 2002, ils ont créé la « Fondation B612 » qui a pour objectif de construire un télescope spatial dont l’orbite sera proche de celui de la planète Vénus.

C’est l’ambitieuse « mission Sentinel » qui devrait permettre de détecter 90% des astéroïdes géo-croiseurs de plus de 140 mètres de diamètre qui représentent une véritable menace pour la Terre.

Le budget est de 450 millions de dollars et le lancement devrait voir lieu en 2018.

Rusty Schweickart est aussi l’un des fondateurs de « l’association of Space Explorers » (ASE) qui, à travers son comité international d’astronautes et de spécialistes des astéroïdes, a proposé aux Nations-Unies le projet « Menace des astéroïdes : un appel pour une réponse globale ».

 

Les déclarations de Dimitri Rogozine

Le 2 mars 2012, Dimitri Rogozyne, vice-Premier ministre de la Fédération de Russie et responsable du complexe militaro-industriel, a déclaré lors d’une visite à l'Institut central de recherche du génie mécanique à Moscou qu’il était nécessaire de surveiller les astéroïdes et les comètes qui pourraient arriver sur Terre et présenter un réel danger pour l’humanité.

En février 2013, Rogozyne a déclaré qu’il était nécessaire de créer sous l’égide de l’ONU un système de protection planétaire face aux astéroïdes : « Tant sur le plan technique que politiquement, un tel système doit être global et universel et impliquer une concertation dans le cadre des Nations unies … Personne n'est capable de dire ce qui peut se produire dans 25, 30 ou 40 ans. Aussi, doit-on dès à présent commencer à créer ce système pour ne pas être en retard ».

En avril 2013, il a été divulgué lors d’une conférence en Allemagne que Dimitri Rogozyne avait proposé à Vladimir Poutine que le prochain sommet du G-20 soit en priorité consacré à la prévention des menaces venant de l’espace !...

« Ce projet humanitaire au bénéfice de la civilisation repousse la composante militaire au second plan et place sous un jour différent le rôle des Nations unies qui pourraient devenir leur « parrain politique ». Une Initiative de défense de la Terre pourrait devenir un facteur stimulant majeur pour la recherche internationale et la coopération militaro-industrielle entre les pays d’Occident et les BRICS. La Russie y jouerait un rôle de premier plan ».

Une très belle déclaration de politique internationale.

 

L'ONU adopte un plan pour défendre la Terre contre les astéroïdes

Grâce aux efforts soutenus de l’association des explorateurs de l’espace, et à l’engagement russe, l’Assemblée générale des Nations-Unies a approuvé, en octobre 2013, la création d’un « Groupe international d’urgence astéroïde » (International Asteroid Warning Group) pour détecter les objets stellaires qui pourraient menacer la Terre.

L’objectif est de pouvoir réagir, en cas de menace directe, en déviant l’astéroïde dangereux grâce à une installation adaptée à chaque cas (voile solaire, effet gravitationnel, moteur de fusée, etc…).

« Aucun gouvernement dans le monde n’a aujourd’hui la responsabilité explicite de protéger la planète, ni aucune de leurs agences » a expliqué au Scientific American Rusty Schweickart qui a participé à la mission Apollo 9 en 1969.

Le groupe de travail optimisera l’échange des informations entre les organismes qui surveillent le ciel afin de mettre en place des mesures pour réduire les risques de collision entre un astéroïde et la Terre.

Si le projet est maintenant officialisé par les Nations-Unies il faut avouer qu’aucun dirigeant politique français n’a repris cette initiative !...

 

Ma modeste contribution n’est que le fruit de cette question : « S’il y a l’instauration de la démocratie directe dans notre pays, quels seront les conséquences pour la dissuasion nucléaire ?... ».

La première conséquence est que les programmes de recherche, de fabrication et de déploiement des armes nucléaires, devraient être arrêtés en raison d’un refus extrêmement probable des citoyens de fabriquer des armes nucléaires offensives.

La deuxième est que la structure militaro-industrielle, composée d’une partie de l’élite de nos ingénieurs et techniciens, et le pouvoir politique, feront tout pour éviter l’arrêt de la « Bombe » !...

La troisième conséquence est que la meilleure solution, est d’ajouter, aux objectifs de la Direction générale de l’armement (DGA) et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), un projet de création d’ogives nucléaires « anti-comètes » et des missiles spatiaux spécifiques qui seront destinés à détruire une comète en trajectoire de collision avec la Terre, tout en accélérant le désarmement nucléaire.

Le Centre national d’études spatiales (CNES) et l’Agence spatiale européenne (ESA) seraient bien sûr des partenaires incontournables ainsi que toutes les structures planétaires identiques.

Un jour viendra où un pays de la planète, ou l’ONU, proposera de transférer les moyens de recherche et de fabrication des armes nucléaires vers un programme spatial de protection de la planète d’une « Comète de l’apocalypse ».

Verrons-nous cette initiative dans les années qui viennent ?...

 

Jean-Charles DUBOC

 

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